Article de Mme Christiane Lambert, présidente du CNJA, dans "Jeunes agriculteurs" de janvier 1998, sur la place de l'agriculture dans la réforme de la PAC, et l'engagement dans le syndicalisme agricole, intitulé "En 1998, soyons plus conquérants que révoltés".

Prononcé le 1er janvier 1998

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Média : Jeunes Agriculteurs

Texte intégral

En décembre dernier, nous nous sommes massivement mobilisés partout en France pour faire entendre une voix essentielle à la réforme de la Pac, celle des jeunes agriculteurs.
Il ne fallait pas que le débat sur le paquet Santer soit confisqué par les décideurs de Bruxelles. Avec ces manifestations, nous avons réussi à rappeler que la réforme de la Pac était avant tout un enjeu politique, et non pas seulement un ensemble de mesures techniques pour « faire passer » l’élargissement à l’Est. Nous avons aussi fait comprendre à l’opinion publique, par la pertinence et la détermination de nos actions, que l’agriculture française était une dimension essentielle de la construction européenne.

Alors même que l’agriculture ne devait pas être citée, initialement, dans le compte rendu du sommet européen de Luxembourg, notre mouvement (cf. p. 16) et l’insistance de la France ont fait prendre conscience aux chefs d’État et de gouvernement de tous les pays membres qu’il fallait d’abord que la réforme de la Pac préserve et renforce l’identité agricole propre à l’Europe : intérêt pour le monde rural d’une agriculture multifonctionnelle, performante et durable, efficacité des organisations communes de marché, dimension économique, sociale et territoriale du modèle européen d’agriculture. Ce faisant, la proposition de la Commission a été critiquée en des termes diplomatiques mais fermes, et les incohérences de la proposition n’en sont que flagrantes.

« L’Europe verte » qu’on nous propose va à l’encontre même de la déclaration du Luxembourg et des préoccupations sociales qui émergent enfin en Europe. Plutôt que de préserver l’emploi à travers des exploitations nombreuses et à responsabilité humaine, elle reste dans la logique de 1992, compétitivité et restructuration avant tout. La même cause aura les mêmes effets : si ces mesures sont appliquées, l’hémorragie agricole continuera. Et l’Europe agricole tournera le dos à l’emploi. Nous refusons que l’emploi en agriculture ne soit qu’une politique d’assistance sociale, un sous-produit de la Pac appelé « politique rurale ». Au passage, constatons le peu d’empressement de la Commission à mettre un contenu sous cet intitulé…

Après ce rappel à l’ordre politique, la Commission doit revoir sa copie et rendre ses propositions officielles fin mars. 1998 sera donc une année de grande mobilisation pour les jeunes agriculteurs. Mais il faudra tenir la longueur car les négociations risque de durer. La CNJA s’y est préparé avec son université d’hiver.

Exergue : L’année 1998 sera placée sous le signe de l’engagement dans le syndicalisme agricole pour plus de proximité, de convivialité et d’efficacité.
 
Nous y avons remis à plat notre fonctionnement avec deux priorités, redynamiser le terreau syndical que sont les CCJA et optimiser notre organisation à tous les niveaux. Ce grand chantier interne doit être mené sans complaisance ni masochisme, si nous voulons compter sur des militants actifs pour continuer à peser sur notre environnement quotidien comme sur les enjeux européens. L’année 1998 sera donc placée aussi sous le signe de l’engagement dans le syndicalisme agricole pour plus de proximité, de convivialité et d’efficacité.

À tous ceux qui vont entrer dans ce métier passionnant et exigeant, à tous les militants qui vont nous rejoindre et à vous qui êtes la force vive du CNJA, nous souhaitons tous nos vœux de réussite pour 1998. Votre dynamisme sera notre meilleur aout syndical pour être, une année encore, plus conquérante que révoltés.