Interviews de M. Edouard Balladur, député RPR, à RTL le 14 mai 1998 et à France Inter le 18, sur la recomposition de la droite et sur la naissance de l'Alliance.

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Média : Emission L'Invité de RTL - France Inter - RTL

Texte intégral

France Inter : lundi 18 mai 1998

La droite plurielle en construction risque-t-elle d'être sapée par les ruptures au sein de l'UDF - A. Madelin fait sécession - et par les affaires - X. Tiberi sera entendue aujourd'hui par les policiers de Versailles. L'ancien directeur du personnel de la Mairie de Paris, G. Quemar, affirme ce matin dans Le Parisien, que 300 salaires fictifs étaient versés pour un montant de l'ordre de 100 millions de francs par an à des personnes qui ne remplissaient aucune mission réelle pour la collectivité. La quatrième tentative de conciliation: entre J. Tiberi et J. Toubon n'a pas mieux réussi que les précédentes, or J. Tiberi, faut-il le rappeler, a été le bras droit de J. Chirac pendant des années à la Mairie de Paris. La priorité du RPR, dont les militants expriment ouvertement leur irritation, n'est-elle pas le mise à plat de ces dossiers empoisonnés, avant d'engager l'Alliance ?
La politique est éprouvante pour les nerfs ! Vendredi, c'était la ligne Balladur qui semblait devoir l'emporter, parce qu'au fond, l'Alliance, c'est ce que vous aviez longtemps défendu. Patatras, le week-end passe, et lundi, il faut reconsidérer le montage ?

- "Oh non, pas du tout ! J'ai les nerfs très solides d'ailleurs, rassurez-vous !"

Je ne suis pas inquiet !

- "Oui, oui. Je me réjouis de l'initiative qui a été prise de constituer une confédération de tous les mouvements et partis de droite. Il y a de nombreuses années que je le réclamais, et encore il y a quinze jours ou il y a huit jours. Donc, j'en suis heureux. Que cela ne résolve pas tous les problèmes, c'est évident. Que cela ne soit qu'un début, c'est également évident. Qu'il y ait un certain nombre de difficultés à résoudre, c'est aussi évident. Mais pour autant, c'est la première fois depuis des années que l'on a le sentiment que les partis de droite prennent conscience de l'enjeu. L'enjeu, quel est il ? C'est qu'il faut qu'ils soient plus unis qu'ils ne le sont. Qu'ils proposent aux Français un projet d'avenir qui fasse que la droite représente à nouveau une espérance, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et qu'ils soient capables d'associer les Français à l'élaboration de ce projet d'avenir, c'est-à-dire de les consulter..."

Sous quelle forme ?

- "Cela veut dire un changement de notre vie politique. Soyons clairs, il ne s'agit plus, pour les états-majors de partis de décider en conclave, réunis entre eux, de ce qu'on va proposer aux Français. Il s'agit de le proposer directement aux Français. Je prends quelques exemples, parce qu'effectivement, ce que je dis, et qui été repris d'ailleurs dans l'acte constitutif d'Alliance, donne parfois lieu à un certain nombre de questions et d'interrogations. Je dis : il faut que les Français soient associés à l'élaboration de ce projet, et vous me dites : sous quelle forme ? Il y a 500 à 600 000 élus locaux en France, conseillers municipaux, généraux députés, etc... Il y en a : une bonne moitié qui sont des élus de droite, cela fait déjà quelque chose de très important. Il s'agirait, par département, de constituer un comité qui aurait vocation à dire à tous les électeurs de droite si vous voulez manifester votre avis, si vous voulez dire que vous êtes d'accord ou pas d'accord avec le projet qui vous est soumis pour l'avenir de la France, rendez-vous tel jour, dans tel lieu, telle ville de votre département et vous pourrez manifester votre volonté. Je rappelle que lorsque j'étais Premier ministre, j'ai consulté les jeunes - vous me direz que j'avais l'appareil de l'Etat à ma disposition, c'était différent. Il y a eu un million six cents mille réponses aux questionnaires qui avaient été envoyés. Je crois que cela serait enfin le fait nouveau dont nous avons besoin dans notre vie politique, que la politique ne soit plus faite en vase clos, dans un cercle fermé, mais qu'elle s'ouvre vers l'extérieur."

