Texte intégral
Discours de Monsieur Philippe Séguin, président de l’Assemblée nationale
Mes chers compagnons,
Laissez-moi vous dire, tout d'abord, à quel point je suis heureux de vous retrouver pour cette université d'été, la première depuis l'élection de Jacques CHIRAC. Je m'en réjouis d'autant plus qu'elle nous permet de nous retrouver à Troyes et de rendre l'hommage qui convient au travail remarquable qu'y accomplit François BAROIN.
Voilà aussi qui doit nous permettre de faire de la politique sérieusement. Et de nous affranchir de cette vie politique imaginaire que d'aucuns nous décrivent jour après jour, avec pour principal souci de faire ressembler les choses à la conception si souvent erronée qu'ils s'en font.
Quand on parle, les propos sont sollicités ou déformés... Quand on ne dit rien, c'est qu'on a des arrière-pensées. Pour m'en tenir à ma propre expérience et bien que je ne m'étonne plus de grand-chose, j'avoue être effaré de voir mon activité et ma contribution ramenées, pour les besoins de la cause, à des silences assourdissants, à des soupirs tonitruants et à des battements de cils accablants.
Et encore ne suis-je pas le plus à plaindre.
C'est dire combien de telles rencontres constituent un moment privilégié.
Vous avez souhaité que celle-ci nous permette de réfléchir ensemble, en toute liberté, et hors de tout esprit de système, à l'avenir de notre pays. Et plus précisément à l'avenir que nous souhaitons, que vous souhaitez, lui construire.
Car cet avenir est avant tout le vôtre. Mais je ne vous apprendrai rien en vous disant que c'est un avenir qui s'annonce, plus que jamais, incertain.
Le monde connaît, depuis plusieurs années, d'immenses transformations, dans l'ordre politique comme dans l'ordre économique. Tout laisse penser que le système capitaliste dans lequel nous vivons est engagé dans des mutations de grande ampleur.
L'alternative est donc simple et résume tout le débat politique d'aujourd'hui : allons-nous subir ces évolutions ou devons-nous, au contraire, chercher à les maîtriser ? Allons-nous nous résigner à gérer une régression de notre société, ou devons-nous plutôt poursuivre, avec une détermination inentamée, la recherche du progrès, de la justice, du bien-être ? Tout ce qui, en somme, justifie l'existence de cette grande aventure collective qu'est la vie d'une nation.
La nouvelle donne mondiale n'est-elle pas trop souvent, en effet, un alibi commode pour revenir, purement et simplement, sur l'ensemble des progrès accomplis depuis des décennies ? Etrange revanche, en vérité, que celle qui serait prise ainsi sur toutes ces avancées, sacrifiées sans regret ni réflexion, au nom des adaptations nécessaires, sur l'autel de la mondialisation...
La réponse, je pense, ne fait guère de doute. L'essence du gaullisme, c'est la volonté, c'est l'ambition, c'est - précisément - le refus de toute forme de résignation.
Nous avons toujours voulu une France qui soit fidèle à ce qui fait sa personnalité, son identité profonde, à ses valeurs, en un mot.
Et nous savons que moins que jamais cette France ne saurait vivre que pour elle-même. Pour être elle-même, elle doit aussi compter, compter dans le monde, agir sur le monde.
C'est le seul projet qui soit véritablement conforme à notre histoire, à nos combats passés, à notre engagement militant.
C’est le seul projet qui soit véritablement gaulliste.
Parce que les campagnes présidentielles sont une occasion de revenir à l'essentiel, la nôtre en 1995 a été centrée sur le nécessaire renouveau des valeurs républicaines.
Car c'est bien la République qui fonde notre engagement.
De Gaulle expliqua, en son temps, que nous avions « choisi la Démocratie et la République ». Et comme Clémenceau, il eût pu dire que : « Nous (voulions) la République, la République tout entière ».
La République, dont nous souhaitons le retour, repose, à nos yeux, sur un ensemble de principes forts et intangibles : la souveraineté nationale, fondement du gouvernement démocratique, l'égalité des chances, la solidarité, la laïcité et la tolérance.
Ces principes et ces valeurs, c'est à nous de faire, en sorte qu’ils prévalent à nouveau. C'est à nous de maîtriser, d'orienter le changement pour leur rester fidèles.
C'est à nous de leur donner un contenu nouveau.
Car la République n'est pas une nostalgie. Elle porte obligation de nous tourner toujours résolument vers l'avenir...
Il en est ainsi, au premier chef, de la souveraineté nationale. Voilà un principe dont on nous dit qu'il est dépassé, démodé. Et avec lui, l'État, son bras séculier.
Il est vrai qu'il faudrait être aveugle pour ne pas constater l'émergence de nouvelles puissances, qui tendent à les supplanter... Il y a les médias, les instituts de sondage, l'opinion... L'opinion qui tend à se substituer à la collectivité des citoyens. L'opinion qui n'est rien d'autre, précisément, que cette même collectivité, saisit à l'état brut, en instantané, avant toute réflexion et tout débat un tant soi peu approfondi.
Et le comportement de bien des responsables politiques s'en ressent. L'image, la posture tendent à l'emporter sur le fond du discours. Parallèlement, le débat, le débat réfléchi, responsable, déserte ses enceintes traditionnelles pour se diluer dans un magma médiatique, voire cybernétique...
De même, la souveraineté nationale est battue en brèche par des pouvoirs supranationaux. Notre vie quotidienne, mais aussi notre avenir collectif sont de plus en plus déterminés par des décisions prises hors de France. Lorsque c'est à Bruxelles, nous avons au moins la consolation de nous dire que notre pays y a été associé, même si c'est dans des conditions qui sont, il est vrai, loin d'être satisfaisantes.
Mais il n'y a pas que Bruxelles. Il y a aussi les marchés internationaux et leur rationalité supposée. Là, ce n'est pas seulement le principe de souveraineté nationale qui est évacué : c'est le politique tout court.
Alors, bien sûr, nous pourrions considérer que tout cela est inéluctable... et laisser dépérir notre démocratie.
Mais nous pouvons aussi refuser de nous soumettre, en modernisant nos institutions, en intégrant ces données nouvelles qui sont pour elles autant de défis.
1958 aura déjà été une étape décisive, à cet égard, par la qualité des institutions qui ont enfin été données à la France - des institutions qui doivent tant à Michel Debré, dont la récente disparition a été si douloureusement ressentie par tous les gaullistes. Mais n'est-ce pas de Gaulle qui disait, à la fin de sa vie, que quoi qu'il arrive, tout recommence toujours ? La démocratie est une réalité vivante, en perpétuelle évolution, à l'image du monde qui l'entoure.
Si donc nous voulons agir efficacement au service du pays, donner un sens à la politique que nous avons choisie et que nous nous attachons à incarner, il nous faut défendre et promouvoir nos institutions en rénovant sans relâche leur pratique. Elles ont été conçues pour l'action, pour l'action ambitieuse. Car si la République est un grand projet, elle est aussi un mode de gouvernement, qui doit pouvoir prévoir, anticiper, prendre des décisions dans la détermination et la clarté. La République n'est rien sans ses valeurs, mais elle n'est également rien si elle n'est qu'un noble catalogue de principes et si elle ne sait pas gouverner, au nom de la volonté collective.
La manière dont Jacques Chirac a entrepris de rendre à la fonction présidentielle sa pleine et entière autorité, ainsi que sa pleine et entière dignité, s'inscrit dans cette exigence.
Une égale détermination anime Alain Juppé dans la réforme de l'État entreprise par le gouvernement.
C'est le même esprit qui inspire, depuis plus de rois ans, nos efforts de rénovation du Parlement. Je n'égrènerai pas la litanie des nombreuses mesures qui ont été prises, dont la plus connue, la session unique, ne forme qu'une des pièces maîtresses. L'objectif est bien de moderniser l'institution parlementaire en lui permettant d'exercer non seulement sa fonction législative, mais aussi ses autres missions qui revêtent une importance grandissante : le débat et le contrôle.
Le débat public a déserté le Parlement ? Donnons-lui les moyens d'y revenir et d'y revivre. Nous éviterons ainsi certaines avaries de ces dernières années, ces réformes qui ont tourné en déconfiture parce qu'elles avaient été insuffisamment débattues là où elles auraient dû l'être. Les députés, on l'oublie trop souvent, sont les mieux placés pour entendre, sur le terrain, les préoccupations, les inquiétudes et les attentes des Français. Ils sont aussi les mieux placés pour leur faire comprendre la nécessité des réformes, et des efforts qu'elles supposent.
Dès lors, attachons-nous aussi à contrôler réellement et efficacement l'action du gouvernement. Le contrôle n'est pas un acte de défiance ou d'hostilité. Il permet d'affiner, de préciser, de corriger. Dans le processus de la décision européenne, il est de surcroît seul à même de conférer une cohérence et une légitimité à des mesures qui en seraient sinon dépourvues.
Mais de cette montée en puissance des fonctions de débat et de contrôle par rapport à la fonction législative traditionnelle, nous devrons impérativement tirer au moins deux conséquences.
La première touche au fonctionnement même de notre vie politique. Il nous faudra plus que jamais admettre la diversité de la majorité. Son unité, si nécessaire, n'est nullement incompatible avec une telle pluralité. Bien au contraire : l'unité fondée sur l'expression et la confrontation des points de vue est infiniment plus forte et plus porteuse que l'unité de principe et de façade qui démobilise et qui, de surcroit, ne trompe personne.
La seconde conséquence à tirer relève de l'organisation de nos institutions.
Il est évidemment hors de question de revenir sur le principe du scrutin majoritaire, gage de clarté et d'efficacité. Mais dès lors que contrôle et débat deviennent essentiels, il faudra trouver un jour le moyen d'assurer la représentation au sein du Parlement de l'ensemble des grands courants d'idées qui traversent notre pays.
Tout cela, bien entendu, demandera du temps, et de la conviction - comme le règlement de l'épineux problème du cumul des fonctions. C'est pourtant à ce prix que nous serons à même de bâtir une démocratie moderne, une démocratie qui redonne vie à nos valeurs. Une démocratie, en un mot, qui gouverne.
Mais cette démocratie, ne l'oublions jamais, nous devrons la mettre au service de cette idée maitresse qui est l'essence même du pacte républicain : l'égalité des chances.
L'égalité des chances, ce n'est évidemment pas l'égalitarisme, ni le nivellement par le bas. C'est, très exactement, le contraire : tout simplement, la faculté qui est donnée, à chaque citoyen, de s'épanouir au sein de la société.
Nos sociétés démocratiques ont été fondées sur les principes du libéralisme. Entendez : le vrai libéralisme, qui est d'abord politique, et non pas ce pauvre ersatz qui, interprétant de manière littérale le fameux « laissez-faire, laissez-passer », crie haro sur l'État et prétend soumettre le monde à des logiques autonomes de la volonté populaire.
En réalité, l'ultra-libéralisme est la négation même du libéralisme, qu'il pourrait bien finir par tuer à force de prétendre l'aimer... Le libéralisme, le vrai, n'a de sens que si la communauté des citoyens parvient à maîtriser son destin collectif tout en permettant à chaque individu d'assumer au mieux son destin personnel.
Au cours de son histoire républicaine, pour assurer l'égalité des chances, notre pays s'est toujours appuyé sur deux outils essentiels : l'école et l'armée.
L'école, confrontée qu'elle est de surcroît aux exigences de l'intégration, doit rester plus que jamais l'instrument primordial de notre creuset social.
Car l'école n'est pas une fonction parmi d'autres. Les maîtres sont bien plus que des « prestataires de services de formation », pour reprendre le jargon techno-libéral actuel. Ils exercent, véritablement, une mission fondatrice de citoyenneté.
Il paraîtrait - je ne vous apprends rien - que l'école est en crise. Et il est vrai que prise dans l'étau de nos graves difficultés sociales, elle en reproduit souvent tous les symptômes. Nous vivons dans un pays qui compte plus de trois millions de chômeurs, et, au-delà, quelques six millions de personnes qui sont touchées par les phénomènes d'exclusion sociale. Il est inévitable que l'École en subisse le contrecoup.
Mais ne prenons pas l'effet pour la cause, le symptôme pour le mal. Le responsable, c'est le chômage. L'École n'est que le point terminal de nos problèmes et de nos contradictions. C'est à eux qu'il faut d'abord s'attaquer.
Il reste qu'elle ne parvient plus à assurer, dans les mêmes conditions qu'aux temps plus prospères, ce qui constitue l'essentiel de sa vocation.
Si la vraie réponse consiste à s'attaquer d'abord aux racines du mal, c'est-à-dire au chômage, cela ne signifie pas qu'il faille s'abandonner, à son sujet, à l'immobilisme. Et plutôt que de renouveler à l'infini les grandes réformes solennelles qui déstabilisent et ne résolvent rien, il faut réaffirmer le rôle prééminent de l'Etat dans l'organisation de notre système éducatif. Certes, une plus grande autonomie des établissements ne peut être que souhaitée et encouragée. Mais elle ne doit pas se faire au prix d'un démembrement de l'État qui entrainerait le retour ou l'aggravation de disparités qui compromettrait définitivement l'égalité des chances.
