Déclaration de M. Bruno Mégret, président du Front national Mouvement national, sur son programme pour les élections européennes, notamment "la préférence nationale", l'immigration, la lutte contre l'insécurité, le PACS, le règlement du conflit au Kosovo et sa conception de la politique sociale, Paris, juin 1999.

Prononcé le 1er juin 1999

Intervenant(s) : 
  • Bruno Mégret - président du Front national Mouvement national

Texte intégral

Bruno Mégret, vous vous êtes lancé dans la bataille des européennes. A quoi servez-vous dans cette campagne ?

Bruno Mégret : Dans cette élection, nous sommes les seuls à adopter une ligne de conduite extrêmement claire : la défense des Français ! Les listes de la classe politique ne s’occupent pas d’eux. Elles leur imposent leurs vues idéologiques comme le mondialisme qui, avec la suppression des frontières, pénalise notre économie, aggrave le chômage, l’immigration et l’insécurité. Nous nous disons tout haut ce que les Français ressentent tout bas et nous leur proposons des solutions pour retrouver l’espoir.

Mais d’autres candidats, comme Le Pen, prétendent remplir la même fonction ?

Bruno Mégret : Non, ils jouent les Cassandre. Nous voulons, nous, rendre l’espoir aux Français. Nous ne nous contentons pas de dénoncer les maux qui accablent nos compatriotes. Nous voulons leur démontrer qu’il n’y a pas de fatalité au développement du chômage, de l’immigration, de l’insécurité, qu’il existe des solutions concrètes, que nous sommes porteurs de ces solutions et que l’on peut donc améliorer considérablement la vie des Français.

Pourtant, on a parfois l’impression que tout a déjà été essayé, sans résultat ?

Bruno Mégret : Je ne partage pas cette résignation. Car l’insécurité par exemple n’est pas comme les dirigeants de la classe politicienne le laissent entendre, une maladie incurable qui se développerait sans que l’on ne puisse rien faire. Des solutions sont possibles à condition de rompre avec la politique de prévention. Car celle-ci ne sert à rien comme on l’a vu à Strasbourg lors du réveillon de fin d’année.
Pour prévenir les exactions, la municipalité PS a organisé des fêtes pour les délinquants dans l’espoir qu’ainsi ils ne brûleraient pas les voitures. Résultat : les délinquants sont allés à la fête et ensuite ils ont brûlé les voitures de ceux qui avaient payé la fête !

Oui mais alors, que préconisez-vous pour lutter contre l’insécurité ?

Bruno Mégret : Nous voulons faire ce qui n’est pas fait depuis longtemps : réprimer réellement les crimes et les délits. Nous avons dans cet esprit proposé 50 mesure concrètes pour rétablir la sécurité des Français, mesures qui s’inspirent de la politique dite de tolérance zéro pratiquée avec succès à New-York. Alors que cette ville était l’une des plus dangereuses des Etats-Unis, avec cette méthode elle est devenue en quelques années l’une des plus sûres. C’est bien la preuve que quand on veut, on peut !

Tout cela nous éloigne de l’Europe. Pourquoi êtes-vous si hostile à l’Europe de Bruxelles ?

Bruno Mégret : Je suis hostile à l’Europe de Bruxelles parce qu’elle est inutile et même néfaste. Elle détruit les nations européennes sans pour autant donner une puissance nouvelle à l’Europe. L’affaire du Kosovo en a d’ailleurs fait la démonstration. Alors que les institutions européennes étaient censées renforcer l’Europe, celles-ci se sont révélées totalement impuissantes à régler le problème du Kosovo. Loin de leur offrir un surcroît d’indépendance, Bruxelles a conduit les nations européennes à suivre les Américains comme des vassaux dociles.

Vous êtes opposé aux bombardements de l’Otan ?

Bruno Mégret : Oui, d’emblée nous nous sommes opposés à ces bombardements. Les actions de guerre américaines contre la Serbie sont irresponsables et criminelles car la Serbie est un pays souverain qui agissait à l’intérieur de ses frontières. Les Bombardements de l’Otan ont donc violé l’ensemble des règles du droit international sans pour autant apporter de solution durable.