Mais ne croyez-vous pas que la politique et le débat républicain aient besoin, aujourd'hui, d'un grand parti à droite, et d'un grand parti républicain, a besoin aussi que les dossiers soient mis à plat. Vous avez vu ce matin, comme nous tous, la presse ! Tous les titres portent sur les affaires ! Est-ce que cela ne peut pas hypothéquer la construction de l'Alliance ?

- "Non, pas du tout. Et vous me permettrez de vous dire que je ne suis pas tout à fait d'accord avec la présentation que vous avez faîte. Parce que si nous attendons qu'il n'y ait plus d'affaires, nous risquons d'attendre longtemps, tout simplement parce que la Justice est lente, et que les procédures se déroulent lentement. J'observe d'ailleurs qu'à gauche, il y a toujours des affaires..."

Cela n'excuse rien ! C'est aussi grave à gauche qu'à droite !

-. "Cela n'a pas empêché le Parti socialiste et ses alliés de s'organiser, finalement, de gagner les élections législatives. Alors, que la Justice suive son cours, c'est très bien. Il le faut, c'est indispensable. Mais je le répète, nous ne devons pas attendre pour redresser la tête et repartir de l'avant. Le problème, c'est que nous ne représentons pas un espoir aujourd'hui. Pour des tas de raisons d'ailleurs !"

Quel message voulez-vous envoyer à vos militants ? Vendredi, M. Sarkozy était ici, et nous avons été très frappés de voir que des militants du RPR, et qui se présentaient comme tels, l'appelaient pour lui dire : dites-nous des choses claires, envoyez-nous des messages clairs ! Est-ce que vous ne croyez pas, aujourd'hui, que la situation, notamment au sein du RPR sur les affaires, a besoin, par des hommes, par vous ou par d'autres, d'être clarifiée ?

- "Vous me dites : quel message. Alors, je vous parle du projet. Bien, je suis prêt à vous en parler très longtemps. Je suis d'ailleurs en train, pour ce qui me concerne, et pour moi, si je puis dire, de tenter d'en élaborer un, que je soumettrai aux mouvements divers, partis, organisations qui composent ou qui composeront l'alliance. Bien. Cela doit être essentiellement un message de liberté et d'autorité de l'Etat : les deux. Il faut de la liberté pour que nous soyons plus dynamiques, et il faut plus d'autorité de l'Etat pour que ses fonctions essentielles soient assurées et que la sécurité soit préservée. Alors, vous me reparlez des affaires. Mais vous parlez des affaires, je dirais..."

Tout le monde en parle !

- "Non. Mais cela n'a pas de rapport. Vous êtes en train de me dire qu'il faut attendre que les affaires soient réglées avant que la droite ne se redresse ? C'est cela que vous voulez me dire ? Je ne suis pas d'accord du tout."

Non, non. Je ne suis pas juge, j'essaie de comprendre : en quoi des affaires peuvent aujourd'hui hypothéquer la construction d'une grande structure à droite ? C'est la question que je pose.

- "Je pense qu'elle ne l'hypothèque pas, qu'il faut que ces affaires, si affaires il y a, soient jugées dans la clarté et la plus grande rapidité possible, la plus grande justice et la plus grande sérénité possible, mais que, pour autant, la droite n'est pas obligée d'attendre que toutes ces procédures soient terminées avant de balayer devant sa porte, et de proposer un espoir aux Français. Et je répète que c'est ce qui a été décidé par la gauche il y a quelques années, et qu'elle a mis de l'ordre dans son organisation politique, sans attendre que les affaires qui la concernaient, ou qui la concernent encore d'ailleurs, soient toutes réglées. Alors, je ne vois pas le problème."

Et vous-même, comment concevez-vous votre propre avenir politique ? Par exemple, est-ce que la Mairie de Paris, c'est un enjeu pour vous ?

- "Ah, j'attendais la question ! Je n'ai pas pour habitude, en la matière, de compliquer les choses. Bien. Il y a en ce moment des discussions entre M. Tiberi et M. Toubon pour voir si on peut mettre fin à leur querelle...".

Difficile !