Dans cet esprit, on doit saluer les efforts consentis en faveur de l'aménagement du temps et des rythmes scolaires, dont on commence enfin à percevoir l'importance après une période de suspicion quelque peu surprenante. J'entends : ceux des rythmes qui ne se contentent pas d'être des manipulations horaires ou calendaires, mais qui constituent un véritable projet pédagogique. C'est une expérience, d'ailleurs, déjà vieille de dix ans. Voyez, au passage, la modestie de notre mouvement. Les fiches qui vous ont été envoyées omettent d'indiquer que c'est un maire RPR qui naguère lança cette expérience, et que c'est dans sa ville, perdue, il est vrai, quelque part dans les Vosges, que le futur Président de la République put en mesurer tout l'intérêt et fonder son choix...
Evidemment, de telles innovations ont un coût. C'est d'ailleurs le seul vrai reproche qu'on leur adresse. Mais l'éducation reste bien pour un pays le plus porteur des investissements. Porteur d'activités nouvelles de surcroit. La nécessité impérieuse de réduire les déficits ne doit pas conduire à compromettre l'avenir. Dans certains cas, trop d'économies tuent les économies.
Quant à l'autre grand outil républicain d'intégration sociale, l'armée, son impact s'est amoindri au fil des ans. Je dis bien : au fil des ans, car c'est un fait, le service national tel qu'on était arrivé à le pratiquer avait été, dans ce domaine du moins, progressivement privé de sa véritable portée. Nous devons en être bien conscients avant d'exprimer quelque regret que ce soit.
Les exigences de modernisation de notre système de défense ont conduit le Président de la République à choisir non sans courage - la voie de la professionnalisation, à l'image de beaucoup d'autres démocraties. Il était pourtant essentiel de conserver, en la réorganisant, la dimension intégratrice du service national. C'est tout le sens du « rendez-vous citoyen », préconisé par la mission parlementaire que j'ai eu l'honneur de présider.
Il est évident que le système ne pourra, là encore, fonctionner que s'il est doté des moyens nécessaires. C'est du moins dans cet esprit que je le conçois. Dans le cas contraire, il sera réduit à la dimension d'un gadget, et personne ne s'y trompera...
Il s'agit de prévoir un lieu et un moment fort dans la vie des jeunes Français, qui leur permette de mieux se sensibiliser aux exigences du civisme et de l'esprit de défense, tout en bénéficiant de ce brassage social qui faisait autrefois la force du service national classique. L'objectif est bien de favoriser une véritable immersion. Et il est évident qu'à terme, le dispositif ne prendra tout son sens que s'il est étendu aux jeunes filles...
Oh, bien sûr, il en est du « rendez-vous citoyen », comme de l'aménagement des rythmes scolaires : tout cela peut sembler bien modeste aux concepteurs de réformes étourdissantes... qui n'aboutissent jamais.
À mes yeux, de telles initiatives n'en forment pas moins de premiers éléments de réponse, concrets et réalisables, aux exigences du temps. Ils peuvent contribuer à faire vivre cette valeur fondamentale qu'est pour nous l'égalité des chances.
Mais pour autant, et quitte à me répéter, le préalable absolu, c'est la lutte sans réserve contre le chômage, qui est non pas une priorité, mais la priorité des priorités. On pourra m'accuser de rabâcher, de céder à une véritable obsession... Eh bien oui, je le confesse, c'est pour moi une obsession. Car comment ne pas être obsédé par cette spirale infernale de l’« exclusion », baptisée ainsi parce qu'effectivement, elle a pour résultat d'exclure de la vie sociale, directement ou indirectement, un nombre croissant de nos concitoyens !
La lutte contre le chômage n'attend pas. Elle ne peut attendre. Parce que la fracture sociale est là et que c'est tout le pays qui mesure à son aune ses chances d'avenir.
Méfions-nous d'abord des faux-prophètes. De ceux qui non seulement sont insensibles aux difficultés mais ne proposent pas d'autres solutions que de les aggraver : en supprimant salaire minimum, revenu minimum, comité d'entreprise, délégué du personnel que sais-je encore !
Au risque de passer pour un tenant de je ne sais quelle « pensée unique sociale », je dirais, avec simplicité : ce n'est pas au moment où les difficultés s'aggravent qu'il faut moins de solidarité. Ce serait même plutôt le contraire.
La solidarité : cette autre valeur fondatrice. Jules Ferry n'évoquait-il pas, il y a plus d'un siècle déjà, « la valeur sociale des libertés politiques » ? Cette solidarité qui, depuis 1945, est véritablement placée au coeur de notre idéal républicain.
Voulons-nous d'une France qui renierait cet idéal ? La seule alternative qui nous est proposée, « à l'américaine », limiterait-elle notre choix entre « des travailleurs mal payés » et des « chômeurs bien indemnisés » ?
Je n'en crois rien. Il nous faut revenir à la froide analyse des faits. Attendre, comme beaucoup le font encore, du seul retour de la croissance la solution miraculeuse de nos problèmes, c'est s'obstiner à voir dans ceux-ci les manifestations d'une « crise » classique, d'une de ces récessions qui, dans le passé, pouvaient rythmer les expansions de longue durée.
S'il y a crise, c'est celle du capitalisme tout entier. Les données de l'économie mondiale ont profondément changé. Nous connaissons une nouvelle révolution technologique, dont les caractéristiques sont telles qu'elle ne saurait produire spontanément un volume d'emplois marchands comparable à ceux qu'ont créés les révolutions antérieures. Ce qui a « marché » autrefois ne « marche » plus aujourd'hui : c'est tout.
C'est une conviction que j'ai tenté d'exprimer en quelques idées simples d’emplois.
1. La croissance, si elle est nécessaire, n'est plus mécaniquement créatrice.
2. Le secteur marchand continuera d'en supprimer dans les années à venir.
3. Les aides à l'embauche sont aussi coûteuses qu'inefficaces.
4. Il existe, hors du secteur marchand, une demande de services considérable qui, dès lors qu'elle sera satisfaite, permettra l'éclosion de nouveaux métiers et non de « petits boulots ».
5. L'État, loin de se retirer du champ économique, doit au contraire affirmer hautement sa volonté d'être un acteur décisif dans cette nouvelle approche du travail, qui suppose, entre autres choses, une relance de la politique d'aménagement du territoire tombée en déshérence.
6. Une profonde réforme de la fiscalité est indispensable à partir d'une réflexion sur le niveau et plus encore sur la structure des prélèvements obligatoires. On ne peut que se réjouir qu'elle soit entamée. On ne peut que se réjouir qu'elle soit entamée.
Si nous voulons faire face au problème de l'emploi, il nous faut en effet prendre pleinement la mesure du phénomène et tout en affrontant les nécessités du moment préparer les esprits à cette véritable révolution qui nous attend.
Et sans jeter par-dessus bord, comme nous y incitent tant de beaux esprits, les valeurs auxquelles nous adhérons et qui donnent au projet républicain sa légitimité. En l'occurrence, la solidarité : je ne crois pas, pour ma part, à une France qui en ferait une valeur de second plan.
Il est enfin une valeur républicaine qui me parait plus que jamais d'avenir, qui mérite d'être défendue et affirmée. Je veux parler de la tolérance, première vraie source de liberté.
La laïcité est la dimension proprement républicaine de cette valeur, qui est évidemment démocratique dans son principe. Dans un pays comme le nôtre, qui compte désormais plusieurs confessions religieuses, et qui n'est pas à l'abri des tentations de l'intégrisme, elle demeure une composante fondamentale du pacte républicain. Ce n'est pas une nouvelle religion d'État ; c'est une garantie pour tous, la condition essentielle de la liberté des consciences.
Si chacun avait accepté de s’en tenir à ces principes simples, on aurait probablement évité ce psychodrame étonnant dans lequel nous a plongé la perspective des cérémonies commémoratives de Clovis.
Psychodrame d'autant plus âpre que tout le monde dit, finalement, à peu près la même chose.
Est-il présomptuex de convenir avec le professeur Agulhon que : « La France est une nation née chrétienne qui a choisi la modernité laïque, un peu comme un individu qui, atteignant l'âge adulte, choisit de combiner comme il l'entend, l'héritage moral qu'il a reçu avec la conscience qu'il s'est acquise ».
Et ne pouvons-nous pas en même temps marquer notre accord avec l'archevêque de Reims, lorsqu'il estime que Clovis « projetait d'abord de construire l'unité dans la multiplicité des ethnies, des intérêts et des cultures qui sédimentait la mémoire des populations de la Gaule ».
(Phrase totalement illisible)
L'unité dans la multiplicité des ethnies et des cultures... Voilà qui nous renvoie, plus sérieusement, à cette autre dimension de la tolérance, valeur éminemment républicaine : la conception ouverte et généreuse de l'identité nationale qui fait partie de nos traditions.
Dans notre pays, il y a décidément un paradoxe de l'immigration. D'un côté, le sujet semble tabou, piégé pour les politiques parce que considéré comme le pré carré des discours extrémistes, De l'autre, il est présent dans tous les esprits, et ne cesse de préoccuper les Français.
La France, c'est un fait, a toujours été une terre d'accueil. Dotée d'une forte identité, une identité fondée non sur les hasards de la géographie mais sur la volonté des hommes, elle a montré dans le passé une forte capacité d'intégration. Aujourd'hui, en raison du chômage et ses effets paralysants, cette capacité est affaiblie.
Quoiqu'aient voulu démontrer certains, il existe aujourd'hui en France un quasi-consensus sur ce point.
Toutes les grandes démocraties reconnaissent d'ailleurs la nécessité de contrôler l'immigration. Et notre pays ne peut y déroger. Il doit, parallèlement, poursuivre son effort séculaire d'intégration des immigrés qui se sont installés en France et qui souhaitent continuer d'y vivre en adhérant à ses valeurs.
Pour autant, et parce qu'elle est ce qu'elle est, la France ne saurait se désintéresser des problèmes qui sont à l'origine des flux migratoires.
De même qu'elle ne peut accueillir toute la misère du monde, elle doit se reconnaître des devoirs particuliers vis-à-vis des peuples qui ont partagé son destin, qui se sont battus pour elle aux heures les plus sombres de son Histoire, qui continuent à la considérer comme une référence, voire comme une véritable mère-patrie...
Pour ces pays mêmes, les migrations vers la France sont un désastre puisqu'elles les privent d'une part de leurs populations, souvent la plus dynamique... C'est dire que, s'agissant de ces pays, le problème de l'immigration et celui du développement sont indissociables et doivent être traités ensemble.
Dans notre intérêt, dans l'intérêt des pays concernés, dans l'intérêt des candidats potentiels à la migration, nous devons renforcer, à l'échelle de la France mais plus encore à celle de l'Europe, notre politique de co-développement avec l'Afrique. Sur le moyen et le long terme, le développement au sud de la Méditerranée sera la seule réponse durable et efficace au problème de l'immigration.
Telle est, à mon sens, la France que nous devons projeter dans l'avenir : une France fidèle à ses valeurs, des valeurs qui doivent avoir une portée assez concrète et effective pour entraîner l'adhésion de l'ensemble des Français.
Mais la France ne doit pas vivre que pour elle-même. Elle doit continuer de peser dans le monde, et s'efforcer d'agir·sur le monde.
Il ne s'agit pas seulement d'honorer une tradition messianique, héritée des Lumières et de la Révolution.
Si la France doit affirmer plus que jamais sa présence et faire entendre sa voix, ce n'est plus seulement pour répandre ses idéaux. C'est aussi, c'est surtout pour continuer d'exister comme nation à part entière, et pour garder la maîtrise de son destin. Aujourd'hui, l'enjeu extérieur porte des conséquences jusque sur notre vie quotidienne. Si nous voulons retrouver des marges de manœuvre, nous devons moins que jamais nous replier sur nous-mêmes.
La France a ainsi deux défis à relever.
Le premier réside dans l'établissement d'un ordre international équilibré, donc forcément multipolaire.
Le second est la relance, la vraie relance du projet européen, que nous avons laissé dangereusement s'enliser, victime des idées fausses et des préjugés.
Au cours des toutes dernières années, le monde a profondément changé. Ce constat est d'une banalité si bouleversante que je ne vous ferai pas l'injure d'un inventaire. Ce qui ne manque pas de surprendre, en revanche, c'est qu'on tarde tant à en tirer les conséquences.
Le bloc soviétique s'est effondré. L'Est de l'Europe, qui paraissait figé à jamais dans les injustes schémas des accords de Yalta, a découvert la liberté. La liberté tout entière, avec ses incertitudes, ses hésitations, ses difficultés et ses contraintes.
Nous vivons donc dans un monde différent. Plus libre, mais aussi plus instable. Car moins organisé que jamais.
Aux équilibres forcés de la guerre froide s'est substituée, faute de mieux, la prépondérance d'une superpuissance. Ce n'est pas ce que nous pouvions espérer. Et ce n'est heureux pour personne.
Jacques Chirac l'a clairement dit il y a quelques jours, lorsqu'il a reçu les ambassadeurs de France. Le monde issu de la guerre f roide doit être construit en commun par les États démocratiques. Il ne doit pas évoluer vers une nouvelle sorte d'imperium. L'idée formulée par le Président de la République, de réunir un grand sommet associant les pays membres de l'OTAN et tous les partenaires extérieurs de cette organisation, est une grande idée. « Ce sommet », a déclaré le chef de l'État, « serait, le moment venu, le rendez-vous le plus important depuis la fracture de Yalta, dont il effacerait les derniers vestiges ». Ce qui revient à faire l'Histoire, non à la subir.
Nous devons aller, en effet, vers un monde réellement multipolaire, fait de points d'équilibre, dans lequel la France, en raison de l'ancienneté de son histoire, de son poids en Europe, mais aussi des liens qu'elle a su tisser avec les peuples en développement, aura un rôle essentiel à jouer.
