Texte intégral
Le train des régionales est parti. C’est peu de dire que cette période aura été une épreuve pour les responsables de terrain aussi bien que pour ceux qui ont eu la charge des négociations nationales. Le mode de scrutin a sa part de responsabilité. Presque partout dans le monde, lorsqu’il y a proportionnelle, il y a aussi vote préférentiel : l’électeur choisit sa liste et indique en même temps qui il préfère sur sa liste. C’est donc bien l’électeur qui choisit l’élu.
Chez nous, rien de tel. Ce sont les appareils de parti qui sont maîtres souverains du jeu. Ce système m’a toujours paru malsain. Il l’est d’autant plus quand des coalitions de partis obligent à conclure des accords d’appareils. La logique des étiquettes, le droit de suite ou la prime aux sortants, viennent ajouter leurs poisons à ce cocktail. Personne n’y gagne : ni les électeurs privés de pouvoir ; ni les grands courants politiques, empêchés de se renouveler ; ni la démocratie qui s’afflige de ces caricatures. Nous avons voulu, à l’occasion des dernières négociations, amender ce système archaïque et contre-productif. Nos partenaires ne l’ont pas souhaité. Il faudra bien qu’un jour, pourtant, nous conduisions à son terme notre réflexion sur les modes de scrutin.
Quoi qu’il en soit, il nous appartient désormais d’engager nos forces dans cette campagne électorale, à l’enjeu à la fois local et national.
C’est aux régions que je pense d’abord. Leur dynamisme a été largement fonction de la qualité de leur majorité. Les vingt régions dont nous avions la responsabilité ont clairement montré qu’elles savaient relever les défis de l’heure, avec souplesse et détermination. Dans l’ensemble, elles sont peu critiquées. En soi, c’est un indice de succès. Il importe de les défendre.
Mais l’enjeu est aussi national. Sans doute, ce scrutin vient-il un peu tôt. Nous n’avons pas encore conduit à son terme le renouvellement de la pensée de l’opposition et la rénovation de ses structures. Ce sera pourtant la première occasion pour nos concitoyens d’exprimer leurs doutes et leurs réserves sur la politique conduite par le Gouvernement. Cette politique est servie par la bonne conjoncture que nous avions su créer et dont nous n’avons pas su attendre les résultats, mais ses choix fondamentaux se retourneront à terme contre le travail et le dynamisme de la société française. Les 35 heures autoritaires, le recours aux faux emplois publics, les charges fiscales et sociales maintenues, un cadre de pensée archaïque, ce sont des poids supplémentaires sur l’activité et l’avenir de la France. Nous sommes le seul pays au monde à faire cette erreur. C’est le moment de le dire sans faiblesse et de mobiliser toutes nos forces pour faire partager cette conviction à ceux qui seront les premières victimes de la situation ainsi créée : nos concitoyens.