Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture, sur la commande publique d'estampes, Paris le 13 février 1997 (dossier de presse en annexe).

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Présentation de la commande publique d'estampes à Paris le 13 février 1997

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,

Le soutien à la création et aux artistes est au cœur des missions du ministère de la culture. Il lui revient, dans cet esprit, de contribuer à faire mieux connaître et reconnaître ceux qui, entre talent et technique, entre création unique et duplication, expriment la beauté par le geste. Ce geste, il est parfois celui de toute une vie : je veux, bien entendu, parler des artisans.

ALAIN, dans Système des Beaux-arts, a évoqué la parenté entre l'artisan et l'artiste, parenté qui se joue sur le rapport avec la matière. L'un c'est l'artiste – pense la matière. Il est amené à agir sur elle. Il en a une perception sensible. En cela, il est « ...artisan, d'abord ». Symétriquement, l'artisan, que caractérise l'exécution du travail, doit également en avoir une pensée, un savoir. ALAIN nous apprend qu'il est « ...artiste », mais par éclair.

De tous les métiers d'art, l'estampe est l'un de ceux qui vit dans et par la collaboration d'un artiste et d'un artisan. En décidant d'une grande commande publique d'estampes, j'ai, d'abord, voulu susciter ce type de rencontres – quarante, en tout – réunissant des artistes contemporains aux univers différents et une trentaine d'ateliers, spécialisés dans les différents métiers de l'estampe : la gravure, la lithographie, la sérigraphie, la phototypie, le pochoir.

Ce sont là, tout autant, échanges de savoir et de savoir-faire. Certes, demeure la dimension technique : la pierre, la plaque, la presse, le burin, le brunissoir. Mais le geste apparaît, qui ne s'apprend que longuement – temps de l'apprentissage personnel, qui peut s'apparenter au temps nécessaire à l'artiste pour donner toute la dimension de son œuvre ; temps de cheminement et de découverte, jamais achevés.

Le résultat, ce sont quarante œuvres qui prouvent, s'il en était besoin, la vitalité de la création contemporaine et la perpétuation d'une collaboration née avec l'apparition de la gravure. C'est vrai depuis DÜRER et CRANACH, jusqu'aux grands noms de l'art moderne : MATISSE, PICASSO, MASSON. Aujourd'hui, ces quarante artistes ont ajouté leur pan à ces ateliers français, dont la visite fait pénétrer dans le plus grand et le plus beau musée de l'estampe.

En vous présentant ces œuvres, toutes ensemble dans ce salon, je veux exprimer ma volonté d'accompagner cette commande d'un renouveau de l’estampe auprès du public, en France ou hors de nos frontières.

Ces estampes vont voyager à travers le monde, grâce à l'Association Française d'Action Artistique, qui définira, dans les prochaines semaines, leur voyage à l'étranger. De même, nombre d'artistes étrangers s'installeront dans les ateliers des imprimeurs français ; en retour, des séjours à l’étranger de nos artistes s'organiseront.

D’autres jeux de ces estampes sont en partance pour les musées et les salons, en France. En avril, on pourra les voir au SAGA. Puis, aux musées de Gravelines et d'Annecy, dans les mois à venir.

Dès samedi prochain, elles figureront au tout nouveau Centre national de l'estampe de Chatou. Ce centre, que mon ministère soutient activement, est entièrement voué à la création dans ce domaine. Je suis certain qu'il participera très fortement à une relance des créations et de la diffusion de l'estampe auprès du public.

Je voudrais remercier particulièrement la société ARJO WIGGINS pour avoir accepté d'être le partenaire de cette opération en offrant les somptueux papiers d'Arches.

Je dois en outre vous faire part d'une heureuse initiative des professionnels de l'estampe de créer, à Paris, le « mois de l'estampe », du 15 juin au 15 juillet prochains.

La mairie de Paris a décidé d'apporter son aide à ce projet et je voudrais dire ici à mon ami Hervé Benessiano, adjoint au maire de Paris, que le ministère de la culture s'associera à la ville de Paris pour soutenir cette opération, aux côtés du ministère chargé de l'artisanat.

Cette manifestation fédère les synergies des ateliers, galeries, institutions publiques et privées unissent leurs énergies et compétences pour sensibiliser un public toujours plus large au plaisir de l'estampe.