Prenons bien garde néanmoins d'accabler ceux qui occupent le vide que nous n'avons pas su combler. Si nous ne sommes pas encore parvenus à instaurer un nouvel ordre mondial, c'est aussi, c'est surtout parce que l'Europe s'est montrée incapable de s'organiser, politiquement, militairement, diplomatiquement.
Et les choses s'annoncent encore mal. Alors que nous nous approchons de l'échéance fixée pour la monnaie unique, identifiée depuis longtemps par tous les beaux esprits comme la consécration d'une apothéose, le rêve européen paraît toujours bien incertain...
Sur l'origine de cet état de fait, je garde mes convictions : c'est dans les pires conditions et au plus mauvais moment qu'il a été décidé de faire la monnaie unique. Du coup, tout se sera passé, tout se passe comme si quelque esprit malin avait voulu démontrer que la construction de l'Europe était incompatible avec le progrès économique et social. Etonnons-nous après que les peuples se montrent quelque peu réservés !
Ce choix n'en a pas moins été fait. Il faut s'y tenir. En disant cela, je ne renie pas mon combat passé qui fut aussi celui de bon nombre d'entre vous. Je constate simplement que la France a démocratiquement décidé et que sa parole est sacrée. Cet engagement néanmoins ne suppose pas que l'Europe avance de façon somnambulique vers l'abîme au nom d'on ne sait quelle mystique monétaro-technocratique.
Le contexte dans lequel nous nous sommes retrouvés suffit à expliquer les difficultés traversées. Je lui vois trois caractéristiques majeures.
Il y a d'abord l'accélération du processus de la mondialisation. La mondialisation, c'est-à-dire l'abaissement des barrières commerciales, la libération des mouvements de capitaux et le développement des marchés financiers, a été saluée, en son temps comme le triomphe de la « main invisible », ou celle de l'ex-commandant Sylvestre, de la World Company, propre à assurer un optimum planétaire généralisé, puisque le bien-être des peuples devait découler en bonne logique de la plus pure rationalité économique...
Il a vite fallu déchanter. Les experts les mieux avertis ont bien été obligés de constater les effets déstabilisateurs des marchés de capitaux, les impuissances nouvelles des politiques nationales, les contradictions innombrables du système.
J'observe que l'Europe a subi le phénomène bien plus qu'elle n'a cherché à le dominer. Nous en voyons le résultat : montée inexorable du chômage, croissance ralentie, recul démographique, augmentation irrépressible des dépenses sociales, elle-même liée à la montée du chômage, car c'est le chômage qui est le principal responsable de la hausse des dépenses publiques, qui à leur tour, vont l'aggraver.
Deuxième élément du contexte, élément lié sans doute au précédent l'apparition de tendances déflationnistes.
Après que le mot même de déflation eut été longtemps tabou, tout le monde, ou presque, finit par y avoir recours.
Pour autant, après tant d'années passées à lutter contre l'inflation, toutes les théories, toutes les méthodes, toutes les procédures demeurent tournées contre celle-ci. C'est tout l'esprit du traité de Maastricht qui est anti-inflationniste. C'est une bonne part de l'explication de ses fameux critères.
L'ennemi n'est plus le même, mais le dispositif reste inchangé. On ne comprendrait rien à l'affaire des taux d'intérêts si on n'avait pas à l'esprit ce décalage.
Les gouvernements souhaitent la baisse des taux pour pouvoir lutter plus efficacement contre le chômage. On leur refuse fa baisse radicale qui est nécessaire au nom de la lutte contre l'inflation. Le problème est que le chômage est une réalité. Alors que le risque d'inflation n'est plus d'actualité au moins chez nous.
Enfin, troisième et dernier élément d'explication du contexte. Nous nous sommes retrouvés ces dernières années calées monétairement sur l'Allemagne alors que, pour des raisons tenant à sa réunification, elle continuait, pour sa part, à connaître des tensions inflationnistes et que la Bundesbank se comportait en conséquence. Et nous nous sommes retrouvés ainsi à contrecycle.
Dès lors, on ne saurait s'étonner que la marche vers la monnaie unique apparaisse si souvent comme un chemin de croix.
La monnaie unique a été conçue dans une perspective technocratique. On a voulu en faire une fin en soi. Comment éviter, dès lors, que la construction européenne, confrontée aux difficultés impliquées par sa mise en œuvre dans un contexte défavorable, se soit trouvée livrée au désarroi ?
La monnaie est un outil, rien de plus, et n'a de sens que si elle relaie l'expression d'une volonté qui, elle-même, par essence, ne peut être que politique.
Le temps est donc venu, pour arracher l'Europe à cette dérive, qui pourrait bien compromettre le grand projet européen lui-même, d'adopter une démarche radicalement nouvelle, la seule qui vaille : celle du politique.
Ce n’est que dans la mesure où elle sera un outil mis à la disposition d'un pouvoir politique déterminé, que la monnaie unique permettra à l'Europe de peser dans le monde et d'apporter un peu d'ordre dans les rapports monétaires internationaux. (Mots illisibles !) facile tant les États-Unis ont pris dans ce domaine de mauvaises habitudes. Il est vrai que leurs dirigeants n’ont pas d’état d’âme monétaire et se refusent à la pratique de la monnaie forte ou même de la monnaie stable. Voilà une évidence que les « Idolâtres » du modèle américain mettent rarement en avant ! Dotée de la monnaie unique, l'Europe serait-elle prête à user de l'Euro comme les États-Unis usent du Dollar ? Voilà une question qu'il conviendrait de poser à nos partenaires et d'abord au premier d'entr'eux ! Parce que c'est une question capitale.
Il faut donc faire, dès maintenant, de la politique, de la vraie politique.
Il est urgent en effet de faire en sorte que le marché vers la monnaie unique ne soit plus incompatible avec la croissance. Si l'on s'en donne les moyens, les deux démarches ne sont pas forcément incompatibles. (Mots illisibles !) stimulation monétaire raisonnable, et de retrouver des taux de change réalistes tant à l'intérieur de l'Europe que vis-à-vis du reste du monde. Parallèlement, en réorientant le financement des aides publiques, nous pourrons rechercher de nouvelles formes d'activité, générant de vrais emplois susceptibles de répondre à des besoins sociaux que ne peut susciter la seule logique marchande.
Cette nouvelle approche, désormais résolument politique, serait pour l’Allemagne aussi l'occasion d'adapter sa stratégie. Et la Bundesbank, me dira-t-on ? Dois-je rappeler ici que cette fameuse Bundesbank était hostile à la parité du mark de l'ouest et du mark de l'est. Pourtant, le chancelier Kohl est passé outre... L'enjeu aujourd'hui n'est pas moins important.
Voilà qui nécessite que les Européens sachent clairement quelle Europe ils veulent construire. Une Europe dont les institutions soient réellement démocratiques, une Europe qui soit capable d'assurer sa propre défense, et apte à participer au règlement des problèmes internationaux, qu'ils se manifestent à l'extérieur ou, plus encore, sur son propre sol. Une Europe qui ne se divise pas à nouveau, pour des problèmes de calendrier...
Mais il nous faut surtout et avant tout, car tout en découle, une Europe qui prenne conscience de sa personnalité propre, et des valeurs qui fondent son organisation sociale, qui fondent même - pourquoi ne pas le dire ? - sa civilisation, ce qui nous entraîne bien plus loin que cette fameuse « Europe sociale » qui a pourtant fait couler tellement d'encre.
L'Europe se doit d'offrir un nouveau projet de société, puisque le modèle social de l'après-guerre est incontestablement en crise. Mais cela ne signifie pas qu'elle doive renoncer à ses principes et à ses valeurs. Si l'Europe les renie, si notamment elle tire un trait sur les valeurs de solidarité, si elle reste passive devant les transformations économiques du monde, si elle ne produit pas l'effort d'imagination capable de résoudre le problème du chômage tout en répondant aux défis de la mondialisation, alors cette Europe sera rejetée par les peuples, avec toutes les conséquences que cela pourra porter pour l'avenir et la prospérité du continent, et le bien-être de ses habitants.
Non, l'Europe ne doit pas oublier ce qu'elle est, glisser vers l'abandon, et s'engager, insensiblement, sur le chemin d'une nouvelle servitude.
Mes chers compagnons,
Il dépend de nous que la France ressemble à ce que nous voulons qu'elle soit.
Une France fidèle à elle-même, fidèle à ses ambitions, fidèle à sa vérité.
Alors, n'écoutons pas ceux qui murmurent que face aux marchés, face aux contraintes internationales, notre marge de manœuvre est nulle.
N'écoutons pas l'éternel discours de ceux que de Gaulle appelait les « neurasthéniques à vie, les trotte-menu de l'abandon, les fuyards professionnels ».
N'écoutons pas ceux qui n'ont ri n à proposer, sinon de faire don, à nouveau, de leur personne à la France...
Ceux-là n'assument même pas leur propre héritage, dont ils sont si peu fiers, qui l'ont soumis, expressément, de leur propre chef, au bénéfice de l'inventaire.
Ceux-là spéculent sur le manque de mémoire des Français.
Ceux-là se préparent, avec gourmandise, à revenir aux affaires sans projet, ni perspective...
Ils ont le front de dénoncer un pouvoir qui serait, selon eux, né dans le mensonge puisqu'il aurait eu l'audace insensée de dire aux Français qu'ils devaient avoir confiance dans la France.
Ils ont le front de se transformer en procureurs d'une Europe qu'ils trouvent bien peu sociale alors qu'ils ont pourtant contribué à la fonder telle qu'elle est.
Ils ont le front de découvrir une fracture sociale qu'ils avaient pourtant fort bien su creuser.
Eh bien, quitte à les décevoir, qu'ils sachent bien qu'ils ne se préparent pas à une marche triomphale. Nous serons là.
Nous savions la tâche immense que Jacques Chirac aurait à accomplir au cours de ce septennat.
Eh bien, Jacques Chirac peut compter sur nous ! Sa tâche ne sera pas interrompue ! Nous serons là.
Intervention de Monsieur Jean-François Mancel
Chers amis,
Chers compagnons,
Je ne vous cache pas que l'année dernière, à peu près à la même époque, j'étais bien triste d'inaugurer ma première année de secrétaire général du Mouvement sans Universités d'été. Et je sais bien que chez beaucoup d'entre vous, pour ne pas dire chez chacune et chez chacun d'entre vous, il y avait le même sentiment. Mais, comme vous le savez, nous organisions, quelques semaines après, nos Assises, et on ne pouvait pas télescoper deux événements de cette importance C'est la raison pour laquelle nous avons décidé, même si cela a été fait dans la tristesse, de remettre à 1996 cette rencontre très importante pour notre mouvement, qui vous est très chère au cœur et qui, aujourd'hui, n'est plus une Université d'été mais est devenue notre première Convention nationale des jeunes RPR.
C'est d'autant plus rassérénant de vous retrouver aujourd'hui, que, dans le monde politique qui est le nôtre, où les croche-pieds, les coups de pieds, les mauvais coups font partie du chemin quotidien de ceux qui assument les responsabilités, il est toujours profondément rassurant, de trouver des cœurs et des âmes comme les vôtres, qui n'ont qu'une espérance, celle de servir leur mouvement, leurs convictions, et leur pays.
Merci, merci du fond du cœur, chers compagnons, merci de cette extraordinaire foi que vous mettez au service de vos idées. C'est grâce à elle, sans aucun doute, que Jacques Chirac a remporté sa victoire à l'élection présidentielle. Vous en avez été les artisans quotidiens.
Mais nous sommes à Troyes et je voudrais commencer par dire à Robert Galley à quel point je suis heureux. Il a passé le relais de la fonction de maire de Troyes à notre ami François BAROIN, montrant ainsi comment les générations gaullistes savent assurer le relais. Et ce n'est pas toujours le cas en politique. C'est un symbole très fort.
Et je voudrais aussi dire à Robert Galley à quel point sa place est bien là, au milieu des jeunes. Il reste le symbole de notre histoire gaulliste. Compagnon de la Libération, ministre du Général, il a gardé une attitude et un comportement aussi juvéniles que celui de chacun et de chacune d'entre vous. Je suis toujours admiratif de voir Robert Galley, à l'Assemblée nationale, se passionner pour tous les sujets, et notamment bien sûr pour ce qui concerne tout particulièrement la région qu'il représente, avec le même enthousiasme, la même énergie que s'il venait d'arriver à l'Assemblée nationale depuis quelques semaines et comme s'il y faisait ses toutes premières classes.
Robert, tu es un exemple pour nous, et ça nous fait très plaisir de te compter ici parmi nous au premier rang.
J'ai parlé de Robert Galley et je vais maintenant vous dire un mot rapide de son successeur. On pourrait dire un mot et de longues phrases, mais François est quand même assez extraordinaire. Il a 30 ans et à 30 ans il a déjà derrière lui une carrière politique dont pourraient rêver des centaines d'élus des quatre coins de la France. Plus jeune ministre de la Ve République, benjamin de l'Assemblée nationale, porte-parole émérite de Jacques Chirac dans la campagne présidentielle, François Baroin est un garçon qui, malgré tous ses titres, qui auraient pu lui gonfler un peu la tête - c'est arrivé à d'autres - est resté extrêmement simple.
Alors François, du fond du cœur, au nom de toutes celles et de tous ceux qui sont ici, je te souhaite le destin que tu mérites, pour notre mouvement et pour notre pays.
