Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Tout d’abord, merci à chacune et à chacun d’entre vous pour votre présence.
Merci d’avoir répondu à l’invitation que Gérard MENUEL, Paul GRANET et moi-même vous avons lancée.
Merci d’avoir ainsi compris l‘importance des rendez-vous régional et cantonal auxquels nous serons bientôt conviés...
Merci à François BAROIN de m’accueillir, une fois encore, ici, Troyes. Je dis bien : une fois encore, car mes visites dans sa ville ont été nombreuses...
J’ai ainsi le souvenir de m’être exprimé, en sa présence, à l’occasion des Universités d’été des jeunes du RPR qui avaient été organisées sous son égide, salle Argence.
Je me rappelle m’être exprimé, aussi, avec lui, au Palais Omnisports, à la veille du premier tour des élections présidentielles de 1995. C’était d’ailleurs, ma toute dernière intervention publique avant le vote...
C’est assez dire combien je me réjouis de retrouver François BAROIN. Je sais l’action qu’il conduit à la tête de cette ville... Je sais l’action qui a été la sienne comme porte-parole, comme ministre puis comme conseiller de Jacques CHIRAC. Je sais l’action qu’il conduit au Parlement.
Et je viens de lui donner le meilleur témoignage de mon estime et de ma confiance en l’appelant à mes côtés pour participer à la modernisation, à la rénovation du grand mouvement que j’ai l’honneur de présider.
Pour accomplir ce grand effort, qui est nécessaire à l’ensemble de l’opposition, je sais que je pourrai compter sur le soutien de mon ami Robert GALLEY. Je le retrouve, chez lui, avec une émotion toujours égale...
Robert GALLEY a marqué cette ville et ce département. Il a marqué également notre pays. Notre première rencontre remonte au lendemain même de sa nomination au gouvernement par le Général de Gaulle.
J’ai appris, depuis, la part qu’il avait prise, au péril de sa vie, à la libération de mon département. Et j’ai eu l’honneur de travailler avec lui, dans la majorité comme dans l’opposition, et d’apprécier son dévouement à la cause publique.
Je suis heureux d’être à ses côtés, comme je suis heureux de saluer mes amis parlementaires, mon vieux complice de l’Assemblée nationale, Pierre MICAUX, avec qui je partage tant de préoccupations en termes de forêt, de bois et de textile, et le sénateur Philippe ADNOT, président du conseil général de l’Aube, dont je suis avec admiration le travail remarquable qu’il accomplit au Sénat, et tout particulièrement au sein de l’exigeante Commission des finances...
Je les remercie, eux aussi, de leur présence. Comme je remercie et salue les membres de votre liste régionale et les candidats aux élections cantonales qui ont pu se dégager, comme je salue nos amis Jacques Jeanteur, vice-président du conseil régional et tête de liste dans les Ardennes, ainsi que Bruno Sido, conseiller général de Haute-Marne, et tête de liste dans ce département...
Venir en Champagne-Ardenne, en voisin, est toujours pour moi un grand plaisir. Mais c’est aussi, au fil des ans, l’occasion de mesurer le chemin parcouru par votre région.
Ce chemin est considérable. Il l’est d’autant plus que tout ne vous était pas donné d’emblée.
Il vous fallait d’abord affirmer l’unité d’une région qui s’étire des Ardennes aux rives de la Marne. Il vous fallait forger l’identité d’une région que les géographes décrivent comme intermédiaire, entre le bassin parisien et les marchés de l’Est.
Il vous fallait aussi surmonter les séquelles de l’histoire. Une histoire qui a durement frappé la terre de Champagne-Ardenne, deux fois dans le siècle, conduisant nombre de famines à devoir repartir de zéro, et suscitant d’immenses efforts de reconstruction.
Plus près de nous, enfin, je n’oublie pas qu’à l’instar de nombre de régions françaises, Champagne-Ardenne a dû faire face à des évolutions industrielles souvent douloureuses, comme en témoigne la crise du textile dont ce département de l’Aube a particulièrement souffert.
Mais les hommes et les femmes qui peuplent votre région ont puisé dans ces épreuves une force de caractère, une force de caractère qui en s’alliant à leur goût du travail, leur a permis de faire de Champagne-Ardenne la cinquième région la plus riche de France.
Ce résultat est d’abord dû à l’acceptation du jeu de l’ouverture et de la concurrence. Champagne-Ardenne n’a pas craint de renouer avec la tradition qui faisait d’elle la région du commerce, des grandes foires, bref un carrefour des échanges.
Loin de se replier sur elle-même, elle a lucidement accepté les nouvelles réalités économiques mondiales, s’attachant à mettre en valeur ses atouts, à développer ses infrastructures et ses voies de communication, à parier sur l’intelligence et le savoir-faire, à investir sur la formation et l’éducation des hommes.
