Texte intégral
Entretien accordé conjointement aux quotidiens saoudiens « Al Charq al Awsat » et « Al Riyadh » (Paris, 5 mars 1998)
Q. – Quels seront les principaux sujets de discussion lors de votre prochaine visite en Arabie saoudite ?
R. – Ma visite s’inscrit dans le cadre de notre attachement aux relations franco-saoudiennes qui sont excellentes et depuis longtemps, afin de les renforcer encore davantage. À cet égard, je vous rappelle la visite du Président Chirac en Arabie saoudite en juillet 1996 lors de laquelle il a été décidé de renforcer les consultations diplomatiques et politiques entre les deux pays, nécessaires à l’instauration de relations privilégiées à tous les niveaux politiques, économiques et culturels. Ma visite aura pour but de nous consulter avec les responsables saoudiens sur toutes les questions d’intérêt commun, y compris le processus de paix au Moyen-Orient, ou plus précisément, l’asphyxie de ce processus.
Il y a quelques jours, le Président de la République a déclaré qu’il n’accepterait pas la mort programmée du processus de paix, et, à cet égard, la politique française est claire. Nous œuvrons afin que se poursuivent les négociations du processus de paix relatives au conflit israélo-palestinien. Des accords ont été conclus, et ces accords ont suscité de grands espoirs dans la région, mais nous constatons une paralysie croissante du processus de paix et chacun peut voir et en comprendre les raisons. La politique française se fonde sur le dialogue. Nous sommes également en contact avec toutes les forces politiques israéliennes – gouvernement et autres – car il demeure en Israël beaucoup de partisans du processus de paix.
Au niveau européen, nous essayons de parvenir à une position unique et cohérence ; en même temps, nous maintenons un dialogue étroit avec les États-Unis car nous considérons que l’engagement américain envers le processus de paix est indispensable. Mais cet engagement n’est pas suffisant, et nous encourageons les Etats-Unis à persévérer même si M. Netanyahou ne répond pas aux pressions américaines. Mais le rôle européen peut être complémentaire et actif, et le rôle de la France est essentiel et primordial au sein de l’Europe pour qu’elle puisse avoir un rôle influent et actif dans le processus de paix. La question est de savoir si ce rôle européen peut prendre de nouvelles formes. Actuellement, il existe une réflexion sérieuse de la part de ceux qui ne se résignent pas au fait accompli, mais il n’existe toujours pas de plan déterminé. La France croit nécessaire dans cette phase d’avoir des contacts et une coordination permanente avec ses partenaires arabes comme l’Arabie saoudite.
Q. – Dimanche, vous allez rencontrer Mme Albright. Allez-vous examiner avec elle ou lui soumettre de nouvelles propositions en vue d’un nouveau plan pour réactiver le processus de paix ?
R. – Il n’y a pas de nouveau plan... Il y a une action continue, déterminée et persévérante de la France. J’évoquerai avec Madeleine Albright, comme je le fais régulièrement, la situation au Proche-Orient et je lui redirai la nécessité de rester engagée pour le déblocage du processus de paix et la nécessité d’une position américaine plus équilibrée.
Q. – Pensez-vous que l’échec du processus de paix pourrait provoquer une guerre dans la région ?
R. – Je ne parlerais pas de l’éventualité d’une guerre mais d’une dégradation croissance des conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Q. – Existe-t-il entre la France et les Etats-Unis une différence d’interprétation de la résolution 1154 du Conseil de sécurité qui a entériné l’accord conclu entre Kofi Annan et les autorités Irakuiennes, car les États-Unis considèrent que ce texte autorise le recours automatique à la frappe militaire contre l’Irak si jamais celui-ci ne respectait pas les termes de l’accord.
R. – Vous remarquerez que sur quinze États membres du Conseil de sécurité, seuls les États-Unis et la Grande-Bretagne ont interprété le texte dans ce sens. Donc treize membres du Conseil de sécurité considèrent qu’il n’y a pas automaticité quant au recours à la force.