Quelques mots aussi pour mes deux acolytes, organisateurs de cette Convention nationale.
Philippe Briand et Nourdine Cherkaoui ont été le duo organisateur de la fantastique journée de Bercy. Beaucoup d'entre vous l'ont encore en mémoire. Cela a vraiment été un très grand moment de la campagne présidentielle et c'est resté un superbe souvenir.
Quant à Nourdine, les liens très profonds d'amitié, d'estime, qui existent entre lui et vous, sont tout à fait l'illustration de ce qu'il est maintenant depuis plusieurs années, pour le Rassemblement pour la République, pour notre mouvement, pour Jacques Chirac bien sûr, pour Alain Juppé tout autant : un garçon d'un dévouement, d'un enthousiasme, d'une disponibilité sans bornes. Nourdine est un garçon qui y croit, qui se bat pour ses convictions, et qui le fait lui aussi avec beaucoup de simplicité, sans chercher à se mettre en valeur, uniquement en essayant de faire triompher ses idées et celles et ceux qu'il soutient.
Nourdine, je voulais te dire merci du fond du cœur, au nom du RPR, pour les services que tu nous as rendus, notamment pour tous ces jeunes qui sont ici aujourd'hui.
Et puis enfin - je les associerai tous dans le même remerciement - merci à toutes celles et tous ceux, connus ou moins connus, que ce soit l'équipe de la rue de Lille, que ce soient ceux qui, autour de François, ont organisé cette journée. Ils ont, une nouvelle fois, fait la démonstration, ici, à Troyes, qu'ils étaient capables de préparer pour les militantes et militants du Rassemblement que vous êtes, une très belle manifestation dans un cadre superbe.
Je voudrais, en ce qui me concerne, essayer de répondre tout simplement à deux questions.
Première question : qu'attendez-vous de nous ?
Et puis je voudrais répondre aussi à une autre question : nous, responsables du mouvement, qu'attendons-nous de vous ?
À la première question, je vous propose une première réponse : je crois que vous devez être traités d'égal à égal.
J'ai connu l'époque, déjà lointaine, lorsque j'avais votre âge, où les jeunes étaient considérés juste quand il fallait faire la claque ou soutenir un candidat dans une campagne électorale. On venait nous chercher et on nous demandait de nous mobiliser, mais quand il s'agissait d'assumer la moindre responsabilité, de vouloir être candidat à quelque chose, on vous faisait comprendre que vous aviez joué votre rôle, que ce rôle était accompli jusqu'à la prochaine échéance, et que le coup de sifflet viendrait pour vous inciter à revenir lorsqu'on aurait de nouveau besoin de vous.
Il est vrai que les choses ont beaucoup changé. Il est vrai que la manière dont Jacques Chirac, en tant que Président et Alain Juppé, en tant que secrétaire général, ont animé notre Mouvement, a fait progresser dans des proportions considérables l'attention et le sens des responsabilités que nous avions à l'égard de toute cette jeunesse qui vient nous rejoindre régulièrement. Mais il faut, je crois, continuer d'avoir très profondément chevillée dans l'esprit, l'idée que vous n'êtes pas des supplétifs du mouvement mais que vous êtes des militants à part entière.
Je suis persuadé qu'aucune formation politique nationale n'est capable aujourd'hui de présenter un nombre de jeunes aussi enthousiastes, aussi dévoués, aussi forts de leurs convictions, que le Rassemblement pour la République.
Traiter d'égal à égal, ça veut dire aussi, et ça sera la deuxième réponse que je vous propose, vous permettre d'occuper toutes les places qui vous reviennent. C'est la concrétisation de ce que je viens de vous dire. Je m'attache avec toute l'équipe qui m'entoure à veiller quotidiennement à ce que dans nos fédérations vous puissiez assumer de véritables responsabilités. Des responsabilités au sein des jeunes RPR, mais aussi, comme le font les plus anciens, pour ne pas dire les plus vieux, les mêmes responsabilités : secrétaire de circonscription, secrétaire départemental. De plus en plus, il sera indispensable que nous vous permettions d'accéder à tous ces postes. Je peux vous assurer - que j'y veille au quotidien.
Mais ça veut dire aussi, chers compagnons, aller plus loin. Je sais bien que ce n'est pas toujours facile parce que vous êtes à cette période de la vie où vous vous préparez à assumer, pour la plupart d'entre vous, les responsabilités de l'adulte que vous êtes en train de devenir. Votre destin n'étant pas fixé, les études, le choix d'un travail, le lieu de la profession, rendent parfois plus difficiles l'installation locale qui permet à accéder à des mandats électoraux. Cela étant, il nous appartient aussi de vous faire, sur les listes, lorsqu'on désigne des candidats, la place qui vous revient. Je prends l'engagement d'y veiller tout autant.
Je vais vous donner un petit conseil en passant, mais ne le répétez pas à l'extérieur. On ne peut pas non plus préparer pour chacune et chacun d'entre vous un lit douillet avec un mandat à la clef. Donc, si parfois il faut pousser un peu, n'hésitez pas à le faire, car, sinon, on vous dira souvent, « vous serez bon pour la prochaine fois ».
Vous traiter d'égal à égal, vous permettre d'occuper les responsabilités, notamment électives, qui doivent vous revenir, je crois que ce sont deux réponses fortes que la direction de notre mouvement peut faire à chacune et chacun d'entre vous.
Seulement vous êtes jeunes et vous avez sans doute besoin, plus que d'autres, de trouver dans la politique des raisons d'espérer. C'est une responsabilité forte qui pèse sur nos épaules : vous donner, dans la politique que nous soutenons, dans la politique que nous menons, des raisons d'espérer.
C'est sans doute l'une des difficultés majeures à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui, puisque nous vivons dans une société où, vous le savez bien - le Président de la République le dénonçait encore récemment - il y a une sorte de morosité qui s'est installée et qui est devenue finalement plus une mode qu'une réalité profonde. Les pessimistes professionnels ont aujourd'hui un véritable slogan. Nous en sommes au : « je doute, donc je suis ».
Est-ce en définitive une évolution nouvelle dans notre pays ? Je n'en n’ai pas le sentiment. J'ai l'impression que si vous regardez un peu ce qu'a été notre Histoire dans une période relativement récente, c'est-à-dire tout ce qui a pu être couvert par l'Histoire du gaullisme, vous vous apercevez que cette vieille tentation du renoncement, cette vieille tentation du « à quoi bon ? », c’est tout ce à quoi le gaullisme a voulu répondre. C’est exactement ce qui se passait le 18 juin 1940 où De Gaulle, presque seul, soutenu par quelques-uns, n’a pas hésité à afficher son refus, et c’est exactement ce qui s’est passé, en mai 1958, lorsque, devant le délabrement de la IVe République, nous avons de nouveau, nous, gaullistes, refusé les chemins du renoncement.
Eh bien je crois que nous sommes, de nouveau, dans une période comparable. La France a toujours hésité entre ces démons qui l’attirent vers le bas, qui attirent les Français vers cette idée de renoncer. En contrepartie, il s’est toujours trouvé au cours de ces dernières décennies - ce sont d’abord le général de Gaulle, puis ses successeurs les gaullistes, qui les ont incarnés - des hommes et des femmes pour refuser et pour dire : « si nous en avons la volonté, si nous en avons le courage, nous pouvons relever tous ensemble, nous Français, n’importe quel défi ! ».
C’est cela qui doit aujourd’hui vous donner des raisons d’espérer. Car vous êtes gaullistes et c’est le fondement même du gaullisme que de refuser le renoncement pour son pays.
Voilà, mes chers compagnons, le chemin suivi par Jacques Chirac et Alain Juppé depuis mai 1995. Celui du refus du renoncement. Il aurait été facile finalement, en 1995 de choisir la voix de la démagogie du quotidien. Le Président de la République aurait pu dire à son Premier ministre, « nous avons une échéance électorale d’ici 2 ans 1/2 en mars 1998, pour l’affronter dans des conditions qui ne soient pas trop mauvaises on va essayer de faire durer, et nous allons continuer sur les mauvais chemins empruntés pendant 14 ans de socialisme présidentiel et 10 ans de gouvernement socialiste. On va boucher ici un petit trou et un autre là, ça ira cahin caha, jusqu’à l'échéance électorale et nous ne risquerons pas d’être affrontés aux critiques, ou au mécontentement d’un certain nombre de nos concitoyens. » Ça c’est la politique qui a été menée pendant toute la période socialiste.
Eh bien non, en Gaullistes, Jacques Chirac et Alain Juppé ont décidé de prendre en charge la responsabilité forte de redresser le pays, et donc de mettre un terme à cette terrible dérive dont nous souffrions depuis presque une quinzaine d’années.
C'est cela je crois que nous devons aujourd’hui bien comprendre dans la politique qui a été menée. C'est cela que nous devons expliquer à nos concitoyens. Et c’est cela encore qui justifie que nous ayons des raisons d’espérer.
La meilleure preuve de ce que je viens de rappeler, c'est ce qu'a annoncé hier Alain Juppé. La baisse très forte de l'impôt sur le revenu - comme vous l'avez constaté, 25 milliards de francs dès 1997 - est bien sûr un signe fort pour la reprise de l'activité économique. Elle est bien sûr également importante parce qu'elle est juste, parce qu'elle va permettre à toutes ces familles qui appartiennent aux classes moyennes de voir enfin reconnus les efforts qui sont les leurs pour contribuer au développement de l'économie nationale.
Mais je crois qu'elle sera aussi très importante parce que c'est l'illustration de la démarche extraordinairement courageuse qui a été suivie par Jacques Chirac et par Alain Juppé. D'abord remettre le pays en ordre, rebâtir, reforger en quelque sorte les fondations de la maison France et ensuite concrétiser un à un les engagements forts qui ont été pris pendant la campagne présidentielle. Et c'est enfin une réponse très claire, très précise à toutes celles et à tous ceux qui en doutaient.
Le premier engagement pris par Jacques Chirac, qui était de baisser les prélèvements obligatoires, a trouvé dès hier soir, par la voix d'Alain Juppé, sa concrétisation : engagement pris, engagement tenu.
C'en est fini du tonneau des Danaïdes des socialistes, qui demandaient en permanence des efforts, des sacrifices, de leur donner un peu plus par des cotisations supplémentaires ou par des impôts supplémentaires et qui ne renvoyaient en quelque sorte jamais l'ascenseur.
Bien sûr, on va les entendre grogner - on les a déjà entendus - ceux qui n'ont plus aucun souvenir de leur passé, qui n'ont aucune capacité à imaginer un avenir et qui, dans cette situation, se disent qu'après tout la meilleure solution c'est de crier le plus fort possible pour, au moins, faire croire qu'ils ont un présent. C'est ce que vous entendez à travers Monsieur Jospin ou bien d'autres. Si encore ils en avaient le talent, on pourrait parfois croire que ce sont des Cassandre, mais c'est plutôt le schtroumpf grognon.
Si nous avons - et ça été pour nous, c'est vrai, un grand moment - conquis, grâce à nos extraordinaires sportifs, autant de médailles aux Jeux Olympiques, les socialistes avaient déjà raflé des paquets de médaille d'or, médailles olympiques dans tous les domaines où ils ont si bien réussi : champions du déficit budgétaire, champions de l'endettement champions des hausses d'impôts, champions du chômage, champions de la mauvaise gestion, champions de l'insécurité, champions de l'immigration clandestine.
Avec ça, Jospin baisse la tête à force d'avoir autant de médailles qui pendent autour de son cou !
Chers compagnons, deuxième question qu'attendons-nous de vous, de chacune et de chacun d'entre vous ?
Là encore, trois réponses, si vous le permettez. La première c’est d’être vous-mêmes. Soyez vous-mêmes.
C’est vrai que ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile dans une société où aujourd’hui, il y a une uniformisation des modes, des styles, des manières de penser, qui s’impose de plus en plus. C’est un danger considérable contre lequel vous devez véritablement vous rebeller. N'hésitez jamais à être vous-mêmes. Dites-vous bien qu'il n'y a aucune raison de vous couler dans un moule préfabriqué, dans lequel vous devriez vous installer.
Vous êtes porteurs d'une extraordinaire richesse d'innovation, d'imagination. Faites-en preuve en permanence.
Et ce n'est pas non plus parce que vous avez choisi la politique qu'il faut vouloir imiter vos aînés, bien au contraire. Vous avez votre propre pierre à apporter. Soyez donc révolutionnaires. N'hésitez pas à l'être. N'hésitez pas le cas échéant, si vous considérez que c'est nécessaire, à nous engueuler et à nous dire que nous ne prenons pas le chemin de la politique qui correspond à ce que vous attendez.
N'hésitez pas à débattre. C'est votre rôle et sachez bien que jamais on ne vous le reprochera, à partir du moment où se sera fondé sur des arguments solides auxquels vous croyez.
En un mot, n'essayez pas de vous vieillir, assumez pleinement l'extraordinaire condition qui est la vôtre.
Certes, ce n'est pas parce qu'il faut être soi-même et qu'il faut affirmer sa personnalité, son originalité, sa spécificité, qu'il faut pour autant vouloir un peu trop tirer la couverture à soi et avoir tendance à faire ici, là ou ailleurs, des numéros personnels. Dans une équipe, quelle qu'elle soit, sportive ou politique, je crois que ceux qui jouent trop perso nuisent à la réussite collective. Notre mouvement est un lieu formidable de débats. Vous avez été très largement associés à certains d'entre eux : sur le service national - autre engagement tenu par le Président de la République - ou la réforme de l'enseignement supérieur.