La mondialisation, vous savez ici depuis longtemps ce que cela signifie. Et votre exemple montre, plus que de longs discours, combien notre pays a les moyens d’en tirer le meilleur parti.
Vous avez fait de votre agriculture l’une des plus modernes et des plus performantes d’Europe. Vous avez su exporter le champagne à tous les coins du globe. Vous avez su comprendre l’importance des transports dans la vie économique et notamment du transport des marchandises. Le projet de plate-forme de Vatry, à la fois outil de l’aménagement du territoire et instrument du développement économique et de l’emploi, en est un témoignage éclatant...
C’est assez dire combien Champagne-Ardenne n’est pas réductible à sa vocation agricole. Elle est aussi, et on ne l’oublie que trop, une région de grande tradition industrielle. Et comme toutes celles-ci, elle n’est pas épargnée par le chômage. Un chômage qui, dans les Ardennes, en Haute-Marne, dans l’Aube, dans la Marne, est la préoccupation centrale, majeure des familles.
Aussi, avez-vous réalisé tout ce qui était possible pour accompagner les mutations industrielles et préparer l’avenir. Les collectivités locales, qu’il s’agisse du conseil régional, des différents conseils généraux, des mairies, se sont attachés à mettre l’emploi au cœur de leur action.
Le conseil régional s’est ainsi particulièrement investi dans la formation, accomplissant un effort considérable pour le développement de l’enseignement technique et professionnel, dans le but de maintenir en Champagne-Ardenne une jeunesse qui la quittait souvent trop tôt, faute d’une suffisante adéquation entre la formation et les besoins des entreprises. Refusant que la formation devienne un alibi commode à l’inaction, une anti-chambre de l’exclusion, vous avez fait en sorte que chaque parcours de formation débouche sur une qualification et accroisse donc les chances de trouver un emploi.
Je parlais de convergence des efforts des collectivités locales.
Comment ainsi ne pas associer à l’action du conseil régional en la matière, les initiatives prises dans l’Aube par le conseil général sous l’impulsion de son président, mon ami Philippe ADNOT ? Initiatives qui ont été saluées avec force par le Président Jacques CHIRAC, ici même, à Troyes, lors de l’inauguration de votre université technologique.
Il y a là, dans l’ensemble des actions engagées, de quoi augmenter encore l’attrait de votre région, donner envie à ceux qui y résident d’y étudier et d’y travailler, en un mot de s’y fixer. Et cela d’autant plus que les choix de gestion faits par les collectivités locales de la région administrées par l’opposition nationale, privilégient l’objectif de baisse de la pression fiscale. La région Champagne-Ardenne a été ainsi une des premières régions de France à comprendre qu’on ne bâtit pas un développement durable sur l’augmentation indéfinie des impôts et des charges, sur la progression non maîtrisée des dépenses publiques.
Quel exemple instructif !
En réduisant le poids de la dette, en s’efforçant de limiter le poids des impôts locaux, le conseil régional, les conseils généraux, nos mairies donnent un exemple qui vaut bien au-delà des limites de la région.
Alors, mes chers amis, il faut que la sage politique menée ici depuis maintenant douze ans, se poursuive, s’amplifie, et se déploie.
Il faut que nos compatriotes de Champagne-Ardenne saisissent l’occasion qui leur est donnée de dire que cette politique est la bonne pour leur région.
Il faut qu’ils saisissent aussi la chance qui leur est donné de faire travailler en harmonie les collectivités locales entre elles sur des bases communes : ouverture sur le monde, modernisation des infrastructures, effort d’investissement sur l’éducation, la formation, stabilité des impôts et baisse des charges. Voilà le programme de nos listes !
Et à l’heure où celles-ci vont entamer, dans l’ensemble des départements de Champagne-Ardenne, leur travail d’explication et de mobilisation, vous comprendrez que mes premières pensées aillent vers celui qui depuis douze ans préside aux destinées du conseil régional, Jean KALTENBACH.
Il n’est pas aisé, chacun le sait, d’être président d’un conseil régional, surtout lorsque le scrutin proportionnel vous empêche de disposer d’une large majorité. Il y faut le sens de la négociation, la culture du compromis, la clairvoyance politique. Mais en plus de ces qualités, il faut garder le sens de l’intérêt général à long terme, la capacité de voir loin, la volonté d’engager la collectivité locale sur des projets d’avenir.
Et je crois pouvoir résumer le sentiment général en disant que Jean KALTENBACH a réussi à combiner ces différents traits de caractère pour mener Champagne-Ardenne sur les voies du progrès. Je voudrais donc lui en apporter le témoignage public. En votre nom, je voudrais lui dire ma gratitude pour l’ensemble de son action.