Q. – Cela signifie-t-il une différence d’interprétation de la résolution ?
R. – Les États-Unis ne peuvent pas ne pas prendre en compte l’avis des autres États membres du Conseil surtout si cet avis est majoritaire, mais vous parlez dans l’hypothèse où l’Irak ne s’acquitterait pas de ses engagements conformément à l’accord conclu avec Kofi Annan et qui a permis de désamorcer la crise. Si le gouvernement irakien respecte les clauses de l’accord, la question du recours à la force ne se posera pas.
Q. – Pensez-vous que la crise avec l’Irak est terminée et qu’il est possible de lever les sanctions contre l’Irak bientôt ?
R. – Je pense que la crise de l’inspection des « sites présidentiels » a été résolue à condition que les parties concernées respectent leurs engagements, mais le problème avec l’Irak n’est pas encore terminé, il sera lorsque toutes les inspections auront lieu alors le Conseil de sécurité pourra appliquer le paragraphe 22 de la résolution 687. Nous souhaitons que cela puisse se faire au plus tôt, mais personne ne peut fixer de date : il faut que les conditions soient remplies et il n’y a aucun problème à cet égard au sein du Conseil de sécurité. Donc tout dépend des Irakiens en premier lieu.
Q. – Approuvez-vous le maintien actuel des troupes américaines et britanniques dans la région du Golfe ?
R. – C’est une décision qui relève des autorités américaines et britanniques.
Q. – Est-ce que l’émissaire français, M. Dufourcq, a constaté une réelle disposition irakienne à mettre en œuvre l’accord de Bagdad et a-t-il promis au gouvernement irakien une levée des sanctions dans un futur proche ?
R. – Pour ce qui est de la levée des sanctions, je vous ai expliqué dans quelles conditions celle-ci pouvait avoir lieu. M. Dufourcq a informé les autorités irakiennes que la France attendait de l’Irak qu’il s’acquitte de ses obligations et le président Saddam Hussein a assuré que l’Irak remplirait tous ses engagements. Le Conseil de sécurité en adoptant sa dernière résolution 1154 relative à l’Irak et adoptant l’accord conclu par M. Kofi Annan s’est engagé par cet accord et par les engagements qu’il comporte. La France a grand espoir de voir cet accord appliqué par toutes les parties.
Q. – Vous allez rencontrer à Paris M. Mordechaï, ministre israélien de la défense, afin de discuter du retrait israélien du Sud-Liban. Pensez-vous qu’Israël souhaite réellement se retirer et appliquer la résolution 425 du Conseil de sécurité, et est-ce que les Israéliens sollicitent une médiation française ? Quelle est la position de la France à ce sujet ?
R. – J’attends de rencontrer le ministre israélien de la Défense pour savoir ce que seront ses propositions, mais lors de ma visite en Syrie et au Liban au mois de janvier dernier, les Libanais m’ont redit leur volonté de voir appliquer sans condition les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité. En tout état de cause, la France est disposée à transmettre les messages et les idées et à faciliter les contacts entre Israël, le Liban et la Syrie et, elle est même disposée à fournir des garanties en cas de conclusion d’un accord.
Q. – La France connaît sous le Président Chirac un tournant historique en matière de politique étrangère. Cela signifie-t-il que la France passera du rôle de « suiveur » à celui « d’intervenant indépendant » lors des crises ?
R. – S’agissant du Proche-Orient, la France ne peut à elle seule imposer des décisions aux différentes parties dans le conflit mais elle a la capacité de se faire entendre et de jouer un rôle important et positif pour faire avancer les choses.
C’est pourquoi nous tenons à maintenir le dialogue avec toutes les parties concernées. Par exemple, lors de la crise avec l’Irak, nous étions parmi les rares États membres capables de nous adresser à tous, à l’Irak, aux États-Unis, à la Russie, à la Grande-Bretagne, à Kofi Annan et aux principaux pays arabes comme l’Arabie saoudite. Bien entendu, nous ne pouvons pas imposer nos propositions. Même les États-Unis n’y parviennent pas ! Mais c’est notre manière de faire des propositions qui fait leur force.
Q – Il y a deux ans, le Président Chirac avait déclaré que La France était disposée à donner des garanties pour maintenir la sécurité au Sud-Liban tout le long de la frontière israélienne si Israël acceptait de se retirer du Sud-Liban conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité, sous forme d’envoi d’un surcroît de troupes afin de renforcer les forces internationales déployées au Sud-Liban. Actuellement êtes-vous disposé à fournir ces garanties ?