Je suis en effet convaincu de l'attrait que peut avoir l'estampe. Elle n'est pas un imprimé ; elle n'est pas une œuvre unique ; elle a ce pouvoir de séduction d'une œuvre originale.

C'est cette œuvre et c'est cet amour de l'œuvre qui nous réunissent, aujourd'hui. Puisse cette reconnaissance, à la fois ancienne et actuelle, nous entraîner à nouveau vers les chemins de la culture : c'est mon vœu le plus cher.

 

Ministère de la Culture - 13 février 1997

Commande publique de quarante estampes

Présentation par Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture

Jour après jour améliorons la vie de tous les jours

Sommaire
      - Communiqué de presse
      - L’estampe, principes et techniques
      - Le centre national de l’estampe et de l’art imprimé, la Maison Levanneur
      - Liste des artistes
      - Liste des ateliers

En 1996, Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture, lance une commande publique d'estampes

Dans le but de manifester l'intérêt porté aux métiers d'art et afin d'enrichir le patrimoine des collections de l'État, Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture, a souhaité voir réaliser un ensemble d'estampes, significatif de la création contemporaine, dans le cadre d'une opération menée par la délégation aux Arts plastiques.

Quarante artistes français ou résidant en France ont été invités à travailler avec trente ateliers spécialisés en gravure, lithographie, sérigraphie ou phototypie. Les estampes, dont le thème est libre, ont été tirées à cent exemplaires de format 56 X 76 cm ou 75 X 105 cm.

Témoignant de la qualité des ateliers français comme de la diversité de la création contemporaine, les œuvres seront diffusées auprès de divers musées et centres culturels en France et à l'étranger, ainsi que dans les administrations et les ambassades.

Les papeteries d'Arches sont partenaires de cette commande.

Le terme générique d'estampe reconnaît un nombre important de techniques et procédés très variés. Il nous a semblé utile de regrouper deux textes rédigés par Nicole Minder, conservatrice du cabinet cantonal des estampes au Musée Jenisch Vevey (Suisse) et par Jules Maeght, Société ARTE, afin de rappeler quelques notions essentielles concernant ce métier d'art.

Englobés dans les arts graphiques, le dessin et l'estampe possèdent en commun un même support, le papier. Leur différence réside dans le fait que l'estampe est imprimée : cela Implique la présence d'une matrice, grâce à laquelle on obtient une empreinte, c'est-à-dire un report à l'encre sur un support indépendant ; cette opération peut ensuite être répétée autant de fois qu'on le désire. Cette notion de reproductibilité constitue une des qualités essentielles de l'estampe.

Le terme de gravure désigne à la fois l'épreuve et le mode de production de la matrice. Il a pendant longtemps été synonyme de celui d'estampe, jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de la lithographie. En effet, comme celle-ci ne comporte ni creux ni reliefs, elle n'est pas véritablement une gravure, ce qui, toutefois, n'empêche pas de parlers par extension, de gravure à propos d'un certain nombre d'images imprimées.

LE CONCEPT D'ORIGINALITÉ

Une estampe peut être considérée comme originale dès que le support qui permet la multiplication a été préparé par l'artiste lui-même. Cette notion est apparue dans la seconde moitié du XIXe siècle : les artistes, confrontés à la concurrence des moyens de reproduction photomécaniques, ont tenu à relever que l'estampe est un moyen d'expression en soi, nécessaire à la création au même titre que l'aquarelle ou le lavis. C'est ce qui les incita à apposer une signature autographe au crayon au bas de l'estampe, garantissant ainsi son authenticité.

LA LETTRE

Les estampes plus anciennes, quant à elles, ne comportent aucune signature manuscrite. Si l'anonymat était courant au XVe siècle, peu à peu tes artistes ont gravé leurs initiales sous forme de monogramme, puis leur nom en entier, suivi de l'abréviation latine sculp. ou sc. (sculpsif) ou inc. (incisif) ou encore fec. (fecif), ce qui signifie « a gravé », " a fait Dans le cas d'une gravure d'interprétation, réalisée par un praticien de métier d'après le tableau ou le dessin d'un artiste, on trouve le nom du peintre ou du dessinateur, suivi du mot pinx. (pinxif), del. (delineavit) ou inv. (invenit). Parfois figure le nom de l'éditeur, suivi de l'abréviation exc. (excudit).