Mais vous ne soutenez quand même pas M. Milosevic ?

Bruno Mégret : Non, bien entendu, nous ne soutenons pas le régime de M. Milosevic qui est d’ailleurs issu du système soviétique que nous avons toujours combattu. De même, nous n’approuvons pas les exactions qu’il a pu commettre. Mais s’il fallait bombarder tous les régimes qui commettent des infractions aux droits de l’homme, alors pourquoi les Etats-Unis ne bombardent-ils pas la Turquie qui persécute les Kurdes ? Et si les opérations serbes de refoulement des Kosovars sont condamnables, les autres refoulements de populations pratiqués dans le monde ne le sont pas moins. Que dire par exemple du régime FLN algérien qui en 1962 a refoulé nos compatriotes pieds noirs avec comme slogan « la valise ou le cercueil » ? Comme toujours la soi-disant communauté internationale et les Etats-Unis ont des indignations à géométrie variable.

Quelle aurait dû être, selon vous, l’action de la France face au drame du Kosovo ?

Bruno Mégret : Nous considérons que la France ne devait pas s’engager dans une telle opération. Et nous condamnons donc MM. Jospin et Chirac qui se sont comportés comme des supplétifs de M. Clinton. La France n’aurait pas dû quitter la table des négociations. Elle aurait dû imposer une solution politique. Ainsi les milliards dépensés dans une guerre qui ne réglera rien auraient pu être utilisés pour les actions humanitaires pour soutenir l’installation des réfugiés kosovars sur une terre albanaise qui est la leur.

Peut-être êtes-vous également hostile à l’installation d’un Etat musulman en Europe ?

Bruno Mégret : En effet, ces événements du Kosovo soulignent le danger dramatique de l’immigration pour la France et l’Europe. Comme vous le savez, je suis élu de la région Provence où les populations issues du Maghreb sont très nombreuses. Dès lors, si rien ne change, elles pourraient à terme devenir majoritaires. Que fera-t-on dans ces conditions si demain elles demandent l’autonomie voire l’indépendance de la Provence ? Est-ce que les Américains iront bombarder Paris, Lyon ou Marseille au motif que la République française veut conserver sa souveraineté sur cette région ? Le principal enseignement du drame du Kosovo, c’est l’échec des sociétés multiculturelles et multi-ethniques. Voilà pourquoi il est temps de prendre conscience du danger de l’immigration et de la nécessité d’inverser les flux migratoires pour que jamais la France ne connaisse une situation comparable à celles de l’ex-Yougoslavie.

L’Assemblée a récemment adopté le projet de loi sur le PACS. Que vous inspire cette loi ?

Bruno Mégret : Nous sommes totalement hostiles à cette loi et le moment venu nous abrogerons ce PACS. Nous pensons qu’il va contribuer à dissoudre encore plus la famille. Car, il s’agit de créer un mariage-bis auquel on va progressivement conférer les mêmes avantages qu’au mariage traditionnel. Autant dire qu’on détruit totalement le principe de la préférence familiale auquel nous sommes attachés et qui est le seul à pouvoir maintenir la famille qui, par les naissances, assure la pérennité de la nation et par l’éducation, transmet les valeurs de notre civilisation. C’est pourquoi, à rebours de ce qui est pratiqué actuellement, nous voulons conforter le rôle des familles en mettant en oeuvre une grande politique familiale. La défense de la famille est pour nous une priorité nationale ! Et je suis choqué que ni le RPR ni l’UDF ne se soient engagés à supprimer le PACS s’ils revenaient au pouvoir comme je suis choqué de voir Villiers se ranger derrière Pasqua, un partisan du PACS.

Certaines de vos affiches proclament « le social c’est Mégret ! » Vous n’êtes quand même pas devenu socialiste ?

