Texte intégral
Merci, M. le secrétaire général, de vos vœux et merci à vous tous, Mmes et MM., d’être venus à notre invitation, Jacques Godfrain, Michel Barnier et Margie Sudre, pour cette cérémonie à la fois traditionnelle et chaleureuse qui nous fournit une fois par an l’occasion de nous retrouver ensemble.
Merci de vos vœux personnels, M. le secrétaire général. Vous vous étonniez que les ministres aient une faculté particulière à résister aux épreuves du temps. Il y a une explication à cela, d’ailleurs elle n’est pas réservée aux ministres. Quand je faisais mon service militaire, j’avais demandé la cavalerie et donc j’avais été muté dans l’infanterie, je me suis retrouvé à Montpellier pour faire les EOR que l’on faisait à l’époque.
J’avais remarqué que « crapahuter » – comme l’on disait dans l’arrière-pays de Montpellier, que certains d’entre vous connaissent, qui est à la fois beau mais aussi très austère avec des pentes assez rudes pendant l’été – pourvu d’un casque, de grosses chaussures, d’un uniforme et d’un sac était inégalement pénible selon les responsabilités que l’on avait. Si l’on était chargé de conduire la section à l’entrainement, tout compte fait, la température était supportable, la distance modérée et l’effort à portée des forces humaines. Si au contraire l’on était chargé de porter la mitrailleuse à la fin de la colonne, tout devenait intolérable. Et l’on trouvait que les ordres étaient inutiles, que le temps était perdu et l’effort surhumain. Je crois que si on a un objectif, si on a une mission, si on y croit et si on l’aime, les obstacles sont plus légers que si l’on n’a pas de mission ou que l’on n’y croit peu et que l’on se sent peu utile. Je suis persuadé que vous partagez avec moi le sentiment de cette utilité et de cette passion pour ce qui est de votre métier et ce que nous partageons en commun, c’est-à-dire le prestige, le rayonnement et l’influence de notre pays. C’est ce qui fait que, les uns et les autres, nous trouvons notre tâche, somme toute, légère et en tout cas passionnante et cela nous fait oublier les petits inconvénients de la vie.
C’est pourquoi je voudrais vous adresser à tous et à toutes, Mmes et MM., mes vœux personnels et ceux que nous formons les uns et les autres pour vous, pour votre vie personnelle, votre vie familiale bien sûr mais aussi pour notre action collective. À travers vous qui êtes les dirigeants de notre maison à Paris, j’adresse et nous adressons ces vœux, cela va de soi, non seulement à tous vos collaborateurs auxquels je vous demande de les transmettre, mais bien sûr à tous ceux qui, dans l’ensemble de notre administration, au ministère des Affaires étrangères et au ministère de la Coopération, dans nos postes à Paris et à Nantes, assument avec dévouement, et souvent avec passion, le métier qui est le leur.
Je voudrais bien entendu adresser des vœux à ceux et à celles qui l’exercent dans des conditions particulièrement difficiles ; c’est un trait de la diplomatie moderne que certains postes sont hélas devenus difficiles, exposés, parfois franchement dangereux, et qu’ils sont assumés, j’ai pu en être témoin moi-même à l’occasion de ma visite à Alger il y a quelques mois, avec beaucoup de dévouement et d’énergie, dans des conditions extrêmement difficiles. Mais hélas, cela ne vaut pas que pour Alger. Donc, je voudrais que ces vœux s’adressent particulièrement à celles et ceux qui sont les plus exposés dans notre vaste ensemble.
Je voudrais bien sûr y joindre un hommage particulier à la disponibilité et au professionnalisme que tous les agents de notre maison démontrent et c’est ainsi grâce à eux que Quai d’Orsay peut s’enorgueillir d’une qualité exceptionnelle et d’une place particulière dans la structure de l’État.
J’ai observé que, au cours de l’année 1996, nous avons, dans notre politique de gestion à laquelle vous avez fait écho, M. le secrétaire général, veillé à ce qu’il y ait la plus grande transparence possible en ce qui concerne les ressources humaines. Transparence qui doit permettre de récompenser toujours le mérite dans des conditions qui donnent aux critères de compétences professionnelles toute leur place dans les décisions d’affectation. Vous aurez noté comme moi, sans doute, et avec satisfaction qu’un certain nombre de femmes ont été nommées à des emplois de responsabilités pendant cette période, non pas parce que ce sont des femmes, mais parce que leurs responsabilités et leurs compétences ont été enfin pleinement reconnues. C’est ainsi que cette année, pour la première fois, c’est un événement significatif, une diplomate a été nommée secrétaire général de la Défense nationale, qui dix femmes aujourd’hui sont ambassadeurs, dont six ont été nommées en 1996, et qu’une femme a été nommée conseiller diplomatique.