Une épreuve est dite « avant la lettre » quand il s'agit d'un état de la gravure avant toute inscription – que ce soit le nom des auteurs, le titre ou une dédicace – sur l'élément d'impression.

LA JUSTIFICATION

Pour distinguer clairement une estampe à tirage limité d'une reproduction imprimée à un nombre incontrôlable d'exemplaires, les artistes ont commencé à inscrire à côté de la signature deux chiffres séparés par un trait oblique (1/50, 2/50, etc.), Le premier désigne le numéro d'ordre de l'épreuve – sans indication de qualité, le numéro 1 n'étant pas meilleur que le numéro 50 – et le second le nombre total d'exemplaires que comporte l'édition. Le fait de justifier ainsi est devenu une pratique courante. Indépendamment du tirage numéroté, quelques épreuves sont réservées à l'artiste qui les signe avec la mention « épreuve d'artiste » ou simplement « E.A. ». Lorsque l'impression de l'édition est terminée, la plaque de cuivre est barrée de quelques traits dans le but de la rendre inutilisable et d'empêcher ainsi tout retirage abusif.

Du XVe au XVIIIe siècle, toutes ces précautions visant à protéger le caractère original des estampes n'existaient pas. Celles-ci étaient réimprimées au fur et à mesure de la vente, et, à la mort de l'artiste, les éditeurs achetaient les plaques pour en faire des retirages.

LA NOTION D'ÉTAT

Une des indications qui figure souvent sur une estampe est celle de l'état. En effet, au fur et à mesure que le travail avance, l'artiste peut tirer une planche d'essai. La qualification d'épreuve d'état (ou la numérotation 1er état, 2e état, etc.) ne peut être appliquée à une estampe que si la matrice a subi des modifications. Cette distinction importante permet de ne pas confondre les états avec des variantes d'encrage ou des essais de couleur, pour lesquels seule l'impression change.

Dans un bain d'acide qui attaquera les du métal mises à nu - c'est la morsure, le temps plus ou moins long que la plaque passe dans l'acide détermine la profondeur des traits, donc leur valeur.

Ceux-ci ont tendance à être de même largeur sur toute leur longueur. A ta différence de la gravure au burin, leurs extrémités ne sont pas effilées mais plutôt carrées. Le vernis laissant plus de liberté à l'artiste, le trait gravé à l'eau-forte est plus spontané que celui, plus dur et plus précis, du burin.

Vernis mou

Sur une planche recouverte d'un vernis dur ordinaire additionné de suif, l'artiste pose une feuille de papier à grain sur laquelle il dessine au crayon. Sous la pression de la mine, le vernis se détache du cuivre et adhère au papier. Le graveur peut ensuite soulever le papier et procéder à la morsure.

Aquatinte

Faisant partie des techniques de l'eau-forte, l'aquatinte concerne davantage la tonalité des surfaces que la qualité du trait. La planche est recouverte d'une couche de colophane (ou résine) pulvérisée, la grosseur du grain étant déterminée par les effets que l'artiste recherche. La plaque est ensuite chauffée pour que la résine se fixe au cuivre et le protège avant qu'elle ne soit plongée dans le bain d'acide ; seul est alors mordu mis à nu entre les grains de résine. Plus la morsure est longue, plus les tons sont foncés à l'impression. Les surfaces qui doivent rester blanches sont épargnées au moyen d'un vernis dur.

Gravure dite « au sucre »

Ce procédé, apparenté à l'aquatinte, diffère cependant de l'aquatinte normale où le trait est délimité par une couche de vernis protecteur ; ici, le pinceau de l'artiste retrouve son rôle premier. Pour dessiner l'image sur la planche, le graveur trempe un pinceau dans un liquide visqueux (généralement une solution saturée de sucre ou du sirop de maïs). Quand le dessin est sec, l'artiste recouvre toute la surface de la planche d'une couche de vernis pour eau-forte (vernis dur). Lorsque le vernis est sec, il plonge la planche dans un bain d'eau chaude qui fait gonfler le sucre et soulève le vernis, laissant à nu le motif, tandis que le reste de la planche conserve son vernis. Il recouvre ensuite d'une aquatinte les parties mises à nu et procède à la morsure.