Il y a eu bien d'autres débats organisés au sein du RPR depuis 1995, et chacun a pu s'y exprimer totalement. Je crois donc que c'est à l'intérieur de sa famille, qu'il faut parler, qu'il faut débattre, qu'il faut s'expliquer.
Mais je ferme la parenthèse : en définitive ça ne vous concerne pas ; tout ça ce sont des histoires de vieux.
Je voudrais vous dire aussi qu'il faut que vous soyez courageux. Il faut que vous soyez courageux parce que nous vivons une période extraordinairement dure. Ma génération a été une extraordinaire génération de privilégiés. Nous n'avons connu ni la guerre, ni le chômage, ni le SIDA, ni la drogue. Nous avons eu cette chance de nous intercaler entre ceux qui ont connu la guerre d'Algérie, la deuxième guerre mondiale, et puis vous, qui êtes confrontés aux nouveaux drames de la société contemporaine.
Donc je crois qu'il est de notre responsabilité de savoir vous entendre et de savoir vous écouter. C'est la raison d'ailleurs pour laquelle j'ai tenu, avec Nourdine et avec Philippe, à ce qu'il y ait, au cours de cette Convention, une discussion sur les peurs d'aujourd'hui.
Il faut également être extrêmement courageux en politique. Car la tentation aujourd'hui de la politique, c'est-à-dire le dévoiement de la politique, c'est finalement l'absence de courage. Se dire, en un temps où il faut que le message passe en très peu de secondes, sur les médias, en un temps où il y a une pression de l'opinion publique qui s'exerce en permanence sur les responsables politiques : « ne faut-il pas en définitive dire ce que les gens attendent plutôt que de parler de ses convictions et d'essayer de les mener à bien ». C'est pourtant çà le courage en politique, et c'est çà finalement le symbole même du gaullisme.
Alors soyez courageux. En politique il faut savoir écouter les autres, il faut savoir, grâce à cela, forger ses propres convictions et ensuite il faut les appliquer et les mettre en œuvre.
C'est exactement le chemin qu'ont choisi Jacques Chirac et Alain Juppé. C'est aussi le sens même du gaullisme et je ne résiste pas à vous rappeler une phrase d'un homme dont la disparition cet été nous a tous fait très mal, Michel Debré, compagnon gaulliste s'il en est :
« Le gaullisme c'est l'effort personnel, l'effort national, l'effort de la pensée, l'effort de l'intelligence, l'effort du travail »
C'est la raison pour laquelle je vous demande d'être courageux, et je sais que vous l'êtes : je vous ai suffisamment vu à l'œuvre. Il faut être courageux aussi, mes chers compagnons, pour expliquer la politique que nous menons, car c'est vrai que cette politique n'est pas facile à expliquer. Il faut aller expliquer à nos concitoyens que nous avons dit tout faire à la fois et de toute urgence. Il a fallu à la fois boucher les trous du passé, il a fallu entamer toutes les réformes qui n'avaient pas été menées pendant des années et des années et c'est la raison pour laquelle nous traversons sans aucun doute la période la plus difficile du premier septennat de Jacques Chirac.
Nous avons besoin de chacun et de chacune d'entre vous pour aller l'expliquer sur le terrain, à nos concitoyens. Et des voix émanant de jeunes gens, de jeunes garçons et de jeunes filles, seront certainement beaucoup plus entendues dans la France qui est la nôtre aujourd'hui que si elles émanent des plus anciens d'entre nous. C'est une mission essentielle que je vous demande de continuer d'accomplir sur le terrain sans relâche.
Dites-vous bien aussi que cette politique que nous menons, c'est cependant le seul moyen de redonner à la France sa voix, de redonner aux Français l'espérance. Alors soyez courageux, allez l'expliquer tout autour de vous.
Et puis enfin, soyez imaginatifs.
Sachez, comme disait de Gaulle, « épouser l'avenir ». Nous allons montrer aux Français que notre capacité de renouvellement, d'imagination, n'est jamais émoussée et vous serez au premier rang puisque dans les 17 rencontres qui vont constituer, durant ces 3 jours, notre Convention nationale, nous allons vous demander de faire les premières propositions qui seront à l'origine du projet du Rassemblement pour la République - et puis - après concertation et discussion avec nos partenaires de l'UDF - celui de toute la majorité, pour gagner ensemble, sur un projet positif, sur un espoir et un avenir pour les Français, l'échéance de 1998.
Soyez imaginatifs.
Dites-vous bien que c'est à vous, de construire ce monde qui vient. Dites-vous bien que le XXIe siècle c'est déjà une page qui se tourne dans la vie de nous tous qui exerçons ici des responsabilités, et que c'est ensemble que nous devons bâtir le monde dans lequel vous allez assumer demain vos responsabilités d'adultes. Soyez imaginatifs et soyez-le pleinement.
Chers compagnons, je vous ai demandé d'être courageux, d'être imaginatifs, je vous ai demandé d'être vous-mêmes et d'être fidèles aux convictions qui sont les vôtres. Il est bien évident que, quand on est jeune on a besoin d'exemples, et on peut les trouver très facilement chez ceux qui, aujourd'hui, incarnent nos valeurs, et incarnent nos convictions : Jacques Chirac et Alain Juppé.
Je crois que vous le ressentez comme moi, quelles que soient les difficultés du pays, quelles que soient les critiques qu'on peut entendre ici, quelles que soient les attaques que l'on peut subir : depuis que Jacques Chirac est Président de la République, je me sens de nouveau heureux et fier d'être Français. Il a su également montrer que le rôle d'un responsable politique au plus haut niveau, d'un Président dans la Ve République, ce n'est pas de pratiquer ce que j'appelais tout à l'heure la démagogie au quotidien, mais c'est au contraire de fixer une ligne et de la suivre jusqu'au bout. C’est exactement d'ailleurs ce que Jacques Chirac a fait dans sa campagne présidentielle de 1995.
Tu te souviens Robert, tu te souviens François, le 21 janvier 1995, nous étions ici à Troyes, c'était la première rencontre de Jacques Chirac avec les élus locaux. Nous étions au creux de la vague, c'était à la veille des premiers frémissements du redressement. Mais si à l'époque on n'y avait pas cru, si on n'avait pas considéré que la ligne qui avait été suivie, qui était celle tout simplement de la défense et de la promotion de nos convictions, était la bonne, nous aurions certainement plié bagages et on se serait arrêté là. Et bien non, nous avons continué, avec la même détermination. C’est exactement ce que fait Jacques Chirac, c'est une fantastique leçon de courage qu'il nous donne et, pour cela encore, nous devons être fiers de l'avoir comme Président de la République.
Il a su également, et je crois que c'est bien ressenti par les Français, après deux septennats d'une Présidence de marbre, instaurer une présidence du cœur.
À travers la France, dans ses déplacements, les Français le ressentent bien tel qu'il est. Il incarne aux quatre coins du monde la voix du pays, la voix de la patrie, la voix du peuple français, mais en même temps il est resté disponible, attentif, à l'écoute de ses concitoyens, et aussi simple que lorsqu'il n'assurait pas la magistrature suprême.
Pour tout ça, et même si, en gaulliste, il a su s'éloigner des responsabilités politiques qui étaient les siennes - car il est aujourd'hui le Président de tous les Français - je crois qu'on peut avoir une pensée forte, de respect, de soutien et d'affection pour Jacques Chirac.
Alain Juppé, lui aussi, mérite notre affection, notre respect et notre soutien. Tout simplement parce qu'il incarne également ces valeurs fortes qui font le gaullisme, qui nous rassemble.
Plus fidèle que lui à ses idéaux, plus fidèle que lui à Jacques Chirac, il n'y a pas. Plus courageux que lui pour assumer la responsabilité de mettre en œuvre la politique définie par le Président de la République, il n'y a pas non plus.
Et Dieu sait pourtant qu'il n'a été épargné par personne. On ne lui a fait aucun cadeau depuis qu'il est arrivé à Matignon en 1995. Les coups les plus durs, pour ne pas dire, parfois, les plus bas, lui ont été assénés. Il n'a jamais faibli. Il a gardé la droiture qui est la sienne, il a gardé le courage qui est le sien, il a gardé la volonté qui est la sienne. Il a, je crois, fait la démonstration, dans ses responsabilités à Matignon qu'il a vraiment, au plus profond de lui-même, toutes les valeurs du gaullisme. Il a mis en œuvre, avec un courage indéfectible, quelles que soient les circonstances, la politique de redressement du pays. Il n'a jamais cherché, par un biais ou par un autre, à essayer de soigner un peu son image. Il a été celui qui assumait la responsabilité qui lui avait été confiée.
Alain Juppé est en train de bâtir, dans les lignes tracées par Jacques Chirac, la France de demain. C'est celle-là dans laquelle, je le disais tout-à-l’heure, vous allez exercer vos responsabilités d'adultes. Encore faut-il que nous soyons capables de l'imaginer encore meilleure pour l'ensemble des Français, encore faut-il que nous soyons capables, tous ensemble, de franchir victorieusement l'échéance de 1998. Car il est bien évident que c'est au gré des échéances politiques nationales que l'on nous juge. Et le seul jugement que nous attendons de nos concitoyens ce n'est pas le sondage de demain matin et d'après-demain, ce sont les bulletins qu'ils mettront dans les urnes en mars 1998.
C'est cela que nous, formation politique, nous devons préparer d'arrachepied. Je suis convaincu que nous serons tous ensemble au coude à coude en mars 1998, pour gagner l'échéance essentielle pour la poursuite du septennat de Jacques Chirac et que nous serons, comme l'avons toujours été, aux côtés d'Alain Juppé et de Jacques Chirac.
Merci, merci à chacune et à chacun d'entre vous. Le gaullisme peut être fier de vous.
Convention nationale des jeunes du Rassemblement pour la République (samedi 7 septembre 1996)
Intervention de M. Jean-Louis Debré, ministre de l’intérieur
Mes Chers Compagnons,
En posant d'emblée la question « dans quelle nation voulons-nous vivre ? », votre convention se place au cœur du débat politique actuel.
Qui ne voit en effet, que tous les grands défis auxquels la France est aujourd'hui confrontée, défis de la croissance et de l’emploi, de la sécurité et de l’immigration, de la cohésion et de la justice sociale, de la place de notre pays dans le monde et de son rôle dans les relations internationales, nous ramènent à la question fondamentale de la Nation.
Pour nous gaullistes, la Nation n'est pas réductible à une identité, à un folklore, à un particularisme.
La Nation est le cadre naturel de l'exercice de la souveraineté et donc la base indestructible de l'action politique.
C'est pourquoi notre interrogation commune revêt aujourd'hui un caractère angoissé.
Y-a-t-il place dans le monde qui se construit pour la Nation et donc pour la France ?
Y-a-t-il place dans les relations internationales, dans les échanges économiques, pour la souveraineté et donc pour la France ?
Y-a-t-il place, dans la mondialisation des phénomènes, dans l'émergence de pouvoirs transnationaux ou infra-nationaux pour l'État Républicain, pour une France Républicaine ?
Bref, y-a-t-il encore un rôle pour la politique et une dignité pour les hommes publics ?
Ou sont-ils condamnés à n'être que les administrateurs passifs d'une gestion imposée, les accompagnateurs d'une évolution sociale inéluctable, les liquidateurs d'une idée en faillite : celle qui voit dans l'action collective le moteur du changement et du progrès, du refus de la fatalité et de la domination.
Cette angoisse, nous la portons et nous la ressentons plus que d’autres.
Parce que notre héritage historique et nos principes politiques nous interdisent de nous y abandonner.
Parce que nous exerçons aujourd'hui, la responsabilité du pouvoir.
De 1940 à 1945 - dans l'opposition la plus radicale comme dans la conduite des affaires de l'État - le fil d'Ariane du gaullisme n'est rien d'autre que la croyance dans la souveraineté comme réponse aux difficultés des temps.
À l'heure où nous détenons les leviers du pouvoir.
Alors même que les Français nous ont donné mandat il y a plus d'un an pour rétablir la primauté du politique, pour redonner au peuple le choix de son destin, et à la Nation la maîtrise de son avenir. Sommes-nous fidèles à ces exigences ?
Et notre action est-elle conforme à cette inspiration qui fonda tant de combats passés, suscita tant d'espérances et de promesses, et qui justifie notre présence ici pour préparer le futur ?
Ne croyez pas que ces questions soient le fruit et l'apanage d'une introspection militante, la raison d'être de politologues en quête d'idées. Qu'elles soient abstraites. Qu'elles ne concernent que l'avenir d'un parti ou même d'une majorité.
Les réponses que nous sommes et que nous serons capables d'y apporter intéressent tous les français.
Elles commandent notre avenir à tous.
Car avant de savoir dans quelle Nation nous voulons vivre, il faut déterminer si nous serons encore une Nation, si nous mènerons encore une politique, et si nous disposerons encore d'un État. La France peut-elle encore exister, avoir une politique originale et se construire autour d'un État capable d'imposer l'intérêt général ?
1. Il nous faut être une Nation indépendante
Mes Chers Compagnons,
Certains brûlent de voir disparaître la France comme puissance. Ils lui concèdent une histoire, un patrimoine, des richesses économiques et naturelles. Mais ils lui dénient l'essentiel : l'indépendance.
Eh bien, tel n'est pas notre cas.
Nous ne nous résignerons jamais à n'être qu'une province d'un grand village mondial ou d'un sous ensemble de la planète.