Mais je ne m’arrêterai pas là. Jean KALTENBACH a choisi de se retirer avec la même dignité et la même hauteur de vues que celle dont il a fait preuve durant toute la durée de sa présidence. Je respecte profondément sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat, que je sais inspirée par le souci d’un large renouvellement des équipes, pour donner un nouvel élan à Champagne-Ardenne.
Qu’il sache que l’esprit de responsabilité et d’ouverture dont il fait preuve est à mes yeux un exemple, un exemple que nous entendons méditer.
C’est son premier vice-président à la région, Jean-Claude ETIENNE, qui a la lourde charge d’incarner à la fois la continuité de l’action régionale et son nécessaire renouvellement. Je connais Jean-Claude ETIENNE depuis son élection à l’Assemblée nationale en 1993. Nul ne peut ignorer sa vaste culture, son esprit curieux de tout, sa compétence reconnue dans le monde médical.
Jean-Claude ETIENNE a d’abord réussi dans sa profession.
Chef du service de rhumatologie au centre hospitalier universitaire de Reims, c’est un praticien autant qu’un enseignant, puisqu’il est également professeur à l’université de Reims Champagne-Ardenne.
Il fut largement reconnu par ses pairs, qui le portèrent président, puis président d’honneur de la Conférence nationale des CHU.
Mais, allant au-delà du seul univers médical, il s’est aussi efforcé de conduire une réflexion, par bien des aspects originale, en faveur du développement des services de proximité en milieu urbain et rural.
Et il en a démontré tout l’intérêt pratique, en assurant la présidence de l’Union nationale des offices de retraites et personnes âgées, mettant ainsi sa réflexion au bénéfice du premier public concerné par une meilleure répartition des services à la personne. Il est à ce titre, un des conseillers écoutes de Jacques CHIRAC sur les sujets concernant la solidarité entre les générations.
La volonté d’innover qui est la sienne, Jean-Claude ETIENNE en a fait aussi preuve dans l’accomplissement de ses mandats régionaux.
Premier vice-président du conseil régional et président de la Commission enseignement supérieur, recherche, vie sociale et culturelle de la région Champagne-Ardenne, il est à l’origine de l’effort remarquable de la région en ces domaines.
Il est aussi à l’origine de nombreux programmes scientifiques appliqués au développement de l’économie.
Il a notamment contribué à l’exploitation des nouveaux débouchés alimentaires et industriels des produits de l’agriculture. Un enjeu qui est essentiel.
Nul n’ignore non plus, dans la région, le soin qu’il a mis à demeurer à l’écoute de sa circonscription. Et chacun sait l’énergie qu’il a déployée aux côtés de Jean FALALA à Reims. Bref, Jean-Claude ETIENNE me paraît avoir toutes les qualités d’un président de conseil régional. Son expérience des relations humaines, sa connaissance des dossiers régionaux, son amour de la région Champagne-Ardenne, sont les meilleurs garants d’une succession réussie.
Et puisque j’en suis à ce chapitre, je voudrais apporter une précision qui me paraît utile : si nous avons mis un point d’honneur à désigner par avance et systématiquement nos candidats à la présidence dans chaque région, ce n’est pas parce que nous vendrions la peau de l’ours... avant d’avoir procédé à la formalité préalable que l’on sait. C’est dans un souci de clarté et de respect vis-à-vis des électeurs. Le président du conseil régional occupe en effet un poste clé. Il est à la fois le chef de l’exécutif et le patron du législatif. Dans la région, il est à la fois le Président, le Premier ministre et le président de l’Assemblée. Et son rôle est encore plus important quand on sait que le plus souvent il n’existe qu’une majorité relative, et qu’il lui faut savoir réunir, pacifier, rassembler.
C’est bien pourquoi nous avons reproché à la gauche de ne pas pratiquer la même transparence. Il est vrai qu’elle cherchait à jouer sur tous les tableaux à la fois. Elle veut faire la vertueuse avec ses histoires de cumuls. Mais elle voudrait bien aussi laisser croire que ce sont ses ministres qui dirigeront les régions.
Mais à force de la mettre en demeure, voici la gauche plurielle obligée d’annoncer la couleur. Et dans certaines régions, cela tourne au jeu massacre : après M. Rocard, M. Strauss-Kahn vient d’en faire les frais...
Cela étant dit, c’est bien sin- dans tous les départements que nous devons l’emporter. Et naturellement dans ce département de l’Aube qui nous a valu dans le passé tant de belles victoires.
Or, j’ai confiance dans la capacité de la liste de l’opposition, conduite par Gérard MENUEL, ancien députe, adjoint au maire de Troyes, président de votre chambre d’agriculture, à rassembler les Aubois.
Paul GRANET, conseiller général de l’Aube, premier vice-président du conseil régional, incarne à ses côtés la continuité de votre action régionale.