J’observe également que, suivant les instructions du président de la République, qui avait été très insistant sur ce point, nous avons, s’agissant des décorations, veillé à un meilleur équilibre, puisque lors de la dernière promotion de l’ordre du Mérite, 42% des décorations ont été attribuées à des femmes.
Comme vous le savez également, nous avons mis en œuvre une réforme ambitieuse en matière de formation linguistique. Je voudrais remercier ceux qui à Paris comme sur place ont participé aussi à des opérations de fermeture ou d’ouverture de postes dans des conditions souvent assez difficiles. D’ailleurs, il faudra que nous en tirions les leçons pratiques pour l’année 1997, de sorte que ces opérations puissent être menées avec plus de temps, pour que les choses se déroulent encore mieux.
Enfin, pour en terminer sur le chapitre de la gestion du personnel, bien entendu un élément prioritaire de notre politique, M. le secrétaire général, vous avez évoqué la question de la réduction des effectifs. Il est tout à fait évident, cela ne vaut pas seulement pour la réduction des effectifs, mais aussi pour l’ensemble de notre budget, que l’effort qui est nécessaire, auquel nous continuerons de participer, doit prendre en compte aussi les priorités de l’État. Un parlementaire du Morbihan, que je connais bien, M. Christian Bonnet, publiait dans un journal du matin, hier ou avant-hier, une tribune alerte dans laquelle il expliquait que le budget 1997 n’est pas très différent du précédent. Les dépenses de l’État régalien ne faisaient que 4% du budget. Les autres 96% concernaient des domaines qui faisaient l’objet régulièrement de toutes sortes de critiques. L’argument n’est pas tout à fait juste en réalité car ce ne sont pas dépenses de même nature. Donc, on ne peut pas les comparer exactement. Il n’en demeure pas moins, et c’est ce qu’il y avait de juste dans son observation, que les missions régaliennes de l’État sont fondamentales, sont la base de tout et qu’elles doivent être défendues comme les missions de base de l’État. Naturellement, il faut bien de temps en temps en tirer quelques conséquences pratiques. Nous sommes prêts ici à apporter notre contribution à la rigueur dont vous avez souligné qu’elle est bien souvent bienfaisante. Il n’empêche qu’il y a un moment où il faut avoir conscience de la dimension de nos missions et des moyens nécessaires pour les assumer.
Le ministère s’est engagé résolument, depuis plusieurs années, dans un certain nombre de réformes que vous venez d’évoquer, M. le secrétaire général. Je voudrais vous en dire un mot.
Nous avons en 1996 obtenu la publication d’un budget de l’action extérieure de l’État. C’est un document à la fois très intéressant, excellent du point de vue de l’information parlementaire, révélateur aussi de la dispersion des moyens de l’État dans le domaine de la politique extérieure, mais en même temps, c’est surtout, de mon point de vue, le point de départ de ce que devra être, au cours de l’année 1997 et des années à venir, un travail, une réflexion, et je l’espère des réformes, sur l’utilité relative de ces différentes dépenses. Après avoir fait la transparence grâce à ce document budgétaire, il est souhaitable que nous puissions progressivement passer à l’action et naturellement, nous le ferons avec le concours du Premier ministre dont vous savez qu’ayant été à l’origine de cette démarche, il y est particulièrement sensibilisé.
Nous devrons au cours de l’année 1997 poursuivre notre action de réformes et je voudrais en évoquer quelques éléments.
D’abord, la réforme de l’État. Elle devra conduire à une meilleure définition de nos responsabilités et nous permettre de mieux évaluer et contrôler nos actions. L’État n’est pas bien organisé pour évaluer. Il évalue rarement ce qu’il fait : on décide, on réforme, on lance des plans, on annonce, ensuite personne ne vient nous faire connaître les résultats. Je crois qu’il est très important que nous intégrions de façon systématique une politique d’évaluation dans la gestion de notre action.