R. – Le Président Chirac a indiqué la disponibilité de la France à apporter des garanties si un accord entre la Syrie, le Liban et Israël était conclu. Cette garantie pourrait prendre la forme d’une présence sur le terrain. Mais cela ne pourra pas se faire avant la conclusion d’un accord.
Q. – Cela signifie que la question doit d’abord faire l’objet d’un accord entre la Syrie, le Liban et Israël ?
R. – Il ne nous appartient pas de dicter l’accord. Nous sommes à l’écoute de toutes les parties et nous avons des contacts avec les trois États, mais il ne nous appartient pas de dicter des conditions.
Q. – Que pensez-vous de la violence en Algérie et pensez-vous avoir un rôle à jouer afin d’aider à mettre un terme aux événements tragiques que connaît l’Algérie ?
R. – La France est profondément affectée par la souffrance du peuple algérien et nous sommes disposés à fournir toute assistance que nous demanderaient les Algériens et ce dans le respect total de leur souveraineté. Nous sommes heureux de voir que les autorités algériennes accueillent de nombreuses délégations politiques et parlementaires, françaises et européennes, afin d’établir un dialogue. Mais l’Algérie est un État soucieux de sa dignité et de sa souveraineté et soucieux de résoudre lui-même ses problèmes. Mais quelles que soient les difficultés, la coopération avec l’Algérie est la base de nos relations avec ce pays, aujourd’hui et demain.
Q. – Quelle est la position de la France pour ce qui est de la décision de la Cour internationale de justice relative au procès des suspects de l’affaire Lockerbie, et cette décision englobe-t-elle l’enquête dans l’affaire d’UTA ?
R. – Je ne peux pas commenter cette décision car la Cour internationale de justice s’est déclarée compétente dans l’affaire Lockerbie.
Q. – Mais la France acceptera-t-elle la décision de la Cour ?
R. – La CIJ s’est déclarée compétente mais ne s’est pas prononcée sur le fond. En tout état de cause, la France reste attachée aux résolutions du Conseil de sécurité relatives à l’affaire Lockerbie. Pour ce qui est de l’affaire UTA, l’enquête est à présent terminée et les personnes impliquées seront juges prochainement, et à cet égard nous souhaitons une totale coopération de la part des autorités libyennes.
Q. – Pour ce qui est de la politique américaine du double endiguement vis-à-vis de l’Irak et de l’Iran et qui n’a pas porté de fruits, est-ce que la France est toujours réservée quant à cette politique ?
R. – La politique du double endiguement est une politique américaine. Elle n’a jamais été une politique européenne ou française. Notre politique est celle de la double réinsertion, la réinsertion de l’Iran et de l’Irak dans le concert des nations. Mais les deux problèmes sont distincts. Il y a des sanctions imposées par le Conseil de sécurité s’agissant de l’Irak, il y a des sanctions purement américaines s’agissant de l’Iran. Notre politique est constructive. Si l’Irak respecte l’accord conclu avec Kofi Annan, nous aurons fait un grand pas dans la solution du problème irakien. Et si le président iranien Khatami confirme sa politique, nous pourrons faire des pas vers l’Iran. Mais nous pensons également aux autres pays de la région, à leurs préoccupations, à leurs aspirations. Notre vision de la situation dans la région du Golfe est une vision globale afin que cette région connaisse la paix et la stabilité.
Q. – Pensez-vous que la politique iranienne est devenue plus modérée ?
R. – Le président Mohamed Khatami incarne un nouveau cours de la politique iranienne. C’est le vœu de l’électorat iranien. Mais il existe en Iran des forces opposées aux nouvelles orientations de la politique iranienne. La politique européenne vise à consolider les orientations nouvelles qui, quoique prometteuses, ne sont pas encore enracinées.
Q. – Certaines sources affirment que la France aurait présenté la majorité des propositions de Kofi Annan qui ont servi de base à l’accord conclu entre l’Irak et les Nations unies.
