Texte intégral
Une entreprise ne peut se développer que si elle conquiert de nouveaux clients : l'élargissement de ses marchés lui assure la croissance indispensable à la création d'emplois.
Les éléments qui, hier, constituaient un avantage concurrentiel certain (qualité du produit, service associé, garantie adaptée…) sont aujourd'hui ce que l'on pourrait appeler « le minimum stratégique » pour exister sur le marché. Ne reste alors pour se développer que l'innovation.
La faible croissance que nous connaissons est en partie liée à un manque de dynamisme de l'innovation dans notre pays. Lorsque le niveau de vie est élevé, il est indispensable d'entretenir et de renouveler le désir du consommateur en lui proposant de nouveaux produits ou de nouveaux services. Les produits se démodent et se périment à une vitesse accélérée et leur banalisation progressive rend les technologies et savoir-faire qu'ils contiennent accessibles aux concurrents.
Le maintien d'un avantage concurrentiel au niveau de l'entreprise comme au niveau national fait de l'innovation une condition indispensable au maintien de notre compétitivité économique. Mieux, l'innovation est, bien sûr, créatrice d'emplois. Un seul exemple : la franchise, innovation juridique et commerciale s'il en est, a bouleversé la distribution et occupe aujourd'hui, en France, 1 million de personnes.
Mais l'innovation est toujours risquée, car le marché est exigeant et très difficile. Le consommateur est placé en permanence dans une situation d'« hyper-choix » : huit nouveaux produits sur dix sont des échecs au bout de deux ans, car le consommateur arbitre non seulement entre produits concurrents sur un même segment mais, à budget équivalent, entre, par exemple, des vacances à crédit et un ordinateur multimédia. Par ailleurs, 30 % des moins de vingt ans pensent que l'innovation est une forme d'escroquerie, un simple alibi pour augmenter le coût des produits.
L'innovation est un processus complexe qui permet, à partir d'une idée, de développer un produit jusqu'à son succès commercial, en associant l'ensemble des fonctions de l'entreprise.
Les entreprises qui l'ont compris sont performantes. Leur management cultive le sens de la prise de risque et de la créativité. Elles savent « sur-entreprendre » et pas seulement « sur-gérer ». Elles savent être « pro-actives » et pas seulement « ré-actives » en réinventant continuellement leur métier et le faisant évoluer, à leur profit, dans des perspectives de long terme. Elles ont compris que toutes les formes d'innovation, et pas seulement les innovations technologiques, sont intéressantes : innovation sociale, innovation organisationnelle, innovation commerciale… et que l'individu est au cœur du processus d'innovation, qu'il soit acteur de l'entreprise ou encore davantage consommateur.
La France vit, en matière d'innovation, une situation paradoxale : pays riche d'idées, elle dispose d'un potentiel scientifique et technique souvent supérieur à celui de ses principaux compétiteurs mais elle transforme mal ce potentiel en projets, donc en emplois.
Nous ne manquons pourtant ni de procédures, ni d'aides, ni de dispositifs de transfert de technologies, mais nous restons largement stériles en termes de développement de projets. Une des raisons réside sans doute dans le fait que nos perspectives sont souvent confinées à la seule dimension nationale alors que d'autres savent très bien en exploiter le potentiel à l'échelon international. L'exemple de la planche à voile est à ce titre significatif : cette invention française étant insuffisamment protégée sur le plan industriel, des parts de marché considérables ont été rapidement conquises par des entreprises étrangères.
Au-delà de la technologie, il nous faut donc rapidement apprendre à penser marché, produit, dimension internationale, production de masse, protection intellectuelle pour tirer de nos formidables capacités nationales le gain maximal en termes de croissance et de création d'emplois.