Nous avons commencé à le faire en 1996 à la Direction générale pour notre politique culturelle et concernant notre politique d’aide au développement avec le rapport de Jean-René Bernard. Il faudra poursuivre dans cette voie de façon organisée et déterminée. De même devrons-nous travailler à améliorer l’accueil dans les services du Département et dans les postes à l’étranger. Mmes et MM., je voudrais insister sur ce point. En fait, si vous m’autorisez un peu d’ironie, je sais parfaitement que l’administration pourrait bien – pas la nôtre, je dirai la nôtre moins que toutes les autres certainement – d’une manière générale fonctionner en circuit fermé. On s’écrit. Le temps que cela descende les escaliers ou que cela les monte dans un ministère et que cela les descende ou les monte dans l’autre, la lettre met très longtemps à arriver. On répond, avec un raffinement du style qui est une façon de cacher d’obscurs combats administratifs. Tout cela prend un temps extrêmement long pendant lequel il ne se passe rien et, au fond, l’État est assez spontanément tourné vers cet exercice, plus spontanément que vers le public.
Puis-je vous raconter une anecdote qui ne vous concerne pas et qui par conséquent me donne une certaine liberté de ton. Je me rappelle être un jour allé me plaindre chez mon percepteur. C’est un spectacle extraordinaire. C’était dans un local tout neuf. L’administration avait fait vraiment des efforts pour mieux accueillir les protestataires, cela se passait dans un arrondissement de Paris. Donc, le local était vieux mais repeint et refait. On entrait dans une salle, c’était une sorte de cage dans laquelle il y avait des parois de verre qui séparaient le public des fonctionnaires. Ce premier acte est raisonnable, ce sont deux mondes différents. Naturellement, le verre était opaque pour qu’aucune confusion ne puisse apparaître et que l’on ne voit rien. Puis, il y avait des trous, cela s’appelle des « Hygiaphone », avec des numéros ; il y en avait huit, c’était donc les huit points de contact entre les deux mondes étrangers l’un à l’autre. Il n’y avait d’ailleurs qu’un seul numéro d’ouvert. Je vous rassure tout de suite les sept autres ne servaient à rien. Il y avait une longue queue, sept ou huit personnes. Comme c’était dans le seizième arrondissement, il y avait une dame à fourrure, un monsieur en mohair, mais il y avait aussi une dame modeste avec son cabas qui probablement devait être une vieille dame qui venait toucher des bons du Trésor ou quelque chose dans ce genre. Comme il fallait parler dans l’Hygiaphone, il fallait crier. Par conséquent, il fallait raconter sa vie fiscale ce qui n’est jamais très plaisant à travers l’Hygiaphone. Toute la queue suivait la discussion, comme l’on n’avait rien d’autre à faire, l’on écoutait les doléances de chacun. Enfin, quand au bout d’un certain temps, on arrivait à se trouver soi-même devant cet objet, on voyait un fonctionnaire, fort aimable, je n’ai pas de reproche à lui faire. Il examinait votre cas de façon sympathique, sur la place publique, tout compte fait. On aurait pu supprimer tout cela et se mettre sur la place publique puisque c’était public. Derrière, alors là, à travers l’Hygiaphone, on pouvait jeter un coup d’œil sur ce qui passait dans ce monde mystérieux.
Si je vous raconte cette anecdote c’est pour vous faire sentir que l’administration d’une manière générale, et je le vois de temps en temps au courrier que je lis, a beaucoup de progrès à faire dans le dialogue qu’elle a avec ceux qu’elle sert. Nous sommes au service de nos concitoyens. C’est le point de départ, notre mission est de les servir. Ils ont, pendant très longtemps, accepté une relation hiérarchique en quelque sorte. Ils ne l’acceptent plus. Eux pensent que nous sommes à leur service et parfois avec leur caractère, leurs humeurs, leurs façons désagréables. Ce sont quand même un peu nos clients, non pas au sens romain du terme, et nous devons avoir partout le souci de les bien accueillir, qui tient un peu aux conditions matérielles, c’est ce que j’évoquais à l’instant, mais au fond assez accessoirement. Elle tient essentiellement à la nature de la relation que nous établissons avec ceux qui viennent vers nous et à la qualité que nous essayons d’y mettre.