Comme je connais les qualités de Jean-Claude MATHIS, premier vice-président du conseil général, qui est aussi notre secrétaire départemental du RPR.
Celles de Pascal THOMAS, Danielle BOEGLIN, Martine LECORRE, Michel RUDENT, Christine PEIFFER, Luc GRAS, Nelly FANDARD, Jean-Charles MARASSE qui se présentent également aux suffrages de nos concitoyens.
Parmi eux, je remarque la présence de deux femmes qui nous apportent une expérience professionnelle importante, Martine Le CORRE, expert-comptable et commissaire aux comptes, et Christine PEIFFER, directeur
de sociétés.
Je me réjouis aussi de la présence parmi vous du responsable d’idées action, Michel RUDENT.
Tout comme je me réjouis de celle de Luc GRAS, assistant parlementaire, que nous connaissons bien au Centre national du RPR.
Les élus locaux, enfin, sont nombreux parmi vous : outre Jean-Charles MARASSE, conseiller municipal de Brienne-le-Château, Pascal THOMAS, maire-adjoint de Troyes, Danielle BOEGLIN, conseiller général et conseiller municipal de la Chapelle-Saint-Luc, et Nelly FANDARD, maire de Vulaines.
Le combat est ouvert. Il va donc nécessiter un engagement personnel de chacun.
Car ne vous y trompez pas : il ne s’agira pas seulement de défendre un bilan, aussi brillant et positif soit-il.
Les élections à venir seront aussi l’occasion de montrer que l’opposition est effectivement en rénovation. Pas seulement parce qu’elle présente, comme ici où la moyenne d’âge des candidats est inférieur à 45 ans, des listes féminisées et rajeunies. Mais aussi et surtout parce qu’elle entend dialoguer avec les Français, écouter leur message, recouvrer sa capacité de conviction.
Car ces élections auront à l’évidence une portée nationale. Il serait hypocrite de le nier. Les Français devront en effet porter une première appréciation sur la manière dont la France est gouvernée depuis les élections législatives de juin 1997.
Enjeux locaux et nationaux se conjugueront donc pour faire de ces scrutins un moment important de notre vie politique.
Or, il n’est plus temps de lancer des avertissements sans frais ou de voter sous l’impulsion de la colère. Il n’est plus temps de s’offrir ce luxe suprême des démocraties prospères qui est de s’abstenir.
Il est temps d’émettre un vote constructif. Car c’est dans nos départements et dans nos régions que nous pouvons d’ores et déjà agir contre le chômage et pour le développement de nos territoires.
C’est de nos collectivités que peut et doit monter un message d’espoir pour la France. Un message de refus de la résignation et du déclin. Un message de confiance dans les chances et les atouts de notre pays, si mal utilisés par ceux qui nous gouvernent.
Mesdames, Messieurs,
Nous souffrons plus que jamais de voir notre pays renouer avec les délices de la politique des partis ; de voir son sort livré à un gouvernement de coalition en désaccord, sur tout sauf lorsqu’il s’agit de faire bouillir la marmite électorale.
Un gouvernement qui, jour après jour et parfois à son corps défendant, pratique le marchandage permanent, sans souci de l’intérêt général à long terme. Aux écologistes l’arrêt de Super-phénix ; aux communistes, quelques emplois supplémentaires à la SNCF ; au parti socialiste, les 35 heures ; aux collectifs de gauche, l’abrogation des lois sur l’immigration... Il y en a pour tout le monde. Mais où est l’intérêt général ?
Chacun perçoit les limites de ce genre d’exercice et cela doit servir de leçon. Quand il n’y a pas d’objectifs clairs et reconnus, il ne peut y avoir de majorité cohérente, donc il ne peut y avoir de gouvernement ferme. Et de fait, ce gouvernement ne gouverne pas. Il navigue... Un jour, il veut les 35 heures, le lendemain, il se propose de réhabiliter le travail. Un jour, il débloque en catastrophe des fonds pour les chômeurs, le lendemain il se déclare contre la société d’assistance. Un jour, il prépare l’euro, le lendemain il tâche la bride aux dépenses publiques. Un jour le Premier ministre se prend pour le Président de la République, le lendemain il refuse d’assumer les pouvoirs qu’il tient de la Constitution.
Certes, le gouvernement fait la politique de sa majorité. Mais comme il n’a pas de majorité, il n’a pas de politique. À majorité virtuelle, politique virtuelle. Et encore n’insisterai-je pas sur le fait qu’à bord du navire gouvernemental, il y a un passager clandestin de marque, dont on voudrait nous faire oublier le rôle central. C’est décidément un bien étrange équipage que cette majorité, avec des socialistes flanqués sur leur gauche, d’un parti communiste qui pratique avec bonheur la participation sans soutien et, sur leur droite, d’un Front national qui a fait sien le soutien sans participation...
