Interview de M. Georges Sarre, président délégué du Mouvement des citoyens, dans "Marianne" du 15 novembre 1999, sur la position de M. Jean-Pierre Chevènement regrettant la démission de M. Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire de la MNEF.

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Média : Marianne

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Q - Jean-Pierre Chevènement a-t-il eu tord de regretter la démission de DSK ?

Non, moi aussi je regrette cette démission. Dans le contexte actuel de la judiciarisation de la vie politique française, le balancier a été trop loin. Sous la IIIe et la IVe République, quand un ministre était condamné, il démissionnait. Avec la jurisprudence Balladur et Bérégovoy, c'est quand il était mis en examen. Maintenant c'est quand il fait l'objet d'une dénonciation !...

Q - L'impunité serait scandaleuse mais la corrida médiatique l'est tout autant. Et de toute façon ce ne serait pas la justice. Le ministre de l'Intérieur s'en est pris à l'institution judiciaire. Curieux, non ?

Non, il s'est exprimé en tant que ministre, mais aussi au nom du Mouvement des citoyens (MDC). Il sait faire le partage des rôles. La justice est à la charnière entre le collectif et l'individuel, entre la société et le citoyen, entre l'intérêt général et les intérêts particuliers. Il faut concilier obéissance et indépendance. Obéissance d'abord à la loi voulue et votée par le législateur élu par le peuple. Obéissance ensuite à l'exécutif désigné par les citoyens pour conduire la politique de la nation. En même temps, il ne faut pas oublier l'indépendance qui concerne toutes les libertés individuelles.

Q - Que pensez-vous de la proposition de Balladur : supprimer la mise en examen et la remplacer par la « mise en accusation » susceptible d'appel devant un « tribunal de la liberté » ?

Pas mal, la proposition Balladur. Chevènement a ouvert le débat, il l'a lancé pour arrêter une pente néfaste pour les libertés collectives. Balladur reprend la balle au bond sous une autre forme. C'est bien : on discute à nouveau.