Je l’ai observé dans beaucoup de nos consulats, ce soin que vous y mettez est remarquable. Mais, laissez-moi vous le dire, il faut en 1997 que nous ayons sur ce sujet un travail et une réflexion qui soit telle que nous puissions encore progresser. Je crois que cela est nécessaire.
De même, nous avons fait un certain nombre d’expérimentations concernant la procédure de dépenses à l’étranger.
Cette réforme est centrale et va naturellement bien au-delà de son aspect purement comptable. Elle placera les ambassadeurs au cœur du processus de décision de l’ensemble des services à l’étranger et conduira à leur confier des responsabilités nouvelles en tant qu’ordonnateurs secondaires, comme les préfets. Elle rapprochera les différents niveaux comptables, il y en a actuellement trois, et permettra une plus grande déconcentration des crises. C’est un point extrêmement important de notre action qu’il faudra évidemment amplifier.
Enfin, s’agissant de l’action culturelle extérieure, elle est l’une des marques de la singularité française. J’y accorde évidemment la plus grande importance. M. le secrétaire général, et je souhaite, avec vous, veiller en particulier à l’adaptation des réseaux aux priorités géopolitiques qui sont les nôtres, par exemple en Asie ou en Europe centrale, mais aussi au défi de l’informatique, de l’audiovisuel, des industries culturelles. Partout, lutter pour la culture, c’est lutter pour notre rayonnement et c’est aussi, d’une certaine façon, lutter pour l’emploi. Je suis persuadé que nos agents chargés de la coopération culturelle scientifique et technique sauront relever ces défis. Mais encore faut-il que nous les aidions et que nous veillions à ce qu’ils aient les moyens de le faire. Aussi bien, les moyens de la Direction générale doivent être préservés. Il serait même souhaitable, de mon point de vue, qu’ils puissent, le jour venu, augmenter.
Je vous parle de quelques préoccupations internes de notre maison mais évidemment votre vie, la mienne, ce sont les missions liées à notre politique étrangère. Celle-ci a la caractéristique française d’être organisée autour du président de la République et du Premier ministre. Quand je rencontre mes collègues, je constate que plusieurs d’entre eux tirent ce qu’ils considèrent comme une satisfaction personnelle du fait qu’étant dans des gouvernements de coalition, ils pensent que c’est bon pour eux. Quand ils m’en parlent, c’est peut-être avec le sentiment que, moi, je ne suis qu’une sorte de haut fonctionnaire supérieur, ce qui est déjà très bien me semble-t-il, mais bon, de leur point de vue, c’est un peu moins bien. Notre Histoire, depuis 35 ans, démontre exactement l’inverse. Elle démontre que la force de l’État lui vient de ses institutions, telles qu’elles sont et que la force de notre rayonnement international et notre capacité en politique étrangère nous viennent directement de nos institutions. C’est pourquoi je suis d’un avis tout à fait différent de ces collègues que j’évoquais devant vous. Je pense que nous sommes mieux organisés. Nous avons une meilleure structure, un meilleur système et c’est cette unité de la politique étrangère française, sous l’autorité du président de la République et du Premier ministre, qui assure sa cohérence et sa force.
Le fait est qu’en 1996, notre politique étrangère s’est affirmée avec force et brio. J’ai lu des commentaires dans la presse, à la fin de l’année. Au fond, j’ai compris que nous passions d’un période politique douce à une période probablement plus dure en 1997. Mais je ne partage pas les appréciations que j’ai lues ici et là. Je pense au contraire que cette année 1996 a été une année forte et, oserais-je le dire, une année brillante pour notre diplomatie et notre présence internationale.
