Texte intégral
Paris-Match : Une femme à la tête du RPR, est-ce une révolution ?
Michèle Alliot-Marie : Non, c'est une évolution… Après tout, c'est bien le général de Gaulle qui a donné le droit de vote aux femmes.
Paris-Match : Juppé, Séguin, Sarkozy, vos prédécesseurs, n'ont pas su garder leur fauteuil. N'avez-vous pas peur à votre tour d'échouer ?
Michèle Alliot-Marie : Le meilleur moyen d'échouer, c'est d'en avoir peur.
Paris-Match : Quelle est votre méthode, une poigne d'acier dans un gant de velours ou bien la réconciliation et le travail en équipe ?
Michèle Alliot-Marie : Toute ma campagne a été menée autour des thèmes de l'unité et du rassemblement. J'ai bien l'intention de me donner les moyens de les mettre en oeuvre. Je suis convaincue que je pourrai compter sur mes prédécesseurs pour m'y aider.
Paris-Match : Et maintenant, comme le dit la chanson, qu'allez-vous faire cette semaine ? Comment transformer cette victoire féminine dans un RPR hyper viril ?
Michèle Alliot-Marie : Le travail n'a pas de sexe ! La réponse vous a été donnée par les résultats.
Paris-Match : Gaulliste vous êtes. Gaulliste vous resterez ?
Michèle Alliot-Marie : Oui.
Paris-Match : On vous attend d'abord sur les sujets de société : le PACS, la pilule au lycée, les violences dans les banlieues, l'insécurité, les jeunes toujours au chômage. Comment ferez-vous vos choix ?
Michèle Alliot-Marie : Les Français attendent le RPR et l'ensemble de l'opposition sur un vrai projet de société répondant à leurs soucis quotidiens, dont ceux que vous avez cités, mais pas seulement ceux-là.
Paris-Match : Quelle est votre proposition sur la prochaine réforme de la justice menée par Guigou et sur le vote du congrès le 24 janvier 2000 ?
Michèle Alliot-Marie : Dans son état actuel, le projet du gouvernement est insuffisant et ne répond pas aux objectifs fixés par le président de la République lui-même, notamment pour ce qui est de la protection des justiciables et de la responsabilité des magistrats.
Paris-Match : Vous avez dit la semaine dernière que l'homme que vous détestiez le plus se nomme Jospin. Pourquoi lui ?
Michèle Alliot-Marie : C'est une interprétation de propos de campagne. Certes, je ne trouve pas Lionel Jospin sympathique. Je n'aime pas son côté intolérant, sectaire et méprisant envers tous ceux qui ne sont pas de son avis. De là à le « détester »… La politique n'empêche pas de vouloir respecter la personne de ses adversaires.
Paris-Match : Voyagerez-vous beaucoup pour « mondialiser » les idées gaullistes ? Et, selon vous, sont-elles encore porteuses ?
Michèle Alliot-Marie : Je pense que le gaullisme a vocation à apporter des solutions modernes aux défis du monde actuel. C'est une dimension que j'entends donner à mon action à la tête du RPR.
Paris-Match : Pour qui a été votre premier coup de fil, aussitôt après votre victoire ?
Michèle Alliot-Marie : À ma famille.
Paris-Match : Et qui vous a appelé le premier pour vous féliciter ?
Michèle Alliot-Marie : Celui qui a réussi à tomber sur un moment où la ligne n'était pas occupée… J'ai eu tous les responsables du RPR, mais aussi des autres partis de l'opposition.
Paris-Match : Guigou, Aubry, Royal, Trautmann, Laguiller se sont-elles manifestées l'une ou l'autre pour vous féliciter, même si elles ne sont pas dans le même camp que vous ?
Michèle Alliot-Marie : Non.
Paris-Match : Vos héroïnes préférées dans le panthéon de l'histoire de la femme : Jeanne d'Arc, Catherine de Médicis, Marie Curie, Simone de Beauvoir, Mère Thérésa, la Vierge Marie, Indira Gandhi ou Margaret Tatcher ?
Michèle Alliot-Marie : Aliénor d'Aquitaine…
Paris-Match : À la fois balladurienne et chiraquienne, quelles relations comptez-vous établir avec l'Élysée ? Chirac a d'ailleurs dit à la Réunion : « Le parti des godillots, c'est bien fini. » Est-ce aussi votre avis ?
Michèle Alliot-Marie : Les militants ont montré qu'ils avaient désormais pris la parole et voulaient exercer le pouvoir de participer que la démocratie interne leur a donné. Je tiens ma légitimité de cette volonté et je dois en être le garant. Je ne vois pas quel problème de relation il peut y avoir avec le président de la République, qui a été le fondateur du RPR. Nous avons tous comme objectif une nouvelle victoire pour Jacques Chirac en 2002.
Paris-Match : Et Pasqua, essaierez-vous de toutes vos forces de le ramener dans le giron du RPR ?
Michèle Alliot-Marie : La porte est ouverte. À lui de voir.
Paris-Match : Les années 2000 pour vous, ce sera quoi ?
Michèle Alliot-Marie : Le changement de millénaire… Pour le RPR, ce sera l'ère de la modernité, de la reconquête des idées et du terrain.
Paris-Match : Où serez-vous le soir du 31 décembre 1999 ? Quel voeu formulerez-vous ce soir-là pour le RPR sous votre coupe (de champagne) ?
Michèle Alliot-Marie : Je serai en famille et avec des amis. Où ? Je ne sais pas encore. Je souhaiterai à tous les militants du RPR « bonheur personnel et joie de militer ensemble dans un vrai esprit de compagnonnage retrouvé pour renouer avec la victoire ».