- "... qui fait le plus mauvais effet, non seulement à Paris mais dans la France entière. J'espère que l'on va y arriver. Et ce n'est pas de moi que viendra quelque complication que ce soit. Il faut y. arriver. Et il faut y arriver pourquoi ? Parce que les dernières élections ont montré que, même si nous redressions la tête à Paris lors des élections régionales, et si nous progressions par rapport aux élections législatives de l'an dernier, l'extrapolation des résultats montre que s'il y avait des élections municipales demain, Paris serait en train grand danger d'être perdue. Et comme nous avons déjà perdu la majorité à l'Assemblée nationale, le gouvernement, un certain nombre de régions importantes, il ne manquerait plus que cela ! Donc, il n'est pas trop tôt pour se mettre au travail, pour s'organiser pour se coordonner, pour donner aux Parisiens, pour offrir aux Parisiens un projet qui soit de nature à leur donner confiance dans l'avenir. C'est ce que j'attends de l'équipe municipale actuelle, et je ne veux en rien, ni de près, ni de loin, participer à quelque querelle de personnes que ce soit."

Mais à vous écouter, c'est presqu'un programme qu'on vient d'entendre !

- "Oh non ! Je n'ai rien dit de précis."

Si ! Vous avez quand même tracé le profil d'un homme qui pourrait être un candidat !

- "Non, non."

Considérez-vous que tout ce qui se passe à droite pose aussi une question à la fonction présidentielle, et notamment à J. Chirac ?

- "Que voulez-vous dire ?"

La ligne directe entre la Mairie de Paris et J. Chirac, elle est assez lisible !

- "Ah bien décidément, vous êtes obsédé par les affaires !"

Je trouve qu'elles occupent un certain espace !

- "Obsédé. La question, elle est parfaitement simple. Nous avons des institutions qui font du Chef de l'Etat, qui est élu au suffrage universel, l'arbitre de la vie politique et institutionnelle de notre pays. Bien. A partir de là, il ne faut pas concevoir la politique uniquement par rapport à cette institution. Et je réponds clairement à une question que vous ne m'avez d'ailleurs pas posée, mais enfin, comme tout le monde en parle et qu'on ne peut pas s'exprimer là-dessus sans qu'on s'interroge, je réponds par anticipation, si d'aventure vous en aviez l'intention : est-ce que cette nouvelle organisation de l'opposition confédérale, l'Alliance, a. un rapport ou pas avec le rôle du Président de la République. Je crois qu'il ne faut pas mélanger les rôles, ni les problèmes. Il est au sommet de l'Etat et chargé d'assurer, comme le dit la Constitution, par son arbitrage, le bon fonctionnement des pouvoirs publics. Il n'a pas pour vocation d'être un chef de parti."

C'est très clair ce que vous dites ! Ce n'est donc pas un outil pour sa réélection !

- "Non ! Je dis qu'il n'a pas pour vocation d'être un chef de parti. Mais, de toute manière, le moment venu, et comme les élections législatives se passeront avant les : élections présidentielles normalement, l'objectif d'Alliance, c'est de gagner les élections législatives, mais nous ne gagnerons que si nous sommes mieux organisés, que si nous savons mettre fin à cette impression de désordre que nous donnons, et que depuis quelques jours nous allons donner, j'espère, donner moins - et je salue les efforts qui ont été faits par F. Léotard et P. Séguin dans ce sens - et que si nous sommes capables de proposer un projet d'avenir aux Français. Oui ou non, allons nous représenter un espoir ? C'est tout l'enjeu des années qui viennent."


RTL : jeudi 14 mai 1998

- "Affirmer qu'il n'y a pas de conséquences sanitaires, c'est prendre pour argent comptant des affirmations de spécialistes du nucléaire, c'est-à-dire ceux qui mentent et qui ont caché pendant dix ans l'existence de ces fuites. Donc je crois que ça mérite d'aller plus loin et de faire une enquête sanitaire véritable. Mais ce n'est pas sur un bout de papier en 48 heures qu'on fait une enquête épidémiologique ou sanitaire. On a eu le mensonge en 1986, au moment de Tchernobyl ; le mensonge fait partie intrinsèquement de la culture des gens qui gèrent le nucléaire. Je crois que le devoir de la démocratie, c'est de les empêcher désormais de pouvoir mentir à l'opinion."

De querelle en guerre ouverte, la droite RPR-UDF est-elle en train de mourir ?

