Texte intégral
Monsieur le directeur central,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs,
En inaugurant le nouvel hôpital d'instruction des armées Percy, c'est en quelque sorte l'entrée du service de santé des armées dans le XXIème siècle que nous anticipons.
Cette magnifique réalisation constitue l'aboutissement d'une évolution, je dirai même d'une révolution engagée depuis plusieurs années, et qui s'exprime dans les grands axes de la politique hospitalière conduite par la direction centrale. Adaptation à l'évolution des techniques médicales, satisfaction des besoins des forces : ce sont les principes qui ont présidé à la rénovation et à la construction des hôpitaux militaires, construction du Val de Grâce à Paris, d'Hippolyte Larrey à Toulouse, et bientôt de l'hôpital Saint-Anne de Toulon. L'hôpital d'instruction des armées Percy, est un remarquable exemple de la volonté du service de santé d'évoluer en permanence, pour tenir compte du progrès des techniques médicales et de l'apparition de nouveaux types de conflits. Héritier des traditions de l'hôpital d'instruction Dominique Larrey de Versailles, installé dans les grands communs du château et de l'ancien hôpital Percy, construit en 1916 pour accueillir des militaires atteints de tuberculose, ce nouvel hôpital prendra en charge les situations pathologiques des crises et conflits du XXIème siècle.
Ici, sont réunies toute les conditions qui permettront de répondre aux besoins spécifiques des armées, de s'adapter à la nature même des conflits et à l'environnement dans lequel le militaire évolue. C'est sur cette base que la médecine militaire a bâti ses pôles d'excellence. C'est précisément autour de ces pôles d'excellence que doit s'instaurer une fructueuse coopération avec la santé publique. La participation du service de santé des armées au service public et la large ouverture de ses hôpitaux à la clientèle civile lui permettent d'acquérir et d'entretenir la haute compétence qui est la sienne dans le domaine de l'urgence.
Je me fais l'interprète des états-majors pour dire combien, dans les opérations qui ont été menées ces dernières années, le service de santé a fait la preuve de ses qualités et de son expérience. Combattant parmi les combattants, le service de santé a lui aussi versé la part du sang, et je ne saurais manquer d'évoquer le souvenir du médecin des armées Eric Dorléans, décédé au front en ex-Yougoslavie et dont le nom est venu s'ajouter à la liste déjà longue des personnels du service, tombés au champ d'honneur. Indispensable au moral des troupes qui sont assurées d'avoir en temps utile le soutien médical adapté, facteur de survie, garantie d'un minimum de séquelles, le service de santé constitue bien ce qu'il est convenu d'appeler un facteur limitant des opérations.
Aujourd'hui, le défi que le service de santé doit relever est d'autant plus grand qu'il se trouve à la croisée de deux mondes qui connaissent une réforme majeure : la défense et la santé.
La profonde réforme de nos armées a permis de réaffirmer la place et les missions du service de santé. La loi de programmation a pris en compte les besoins en personnels et les besoins financiers. L'avenir des infrastructures a été étudié. C'est sur ces bases resserrées mais assurées que le service de santé des armées achèvera et trouvera sa juste place.
La disparition progressive de la ressource en personnels qu'apportait le contingent imposera au service de santé de recourir à des solutions nouvelles. Parmi ces solutions figure naturellement une politique volontariste des réserves, elle permettra de créer un vivier pertinent de spécialistes capables de remplacer, en métropole, les spécialistes militaires partis en opérations extérieures, voire même de participer à ces opérations. Par ailleurs, dans la perspective de la mise en place du rendez-vous citoyen, les médecins et les dentistes de réserve du service de santé pourraient jouer un rôle important. En participant à l'établissement du bilan médical individuel et à la diffusion de l'information sanitaire prévus dans le déroulement du rendez-vous citoyen, ils contribueraient utilement à l'expression du lien entre l'armée et la nation.