Comment s’étonner, dans ces conditions, que les Français se laissent gagner par le scepticisme, qu’ils succombent à la tentation de ne plus croire dans la politique ? Qu’ils se détournent de la chose publique ?
Alors qu’ils voient que les intérêts corporatistes l’emportent sur l’intérêt général, que le court terme prédomine sur le long terme, oui, comment s’étonner que les Français soient revenus de tout et manifestent leur découragement en votant pour les extrêmes !
Oh certes, nous avons dans ce rejet du politique notre part de responsabilité. Nous n’avons pas toujours su entendre les Français. Nous n’avons pas véritablement fait de la lutte contre le chômage la priorité de toutes nos politiques. Et nous n’avons pas toujours orienté la construction européenne dans un sens conforme à l’intérêt des peuples. Mais du moins n’avons-nous jamais gouverné à la godille...
Et à l’heure où le pays a besoin d’une direction ferme et lucide, c’est un regard attristé que nous portons sur la France. Alors que les difficultés sont nombreuses et les efforts à produire immenses, il est profondément regrettable que notre pays soit dirigé par un attelage qui ne parvient à une cohérence apparente qu’en s’entêtant sur des mesures symboliques aux effets réels désastreux.
Ainsi en est-il d’un budget qui s’en prend par des décisions inutiles à tout ce qui dans ce pays, créé, entreprend, embauche.
Ainsi en est-il des textes sur la nationalité et l’immigration, aussi dangereux pour l’étranger en situation régulière, victime désigné de tous les amalgames, que pour le clandestin abandonné aux risques de la marginalité et de la délinquance ; aussi nocif pour les pays d’origine, souvent privés d’une partie de leur ressortissant des plus dynamiques, que pour la France dont la situation intérieure déjà tendue, ne peut que s’en trouver aggravée.
Et ce n’est pas non plus en mettant le chômage sur le dos de la droite et du patronat – avec cette obsédante volonté de couper la France en deux, qu’il s’agisse de son passé ou de son avenir – qu’on légitimera ces 35 heures qui risquent de nuire gravement à l’emploi.
Notre tâche est donc simple et immense à la fois. Elle ne consiste pas seulement à nous opposer au gouvernement, à brocarder ses ambiguïtés, à nous moquer de ses incohérences. Elle est de réconcilier les Français avec la chose publique ; de les persuader que nous sommes décidés à gouverner vraiment ; de les convaincre que la majorité et l’opposition, ce n’est pas bonnet blanc et blanc bonnet. Ce combat-là commence en mars. Il sera de longue haleine. Car nombre de Français ont toujours une certaine indulgence à l’égard du pouvoir. Et ils ne voient pas encore tous, en l’opposition, une alternative crédible.
Mais lorsque les conséquences concrètes des orientations erronées de l’action gouvernementale apparaîtront au grand jour, il faudra être prêt à assumer les responsabilités. Il faudra ne pas se contenter de participer à un énième tour de manège électoral. Cela veut dire que nous devrons refaire de la vraie politique, agir pour que la France retrouve une pleine maîtrise de son destin.
Et il n’est pas dans cette perspective de pire danger que la démagogie, que l’irréalisme, que le dogmatisme. N’ayons pas peur de dire la vérité la lucidité est la première des vertus républicaines. Ne vivons pas dans les rêves, mais sachons prendre l’exacte mesure de la situation en expliquant aux Français que la mondialisation des phénomènes nous imposent un double devoir d’explication et de mobilisation.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une mutation géopolitique, économique et technologique considérable que nous devons affronter. Que nous devons affronter en renforçant encore nos atouts qui sont grands et en comblant nos handicaps qui sont aisément perceptibles.
Car la mondialisation, ce phénomène prodigieux qui, conjuguant l’explosion technologique et la libération de l’échange, redessine les rapports de puissance entre les États, crée ici des emplois, en détruit d’autres ailleurs ; genre de la croissance au profit des plus dynamiques, la compromet chez les moins apte au changement.
Or, cette mondialisation n’est pas une fatalité mais le lieu d’un combat que nous devons mener avec nos armes, en démultipliant nos efforts, en conduisant une stratégie qui soit en accord avec nos propres valeurs et avec que nous nous faisons du modèle social auquel nous voulons parvenir...
Osons donc faire preuve d’imagination et n’ayons pas peur de sortir des sentiers battus.
Ayons du courage. Le courage de refuser les modes, les pensées dominantes qui étouffent plus que jamais notre pays.
Ayons le courage, aussi, de défendre ensemble nos valeurs nationales et républicaines.