Nous n'acceptons pas d'être réduits à l'état d'un espace plus ou moins prospère ouvert à tous les vents et à toutes les influences.
Nous n'acceptons pas de devenir une simple auberge accueillant diverses communautés, qui se développeraient séparément s'ignoreraient les unes les autres, ou pire, se combattraient.
Je ne vois pas d'ailleurs ce qui, dans cette évolution, serait facteur de progrès et de modernité. À moins de considérer l'affaiblissement des solidarités entre les hommes, les tensions ethniques, le repli sur un confort personnel illusoire, ou le renoncement à se forger un avenir partagé comme la seule perspective promise à la jeunesse.
La vraie modernité, réside dans la renaissance des valeurs gui ont fait notre force et notre singularité.
Non pour y puiser je ne sais quel complexe de supériorité ou pour cultiver systématiquement une exception qui entraverait les évolutions nécessaires.
Mais au contraire pour bâtir, avec Jacques CHIRAC et Alain JUPPE, une « France pour tous », assurant à la fois la prospérité économique et la cohésion sociale, l'égalité des droits et des chances et la récompense des mérites.
Pour atteindre ces objectifs, ne nous y trompons pas, nous devons demeurer une Nation souveraine, libre de ses choix économiques et sociaux, libre de sa politique étrangère et de sa politique de défense, libre de ses institutions.
2. Une Nation capable de mener sa politique
Là et nulle part ailleurs se situe le sens de l'action du Président de la République et du gouvernement.
Depuis plus d'un an, que faisons-nous si ce n'est redonner à la France les marges de manœuvre que quelques quatorze années de négligence, de fatalisme ou de démagogie lui avaient progressivement enlevées ?
Lorsque Jacques CHIRAC décide de reprendre les essais nucléaires, de réformer notre Défense nationale, de faire entendre notre voix au Proche-Orient ou en Bosnie, il montre que la France peut tracer un chemin, son chemin, pourvu qu'elle ait une volonté.
Quand Alain JUPPÉ s'attaque aux corporatismes qui depuis vingt ans minent la société française et défont les fils de la cohésion nationale, il ne prouve pas seulement son courage personnel, il définit une politique collective et ambitieuse. La politique imaginée par la France et pour la France.
S'attaquer aux déficits n'est pas un impératif européen, imposé par des technocrates rigoureux à des citoyens récalcitrants. C'est une condition de l'indépendance.
Un pays perclus de dettes n'est pas un pays libre.
Un État qui doit emprunter pour rembourser ses dettes est un État asphyxié.
Une Nation qui consacre son troisième budget à honorer ses traites est une Nation à la crédibilité amoindrie.
Voilà ce que nous avons trouvé ! Voilà la situation que nous devions redresser ! Voilà la pente que nous remontons !
Il faut quand même rafraîchir la mémoire des JOSPIN, FABIUS et autres socialistes, plus forts à roucouler dans les salons mondains ou sous les lambris dorés, qu'à diriger avec sérieux notre pays. Ils nous ont légué un héritage peu glorieux.
Réformer de fond en comble la sécurité sociale ne répond pas à un objectif d'orthodoxie comptable mais à une exigence de justice, de transparence et d'égalité entre tous les Français.
Notre système de protection sociale - que nous devons au général de Gaulle, faut-il le rappeler - s'était progressivement sclérosé au point d'en devenir confus et inéquitable, de pénaliser la croissance et l'emploi.
C'est l'honneur du gouvernement d'Alain JUPPÉ que d'avoir refusé cette dérive quitte à en subir les retombées passagères.
Alors bien sûr, le courage ne paye pas toujours dans l'instant.
Faut-il pour autant y renoncer, aux noms des impératifs supérieurs de l'électoralisme et de la démagogie ?
Lorsque le cultivateur sème, les résultats ne parviennent pas immédiatement, mais sa récolte sera d'autant plus féconde qu'il aura bien travaillé la terre et préparé le terrain.
Notre politique a pour horizon le septennat ; pour ambition de mettre la France en situation d'affronter l'an 2000.
Y-en-a-t-il une autre ? Pas plus que je ne crois à la pensée unique, je ne crois à la politique unique.
Mais quand je me tourne du côté de la gauche, que vois-je ? M. JOSPIN, terne porte-parole d'un socialisme grisonnant, rejeté par les Français et condamné par l'histoire.
L'alternance socialiste, ce n'est pas l'autre politique, c'est la politique du pire.
Celle qui nous a menés à l'accroissement des inégalités, à la fabrication des exclus, au déclin de l'esprit civique, à la faillite économique et financière. Nous n'en voulons plus. Messieurs les socialistes, le rideau de l'histoire est tombé sur votre médiocrité et vos turpitudes.
Et quand je me tourne du côté de l'extrême droite, je vois M. LE PEN, opposant permanent depuis deux républiques, avec ses élucubrations sur l'inégalité des races, ses fantasmes sur l'équipe de France de football et ses calembours douteux.
Depuis toujours, l'extrême-droite est contre tous ceux qui sont pour et pour tous ceux qui sont contre. Elle profite aujourd'hui d'une médiatisation, qui loin de la desservir, lui permet d'exister. Scandaliser, exalter sa différence, dénigrer le système, cela fait peut-être capter un vote protestataire. Cela ne constitue pas une alternative politique.
Il y a également les éternels partisans de la politique du « Y-a-qu'à ».
Peu leur importe les réalités économiques, sociales, internationales. Ils n'ont à la bouche que le seul mot miracle « Y-a-qu'à ».
Le Docteur Honoris causa de cette politique étant ès qualité le secrétaire général du parti communiste.
Et puis il y a ceux qui veulent exister en prônant une autre politique dont ils seraient dispensés de définir les contours. Ceux qui conçoivent la politique comme une technique d'accession au pouvoir et qui se spécialisent dans la livraison des oracles.
Mes chers compagnons,
Être gaulliste c'est choisir les chemins de l'effort et de l'intérêt général. C'est garder le cap dans la tempête. C'est se souvenir qu'une France forte est une France bien gérée. Une France juste est une France capable de maintenir une protection sociale égale pour tous.
Être gaulliste, c'est œuvrer pour une France digne et respectée, maîtresse de son destin.
Ce que les Français ne feront pas pour leur pays, personne ne le fera à leur place.
Si vous, jeunes militants, renoncez à imaginer ensemble votre futur, d'autres en revanche, le feront à votre place. Il vous appartient donc sans cesse de reformer le lien entre le citoyen et la Nation Républicaine.
Chers Compagnons,
La France n'est pas seulement une Nation souveraine, elle est aussi un rêve d'avenir part.
La France n'est pas une ethnie, des groupuscules d'individus sans lien entre eux. Il y a plus de différences entre un Alsacien et un Breton, un marseillais ou un normand, qu'entre un Serbe et un Croate.
Mais l'alsacien, le breton, le marseillais et le normand ont tous la conscience d'appartenir à une même collectivité et de porter une même communauté de destins.
Choisir une Nation, c'est en accepter les lois. C'est respecter les règles qui régissent la vie commune.
Que penser alors de ces prétendues grandes consciences, faisant appel à la République et à ses principes pour légitimer la transgression de la loi ?
Que penser de ces prétendus responsables qui affirment leur volonté d'intégrer les étrangers et qui refusent la lutte contre l'immigration clandestine ?
Que penser de ces pseudo démocrates exemplaires qui prônent la désobéissance à la loi et qui brandissent l'étendard de la révolte ? Ils ne sont que l'expression achevée d'une minorité qui veut imposer, par le biais de la propagande, ses codes, ses privilèges et finalement ses préjugés.
Que penser de ces professionnels de l'antiracisme qui cultivent le communautarisme et la différence ?
La France ne saurait être une juxtaposition de communautés. Nous croyons sans complexe qu'il faut revenir à notre tradition d'association et de promotion au mérite.
Oui à l'immigration régulière et acceptée.
Oui à l'intégration des étrangers qui ont choisi la France. Non à des flux migratoires anarchiques et incontrôlés.
Il n'y a pas d'un côté les sans-papiers et de l'autre les sans-humanité.
Il n'y a pas d'un côté des lois à négocier et de l'autre des individus à régulariser.
Il y a simplement une Nation une et indivisible qui entend fixer librement ses lois et les faire respecter par tous ses citoyens.
3. Disposer d’un État
Encore faut-il disposer d'un instrument pour le faire, c'est-à-dire un État digne de ce nom.
Or, mes Chers Compagnons, ceci est aujourd'hui dans notre pays sujet de contestations.
Si j'en juge par les réactions que provoque une politique qui se fixe comme objectif d'appliquer le droit.
Si j'écoute les polémiques qui viennent briser le consensus quasi général qui s'était dessiné dans notre pays au sujet de l'immigration ; polémiques sciemment attisées pour remettre en cause des lois qui peuvent, certes, être améliorées, mais à qui on ne peut tout de même pas reprocher de ne pas régler dans le détail toutes les situations individuelles.
Certains veulent empêcher l'État de faire respecter les lois ! D'autres l'accablent de tous les péchés du monde !
Ils ne décrivent l'État que comme une administration anonyme et lointaine et non comme moteur d'un projet collectif, incarnation d'une volonté nationale !
Mes Chers Compagnons,
Oserais-je vous avouer que durant le mois d'août, face à peux qui s'étaient placés en dehors de la loi, je me suis posé une question très simple : un État pour quoi faire ?
Avec le Premier ministre nous avons heureusement apporté la réponse que les Français attendaient.
Si la Nation n'est qu'une ethnie, un leurre ou un moment de l'histoire bientôt achevée, si l'État ne sert qu'à examiner des situations particulières, et se cantonne à un rôle de prestataire de services, à quoi bon rime l'action politique ?
À quoi bon choisir la voix du service public ?
À quoi bon faire de la politique ?
À quoi bon être ministre ?
Faire de la politique, choisir le service public, c'est croire en un État républicain qui assure la sécurité, qui garantit l'égalité des droits et la justice sociale, un État qui repose sur le règne de la loi.
Entre la dictature et l'anarchie, la France a su construire une démocratie et conserver un équilibre toujours instable entre liberté individuelle et autorité collective.
Loin de s'opposer, ces deux termes se rejoignent dans l'idéal républicain.
C'est à nous, c'est à vous qu'il reviendra demain de le faire vivre.
Les défis ne manquent pas : les fractures présentes au cœur de nos villes, les zones de non-droit qui se sont propagées au cœur de nos cités, la montée d'une violence urbaine toujours plus précoce et mieux organisée, sans parler du trafic de drogue, nécessitent un État fort. Un État efficace, un État ambitieux, un État moins abstrait mais plus responsable.
Cet État, nous sommes en train de le construire.
La relance de la politique de la ville, voulue par Éric RAOULT, les transformations apportées à notre système scolaire, la nécessaire modernisation de notre justice, souhaitée par Jacques TOUBON, l'effort accompli pour la police nationale et pour la sécurité des Français en sont autant de témoignages forts.
Et la défense au niveau européen de la spécificité française du service public, à laquelle est attaché Franck BOROTRA, ainsi que l'intransigeance légitime dont notre pays fait preuve en matière d'harmonisation des législations anti-drogue prouve notre détermination à ne pas nous laisser imposer un modèle européen dont nous ne voudrions pas.
La France n'est jamais si nécessaire aux autres que lorsqu'elle est fidèle à ses principes.
Une Europe qui se bâtirait sur le renoncement des Nations qui la composent ne servirait pas les intérêts des peuples.
Une Europe qui s'édifierait sur des compromis médiocres, résultat du plus petit dénominateur commun à tous les pays, ne susciterait ni enthousiasme, ni dynamisme.
Mais une Europe qui, en revanche, pourrait s'appuyer sur la force intrinsèque et les initiatives de Nations unies sur un même objectif et partageant les mêmes valeurs, trouverait un écho au-delà d'elle-même.
L'Europe a besoin de l'État républicain, besoin d'une France Républicaine.
Oui, l'Europe a besoin d'une France forte.
L'Europe a besoin de citoyens et non de consommateurs ou de sondés.
Oui, sans civisme, sans adhésion populaire, aucune construction collective ne peut durablement s'établir et prospérer.
C'est vrai de la France, c'est vrai de l'Europe.
Mes Chers Compagnons,
Quelles que soient les propagandes et les scepticismes,
Quelle que soit la vigueur des luttes partisanes,
Ne laissons - pas caricaturer notre action, bafouer nos convictions, brouiller nos objectifs.
Vous avez fait campagne derrière Jacques CHIRAC pour rétablir le pacte Républicain au nom d'une certaine idée de la politique, de la Nation, de la France.
Nous n'avons pas le droit de décevoir cette espérance. Seuls les extrémistes en profiteraient.
Avec passion, faîtes partager autour de vous la conviction que la France retrouve sa souveraineté et sa liberté d'action, et que l'État retrouve sa dignité.
N'attendez pas. Car ce n'est pas en 1998 que nous avons rendez-vous avec le pays. C'est ici et maintenant que les Français nous attendent.
Discours de Monsieur François Baroin, maire de Troyes
1re Convention nationale des jeunes RPR. « Dans quelle France voulons-nous vivre ? » (samedi 7 septembre 1996)
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,
Chers Compagnons,
Chers Amis,
Bienvenue dans le département de l'Aube. Bienvenue à Troyes, qui est heureuse de vous accueillir et qui espère que nos travaux vous donneront l'occasion de la découvrir.