R. – En effet, nous avons travaillé étroitement avec le secrétaire général des Nations unies, et plusieurs de nos idées ont été utiles pour l’accord final, par exemple sur le groupe spécial de l’UNSCOM pour l’inspection des « sites présidentiels ».
Entretien accordé conjointement à « Radio orient » et à la télévision « Middle East Broadcasting Compagny » (Paris, 8 mars 1998)
Q. – Considérez-vous aujourd’hui que la crise entre l’Irak et les États-Unis est derrière nous ?
R. – D’abord, ce n’était pas une crise entre l’Irak et les États-Unis, c’était une crise entre l’Irak et le Conseil de sécurité qui voulait voir appliquer les résolutions concernant l’inspection de l’ensemble des sites par l’UNSCOM. Il y a eu cet accord très important signé par M. Kofi Annan avec les autorités Irakiennes. Nous en sommes maintenant au moment décisif, c’est-à-dire celui de la mise en application de cet accord. Nous restons tous, au sein du Conseil de sécurité, extrêmement vigilants et nous espérons tous que cet accord sera complètement et loyalement appliqué parce qu’il faut pouvoir dépasser les séquelles de cette tragédie pour penser à l’avenir. Cela suppose que les résolutions soient vraiment appliquées.
Q. – Vous venez de rencontrer Mme Albright. Demain vous vous rendez en Arabie saoudite. Quels principaux points allez-vous aborder au cours de cette visite ?
R. – C’est avant tout un voyage bilatéral. Je me rends en Arabie saoudite pour la première fois depuis que je suis ministre des affaires étrangères. C’est un pays que je connais déjà mais que je n’ai pas eu l’occasion de visiter dans ces fonctions. C’est une visite à laquelle j’attache une extrême importance. J’aurai des rencontres de très hauts niveaux, et j’y vais essentiellement parce que la relation entre la France et l’Arabie est très importante à nos yeux. Elle a connu une relance spectaculaire en 1996 à l’occasion de la visite du Président Chirac, et sur tous les plans, la discussion et la concertation politique et diplomatique, le volet économique, toutes les formes de relations, nous pouvons encore développer intensément ces relations. Naturellement, à l’occasion de cette visite, des contacts que j’aurai à Riyad, nous aurons l’occasion de parler des crises de la région : l’affaire Irakienne, le processus de paix ou les autres sujets. C’est un moment tout à fait important pour moi.
Q. – Monsieur le ministre, le processus de paix fait face à de graves menaces. Vous avez discuté avec Mme Albright des idées américaines et européennes. Y a-t-il concrètement des idées pour relancer ce processus ? Quelles sont les démarches que vous comptez entreprendre à ce sujet ?
R. – Le Président de la République a déclaré, il y a quelques jours, dans une interview, que la France n’acceptait pas la mort programmée du processus de paix. En effet, nous voyons s’accumuler les entraves et ce processus être progressivement asphyxié. Les accords d’Oslo et ceux qui ont suivi ne sont pas appliqués. Le temps s’écoule, la tension monte, et le désespoir remonte alors que, pendant des années, il s’était trouvé des Israéliens et des Palestiniens courageux et visionnaires pour essayer de bâtir ensemble un avenir qui dépassait les séquelles du passé.
C’est précisément cet engrenage de la destruction et de la démoralisation que nous n’acceptons pas. La politique française est constante sur ce plan. Même les jours ou l’on ne parle pas spécialement d’initiatives, laissez-moi vous dire que la France ne relâche jamais son effort dans plusieurs directions, au niveau des Européens pour que l’Europe ait une position de plus en plus homogène et de plus en plus forte, dans la concertation avec les États-Unis, comme cela a encore été le cas aujourd’hui quand j’en ai parlé avec Mme Albright, parce que nous sommes convaincus que l’engagement américain est indispensable, même si nous avons une vue parfois différente sur certains points. Elle n’est pas opposée, elle est complémentaire. L’objectif est de faire en sorte que les actions de tous les pays qui ne se résument pas au statu quo actuel convergent pour qu’il n’y ait pas une sorte de compétition entre les clans ou les initiatives et que les choses soient utiles : des Européens et notamment de la France, des Etats-Unis, de la Russie aussi, de beaucoup de pays arabes importants, sans oublier tout ceux qui, en Israël eux-mêmes ne se résignent pas à ce que le processus de paix s’arrête petit à petit. Tout cela doit aboutir à des propositions précises qui permettent de relancer les choses de façon ce que le gouvernement israélien accepte de revenir dans la logique d’un pays qui tient les engagements qu’il a pris en matière d’arrêt des mesures unilatérales par exemple, en matière de redéploiement, sur des problèmes extrêmement concrets comme l’aéroport ou le port de Gaza, les conditions de travail, les passages, les conditions de vie et de circulation des Palestiniens qu’ils soient à Gaza ou ailleurs. Il y a une série de points sur lesquels nous ne relâcherons pas nos efforts parce qu’il faut absolument inverser la tendance actuelle qui est plutôt une tendance à la dégradation.