Bruno Mégret : Non bien entendu ! Je suis par contre très attaché au principe de la justice sociale qui n’a rien à voir avec le socialisme. Plusieurs décennies de gouvernement socialiste et mondialiste de gauche comme de droite ont jeté plus de 6 millions de Français dans la précarité et le chômage. Et je considère comme un devoir de leur venir en aide. Dans cet esprit, nous sommes notamment partisans d’instaurer la préférence nationale pour les Français. Cette priorité accordée à nos compatriotes devrait s’appliquer tant en matière d’emploi que d’aide sociale et de logement. Cette mesure de bon sens correspond pour moi à une exigence de fraternité entre Français. Pour nous, le progrès social ne passe pas par la multiplication des aides étatiques. Le vrai progrès est celui qui permettra à tous les Français de vivre des fruits de leur travail et rendra de ce fait inutiles les prestations d’assistance. C’est cela le social sans socialisme !

Vous affirmez donc qu’il est possible de résoudre le problème du chômage ?

Bruno Mégret : Absolument ! Actuellement, le chômage massif qui frappe les Français a trois causes majeures : l’excès de charges qui asphyxie notre économie, la concurrence de la main d’oeuvre immigrée et l’ouverture des frontières qui livre nos entreprises à la concurrence sauvage. Pour retrouver une économie dynamique et créatrice d’emplois, il convient donc d’agir simultanément sur ces trois causes. En diminuant massivement les charges, les taxes et les impôts, en instaurant la préférence nationale et en rétablissant des écluses douanières pour préserver notre économie de la concurrence déloyale, nous serons en mesure de nous rapprocher du plein emploi pour les Français. Mais pour cela, il faut avoir le courage de rompre avec le politiquement correct et la pensée unique. Or, nous sommes les seuls à avoir ce courage !

Que souhaitez-vous dire aux Français qui pensent que les élections européennes ne servent à rien ?

Bruno Mégret : Je voudrais les persuader que ces élections peuvent être l’occasion d’un profond renouveau de la politique française. En effet, la rénovation du Mouvement national telle que nous l’avons réalisée au congrès de Marignane, a non seulement mis un terme à la crise de notre Mouvement mais elle a ouvert de nouvelles perspectives politiques à la France. Et je dis à tous les élections qui veulent manifester leur méfiance à l’égard de l’Europe de Bruxelles et voter en dehors de la classe politique, que le seul vote utile à notre pays est le vote pour la liste que je conduis.

Voter pour Mégret c’est donc plus utile que voter Pasqua, Villiers ou Le Pen ?

Bruno Mégret : Oui ! Voter pour Le Pen ou Pasqua ne sert à rien car pour l’un comme pour l’autre c’est l’élection de trop. Au lendemain du 13 juin, ils ne feront rien des voix qu’ils pourraient recueillir. De même, Villiers a démontré qu’il était incapable de transformer les votes qui se portent sur son nom en une construction politique durable. Ainsi, il n’a jamais rien fait des voix qu’il avait recueillies aux européennes de 1994. A contrario, voter pour notre liste c’est mettre la droite nationale sur la route du pouvoir car, si nous arrivons en tête de toutes les listes anti-Maastricht, nous serons alors en mesure de rassembler l’ensemble des élections patriotes qui représentent de 20 à 25 % des voix. Et nous sommes les seuls à pouvoir le faire car, jamais Pasqua ni Villiers ne pourront rassembler les élections du FN. Et jamais Le Pen ne pourra rassembler les élections de Pasqua et Villiers en raison des erreurs, provocations et dérapages inutiles qui l’ont discrédité.

Quels sont vos atouts dans cette entreprise de rassemblement des électeurs patriotes ?

Bruno Mégret : Nous avons des hommes et des femmes de qualité. Nous avons des équipes, des relais et des élus présents sur l’ensemble du territoire. Nous avons un projet, un programme, une stratégie et un objectif clairs. Et si demain nous rassemblons sous un même drapeau les 20 à 25 % d’électeurs nationaux, nous pourrons enfin conduire la droite nationale aux portes du pouvoir et offrir un formidable espoir aux Français. Voilà pourquoi il est utile de voter pour nous !