TECHNIQUES

1 - Procédés en creux

La technique qui consiste pour le graveur à creuser son dessin dans la plaque de métal (cuivre, zinc ou acier) par un procédé manuel ou chimique s'appelle « procédé en creux ». Au moment de l'impression, il dépose de l'encre dans les parties creuses. Puis, la surface étant bien essuyée, il met la plaque et une feuille de papier bien humidifiée sur la presse taille-douce. L'estampe s'imprime sous forte pression, le papier humidifié va chercher l'encre dans le creux à l'aide de langes. Le graveur imprime un nombre limité d'épreuves, après quoi il raye la plaque pour empêcher toute réutilisation.

Gravure au burin

Au moyen d'un instrument extrêmement pointu et taillé en biseau (le burin), le graveur en talle le cuivre. Agissant comme une charrue qui remue le sol, le burin soulève un copeau de métal spiralé et sur les bords de chaque côté de la taille apparaissent des crêtes surélevées (la barbe). Cette barbe est normalement retirée avant l'impression, les traits au burin, nets et fins, s'élargissent habituellement au centre, tandis que leurs extrémités sont effilées.

Gravure à la pointe sèche

Le trait est creusé dans le cuivre avec un instrument bien affûté qui soulève une barbe abondante. Il est moins profond que dans la taille au burin, mais sa barbe, qui sera conservée, est plus forte, celle-ci a pour fonction de retenir l'encre et, lors de l'impression, elle confère au trait une sorte de velouté. La fragilité de la barbe limite cependant le tirage.

Manière noire ou Mezzotinto

Au moyen du berceau, instrument à la lame courbe dont la partie utile est finement dentée, la planche de cuivre est recouverte d'un grain rugueux. Une épreuve tirée à cette étape-ci serait d'un noir uniforme. À l'aide du grattoir et du brunissoir, l'artiste aplanit ou polit les aspérités de certaines parties de la planche pour qu'elles retiennent plus ou moins l'encre. La manière noire repose ainsi sur la création de dégradés qui vont du noir profond au blanc pur en passant par des gris (demi-tons).

Eau Forte

L'artiste graveur recouvre d'abord la plaque de métal (souvent du cuivre) d'un vernis dur que les acides n'attaqueront pas. Le graveur prend ensuite une pointe d'acier fine et dessine son motif sur ce vernis, mais sans que sa pointe n'entame la surface du métal. L'image qu'il veut imprimer est constituée des parties du cuivre mises à nu. La plaque sera plongée
(voir s’il ne manque pas une page dans le PDF car la phrase n’est pas terminée)

2 - Procédés en relief

Le dessin et l'impression se font non pas au moyen des creux, mais par les parties laissées en relief sur un bloc constitué d'un matériau rigide. Le graveur creuse autour du motif toutes les surfaces qui devront rester blanches (non encrées). Ceci s'appelle champlever un dessin. L'image est laissée en réserve sur le bloc : il a été épargné. C'est pour cela que la gravure en relief s'appelle aussi la « taille d'épargne ». Ce peut être aussi au moyen de couches ajoutées sur la surface, car les gravures en relief, autres que la gravure sur bois de fil ou la linogravure, créent des motifs légèrement saillants avec des morceaux de carton ou de papier collés, de la colle plastique travaillée et durcie, des moulages et autres formes en saillie. L'impression se fait soit en frottant le verso du papier sur ta surface encrée avec une cuillère de bois, ou un baren japonais, soit en passant le papier et le bloc sous une presse taille douce ou typographique.

Gravure sur bois de fil

L'artiste dessine un motif directement sur un bloc de bois plat débité le plus souvent dans le sens des fibres. A l'aide d'une gouge et/ou d'un canif bien aiguisé, le graveur ne fait apparaître que les traits de son dessin qui, tout en relief, est ensuite encré et imprimé. Le motif est détouré au canif et les surfaces qui doivent rester blanches sont évidées à l'aide des gouges. Il existe aussi une gravure sur bois clair-obscur qui utilise un bloc pour chaque couleur, atteignant ainsi à la plus grande tonalité du dessin.

Linogravure

Le graveur utilise un bloc de linoléum qu'il creuse selon les techniques de la gravure sur bois. Le linoléum étant un matériau plus homogène que le bois, la surface imprimée à moins de grain que dans la gravure sur bois.

