Texte intégral
Q. : Cette affaire de Superphénix est diversement appréciée dans vos rangs. Et plutôt pas très bien…
R. : Je veux dire, en toute clarté, que le Parti communiste est contre la fermeture de Superphénix. Je regrette que la décision de la Commission interministérielle ait ainsi pu être prise, alors qu'une question aussi décisive pour l'avenir énergétique de la France nécessite un débat national ; nécessite que la représentation nationale s'exprime. C'est un problème très sérieux. Quelles que soient leurs sensibilités, les scientifiques s'accordent à reconnaître qu'il risque d'y avoir mise en cause des avancées technologiques que nous maîtrisons. Du reste, la mission parlementaire (1), qui vient de faire sur place un certain nombre d'investigations, indique que ce débat national serait nécessaire. Il ne faut pas hypothéquer les sources énergétiques d'avenir. Le nucléaire est une source d'avenir, économe, du point de vue de l'environnement. Cette source ne fait pas appel aux énergies fossiles, et elle limite l'effet de serre.
Q. : Et revenir à l'ancien Phénix ?…
R. : Il ne faut pas négliger les propositions qui sont faites, en la matière. Je ne suis pas partisan du tout ou rien. Mais, en même temps, l'essentiel, aujourd'hui, ne semble participer de la décision de la fermeture de Superphénix. Les communistes n'étaient pas d'accord avec cette fermeture déjà avant les élections législatives qui nous ont conduits à cette majorité à l'Assemblée nationale. Nous n'avons pas d'accord, sur cette question, avec le Parti socialiste. Chacun connaît nos réserves : il y a nécessité de prendre en compte l'indépendance de la France ; son indépendance énergétique. Je crois donc vraiment qu'il faut que ce débat parlementaire ait lieu. D'ailleurs, je crois savoir que ce décret sera pris à l'automne. Il a le temps d'un débat ; il y a le temps pour que la représentation nationale, sur une question aussi décisive, puisse s'exprimer, donner son avis.
Q. : On connaît le poids du Parti communiste, surtout au Parlement, au sein de cette majorité plurielle. Sur cette affaire de Superphénix, cette majorité semble quelque peu malmenée. Allez-vous « casser la baraque » ?
R. : Nous sommes des gens responsables. Nous voulons la réussite de la gauche. Nous allons le montrer dans le débat sur les 35 heures ; nous le montrons en permanence. Nous sommes le trait d’union - entre le mouvement social des chômeurs, par exemple - et l'action gouvernementale. Nous voulons être positifs, constructifs, et, là encore, notre façon d'être constructifs, c'est de dire : « Attention, il y a d'autres avis que ceux arrêtés sans discussion ; donc, obtenons ce grand débat national ».
Q. : Vous menez un notre combat : Amsterdam. Toujours à propos du référendum ou sur le Congrès de Versailles ?
R. : J’ai sollicité une entrevue auprès de M. le président de la République. Il me recevra jeudi après-midi. Je lui rappellerai son engagement - comme candidat à l'Élysée, lors de l'élection présidentielle - de consulter les Français, par voie de référendum, sur l’euro… Là aussi, nous avons affaire à une décision très importante. Je ne fixe pas, par avance, ce que doit être l'opinion des Françaises et des Français, mais je répète que, s'agissant de questions aussi décisives, il faut les consulter. Si la représentation politique veut regagner en autorité, il faut davantage consulter ; il faut davantage écouter.
(1) Cette mission, créée par la Commission Production et échange de l'Assemblée nationale, est composée de Roger Meï, président (PCF), Christian Bataille, rapporteur (PS), Franck Borotra et Robert Galley (RPR), Daniel Paul (PCF), Pierre Ducout (PS) et Pierre Micaux (UDF).