Osons dire que la liberté doit être encouragée sous toutes ses formes, mais qu’elle ne va pas sans esprit de responsabilité.
Osons affirmer que le travail est la condition de la dignité et de la prospérité.
Manifestons notre volonté de renforcer l’égalité des chances, menacée par la montée d’un égalitarime qui nivelle par le bas sans jamais assurer l’émulation par le mérite.
N’hésitons pas à dire que la solidarité n’est pas synonyme d’assistanat, l’assistanat qui maintient dans la dépendance et qui exclut du marché du travail avant d’exclure de la société toute entière.
N’hésitons pas à marquer notre attachement à la famine, lieu des premiers repères et de la transmission des expériences et des savoirs.
Affirmons enfin notre engagement européen, un engagement sincère mais qui ne saurait nous conduire à l’angélisme. Faire croire que la construction européenne nous dispense d’un effort national, abolit le sentiment patriotique, et peut être un alibi à notre résignation, c’est nous préparer des lendemains qui déchantent ; c’est s’exposer demain à faire de l’Europe un bouc émissaire de nos insuffisances.
En un mot, mes chers amis, ayons le courage d’affirmer nos valeurs. Alors, seulement, nous serons en mesure de rendre l’espoir à nos compatriotes ; de rendre à la politique sa véritable dimension, de rassembler autour d’un projet pour la France.
Prenons garde en effet à ce que les déceptions que causera la politique du jour ne débouchent pas sur la victoire de mauvais prophètes. C’est de nous que cela dépend.
Si nous sommes capables de mettre la lutte contre le chômage au cœur de notre action politique,
Si nous sommes capables de proposer quelques orientations simples dans les domaines où l’impuissance publique est la plus manifeste,
… alors nous pourrons susciter l’adhésion durable de nos compatriotes, si nécessaire au succès de l’alternance.
La pire des erreurs serait de bâtir à la hâte, un programme tout fait, clé en main, qu’on serait bien en peine d’appliquer. Les Français d’ailleurs n’y croiraient pas, qui ne supportent plus les promesses sans lendemain, les slogans faciles et les bons sentiments.
Ainsi en est-il du chômage. Cette grande peste des temps modernes... Le chômage doit se combattre sur tous les fronts. Ce qui impose d’une part la réorientation de toutes nos politiques dans le sens du retour de l’activité, d’autre part le volontarisme pour ajuster l’offre et la demande de travail. Il n’est pas d’autre voie. Il n’est pas d’autre voie même si la confusion est entretenue à dessein sur l’efficacité de l’emploi public à profusion et sur la potion magique de la réduction autoritaire du temps de travail.
Ce sont pourtant de véritables mensonges d’État. Car ces deux orientations reprennent, à grande échelle, ce qui a déjà été tenté en 1982, avant d’échouer lamentablement. Nous avons de la mémoire : ni les 39 heures, ni l’augmentation du nombre des fonctionnaires n’avaient créé d’emplois supplémentaires. Pourquoi ce qui n’a pas marché hier, réussirait-il aujourd’hui ?
En vérité, ce sont l’esprit et la volonté d’entreprendre qui doivent avoir de nouveau droit de cité dans notre pays. Et cela suppose, à l’évidence, et à titre de préalable absolu, une baisse résolue de la fiscalité et des charges. Il est en effet vital de rompre avec cette situation aberrante qui fait du travail le bien le plus réglementé et le plus taxé de France. À nous d’en mesurer et d’en assumer les conséquences ! Ce ne sera pas si facile, s’agissant en particulier du périmètre d’intervention de la puissance publique.
Et pourtant il est clair que l’État doit se concentrer sur ses vraies vocations, qu’il assume, au demeurant, fort mal. Il doit cesser de faire des métiers qui ne sont pas les siens. Il y retrouvera toute son autorité. À jouer au banquier, au fabricant de récepteurs de télévisions ou de casseroles, il n’obtient qu’un résultat : faire payer des dizaines et des dizaines de milliards au contribuable pour réparer les dégâts...
Il est temps de s’inspirer de ce qui réussit ailleurs, plutôt que de s’y refuser obstinément, comme le fait le gouvernement.
S’inspirer de la modération budgétaire publique aux Pays-Bas ? On nous dit que c’est inutile...
S’inspirer des dispositifs d’aide à la création d’entreprises, de développement du capital risque, d’accueil et de recherche des capitaux et des talents qui ont permis dans certains pays de créer de véritables zones de plein emploi ?
On nous dit que tout ça doit être rejeté !
Le développement de l’alternance et de l’apprentissage qui permettent à l’Allemagne d’afficher un taux de chômage des jeunes de moitié inférieur à la France : on nous dit qu’on n’en veut pas !
Eh bien, ce sont ces pistes que nous voulons, nous, emprunter, en conciliant plus de liberté et plus de solidarité.
