Interviews de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, à France 2 le 15 et TF1 le 22 mars 1998, sur les résultats des élections régionales et l'élection des nouveaux présidents de conseil régional.

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Circonstance : Elections régionales le 15 mars 1998

Média : France 2 - Site web TF1 - Le Monde - Télévision - TF1

Texte intégral

France 2 le 15 mars 1998

Première réaction : par rapport au fort taux d'abstention c'est une grave interrogation. Aucune force politique ne peut ignorer ce phénomène. Il y a un “bouger" à faire par rapport à ce qui concerne le rapport des citoyens à la politique. On le vérifie encore aujourd'hui. D'habitude les élections locales après les victoires de la majorité, se traduisaient toujours par, disons, une influence plutôt positive pour l'opposition. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. La vérité des chiffres on la connaît : en 1986, la droite avait 44 %, en 1992 41 %, en 1997 aux législatives elle avait près de 36 %, aujourd'hui on lui annonce 31 %. La droite va reculer. L'union de la gauche plurielle va contribuer à ce qu'il y ait un rééquilibrage au point de vue des régions. C'est ce que nous avions souhaité. C'est ce que le Premier ministre avait dit, ce que le Parti communiste avait dit. Il n'en demeure pas moins qu'il y a une attente qui existe dans le pays, et que comme nous sommes là pour réussir, cela nous appelle à ce que ce rassemblement et les réformes que nous avons décidées soient menés à leur terme.

TF1 le 22 mars 1998

Jean-Claude Gayssot : Le second tour des élections confirme qu'il y a dans l'électorat un léger rassemblement à gauche, plus important qu'au premier tour, et surtout beaucoup d'inquiétudes à droite suite à ces alliances que je qualifie de contre-nature. Certes, il faudra procéder à un changement du mode de scrutin...

Claire Chazal : Ce que ni la gauche ni la droite n'avaient fait.

Jean-Claude Gayssot : La gauche n'a pas voulu changer avant une élection. C'était responsable et honnête. Aujourd'hui, tout prouve qu'il faut avancer de telle manière qu'on évite le piège du Front national, qui n'est pas un parti comme les autres. Ce qui est grave c'est que, dans ces alliances contre nature, on a voulu faire apparaître le Front national comme un parti comme les autres. Les leaders de droite ont été clairs. Je ne vous parle pas de Madelin, parce que là, je vous avoue... je ne sais pas ce qu'en pensent les leaders de la droite, mais j'entends Monsieur Barre qui critique la position de Millon ; j'entends des leaders du RPR et de l'UDF qui disent : jamais avec le Front national. Parce que ce parti est non seulement porteur de valeurs qui sont en opposition des idées de la République et des valeurs humaines, mais il est porteur de danger pour la démocratie. Il faut maintenant travailler au rassemblement pour réussir les réformes, et en particulier la lutte contre le chômage, travailler dans cette union et ce rassemblement
L'abstention est un problème qui nous concerne tous - droite et gauche - : qu'est-ce qu'on fait pour répondre aux attentes, réconcilier les Français avec la politique ? Les dégâts sont très importants. Ce qui s'est passé avec certains de la droite et l'extrême droite aggrave les choses, mais il ne faudra pas que ça nous dispense - nous, formations de la majorité - de voir tous les efforts que nous devons faire. En tout cas, comme parti de la majorité, le Parti communiste, nous sommes déterminés à aller dans le sens de la réussite d'une politique de lutte contre le chômage, de progrès social, mais aussi de réconciliation des Français avec la politique.