Gravure sur bois de bout

L'artiste grave son dessin sur une pièce de bois coupée à contresens des fibres et donc assez dure. Cette technique permet, mieux que la gravure sur bois de fit, d'exprimer les nuances et les finesses du motif. Le plus souvent le bois de bout se taille au burin, c’est le profil du burin qui détermine le genre de trait, le graveur creuse son motif en épargnant tout le reste de la surface. Ce n'est donc pas le motif qui est encré et imprimé sur la feuille, mais la surface de bois épargnée. On obtient ainsi des lignes blanches sur fond noir.

Eau-forte en relief

On donne parfois ce nom à une impression réalisée à partir d'une planche de métal où toute la surface, sauf le motif, a été mordue. L'artiste peint avec un vernis protecteur son motif sur une planche de métal, celle-ci est ensuite plongée dans un bain d'acide jusqu'à ce que les parties non protégées soient suffisamment creusées pour faire ressortir le motif en relief. On procède ensuite à l'encrage comme dans la gravure sur bois.

3 - Procédés à plat (plateformes ou chimiques)

L'artiste dessine avec des matériaux gras (crayons et encres) sur une pierre, une plaque de zinc ou d'aluminium grainé, qu'il traite selon des méthodes chimiques spécifiques. Ce qui caractérise ces procédés, est le fait que les parties imprimantes se trouvent au même niveau que les parties non imprimantes. Cela est possible grâce au principe de la répulsion de l'eau et des corps gras. Le support sera ensuite encré et recouvert d'une feuille de papier, l'impression se fait à plat sur une presse manuelle, semi-automatique ou automatique.

Lithographie (de lithos, la pierre)

Inventée à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne par Aloïs Senefelder, la lithographie repose sur le principe de la répulsion de l'eau par les corps gras. L'artiste dessine directement sur une pierre calcaire grainée avec un crayon gras ou un pinceau trempé dans une encre grasse, l'encre lithographique. On peut aussi exécuter les dessins sur des plaques de zinc (zincographie) ou d'aluminium (alugraphie). Lorsque le dessin est terminé on prépare ta pierre avec un mélange d'acide nitrique et de gomme arabique. Cette préparation produit une séparation de nature chimique entre les régions à imprimer (dessinées) et les autres (non dessinées). Le gras déposé par l'encre ou le crayon du dessinateur pénètre dans ta pierre tandis que les surfaces vierges non dessinées restent hydrophiles.

Avant l'impression, la pierre est mouillée et les parties réservées (non dessinées) se couvrent d'une pellicule d'eau. L'encre est ensuite appliquée sur la pierre à l'aide d'un rouleau. Les parties grasses qui sont dessinées attirent et retiennent l'encre alors que les parties non dessinées et humidifiées la refusent.

Après encrage, la pierre est couchée sur le chariot de la presse et recouverte d'une feuille de papier qui sera « pressée » contre la pierre. L'image obtenue sera le miroir de la composition sur la pierre. A noter que la lithographie en couleurs exige autant de pierres que de couleurs ; toutes les impressions sont superposées en registre. C'est un procédé chimique qui ne comporte pas de relief.

Lithographie de report

Un dessin exécuté au crayon lithographique, sur un papier à report spécialement préparé, peut être transféré sur une pierre lithographique. On posera le papier de report sur la pierre humide, puis on passera celle-ci sur la presse. Une fois que l'image est reportée on procède comme pour une lithographie ordinaire. La texture du papier de report demeure toutefois apparente dans les lithographies de ce genre. L'impression lithographique à l'avantage de remettre à l'endroit l'image que le report avait inversée.

4 - Procédés au pochoir ou à l'écran

Le motif est découpé dans une plaque (pochoir) ou un écran (sérigraphie), de telle manière que l'encre ou la peinture que l'artiste appliquera au moyen d'une brosse (pochoir), d'une raclette (sérigraphie) passeront à travers pour se fixer sur le papier.

Pochoir

Le motif est découpé dans une fine plaque de métal ou de carton, puis cette plaque est placée sur une feuille de papier, enfin l'imprimeur dépose son encre dans son motif à l'aide d'une brosse ou d'un aérographe.

Sérigraphie

L'artiste tend un écran fait d'une fine soie (aujourd'hui un polymère) sur un cadre en bois. Sur cette trame il colle les motifs prédécoupés. Au moyen d'une raclette, il applique, en pressant bien fort, de l'encre au-dessus d'une feuille de papier. Seules les surfaces non recouvertes laisseront passer l'encre.