Mais nous savons qu’une croissance dynamique et créatrice d’emplois ne suffira pas à répondre aux besoins d’activités.
C’est bien pourquoi nous souhaitons que toute mesure en termes d’aménagement du temps de travail soit conçue, négociée, mise en œuvre dans le double but d’assurer la capacité d’adaptation de l’entreprise à l’évolution de son marché et la meilleure organisation possible de sa vie par le salarié. Nous croyons, dans ce domaine, à la formule du gagnant-gagnant, pour peu qu’on donne au dialogue social toutes ses chances de se développer librement et équitablement.
Il y avait dans ce domaine une loi qui marchait très bien. Qui s’appelait la loi de Robien. Elle marchait si bien que le Premier ministre est allé visiter la semaine dernière une entreprise qui l’appliquait... Au moment même où son gouvernement proposait de la supprimer à l’Assemblée nationale, au profit d’une mesure autoritaire et générale qui ne bénéficiera pas aux chômeurs mais au mieux aux machines, et qui jouera contre l’emploi.
C’est bien pourquoi nous voulons aussi la transformation du revenu minimum d’insertion, si mal dénommé au demeurant, en revenu minimum d’activité.
Non point que nous souhaitions, dans le cadre d’un marchandage dérisoire, obtenir une contrepartie à l’expression de la solidarité nationale, mais parce que nous considérons qu’en se contentant d’assurer un moyen de subsistance, la société n’assume d’une partie de son devoir de solidarité vis-à-vis de l’exclu...
L’offre systématique d’une activité doit être conçue comme un coup d’arrêt au processus de marginalisation, bref, comme une véritable prestation supplémentaire.
C’est bien pourquoi nous croyons aussi à la nécessité d’aider l’émergence de nouvelles activités qui ne sont encore que partiellement solvables. Loin de nous l’idée de marcher sur les brisées des socialistes qui créent et financent d’abord ce qu’ils appellent des emplois et se demandent ensuite, seulement ensuite, à quoi diable on pourrait bien les affecter...
Non, ce que nous voulons, c’est identifier de vrais besoins qui existent, qui existent en grand nombre, qui pourraient être opportunément financés par l’activation des dépenses énormes consacrées, si inefficacement, à la réparation ou à la prévention du chômage, et qui peuvent, demain, contribuer à rendre notre société plus vivable et plus conviviale.
Mesdames, Messieurs,
Le chômage est au cœur de tout, il n’est rien qu’il n’aggrave ou n’amplifie : délinquance juvénile, violence dans les quartiers, crise de l’école, montée de la consommation de drogue, autant de phénomènes dont la dimension tient au développement du chômage.
Il n’en demeure pas moins que nous devons n’éluder aucune des responsabilités qui nous incombent dans ces domaines.
Nous devons ainsi affirmer notre identité, et nous appuyer sur un État fort, rendu à sa vraie vocation.
Nous sommes en effet une Nation, qui s’incarne dans un État. Cette identité fait notre force. Et nous réduirions à néant nos efforts sur le plan économique et social, nos efforts à l’échelle de l’Europe si nous la laissions se dater. Aussi nous revient-il de refaire vivre notre citoyenneté, sans complexe ni faiblesse. La citoyenneté est un acte de foi, d’adhésion à une histoire que l’on assume, à des valeurs en lesquelles on croit, à un projet que l’on souhaite construire en commun.
Nous voulons une France ouverte et unie. Nous récusons la perspective d’une mosaïque de communauté.
C’est pourquoi nous jugeons si nécessaire de combattre implacablement l’immigration clandestine qui met en péril l’intégration de ceux qui souhaitent partager notre destin. Et que, de même, nous pensons qu’un enfant étranger ne doit pas devenir français par hasard mais bien par une démarche volontaire.
La citoyenneté, elle s’acquiert d’abord et avant tout à l’école. Encore faut-il que celle-ci soit à même de jouer pleinement son rôle en favorisant le mérite et l’émulation.
Il faut que les jeunes aient à nouveau la conviction que 1e jeu est ouvert. Nous connaissons tous des jeunes qui ont fait des parcours excellents, alors qu’ils venaient de cités difficiles, de familles désunies, alors que leur vie quotidienne était bousculée de toutes les manières. Par leur travail, ils ont saisi cette chance exceptionnelle que reste l’école de la République. Ce sont eux que nous devons donner en exemple, parce que l’exemple est plus convaincant que n’importe quel discours...
Dès lors que sa vocation serait rendue à l’école, nous serions d’autant mieux armés pour non seulement défendre, mais aussi promouvoir notre patrimoine, notre culture et notre langue, qui expriment l’âme et le génie singulier de notre peuple.