- "Non, je ne le pense pas. Je pense que le moment, pour elle, de redresser la tête est arrivé. Mais il n'y a plus de temps à perdre. Les Français regardent le spectacle qui leur est offert avec inquiétude, effarement, et dans certaines circonstances, je dirais même : indignation."

Que vous partagez ?

- "Oui. Il est donc temps de réagir. Qu'est-ce que les Français nous reprochent ? Ils nous reprochent de ne pas être cohérents et d'être divisés ; ils nous reprochent en second lieu de ne pas offrir des perspectives d'avenir et une alternative à la politique socialiste actuelle. Voilà les deux reproches. Il faut répondre à cette double attente. Je ne vais pas entrer dans les discussions quelque peu compliquées, à savoir si l'opposition, qui est formée de deux grands mouvements, peut-être trois, doit faire une fédération, une confédération, une union, une fusion, etc. Tout cela n'a pas grand sens et je vous dirais très franchement que cela ne m'intéresse pas beaucoup. Ce qu'il faut, c'est montrer le mouvement en marchant. Je prends quelques exemples. Il y a, en ce moment, un projet de loi contre l'exclusion à l'Assemblée. Est-ce qu'il serait inconcevable que les deux groupes, RPR et UDF, se réunissent en intergroupe pour arrêter une position commune ? Depuis un an maintenant que les législatives ont eu lieu, cet intergroupe, qui rassemble tous les députés de l'opposition, ne s'est réuni qu'une seule fois, et pas pour longtemps. Est-ce qu'il serait inconcevable que l'opposition, comme elle l'a fait avec succès il y a un certain nombre d'années, organise des discussions pour élaborer un projet d'avenir, pour être une alternative, ce que les Français ne voient pas aujourd'hui ? Moi je ne pénètre pas dans les discussions, je le répète : la confédération, la fédération, l'union... Il faut prouver le mouvement en marchant et il faut vraiment que les Français aient le sentiment que pour nous, ce qui peut nous diviser sur certains points, puisque nous n'avons pas les même idées sur tout, est infiniment moins important que ce qui nous rassemble."

Est-ce que ce voeu de créer le mouvement en marchant n'est pas aussi utopique, compte tenu de ce que l'on entend en ce moment - quelques injures ou des noms d'oiseaux -, que de créer de verts pâturages dans le désert ?

- "N'exagérons pas. Il y effectivement, de temps à autres, des mouvements d'humeur, plus ou moins justifiés, parfois trop forts. Mais ce qui compte, finalement, c'est que les Français sachent s'il y a ou s'il n'y a pas une opposition. Non pas deux, trois, quatre ou cinquante oppositions, mais une opposition. Une opposition républicaine et libérale qui sait s'organiser, qui sait faire en sorte que les états-majors des partis se parlent les uns aux autres ; qui sait faire en sorte que les groupes parlementaires se réunissent, discutent et décident, les uns avec les autres ; qui sait également organiser des débats avec l'ensemble du pays pour élaborer un projet d'avenir ?"

Justement, dans Le Figaro de la semaine dernière, vous avez dit que ce projet, il faudrait pouvoir le proposer avant l'automne, c'est-à-dire dans quelques mois, c'est donc très rapide. Vous avez avancé, vous, sur les grandes lignes de ce que pourrait être ce projet ?

- "Il n'y a pas trop de toutes les imaginations et de toutes les bonnes volontés. Ce qu'on pourrait faire, ce serait élaborer un projet rapidement et le soumettre à l'appréciation des Français. On me dit parfois que c'est chimérique, c'est utopique, on se demande comment les Français vont statuer, se prononcer sur un projet de l'opposition. Je réponds quand même qu'il y a cinq ans, nous avions organisé une consultation de l'ensemble des jeunes, dans. notre pays, et qu'il y avait eu 1,6 million de réponses. Je vous rappelle que l'ensemble des élus locaux, maires, conseillers : municipaux, généraux, députés, cela fait 500 000 personnes dont la moitié - même un peu plus - appartient à l'opposition républicaine. Il est donc parfaitement possible d'organiser une consultation qui associe les Français de droite."

Comment peut-on les identifier, les Français de droite ?

