Texte intégral
Nous avons restauré les fondations, reste à bâtir l’édifice - C’est de l’avenir de la jeunesse qu’il s’agit - Aidez-nous à gagner ce pari
Chacun s’interroge. Voter pour qui, voter pourquoi ?
Il y a deux ans, votre candidat était plutôt Jacques Chirac. Pour son projet bien sûr, mais surtout pour le souffle qu’il avait su donner à ce rendez-vous.
Aujourd’hui ? Certains sont déçus de ces deux années de gouvernement où aucune mesure spectaculaire n’apparaît nettement. « Un bilan de gestion plus qu’un bilan d’action », dit-on.
Ce n’est pas exact, les actions réalisées depuis deux ans étaient indispensables et nécessitaient souvent bien du courage parce que, à la forme, nous avons préféré le fond. Aux paillettes, nous avons préféré le bleu de chauffe.
Par exemple, dans le domaine de la jeunesse, et en particulier de l’éducation, nous avons engagé d’ambitieuses réformes : réforme des rythmes scolaires, réforme de l’université, généralisation des stages longs en entreprise. Mais il faut à présent passer à la vitesse supérieure, pour aider chaque jeune à trouver sa voie.
Mais peu importe. Je reconnais que ce bilan ne répond pas à l’ampleur des changements nécessaires, des changements annoncés ; tout simplement parce que ce n’était pas sa fonction.
L’objectif était de remettre de l’ordre dans les affaires, d’assainir les finances et de rétablir les grands équilibres, qu’ils soient sociaux ou économiques. Les plus belles constructions reposent toujours sur des fondations solides.
* La deuxième étape
Aujourd’hui, ces fondations existent à nouveau, il reste à bâtir l’édifice. C’est sur cette deuxième étape que nous sommes appelés à nous prononcer.
Le projet de l’architecte est ambitieux, mais il n’est réalisable qu’à la condition qu’il soit partagé par le chef de chantier.
Face aux échéances qui nous attendent, on ne peut pas imaginer relancer une véritable politique de l’emploi, construire une Europe à visage humain, créer un nouveau contrat social, si la France ne parle pas d’une seule voix.
Ne nous y trompons pas, si demain nous entrons dans un système de cohabitation, le conservatisme, l’immobilisme qui, depuis vingt ans, se nourrit de la crise et prospère sur ses plaies, a encore de beaux jours devant lui.
Si je m’adresse en particulier à votre génération, c’est parce que demain vous appartient, c’est parce que par votre voix, vous vous exprimerez pour ou contre la construction d’une société de responsabilité, où l’on préférera la logique d’initiative à la logique d’assistanat, l’antichambre de l’exclusion.
C’est parce que l’emploi est notre obsession. Non pas par des promesses démagogiques, « demain on rase gratis et l’on crée 700 000 postes pour les jeunes » ; non, il s’agit d’emplois bien réels, que l’on créera en relançant la machine économique par une baisse d’impôts pour les particuliers et une baisse des charges pour les entreprises. Il reste tant à faire dans ce domaine.
* Rétablir nos valeurs
C’est enfin parce que nous devons bâtir un nouveau pacte social fondé sur nos valeurs, celles de la République et non les valeurs égoïstes, individualistes, léguées par la crise. Elles ont conduit tout droit à la haine de l’autre, au rejet, alors qu’il fallait au contraire intégrer.
Oui, la perte de nos valeurs, la liberté, la solidarité, l’égalité des chances, la juste récompense de l’effort et du mérite, le civisme, la citoyenneté, a été un pur désastre. Nous devons les faire revivre et les moderniser, afin que chacun comprenne le sens de l’action commune, que chacun comprenne qu’il a une place, un rôle à jouer au sein de cette société.
Si 200 000 personnes dans notre pays, pour la plupart des jeunes, se sont abandonnées aux paradis superficiels des sectes, si 200 000 autres sont dépendantes de la drogue, si bien plus encore ont plongé dans l’alcool, c’est évidemment parce qu’elles étaient privées de tout repère, paumées, incapables de trouver un sens à leur vie.
Cette société plus fraternelle, plus humaine est à construire ; elle doit être soucieuse de créer des emplois, bien sûr, mais aussi de valoriser l’activité, qu’elle soit associative, familiale, sociale, humanitaire, culturelle, de loisirs… Car, là encore, nous devons rompre avec ce modèle dément issu de la crise, qui ne donne une existence sociale, une reconnaissance, qu’à ceux qui bénéficient d’un emploi valorisant.
La dissolution voulue par le Président de la République doit nous permettre de prendre ce nouveau départ. À l’opposé d’une manœuvre électorale, elle constitue un pari politique, un pari risqué il est vrai, mais puisque son enjeu est tout simplement votre avenir, c’est à vous de jouer !