Les techniques courantes de la sérigraphie sont toutefois, pour la plupart, plus élaborées. On isolera par exemple les surfaces de la soie qui doivent être réservées avec un enduit imperméable plutôt qu'avec une plaque en papier découpé. L'artiste peut ainsi, après avoir dessiné son motif sur l'écran avec de l'encre lithographique recouvrir celui-ci, d'une mince couche de colle ou de gomme et le laver à la térébenthine afin de dissoudre les surfaces encrées pour que la peinture traverse le motif ; la colle restera cependant intacte. Enfin, il pourra aussi remplacer le tissu par un métal léger ou par une pellicule photosensible qui permettra d'opérer un report photographique.

Lithographie Offset

Ce procédé d'impression utilise les techniques lithographiques dans un but de tirage important. L'artiste dessine sur un calque qui sera transféré sur une plaque de zinc ou d'aluminium. L'image ainsi obtenue est imprimée de façon habituelle par encrage et impression à la main. L'impression elle-même peut cependant être accélérée en ayant recours à une machine offset, mais seules les plaques de zinc ou d'aluminium sont assez souples pour être calées sur un cylindre. De plus, le procédé offset suppose une double impression. La planche encrée est imprimée sur un cylindre en caoutchouc (le blanchet) qui reporte l'image sur une feuille ou un rouleau papier. L'encre, assez liquide, permet un encrage rapide et un report facile.

La maniabilité du procédé est telle que les artistes y recourent pour les lithographies en plusieurs couleurs de grand format. Autre caractéristique de cette technique, elle n'inverse pas l'image dessinée sur te calque.

5 - Autres procédés d'impression

Monotype

Cette technique ne permet d'obtenir qu'une seule épreuve. L'artiste « peint » directement son image avec de t'encre d'imprimerie sur une plaque de verre ou de métal, puis l'imprime avant que l'encre ne sèche.

Phototypie

Technique permettant d'imprimer une image en noir ou en couleurs sur n'importe quel support (sauf papier couché), et ce sans trame (contrairement à la quadrichromie).

Une plaque de verre est sablée, de manière à retenir une fine pellicule de gélatine photo sensible, puis insolée à travers un négatif photographique afin que l'image se fixe dans la gélatine. Il est ensuite possible d'imprimer un grand nombre d'exemplaires tous identiques sans aucune perte de qualité par rapport à un tirage photographique.

Quarante estampes au Centre national de l'estampe et de l'art imprimé – Maison Levanneur

Les quarante estampes commandées par le ministère de la Culture dans le cadre d'une commande publique seront exposées du 15 février au 14 avril 1997 au Centre national de l'estampe et de l'art imprimé.

Lieu de création, de recherche et d'exposition, la maison Levanneur, où se trouve le Centre national de l'estampe et de l'art imprimé est située à Chatou, sur l'île des Impressionnistes, dans l'ancien atelier des artistes Alain Derain et Maurice de Vlaminck, qui sera inauguré au cours du mois de mars prochain.

Ce nouveau centre d'art contemporain a pour vocation d'initier et de développer des recherches plastiques et théoriques autour de l'art imprimé : gravure, lithographie, sérigraphie, empreinte, héliogravure, gaufrage, mais aussi photocopie et image informatisée. Il regroupe des espaces d'expositions, une salle pédagogique et un atelier technique d'impression. Deux ateliers attenants à la maison seront construits pour accueillir les artistes en résidence.

Le programme d'expositions donnera une résonance aux artistes dont les travaux sont liés à une réflexion théorique ou plastique sur l'usage social de l'œuvre d'art, sa diffusion et sa reproduction : travaux sur le signe, la reproductibilité du double, la décomposition de l'image...

Associé à ce programme d'exposition, (quatre par an), le centre développera l'invitation et l'accueil en résidence. La liberté de travail offerte par l'atelier technique, permettra aux artistes de découvrir de nouveaux champs d'expérimentations.

Des réflexions théoriques, des éditions, un travail de diffusion des œuvres, de sensibilisation et de formations des publics viendront compléter le programme d'activités : club de collectionneurs, programme de conférences, activités pédagogiques...

Les expositions au Centre national de l'estampe et de l'art imprimé – Maison Levanneur – pour l'année 1997 :

    Heureux le visionnaire..., 15 février - 13 avril 1997. Inauguration le jeudi 20 mars 1997. Présentation à la presse à partir de 16h (voyage de presse).

    André Derain par Gérard Collin-Thiébau, 26 avril - 7 septembre 1997.