- "Ils s'identifient eux-mêmes, c'est exactement comme on l'avait envisagé lorsque des primaires pour l'élection présidentielle avaient été imaginées. On peut parfaitement envisager que des centaines de milliers de Français - si cela les intéresse, et il faut qu'on les intéresse, il faut qu'il y ait un réveil de l'opposition, les choses ne peuvent pas continuer ainsi - se prononcent sur toute une série de problèmes de notre avenir."

Le projet, sur quelle ligne de force ? Parce qu'en ce moment, on entend dire : il faut aller du côté du centre. Puis d'autres disent : non, il faut un projet libéral ; il y a le projet gaulliste ; il y a les radicaux qui disent : "Attendez; nous aussi on existe, on a un projet aussi !"

- "Ce projet, ce ne peut être qu'une synthèse. Cela doit être un projet de droite, très clairement : le temps de la mauvaise', conscience est passé. Il faut que la droite républicaine et libérale s'assume sans complexe. Ce qui veut dire, sur le plan économique et social, un projet de liberté. Ce qui veut dire, sur le plan des problèmes de société, un projet d'ouverture mais aussi d'autorité. Regardez toutes les discussions qu'il y a en ce moment sur la violence et la violence urbaine. Il faut attendre que cela soit un Premier ministre socialiste anglais qui dise que véritablement les choses ne peuvent pas continuer ainsi et que l'heure est à la tolérance zéro. Tandis que très souvent, nous donnons nous-mêmes le sentiment d'être empêtrés dans des considérations dans lesquelles on dit : il y a de la violence, c'est à cause du chômage, il vaut mieux privilégier la prévention que la répression... L'heure est passée de ce type de débats. Quand on voit ce qui se passe, dans notre pays, dans un certain nombre de villes, de quartiers, il faut à la fois faire preuve de compréhension bien entendu, de générosité, d'ouverture, d'humanité, mais en même temps, il est temps de faire preuve de davantage d'autorité. Donc ce projet doit être un projet de droite, de droite libérale, tolérante, républicaine mais de droite. Et je pense qu'il faut que toutes les bonnes volontés s'associent. Je ne prétends pas du tout que l'on va arriver en quelques semaines à le rédiger. Et je pense qu'il faudrait qu'on le discute entre nous ; mais d'une façon qui enfin soit organisée. Je le répète : on a su le faire il y a quelques années, nous avions organisé les états généraux de l'opposition. Pourquoi est-ce que nous n'en serions pas capables aujourd'hui ? Les Français attendent de nous que nous existions. Et ils ont le sentiment, en ce moment que nous ne sommes pas un recours et une alternative. Eh bien il faut le redevenir."

Mais vous paraissez un peu, dans l'opposition, empêtré par le rôle du Président de la République qui vit la cohabitation, qui parfois approuve ou donne son aval à certains projets gouvernementaux. Lui dit : "Vous ne pouvez pas être en décalage avec moi" et vous, vous dites : "Mais si, notre devoir, c'est de nous opposer."

- "Prenons des exemples dans le passé si vous voulez bien. Il y a eu d'autres cohabitations, avec M. Mitterrand. Dans l'une d'entre elles, j'étais Premier ministre. J'ai fait ce que j'ai pu mais j'ai fait deux choses que je considère importantes dans un certain domaine : les accords du GATT d'abord, qui ont sauvé l'agriculture française, et l'indépendance de la Banque de France. Ces deux décisions, ces deux actions ont été décidées en Conseil des ministres, présidé par le Président de la République de l'époque. Cela n'a pas empêché les socialistes à l'Assemblée de voter contre. Alors je crois qu'il faut qu'il y ait une répartition des rôles : le Chef de l'Etat, placé au sommet de la pyramide du pouvoir politique, doit avoir pour objectif - il est l'élu de tous les Français - de maintenir un minimum de cohésion, notamment dans l'action internationale. Mais pour autant, cela ne doit pas conduire l'opposition à ne pas s'opposer. Car si l'opposition ne s'oppose pas, comment voulez-vous qu'elle représente un recours et une alternative ? Il ne s'agit pas de s'opposer de façon systématique, partielle et partisane ; mais nous n'avons pas les mêmes conceptions sur la société que les socialistes. Nous devons les assumer et les proclamer."

J'ai une bonne nouvelle pour vous, dans Le Point, de demain, vous êtes classé en tête par les personnes sondées des personnalités de la droite. Sondage qui sera publié dans Le Point-Ipsos.