Déclarations de M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, sur le résultat des premier et deuxième tour des élections cantonales et sur celui des élections régionales, Paris les 15 et 22 mars 1998.

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Circonstance : Elections cantonales les 15 et 22 mars 1998-élections régionales le 15 mars 1998

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Date : 15 mars 1998

À l'heure où je m'exprime, le total des voix de gauche au sens large, selon les informations qui me sont parvenues, paraît dépasser 42 % des voix ; le total des voix de droite semble ne pas atteindre 35 %. C'est un signal net qui conforte l'action menée par le gouvernement de Lionel Jospin.

Enfin les listes du Front national marquent, par rapport à 1992, une légère progression, mais restent stables, avec 15 % des voix par rapport à juin dernier.

Si ces éléments sont confirmés dans les heures qui viennent, ils témoigneront d'un rééquilibrage très net dans les régions au profit de la majorité. Celle-ci est en mesure d'emporter la présidence de douze régions, soit à la majorité absolue, soit à la majorité relative, dès lors du moins que seront tenus les engagements pris par la droite parlementaire, qui a indiqué, par la voix de ces principaux dirigeants, se refuser à tout accord avec l'extrême-droite.

Au moment où celle-ci semble marquer le pas dans notre pays, toute alliance avec un parti qui n'est pas un parti comme les autres desservirait la République, car il porte avec lui des valeurs qui sont à l'envers de la devise nationale : liberté, égalité, fraternité.

Aux élections cantonales, les candidats de la majorité, bénéficient également d'un soutien accru des citoyennes et des citoyens.

Si l'électorat de la majorité se mobilise au second tour, ces candidats pourraient ainsi conquérir plus de 200 sièges sur la droite, sur les 2 038 sièges de conseillers généraux à pourvoir.

En l'état actuel des résultats recueillis, le second tour devrait permettre à la gauche, fortement minoritaire dans les départements puisqu'elle ne détient en métropole que 20 départements sur 96, d'en gagner une demi-douzaine. Dans plusieurs départements la présidence du conseil général est en jeu.

En tout état de cause, et parce que le suffrage universel est une conquête de la démocratie, j'invite les électrices et les électeurs des cantons concernés, tout comme ceux de l'Assemblée de Corse à se rendre nombreux aux urnes, dimanche prochain pour le second tour.

Au soir du 15 mars, un certain rééquilibrage des représentations politiques régionales et départementales semble s'opérer. Le gouvernement de la France est conforté dans son action par des citoyens plus confiants. Au total, la République est mieux assurée face aux défis qui l'attendent.


Élections cantonales, 22 mars 1998

Le second tour des élections cantonales est marqué par un taux de participation de près de 46 % à 17 heures, qui devrait se situer en définitive aux alentours de 56 %, soit : de moins qu'en 1994.

482 sièges avaient été pourvus dès le 1er tour. 1 476 restaient à pourvoir.

Au vu des premiers résultats, au moins une dizaine de conseils généraux pourraient être gagnés par la nouvelle majorité. À l'heure où je parle, en fonction des chiffres qui m'ont été communiqués, les départements du Nord, du Gers, du Finistère, de l'Allier, du Puy-de-Dôme, de l’Aisne, des Pyrénées-Orientales, de la Meurthe-et-Moselle, devraient ainsi être dirigés par une majorité de gauche. Dans deux départements : Vaucluse et Haute-Saône, la gauche devrait également diriger au bénéfice de l’âge. À l’heure qu’il est, l'incertitude demeure en ce qui concerne l'Ardèche, les Alpes-de-Haute-Provence et l'Essonne. Au total, la gauche devrait gagner près de 300 conseillers généraux supplémentaires et la droite en perdre autant.

La majorité et le gouvernement s'en trouvent confortés dans leur action.

Il est difficile d'apprécier l'effet de la collusion dans cinq régions entre les élus de droite et l'extrême-droite, en contradiction flagrante avec les directives des principaux dirigeants de l'opposition parlementaire.

Le problème est posé de l'influence délétère qu'un parti d'extrême-droite, campé sur 15 % de l'électorat, exerce sur la vie politique, dès lors qu'il bénéficie de la complaisance d'une partie des responsables et des élus de la droite.

Je ne fais bien entendu aucun amalgame entre d'une part les dirigeants de la droite républicaine qui se sont prononcés clairement contre toute alliance avec l’extrême-droite et la majorité de l'électorat RPR-UDF et d'autre part ceux qui ont pactisé avec elle.

C'est cette extrême-droite qu'il faut contenir d'abord et réduire ensuite. Là est la seule priorité. Pour cela il faut ne pas laisser la Nation à Le Pen.