Il faudra également porter une attention toute particulière aux mesures susceptibles de favoriser les volontariats au sein du service de santé. L'expérience que vous avez acquise depuis de nombreuses années avec la formation de jeunes volontaires féminines comme aides soignantes est une voie intéressante. Il en existe probablement d'autres, que ce soit sur le territoire national ou hors de nos frontières. C'est en tout cas le sentiment que j'ai ressenti en m'entretenant il y a quelques jours avec des médecins militaires qui participent, au Sénégal, à l'action sanitaire conduite par la France dans le cadre de sa coopération.
La réforme des armées est une étape nécessaire dans la construction d'un outil de défense moderne, à la hauteur des missions qui lui sont confiées. Elle ne doit pas être vécue comme un traumatisme, mais comme l'occasion, pour chacun, d'accomplir pleinement ses ambitions professionnelles.
Comme vous le savez, quatre centres hospitaliers militaires vont fermer au cours des trois prochaines années à Bourges, Dijon, Lille et Strasbourg. Chacune de ces fermetures entraînera des bouleversements dont je ne néglige pas les conséquences pour les personnels qui y servent aujourd'hui. Connaissant l'inquiétude ressentie en particulier par les personnels civils, je voudrais affirmer une nouvelle fois ma volonté de mettre en œuvre, à leur profit, les mesures d'accompagnement social nécessaires. Un nouveau plan « formation-mobilité » est en cours de négociation ; des possibilités de reclassement existent – certaines au sein même du service de santé. Je fais pleinement confiance aux directeurs des établissements et aux responsables du personnel pour mener à bien ces mesures d'adaptation.
J'ai rappelé tout à l'heure que le service de santé se trouvait à la croisée de deux mondes, celui de la défense et celui de la santé. Dans les réformes profondes qui vont affecter notre système de santé, le particularisme du service de santé des armées devra naturellement être pris en compte, de même que son mode particulier d'exercice de la médecine dans, et au profit de la nation.
L'ensemble hospitalier militaire est conçu comme un tout, capable en temps de crise ou de guerre de répondre aux besoins militaires, et apte, en temps de paix, à préparer les acteurs à leurs missions. Sauf à remettre en cause la philosophie globale du système, les évaluations qui aboutiront à l'accréditation, des différents services, doivent échapper au niveau régional et faire l'objet d'une évaluation d'ensemble au plan national. Les textes d'application qui seront pris au titre des ordonnances portant réforme de l'hospitalisation publique et privée devront tenir compte de ces caractéristiques pour préserver le fonctionnement et le caractère opérationnel du service.
Il est bien naturel, lors de l'inauguration d'un hôpital, d'évoquer largement l'activité hospitalière du service de santé. Je me souviens toutefois de la présentation que vous m'aviez faite, monsieur le directeur central, en évoquant les cinq doigts de la main et les fonctions qui s'y rattachent symboliquement.
Nous retrouvons ici, hormis celle des services médicaux d'unités, l'essentiel de ces fonctions : la fonction d'enseignement, puisqu'il s'agit d'un hôpital d'instruction, la fonction d'expertise avec le centre principal d'expertise du personnel naviguant, la fonction de ravitaillement avec le centre de transfusion sanguine, la fonction de recherche avec ce même centre de transfusion sanguine, avec le centre des brûlés et le centre de traitement des blessés radio-contaminés. Les différentes facettes des activités du service de santé des armées sont donc bien réunies dans le nouvel hôpital Percy.
Je n'aurai garde d'oublier les missions au profit d'autres départements ministériels, Intérieur, Anciens combattants, Gens de mer, Outre-mer, Coopération, ni son rôle dans le volet humanitaire. Nous retrouvons là les missions traditionnelles du service, pour la patrie et l'humanité, sur mer et au-delà des mers, toujours au service des hommes.
Cette diversité dans les missions témoigne de la polyvalence du service et garantit sa cohérence.
Demain comme aujourd'hui, le service de santé des armées sera présent partout où la France s'engage. Grâce à des personnels dont le dévouement, le savoir-faire et le sens du service sont des qualités unanimement reconnues, il continuera, j'en suis sûr, de faire preuve de son excellence. Je l'assure de ma confiance et le remercie au nom de la nation toute entière.