Grâce à la décision amicale d'Alain JUPPÉ d'organiser ici, à Troyes, les journées d'été du Rassemblement pour la République, c'est de Troyes que viendra le message de dynamisme, de confiance et d'enthousiasme des jeunes du Rassemblement pour la République.
Bienvenue donc à cette première convention nationale, la première depuis l'élection de Jacques CHIRAC à la présidence de la République. Cette élection, qui pour la première fois depuis plus de vingt ans portait un gaulliste à la tête de l'État, c'est vous qui l'avez rendue possible. C'est vous qui l'avez rendue possible par votre engagement, par votre confiance sans faille, au moment où le doute gagnait et où la jeunesse a su tracer les voies du renouveau.
Ce choix, vous ne l'avez pas fait seulement parce que vous êtes jeunes et parce que votre avenir est devant vous. Il faut se méfier de ceux qui négligent les exigences de la jeunesse mais aussi de ceux qui en font un argument électoral. C'est ce que nous disait, vous vous en souvenez, Jacques CHIRAC à Bercy en 1995. Réunissant les jeunes qui le soutenaient, il ne leur a pas parlé de la jeunesse. Il n'a pas cherché à être dans le vent. Il leur a parlé de la France. Ce choix, nous l'avons fait parce que nous avons des convictions, parce que nous sommes gaullistes, attachés à la grandeur de la France. Et une majorité de Français, avec nous a su reconnaître dans le projet de Jacques CHIRAC celui qui répondait le mieux aux exigences de notre époque.
Quel est notre rôle aujourd'hui, alors que Jacques CHIRAC a été élu à la présidence de la République et qu'il conduit notre pays sur le chemin d'une modernité maîtrisée, celui d'une France plus forte et plus respectée, d'un État fort et modeste à la fois, d'une économie compétitive, d'une France où l'on devra plus facilement trouver sa place ?
Quel est notre rôle sinon de convaincre que, malgré des impatiences légitimes, nous traversons sûrement une crise mais plus sûrement encore, nous changeons d'époque ?
Mes chers compagnons, pour tous les militants, les lendemains de victoire sont parfois des moments de désarroi. Nous nous sommes battus pour la France, derrière lui, avec lui et pour lui. Et nous avons gagné.
Mais parce que, précisément vous avez donné un chef d'État à la France, la France vous a privé de notre chef, qui appartient désormais à tous les Français. Mais cela ne doit rien changer. Nous devons continuer. Sans lui, mais pour nos idées. Sans lui, mais pour lui. Sans lui, mais pour la France. Notre mission n'a pas varié.
Votre rôle c'est bien sûr un peu d'expliquer partout la politique que conduit le gouvernement. Mais cela ne saurait suffire et je me méfie de ce verbe « expliquer » que les socialistes ont beaucoup utilisé au moment de Maastricht, et qui trahit un peu la technocratie qui croit que quand on est pas d'accord avec elle, c'est qu'on est un peu bête ou un peu lent. Votre rôle, ce n'est pas seulement d'expliquer ou de défendre la politique du gouvernement que, plus en profondeur, de communiquer votre énergie, votre ambition, de faire petit à petit prendre conscience à l'ensemble de la société française qui le devine, qu'avec l'élection de Jacques CHIRAC, l'action du gouvernement d'Alain JUPPÉ, nous avons changé d'époque, et que nous sommes revenus à l'inspiration originelle du gaullisme. Non pas une idéologie, mais une pratique inspirée par une volonté sans faille et une défense intransigeante des intérêts de la France.
Avons-nous réellement mesuré la transformation qui s'est opérée dans la vie politique française ? Avons-nous réellement mesuré, en politique internationale, en politique intérieure, qu'une page est tournée ?
En politique internationale, nous étions habitués aux exercices chorégraphiques et littéraires. Des sommets sur le vent, sur le temps, profonds dans le sens du creux, prétextes à de belles envolées lyriques à la politique européenne, qui n'a souvent été qu'une idéologie de remplacement pour le parti socialiste, la politique internationale de la France était surtout à usage intérieur, un simple volet d'une stratégie de communication de séduction et d'illusion. Les talents de l'artiste étaient reconnus, mais la France n'était pas vraiment respectée. La France, on l'a vu en Yougoslavie, était impuissante. La France comme ce fut le cas lors des négociations de paix au Proche-Orient, était marginalisée. La France qu'il s'agisse de la réunification allemande ou de la dissolution de l'Union Soviétique, était en retard d'une guerre.
Depuis que Jacques CHIRAC conduit les destinées de la France, il en est tout autrement.
En Yougoslavie, la paix est revenue parce que Jacques CHIRAC a décidé que l'armée française ne devait plus être ridiculisée dans une mascarade humanitaire et qu'il a su entrainer nos partenaires à conduire une politique plus ferme.
Au Proche-Orient, la France est à nouveau entendue et respectée. Son intervention est désirée par les pays de la zone. Jacques CHIRAC est allé lui-même, dans un pays que nous avions abandonné, délivrer devant le Parlement libanais le message multiséculaire d'amitié et de protection qui lie notre pays au Liban.
Partout dans le monde, les peuples depuis longtemps amis de la France, en Afrique, au Maghreb, en Asie, savent désormais, Jacques CHIRAC l'a démontré au cours de ses première visites d'État, que l'amitié de la France n'est pas un vain mot. L'importance des contacts bilatéraux entre nations fières d'elles-mêmes est réaffirmée.
En Europe, la volonté de construire une Europe puissante capable de tracer son propre sillon s'appuie, désormais non pas sur une idéologie mais sur une attitude pragmatique. Les Français ont eu la preuve par exemple avec Schengen, que lorsque l'intérêt de la France était en jeu, le gouvernement n'était pas prêt à le sacrifier pour ne pas faire de peine aux uns ou aux autres. Ils sauront donc aussi désormais que quand le gouvernement approfondira la construction européenne, fera la monnaie unique, ce sera selon une vision historique de notre avenir commun mais aussi par ce que c'est l'intérêt de la France.
Fait nouveau aussi, par rapport aux dernières décennies, le Président de la République met tout son poids dans la promotion de nos exportations car la politique étrangère est aussi au service de l'emploi.
Oui, mes chers compagnons, ce ne sont peut-être que des signes épars que tous n'ont pas relevés. Mais pour vous qui avez vu la politique étrangère devenir un faire-valoir, pour vous qui aviez la nostalgie du temps où le général de Gaulle faisait entendre très haut la voix de la France, vous avez senti que nous avions changé d'époque et qu'avec Jacques CHIRAC une certaine idée de la France est de retour.
Une certaine idée de la France est de retour. La République est de retour. Là aussi, avons-nous suffisamment pris conscience que nous avons changé d'époque.
Les dernières années ont été caractérisées par un déclin de l'autorité de l'État et des valeurs qu'il porte. Le droit était de moins en moins respecté. La police était parfois ouvertement bafouée. L'armée n'était plus toujours à niveau pour assurer les missions nouvelles qui lui incombaient. Les solidarités sociales, l'intégration des Français issus de l'immigration étaient compromises par l'affaiblissement des repères. L'État gagnait parfois en arrogance ce qu'il perdait en efficacité.
À présent, une nouvelle ère s'ouvre devant nous. Les éléments de monarchie qui viciaient notre pratique institutionnelle ont disparu. Dans le style même de l'exercice du pouvoir, on sait désormais que l'autorité tient moins à la rigidité des attitudes ou du protocole qu'à la droiture des intentions.
L'État cherche à devenir plus proche des citoyens, plus modeste, à rompre avec des décennies de mépris administratif. La justice, sans laquelle l'état de droit est bafouée est dotée de moyens nouveaux.
Le Président a engagé une profonde réforme des armées pour les adapter au contexte nouveau.
Les lois de la République sont appliquées, tout simplement parce que ce sont les lois de la République.
La politique de l'intégration, essentielle au maintien du pacte républicain, grâce à une action sans précédent en faveur des quartiers défavorisés, retrouve ses chances.
Partout, dès qu'il s'agit de rendre à l'État ses missions essentielles, pour faire respecter les lois, assurer les solidarités, garantir l'aménagement et la cohérence du territoire, défendre le service public, ce qui doit être fait est entrepris.
Le sens de l'État est de nouveau à l'honneur. L'époque du laxisme dans la gestion des banques comme dans celle des problèmes de société est révolue. C'est peut-être parfois moins drôle mais les affaires de l'État sont conduites avec le sérieux et parfois la gravité qu'elles méritent. Le sens du devoir, l'esprit, l'éthique de responsabilité, l'intégrité inspirent toutes les décisions. Les grands dossiers sont traités même quand on sait pertinemment que personne ne nous reprocherait, sinon les générations futures de les enterrer. Voilà le changement le plus important. Voilà le changement qui fera dire le moment venu aux Français, même à ceux qui doutent aujourd'hui et que nous devons comprendre, que c'est à notre majorité qu'il faut accorder confiance, que c'est à notre majorité qu'il faut confier le destin de la France.
En matière économique aussi, nous avons changé d'époque. Quand les socialistes, après l'échec de leur politique, se sont trouvés tout nus, ils ont surpris quelques économistes au bain et ont volé leurs habits. Tout fiers de cette découverte de la pensée économique, emportés par la séduction des idées générales, ils ont endossé ces nouveaux habits et adopté un discours de responsabilité, mais sans responsabilité. Aujourd'hui, nous subissons leurs déficits, une charge de la dette excessive et surtout le retard pris par le pays pour les réformes essentielles, sous le couvert d'un discours macro-économique vertueux.
Mais l'économie réelle, qui s'en est soucié ? L'économie, ce n'est pas seulement du discours, des grands équilibres, des fondamentaux, ce sont les efforts des millions de Français qui travaillent, qui produisent, qui assurent les services publics nécessaires à la production, des chercheurs, des formateurs qui donnent à notre pays les atouts de l'intelligence, des entreprises qui conquièrent de nouveaux marchés et investissent.
L'économie réelle, c'est celle à la rencontre de laquelle va le Président de la République quand il parcourt, comme il l'a toujours fait, notre pays. Elle est faite d'entreprises de pointe et de petits commerçants, d'artisans et de chercheurs, de transporteurs routiers et de cheminots, d'entreprises de toutes sortes, d'agriculteurs, de tous les Français, qui épargnent, consomment, investissent, en un mot vivent. C'est cette France qu'il a comprise avec l'intelligence du cœur et qu'il nous faut préparer à un avenir digne de son histoire.
A-t-on mesuré le chemin parcouru et le changement profond d'orientation ? Parce qu'une partie de la classe politique s'est bercée de mots et de considérations générales pendant des années, de considérations sur les grands équilibres, elle ne voit plus que la seule politique économique qui vaille c'est celle qui améliore l'économie réelle, la vie quotidienne des Français ?
L'économie de la France, elle est faite d'abord de petites et moyennes entreprises confrontées à la puissance des distributeurs, à la frilosité des banquiers. Quel gouvernement depuis dix ans a fait autant pour les petites et moyennes entreprises, pour les artisans et commerçants, que celui d'Alain JUPPÉ ? Qui a eu le courage de s'attaquer à la grande distribution qui étrangle le petit commerce et ses fournisseurs ? Établir la loyauté et l'équilibre des relations commerciales, pour éviter les ventes à perte, les pratiques commerciales déloyales, n'est-ce pas cela, la réalité de la vie économique ?
La prospérité de la France, cela tient aussi à des transports performants. Quel gouvernement a décidé d'alléger la dette indûment mise à la charge de la SNCF pour lui permettre de gagner à nouveau des parts de marché, de maintenir un service public de qualité, d'abaisser à terme les coûts de transports, autre que celui d'Alain JUPPÉ ?
La prospérité de la France, c'est aussi par exemple, arrêter le déclin de notre marine marchande et retrouver une ambition maritime. C'est ce que Jacques CHIRAC avait promis, c'est ce que fait le gouvernement d'Alain JUPPÉ. Pour la première fois, un mécanisme d'aide au pavillon français est mis en place. Une politique portuaire est engagée. Faire que les ports français regagnent du trafic, qu'ils prennent des parts de marché à Anvers ou à Rotterdam) n'est-ce pas cela qui est décisif pour Marseille, pour Dunkerque, pour Le Havre ?
La compétitivité de la France, c'est aussi par exemple, une réforme des industries d'armement et une industrie aéronautique puissante. Qui a engagé la réforme des armées ? Qui a décidé la fusion, toujours jugée indispensable, mais jamais réalisée entre Dassault et Aérospatiale ? Quel chef d'État s'est autant dépensé pour que les ventes d'Airbus atteignent les records actuels ?
La compétitivité de la France c'est aussi ne pas gâcher la force de travail, l'expérience de chômeurs de longue durée, souvent au meilleur de leurs capacités et qui étaient progressivement rejetés hors du marché du travail. Si le gouvernement n'a pas encore réussi à réduire le chômage, il a au moins réussi, en mettant en place le contrat Initiative-Emploi, à réduire le nombre de chômeurs de longue durée et à mettre fin à cette dérive infernale qui conduit du chômage à l'exclusion.
L'exonération des charges sur les bas salaires a permis de sauver des milliers d'emplois parmi les plus menacés, en particulier dans certaines industries comme le textile et ici même à Troyes.
L'économie réelle, dans beaucoup de départements, c'est d'abord le bâtiment. Le prêt à taux zéro, l'amortissement exceptionnel, voilà des mesures fortes qui concourent à l'activité économique.