    François Morellet, 20 septembre - 31 décembre 1997.

    Adresse : Ile des impressionnistes - 78400 Chatou, Tél : 01.39.52.45.35, Fax : 01.39.52.43.78. Directrice : Sylvie Boulanger.

    Partenaires : Ministère de la Culture, Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France.
    Conseil régional d'Île de France.
    Conseil général des Yvelines.
    Ville de Chatou.
    Fondation Électricité de France.
    Les papeteries d'ARCHES.

      Liste des artistes

Martine ABALLEA, Le méchant architecte, Phototypie, Atelier ARTE

Kenneth ALFRED, Eau forte et aquatinte, Atelier LACOURIERE et FRELAUT

Ghada AMER, Sérigraphie, Société pour la diffusion de l'art, contemporain DEL-ARCO

Michel AUBRY, Schablon en suite 1, blouson croisé, partition pour canne de Sardaigne, Sérigraphie, GRAPHICAZA

Albert AYME, À la gloire de Van Gogh, Lithographie, Atelier À FLEUR DE PIERRE

Gilles BARBIER, Sérigraphie, Eric LINARD Éditions

Carole BENZAKEN, Lithographie, Imprimerie CLOT, BRAMSEN ET GEORGES

José-Manuel BROTO, Lithographie, Michael WOOLWORTH Publications

Damien CABANES, Lithographie, Michel CASSE lithographe Éditeur

Philippe COGNEE, Lithographie, Association de créateurs lithographes, (ACL)

Christine CROZAT, Voyage à travers le paysage amoureux, Eau-forte et pointe-sèche, Tanguy GARRIC

DADO, Gravure taille douce, eau-forte et  pointe-sèche, Alain CONTROU Taille doucier

Eric DALBIS, Eau-forte, Pierre LALLIER

Hervé Dl ROSA, Fleur de lotus, Sérigraphie sur fond préparé à la laque, arrachée, Éditions du RANCHIN

Noël DOLLA, gravure eau forte, Les Presses du Jardin

Philippe FAVIER, Aloïs Rey, Eau forte sur cuivre, RLD Atelier DUTROU

Wolfgang GÄFGEN, Gravure, vernis mou et manière noire, en deux plaques, Daniel MORET

Michel HAAS, Les Habitants, Lithographie, Le petit Jaunais

Shirley JAFFE, Sérigraphie, Alain BUYSE Édition

Laurent JOUBERT, Lithographie, Imprimerie CLOT, BRAMSEN et GEORGES

Pascal KERN, Sérigraphie, L'ATELIER

Dominique LABAUVIE, Aquatinte, Atelier René TAZE

Jean LARIVIERE, Phototypie, ARTE

Marc LE MENE, Chambre mentale, Phototypie, ARTE

Léa LUBLIN, Le corps amer, l'objet perdu de Marcel, Duchamp, Sérigraphie, Eric LINARD Éditions

Frédérique LUCIEN, Linogravure, Michael WOOLWORTH Publications

Philippe MAYAUX, Happy hours, Sérigraphie, Alain BUYSE Édition

Yan PEI MING, Gravure, Michel VILAGE

Bernard MONINOT, Gravure, PASNIC

Jean-Pierre PINCEMIN, lithographie, Atelier de lithographie, LA BÊTE A CORNES

Daniel POMMEREULLE, Lithographie, Atelier Franck BORDAS

Bernard RANCILLAC, Sérigraphie, L'ATELIER

Judith REIGL, Sérigraphie, Atelier A

Edda RENOUF, Chant d'alouette en hommage, à Henri Bergson, Aquatinte et pointe-sèche, Éditions Tanguy GARRIC

Alain SECHAS, Sérigraphie, Société pour la diffusion de l'art, contemporain DEL-ARCO

Djamel TATAH, Sérigraphie, Atelier A

Gérard TRAQUANDI, Phototypie, ITEM Éditions

Jacques VILLEGLE, Lithographie, URDLA

Bertrand VIVIN, Lithographie, POUSSE- CAILLOU

Jan VOSS, Pochoir, Daniel JACOMET

      Liste des ateliers

ARTE, Monsieur Jules Maeght, 13 rue Daguerre, 75014 Paris

LACOURIERE, Madame Denise Frélaut, 11 rue Foyatier

DEL-ARCO, François Patez, 130 rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris

