Article de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, dans "L'Humanité" du 23 novembre 1996, sur les propositions de M. Valéry Giscard d'Estaing concernant le taux de l'euro et sur la proposition du PCF d'un référendum sur l'Union économique et monétaire.

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Média : L'Humanité

Texte intégral

Les propos de M. Giscard d’Estaing confirment que dans les rangs même de la droite, comme dans ceux du Parti socialiste, des doutes profonds commencent à s’exprimer sur la politique européenne suivie depuis plus de vingt ans. Il est de plus en plus difficile de fermer les yeux sur cette réalité : franc fort, accrochage au mark et monnaie unique sont synonymes d’une austérité que les Français ne peuvent plus supporter. J’ai pour ma part, depuis très longtemps, notamment dans le débat à gauche sur la perspective de changement, exprimé l’idée qu’il fallait avoir le courage de constater que la continuation de cette politique-là ne pouvait qu’aggraver les désastres qu’elle a déjà provoqués et qu’il fallait faire d’autres choix. Je le maintiens une fois de plus. Il faut cesser de donner la priorité à la finance au détriment des être humains. Cela veut dire une relance de la consommation, impliquant de façon impérative l’augmentation des salaires, la création d’emplois pour répondre aux besoins, l’arrêt du démantèlement des services publics et des privatisations, et une fiscalité plus juste, pensant davantage sur les revenus financiers et dissuadant la spéculation. Il faut revoir en profondeur les engagements européens de la France et placer notre pays à l’avant-garde d’une nouvelle construction européenne, pour une véritable communauté répondant aux aspirations des peuples. Enfin, l’avenir européen de la France ne peut se jouer à la sauvette ou en petit comité. Il faut consulter les Français sur le passage ou non de notre pays à la monnaie unique et pour cela organiser un référendum, comme s’y était engagé dans sa campagne le candidat Jacques Chirac.