Q. – La France a toujours affirmé qu’un retrait du Sud-Liban dans lequel elle participerait à l’avenir à travers des garanties de sécurité, ne pourrait se faire que dans le cadre d’un accord global. Après vos entretiens avec M. Mordechaï, y-a-t-il du nouveau et avez-vous reconfirmé au ministre israélien que la France n’accepterait pas un retrait qui serait conditionnel ?
R. – C’est une affaire qui concerne d’abord Israël, le Liban et la Syrie. D’autre part, il y a des résolutions qui fixent ce qu’il faut faire concernant le Sud-Liban : ce sont les résolutions 425 et 426. Elles sont anciennes déjà. Cela ne veut pas dire qu’elles aient perdu leur force, au contraire. À partir de là, la France a déjà eu l’occasion de dire par la voix du Président de la République et par la mienne qu’elle était tout à fait disponible pour écouter, transmettre des messages, faciliter la recherche d’un accord, mais ce n’est pas nous qui allons conclure un accord à la place des principaux intéressés. Il faut qu’ils y parviennent eux-mêmes. Si nous pouvons les aider dans ce cheminement, naturellement, nous le ferons avec beaucoup d’énergie et beaucoup de disponibilité. Nous pensons que la situation au Sud-Liban, même si elle est contenue par l’accord qui a permis la création du Groupe de surveillance qui permet de limiter les dérapages doit trouver une solution. Ce qui est sûr, c’est que, lorsque les intéressés y arriveront, – éventuellement avec notre aide, si nous pouvons le faire –, nous serons disponibles à ce moment-là pour apporter les garanties pour consolider la mise en œuvre d’un accord fait, d’un accord réalisé avec des garanties, y compris sur le terrain. Mais, nous n’en sommes pas là et on ne peut pas traiter le problème avant que la solution véritable n’ait été trouvée.
Q. – Sur les divergences entre Paris et Washington au sujet de la dernière résolution de l’ONU sur l’Irak et l’éventualité d’une frappe militaire automatique, pensez-vous que cette option est exclue maintenant alors qu’il y a un bon début d’application de l’accord par Bagdad ?
R. – En ce qui concerne la résolution qui a été votée, le point important est que le Conseil de sécurité a entériné l’accord entre M. Kofi Annan et les autorités Irakiennes. C’est un élément fondamental dans tous ces différents aspects. À partir de là, il y a eu différentes interprétations de la résolution qui a été votée. Ce n’est pas un problème entre la France et les États-Unis. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont interprété la résolution, comme souvent, par référence à d’autres résolutions antérieures, dans des contextes un peu différents, ce qui signifiait qu’il y avait une sorte d’enchaînement automatique des décisions de frappe au cas où l’accord n’était pas appliqué. C’est une construction par rapport à une situation dans laquelle nous ne sommes pas aujourd’hui. Mais les treize autres pays ne l’ont pas interprété comme cela. Les treize autres pays dont la France, je le répète, ce n’est pas un problème franco-américain ont estimé que cela ne comportait pas de clause de décision automatique et d’ailleurs, il suffit de lire la résolution pour voir qu’en effet, il n’en est rien, Ce qui est important maintenant, et c’est là-dessus que se porte notre espérance, notre action et notre ténacité, c’est que cet accord soit vraiment appliqué.