Texte intégral
Corse Matin : A l’occasion des attentats d’Ajaccio, votre position a été définie comme peu claire. Quelle est-elle exactement ?
José Rossi : Je condamne et j’ai condamné avec la plus grande fermeté - à la fois à titre personnel et comme président de l’assemblée de Corse - la violence, le terrorisme et singulièrement les attentats d’Ajaccio, comme d’ailleurs la quasi totalité des élus de l’assemblée de Corse et comme la population toute entière. Cela dit, je trouve qu’il est regrettable que certains essaient aujourd’hui de masquer l’échec de la politique du Gouvernement en matière de sécurité en allant chercher du côté des élus insulaires des responsabilités en la matière.
Corse Matin : Vous avez été visé personnellement…
José Rossi : Les élus insulaires n’ont pas vocation à constituer des milices, mais simplement le devoir de mobiliser contre la violence et le terrorisme. Face à ce constat, certains amis de M. Chevènement au premier rang desquels M. Sarre, président du Mouvement des citoyens, ou M. Glavany, auteur du fameux rapport, ont, par des propos inconsidérés, laissé entendre que je n’étais pas présent à la manifestation de samedi dernier à Ajaccio, alors que j’avais appelé avec d’autres à ce rassemblement et que ma présence n’a évidemment échappé à aucun observateur insulaire.
Corse Matin : Selon vous, quel était le but de ces attaques ?
José Rossi : Cela révèle à l’évidence une volonté de diversion destinée à atténuer la responsabilité du ministre de l’Intérieur après les déclarations péremptoires dont il est coutumier.
Au-delà de la nécessité largement reconnue aujourd’hui de condamner la violence et de lutter contre elle, il y a aussi une question à se poser.
Corse Matin : Après un quart de siècle de désordre sur fond de crise en Corse, comment fait-on pour en sortir et retrouver la voie de la paix ?
José Rossi : Sur ce point, je persiste et signe : il faut que Paris réapprenne à parler aux Corses.
Il faut réduire la fracture qui existe entre l’opinion nationale et les insulaires et abattre le mur d’incompréhension qui continue à faire des Corses les moutons noirs de la République.
Corse Matin : Comment procéder ?
José Rossi : Pour cela, je pense qu’il serait utile que le Premier ministre Lionel Jospin réunisse à Matignon les parlementaires de la Corse, les informe sur la réalité de la situation en matière de sécurité et réfléchisse avec eux, au-delà des clivages, à une initiative politique permettant de sortir de l’immobilisme et du pourrissement.
Je pense quant à moi qu’il serait utile de donner une suite à l’échange positif que le Premier ministre a eu avec tous les groupes de l’assemblée de Corse lors de sa dernière visite à Ajaccio, visite au cours de laquelle il n’avait pas fermé la porte à la réforme et à certaines remises en cause.
Corse Matin : Que veulent les élus ?
José Rossi : Les élus de la Corse aujourd’hui n’ont aucune exigence de quelque nature que ce soit.
Ils souhaitent simplement, me semble-t-il, dans un premier temps, une réflexion commune, qui ne préjuge pas des actions à entreprendre ensemble.
Le pouvoir central (Gouvernement et Parlement) d’un côté, les représentants insulaires de l’autre, n’ont pas vocation à travailler en vase clos, ce qui conduit inévitablement à l’isolement et à la persistance dans l’erreur.