Michel CAZA, BP 458, 95005 Cergy-Pontoise

CHAMPFLEURY, Jacques de Champfleury, 17 rue de Nantes, 75019 Paris

Eric LINARD, Le Val des Nymphes, 20700 la Garde Adhémar

Atelier CLOT/BRAMSEN, ET GEORGES, Monsieur Guy Georges, 19 rue Vieille du Temple, 75004 Paris

Atelier CLOT/BRAMSEN, ET GEORGES, Monsieur Christian Bramsen, 19 rue Vieille du Temple, 75004 Paris

Michel CASSE, 10 rue Malher, 75004 Paris

Tanguy GARRIC, 15 bis rue du Tage, 5013 Paris

Alain CONTROU,Les Goupières, 61290 Bizou

Pierre LALLIER, 187 rue St-Jacques, 75005 Paris

Jean SEISSER, 32 boulevard Rochechouart, 75019 Paris

Les Presses du Jardin, Monsieur François Dezeuze, 211 chemin du Bélébézet, 34200 Sète

Robert et Lydie DUTROU, 116 avenue Léon Bollée, 75013 Paris

Daniel MORET, 8 rue St-Victor, 75007 Paris

Le Petit Jaunais, Madame Nancy Eulmont, 35 rue de la Croix Rouge, 44300 Nantes

Alain BUYSE, 12 rue des Vieux Murs, 59800 Lille

Eric SEYDOUX, 6 rue de l'Abbé Carton, 5014 Paris

René TAZE, 6 rue Hittorf, 75010 Paris

Michel et Gérard VILAGE, 58 rue de la Réunion, 75020 Paris

PASNIC, Monsieur Pascal Gauvard, 86 rue de Piscéricourt, 75020 Paris

PASNIC, Monsieur Nicolas du Mesnil, 86 rue de Piscéricourt, 75020 Paris

Frank BORDAS, Passage du Cheval Blanc, 2 rue de la Roquette, 75011 Paris

Wilfedo ARCAY, 10 rue Beaucé, 91410 Escobille

Atelier Jérôme ARCAY, 81 rue du Chemin Vert, 75011 Paris

ITEM, Monsieur Patrice Forest, 1 rue Nicolas Roret, 75013 Paris

ITEM, Monsieur Michel Bertrand, 1 rue Nicolas Roret, 75013 Paris

URDLA, Monsieur Max Schoendorff, 207 rue Francis de Pressensé, 69100 Lyon-Villeurbanne

Pousse-Caillou, 1 1540 Roquefort des Corbières

Dominique JACOMET, Les prés St-Jean, 84470 Chateauneuf de Gadagne

Michael WOOLWORTH, 10 rue St-Louis en Lisle, 75004 Paris

La Bête à Cornes, Emannuet Doer, 91 rue de la Condamine, 75017 Paris


Arjo Wiggins - speciality papers - papiers spéciaux

En 1996, ARCHES s'est associé à la commande publique d'estampes lancée par le ministère de la culture, qui contribue à la fois à démontrer la qualité du travail des ateliers d'art et à valoriser l'œuvre des artistes.

Les travaux ainsi réalisés, reflet de la richesse de la création contemporaine, associent l'expérience des ateliers taille-douciers, graveurs ou lithographes et l'imagination des artistes.

Les papiers ARCHES constituent le support d'expression de cette création conjointe, dernier maillon de la réalisation de l'œuvre.

Fondées en 1492, les papeteries d'ARCHES perpétuent un savoir-faire papetier de plus de 5 siècles déjà, au service de la création artistique.

L'histoire d'ARCHES a, de tout temps, été étroitement liée à l'évolution du monde de l'art, et ARCHES a toujours souhaité demeurer le partenaire privilégié des métiers d'art, en France comme dans le monde entier.

Cette philosophie immuable des papeteries d'ARCHES comme la recherche continue de la qualité de ses papiers et l'action engagée dans le cadre de la commande publique d'estampes du Ministère de la Culture, confortent l'entreprise dans son engagement permanent au côté des professionnels de l'Art.

Filiale du groupe Arjo Wiggins – premier groupe papetier de la communauté européenne – et référence des papiers haut de gamme à travers le monde entier, les papeteries d’Arches fabriquent aujourd’hui des papiers de qualité inégalée, destinés à l’édition d’art, à la création artistique et à la communication de prestige.