Mais l’identité nationale ne serait rien, je le répète, si le rôle supérieur de l’État n’était réaffirmé dans le maintien de la sécurité et de l’ordre public. Nous n’admettons pas que le droit à la sûreté qui figure dans la déclaration des droits soit quotidiennement bafoué ; que les zones de non-droit s’étendent sur le territoire de la République. Et nous souhaitons donc que le problème de la délinquance des mineurs soit pris à bras le corps ou que les délinquants multirécidivistes soient sévèrement sanctionnés.
Oui nous avons besoin d’une justice rapide, efficace, équitable, légitime et qui ne varie pas selon les lieux où on la rend.
Comme nous avons besoin d’un État qui assure la solidarité entre les territoires qui forment notre Nation. Un État qui lève les contradictions entre la décentralisation et l’aménagement du territoire, notamment par une politique de péréquation intelligente et hardie.
Nous savons bien, à cet égard, que l’État ne peut agir efficacement au service des citoyens que s’il s’inscrit dans une démocratie rénovée.
La lutte sans faiblesse contre la corruption et l’éradication des mécanismes qui y conduisent, la limitation effective du cumul des mandats, la clarification des compétences entre l’État et les collectivités territoriales, enfin une modernisation profonde des structures administratives du pays, sont les conditions premières d’une réconciliation des Français avec la chose publique. Ce sont des priorités absolues.
Et c’est à cette condition que notre pays pourra jouer tout son rôle en Europe et dans le monde.
Un rôle nécessaire, car le monde que nous voyons poindre ne nous dit rien qui vaille...
Et l’actualité est là pour nous le rappeler.
Nous désapprouvons ainsi les conditions dans lesquelles l’embargo frappe de manière aveugle et injuste la population irakienne, et a pour seul effet politique de conforter le régime en place...
De même, nous pensons que si les résolutions des Nations unies doivent être appliquées, c’est au conseil de sécurité d’y veiller. À personne d’autre...
Nous devons donc soutenir les efforts du Président de la République qui met tout en œuvre pour convaincre Saddam Hussein de ne pas donner aux Américains des prétextes pour faire usage de la force.
Le recours à la force, en effet, outre qu’il ne réglerait pas le problème politique irakien, aurait pour conséquence de déstabiliser la région, de rendre encore plus difficile le règlement de la question palestinienne et de renforcer l’intégrisme islamique.
Mesdames, Messieurs,
Dans maintenant six semaines, vous aurez à vous prononcer sur l’avenir de la Champagne-Ardenne. Vous émettrez un vote sur la gestion de votre région, sur ses perspectives d’avenir. Mais cet avenir s’inscrit, vous le savez, dans un avenir national.
Car la France ressent le besoin d’être gouvernée, d’être administrée à tous les échelons de sa vie politique, économique et sociale. Les régions et les départements sont des leviers essentiels de l’action publique. Ils ont acquis des compétences et des moyens d’action non négligeables, qu’il s’agisse de l’emploi, de la solidarité, du développement économique. C’est le moment de les utiliser le mieux possible.
Rien ne serait pire que de se retrouver demain avec des conseils régionaux livrés à une majorité plurielle, hantée par ses dogmes et prisonnière de ses divisions.
Rien ne serait pire que de céder à l’exaspération en se précipitant vers des extrémistes qui n’ont d’autre dessein que d’entretenir un climat de division nationale et d’affrontement perpétuel. Voter Front national, c’est, outre l‘émergence d’une France ternie, l‘assurance de plus de régions socialistes et communistes.
Car la gauche et l’extrême droite sont des alliés objectifs. Et ils ont au moins en commun ceci : ils ont également monté leur fonds de commerce sur la division des Français et quand nous nous voulons rassembler, ils jouent constamment une partie de la France contre l’autre.
Alors, rassemblons-nous autour de l’opposition nationale, autour de l’UDF et du RPR pour dire que voulons plus de liberté, plus de solidarité. Que nous refusons la spirale qui conduit à l’augmentation continue des impôts, à la hausse du chômage, à la montée des inégalités.
Alors, rassemblons-nous pour donner à nos régions les majorités fortes, stables et efficaces dont elles ont besoin, afin d’accomplir pleinement leur destin dans l’unité de la République.
Car si l’Europe est appelée à jouer un rôle déterminant dans le développement régional, nous ne devons pas oublier que la collectivité nationale demeure le cadre irremplaçable de notre vie commune. C’est, dans la durée, l’intérêt bien compris de nos régions de le percevoir.
Oui, rassemblons-nous une fois encore, ici, autour de Jean-Claude ETIENNE, de toutes les têtes de liste de Champagne-Ardenne Jacques JEANTEUR, Bruno SIDO, et Gérard MENUEL dans l’Aube, de tous leurs colistiers, pour la République et pour la France !