Nous devrons poursuivre. L’année 1997 sera celle de la continuité du développement et de la confirmation de la détermination internationale de la France. Elle s’exprimera bien entendu d’abord dans l’engagement européen de notre pays. Le fait est, me semble-t-il, qu’après que le débat de Maastricht ait provoqué quelque chose qui ressemblait à la rupture d’un consensus vague mais constant sur l’Europe depuis trente ans, nous sommes en train de reconstituer une certaine forme de consensus français sur l’Europe. Ce mouvement pourra se vérifier à l’occasion des grandes échéances qui sont devant nous : l’Union monétaire, jamais définitive tant qu’elle n’est pas faite mais qui a fait des progrès très importants et qui devra poursuivre dans cette voie ; la Conférence intergouvernementale, dont la priorité sera pour la France la réforme des institutions européennes pour adapter l’Europe à son élargissement ; les échéances concernant la sécurité, c’est-à-dire la rénovation, l’élargissement de l’Alliance atlantique, nos rapports avec la Russie, l’avenir de l’OSCE, le rôle de l’UEO. Tout cela fera de l’année 1997, à n’en pas douter, pour le champ européen une année déterminante, où se prendront des décisions dont certaines auront une très longue portée. Ceci marquera certainement un moment décisif de cette fin de siècle. Nous consacrerons d’autre part beaucoup d’efforts au rayonnement et à l’influence de la France dans le monde. Nous le ferons dans ce qu’on appelle les pays émergents, c’est-à-dire en Asie, en Amérique latine où nos intérêts sont principalement économiques même s’ils sont aussi politiques, culturels. Le voyage attendu du président en Amérique latine aura de ce point de vue une très grande importance. Nous le ferons au Proche- et au Moyen-Orient où nous avons gagné beaucoup en influence et en considération au cours de l’année 1996. Mais, nous devrons confirmer en 1997 notre détermination, à la fois prudente mais totale parce qu’il y va d’intérêts vitaux de notre pays, dans une zone où nous avons beaucoup d’amis. Nous le ferons en Afrique, où nous sentons bien que l’unité de l’action française doit être le gage de la détermination de cette action et de son ouverture. Nous le ferons enfin en ayant à l’esprit le Sommet de Hanoï, c’est-à-dire la confirmation et la transformation du grand projet de la Francophonie dont Mme Margie Sudre à la charge.
En parlant du rayonnement et de l’influence de la France dans le monde, après avoir parlé de l’engagement européen de la France, je ne crois pas dire des choses contradictoires. Je suis frappé que, dans ce monde dont j’ai parlé, on nous attende en même temps que l’on attend l’Europe. Souvent, on nous attend comme des représentants de l’Europe. Autrement dit, chaque fois que nous travaillons pour le rayonnement de la France, nous travaillons en même temps pour le rayonnement et l’influence de l’Europe. Nous sommes en quelque sorte l’avant-garde d’une démarche européenne qui s’affirme chaque jour davantage.
Nous travaillerons en troisième lieu pour contribuer à l’organisation de la communauté internationale. Nous la voulons multipolaire. Nous voulons une société internationale fondée sur le multilatéralisme, c’est-à-dire sur des règles convenues contractuellement agréées et ensuite respectées. Nous le ferons en apportant notre contribution à la résolution des crises, des conflits, des tensions, au Caucase en Europe et ailleurs.
Enfin, nous persisterons à faire en sorte que notre diplomatie ne soit pas seulement une diplomatie politique, c’est-à-dire traditionnelle dans ses buts et ses moyens, mais aussi une diplomatie économique et culturelle. Nous avons donné au cours de l’année 1996 des signes très forts de notre détermination dans ce sens et je crois que nous avons recueilli beaucoup de succès.
Vous avez pu lire dans la presse par exemple qu’Airbus avait fait une année 1996 tout à fait remarquable. Pour beaucoup de raisons, Airbus peut s’en flatter. Je crois que la diplomatie française en général, l’action du président de la République, la vôtre, Mmes et MM., n’est pas non plus étrangère à ces parts de marché sauvées ou gagnées, car c’est aussi notre rôle. C’est vrai dans le domaine économique, c’est vrai aussi dans le domaine culturel, tant le monde jette sur nous un regard dont j’ai souvent pris l’habitude de vous dire qu’il est différent de celui qu’il jette sur la plupart des pays. Nous sommes attendus comme un peuple ayant à la fois un grand rôle, une grande ambition, une nature particulière et c’est cette nature, sans doute, qui fait la particularité, l’originalité et la force du message français.
M. le secrétaire général, Mmes et MM., mes chers amis, je souhaite que cette année 1997 soit marquée par notre détermination, notre volonté et notre enthousiasme. Je sais pouvoir compter sur vous, sur l’ensemble des personnels de la maison, et par conséquent, c’est avec beaucoup de plaisir, aussi avec beaucoup d’honneur, que je me trouve aujourd’hui à votre tête. Merci.