Mes chers compagnons, quand de beaux esprits, qui ont ruiné toutes les entreprises qu'ils ont dirigées, ou qui n'ont jamais rien trouvé à redire aux pires gestions bancaires quand elles étaient conduites par leurs anciens camarades du ministère des finances vous parleront de déflation, de stagflation, de surévaluation, en un mot... de leur ambition, mes chers compagnons, commencez par leur dire que leur époque est passée, que l'heure n'est plus aux spéculations mais au redressement de l'économie réelle de la France.
C'est parce que nous conduisons ces réformes de structures, qui touchent à l'essentiel que nous n'avons pas d'états d'âme à avoir. C'est parce que nous conduisons ces réformes de structures que nous avons besoin d'un environnement macro-économique stable et crédible. Et nous devons tous saluer le courage, la ténacité d'Alain JUPPÉ qui mène sans faiblir la tâche douloureuse d'assainir les finances publiques, de diminuer les dépenses, de trouver les marges d'une réduction des impôts, de maintenir la valeur du franc et qui y réussit. En un mot, de gérer l'urgence en préparant l'avenir de la France.
Nous devons d'autant plus saluer son courage que nous ne naviguons pas sur une mer calme. À l'extérieur, la concurrence est féroce. Nos voisins les plus proches ont recouru à l'arme déloyale de la dévaluation compétitive. Et le drame absolu du chômage est encore la réalité quotidienne de millions de nos concitoyens.
Et pour compliquer la tâche, à l'intérieur même de notre pays, ceux qui souhaitaient l'échec du Président aux présidentielles alimentent la morosité, car eux ne font pas le pari de l'avenir de la France, qui leur apporterait l'alternance du passé, l'alternance dépassée.
Serions-nous ce que nous sommes si nous craignions les tempêtes ? Avons-nous eu l'habitude de nous laisser impressionner par les sondages ? Avons-nous jamais sacrifié l'intérêt général au nom de la communication ou de la démagogie ? L'adversité est notre élément. Était-il plus facile, au début des années 60, quand l'Europe entière épuisée par la guerre, vivait des crédits américains, d'oser refuser le commandement intégré de l'OTAN, de renouer des relations diplomatiques avec la Chine, de rembourser toutes nos dettes aux Américains, de mettre fin à la guerre d'Algérie, d'absorber un million de rapatriés, de nous doter de l'arme nucléaire ?
Rien n'a été simple et rien ne le sera jamais. Rien n'est jamais simple pour ceux qui ont une haute idée de leur devoir. Rien n'est jamais simple quand on n'a pas renoncé d'avance. Rien n'est jamais simple, sauf le déclin.
On voudrait que les gaullistes, pour parler comme les anciens grecs, soient épicuriens, sceptiques, ou cyniques, ou encore académiques alors que leur honneur est de rester droit ! La politique ce n'est pas de céder au vent, de se plier à la nécessité, c'est d'abord une volonté.
Voilà pourquoi le Président de la République a appelé tous les Français à garder l'esprit de conquête. Voilà pourquoi, il a pressé le gouvernement de commencer à baisser les impôts pour que le travail des Français soit mieux récompensé, pour que l'incitation à agir soit plus forte, pour que les créations d'emplois soient plus nombreuses.
C'est sur nous-mêmes que nous devons remporter la première victoire, en retrouvant l'esprit de conquête. Et c'est sur vous que le gouvernement compte pour transmettre à toute la nation votre enthousiasme, votre énergie, votre confiance dans l'avenir.
Nous nous battrons pour la réussite du Président de la République. Nous nous battrons pour celle de son gouvernement. Nous nous battrons contre toutes les résignations et tous les fatalismes, contre tous ceux qui jouent la France perdante. Nous nous battrons en sachant que rien n'est simple, mais avec l'optimisme de la volonté.
Première Convention nationale des jeunes RPR
Discours de Nourdine Cherkaoui, secrétaire national à la jeunesse (6, 7 et 8 septembre 1996)
Car ce sera à vous, jeunes cadets du gaullisme, de porter haut les couleurs à notre Mouvement et de transformer l'essai de 1995, en remportant les prochaines élections législatives.
Si cette tâche vous échoit, c'est que vous êtes, comme par le passé, le ferment de notre Mouvement, l'avenir de notre famille politique, la pérennité de nos valeurs et de nos principes.
Et bien parlons-en de nos principes !
Car « Jeunes RPR », cela veut dire patriote, européen, populaire et généreux.
Nous sommes patriotes, les Jeunes RPR, car ce qui nous anime, c'est l'amour de notre pays. C'est la même volonté d'agir, afin que notre Nation soit toujours vivante, forte et prospère.
La France telle que nous l'entendons, ne se limite pas au pré-carré de l'hexagone. Elle est présente physiquement sur les cinq continents, à travers nos départements et territoires d'Outre-Mer.
Mais la France est surtout dans les esprits, le terreau miraculeux où la générosité chrétienne et l'idéal démocratique ont, par une symbiose inédite, créé un humanisme exigeant.
Vous devrez affronter toutes les formes de séparatisme moderne, toutes celles qui se refusent au creuset de notre Nation : des débordements d'une « Corsitude » mal vécue, aux influences tortueuses d'un islamisme d'importation, sans oublier les conséquences parfois violentes de l'affirmation du peuple Basque.
Pas d'ostracisme, pas de ghettos culturels et sociaux : la France est une et indivisible. Il suffit seulement de le réaffirmer haut et fort.
Tout nous différencie en cela des autres formations politiques, car notre vision de la Nation, c'est celle d'une France qui se projette dans l'avenir, une France ouverte au monde, et sûre des idéaux qu'elle nourrit en son sein depuis de longs siècles.
Voilà pourquoi vous êtes ici !
Européens, les Jeunes RPR ! Oui, car c'est à vous qu'il appartiendra d'inventer l'Europe de demain, d'imaginer un modèle original pour notre Europe.
Ni une fédération d'intérêts, ni une vague confédération de pays mais une véritable communauté de destins.
Vous êtes la génération qui réalisera la vision de Jacques Chirac, celle d'une France qui guidera l'Europe, vous qui n'avez pas connu, pour les plus jeunes, l'URSS et la guerre froide, mais la Russie et son chaos chronique.
À vous de garantir la paix et la prospérité pour nous tous.
À vous d'exprimer notre vision sociale, économique et humaine, que peut véhiculer notre vaste continent Européen pour le reste du Monde.
Voilà pourquoi vous êtes ici !
Et en politique, l'excellence existe aussi. Je profite donc de ce grand rendez-vous pour témoigner en votre nom, notre indéfectible soutien au « meilleur d'entre nous » comme disait Jacques Chirac : Alain Juppé !
Depuis un an, que n'a-t-on pas dit sur lui ?
Pour certains, c'est un homme froid, pour d'autres un homme seul. Pour les sondeurs en tout genre, un homme impopulaire.
Mais pour nous, jeunes Gaullistes, c'est un homme politique au sens le plus noble du terme. Un homme politique qui refuse la fatalité et travaille chaque jour qui passe, à son unique objectif avec Je Président de la République : le redressement de notre pays.
L'homme politique n'a pas à entretenir sa popularité, il doit être efficace.
Réforme de la protection sociale, mise en place d'une armée moderne, réforme de l'université, future réorganisation d'une administration plus proche de nos concitoyens, réforme de la fiscalité, défense des lois de la République. Niveau efficacité, Alain Juppé n'a rien à prouver.
Enfin, l'homme politique doit toujours être insatisfait. S'il fait bien, il doit faire mieux, s'il fait mieux, il doit faire plus.
Entrer en politique, c'est se destiner à une carrière au service des autres. Pour la France, mais avant tout pour les Français.
Voilà ce qu'est, à mon sens, le portrait de l'homme politique idéal.
Votre action ne se limite pas à être seulement à l'avant-garde des grands chantiers politiques du Président Jacques Chirac ou à expliquer, soutenir l'effort de réforme au quotidien qu'a entrepris Je gouvernement. Mais vous êtes aussi les garants de l'unité de notre Mouvement.
Ne faisons pas les mêmes erreurs que les socialistes en leur temps. N'ayons pas nos « rocardiens », nos « fabiusiens », nos « jospinistes », ou que sais-je encore...
Bien entendu, chacun est en droit de s'exprimer, de proposer, et nos ténors le feront d'ailleurs durant nos journées. Mais, à moins de deux ans d'une échéance législative capitale, ne soyons pas hypocrites : faire cavalier seul, c'est servir ses propres intérêts au détriment de la majorité.
Et nos électeurs ne s'y tromperont pas.
Dans notre famille politique, il n'y a qu'un seul vrai courant, c'est le 220 volts de la Réforme, celui de la « France pour tous » qui conduit toujours notre pays à la victoire.
Pendant encore six ans, six ans minimum, ai-je envie d'ajouter, c'est à Jacques Chirac de l'incarner pour notre famille et pour le bien de chaque Français.
Ce sera donc à votre décennie et non à la mienne d'incarner notre Rassemblement Jeune dans les années à venir, d'être le témoin vivant et actif de sa diversité, de sa richesse, et de sa force.
Rappelez-vous Je slogan qui était le nôtre à la veille de la campagne de 1993 : « Ensemble : l'avenir nous appartient ».
Discours de Philippe Briand, délégué général à l’animation et à la jeunesse
Convention des jeunes RPR, à Troyes (6-7-8 septembre 1996)
Il y a des lieux, il y a des moments dans la vie où l'on se sent bien. Où l'on se sent chez soi.
Parce que l'on est entouré de ses amis, parce qu'ici dans la capitale de la Champagne, à l'ombre de l'église Saint-Urbain, les trois jours que nous passerons ensemble seront fortement inspirés par notre esprit de compagnonnage et de fraternité.
Oui, je suis heureux d'être avec vous. Oui, je suis heureux d'être avec les jeunes de notre mouvement.
Heureux, certes, mais également fier de soutenir aujourd'hui, et avec vous, l'action du gouvernement comme nous avons soutenu hier avec mon ami François Baroin la candidature de Jacques Chirac.
Oui, François, souviens-toi de cette formidable épopée que nous avons vécue ensemble.
Porte-parole d'un candidat que l'on donnait battu, faisant attention à chaque mot, à chaque attitude, rêvant déjà d'un second tour auquel bien peu osait croire alors, tu as donné la pleine mesure de ton talent, imposé ton image, et nous en sommes tous fiers ici... Car c'est en toi, un jeune, que Jacques Chirac a mis sa confiance.
Heureux d'être ici pour saluer Robert Galley, ton prédécesseur à la mairie de Troyes, mais surtout l'un des ministres les plus éclairés du Général de Gaulle. C'est aussi l'un des rares hommes politiques que je connaisse qui ait su transmettre le flambeau et faire pour cela confiance, lui aussi, à un jeune.
Heureux d'être ici avec Jean-François Mancel qui a pour vocation le gaullisme et la politique. Voilà quelques mois que nous travaillons ensemble, mon cher Jean-François, et je sais combien est grande ton écoute. Attentif à notre société, sensible à ses changements et à ses mutations, tu l'es également et avant tout aux hommes et aux femmes de notre mouvement, à toutes celles et tous ceux qui font la France. C'est pourquoi, tu sillonnes sans relâche notre pays pour témoigner activement de la volonté de réforme du chef de l'État et de l'indispensable et courageuse action de réforme entreprise par Alain Juppé et son gouvernement.
Qu'il me soit enfin permis de saluer ici, tout particulièrement, l'un des plus vaillants supporters de Jacques Chirac, l'un de ceux qui a le plus donné aux jeunes du RPR, celui avec qui j'œuvre depuis de longs mois. Sa foi est inébranlable ; il est l'architecte de notre réunion d'aujourd'hui. Vous l'aurez tous reconnu : j'ai cité Nourredine Cherkaoui.
Vous le savez comme moi : la politique, n'en déplaise à certains, n'est pas un métier.
C'est une vocation. Un engagement vers les autres. Un dépassement de soi. En quelque sorte, un appel du grand large. C'est cet appel là que de tout temps les jeunes ont entendu.
Des sombres maquis de la Résistance aux plages ensanglantées de Normandie, de l'appel du 18 juin au Chant des Partisans, de la France occupée à la France libérée, la jeunesse a toujours répondu PRÉSENTE. Elle a toujours versé son sang, s'est toujours donnée sans partage, a toujours cru en un idéal.
C'est parce qu'ils croyaient en un idéal de liberté et de justice qu'à peine âgés de plus de 20 ans, Jacques Chaban-Delmas et Michel Debré s'engageaient dans la bataille. C'est parce que leur courage a été reconnu, que l'un deux était général à moins de trente ans et que le second était chargé par le Général de Gaulle, dans une France exsangue et tétanisée, de nommer tous les préfets chargés de restaurer, dans notre pays, l'autorité et le rayonnement de l'État.
C'est avec votre jeunesse, avec votre imagination, avec votre vérité, que vous avez rendu espoir à la France par un soir du 15 mai 1995. C'est avec votre fougue, avec votre enthousiasme, avec votre générosité, que vous avez porté Jacques Chirac à la présidence de la République.
C'est donc avec votre jeunesse que la France a bougé, s'est battue, et a gagné.
Oui, la France est riche, bien plus riche que nous le pensons. Elle est riche de ses jeunes et cette richesse-là personne ne pourra nous la voler.
Si j'osais..., je dirais à chacun d'entre vous : deviens qui tu es.
À vous, jeunes compagnons rassemblés ici, je dis : devenez qui vous êtes.
Pourquoi ? Parce qu'il existe un vrai bonheur à faire de la politique, un vrai bonheur à parler de la France comme d'une personne que l'on aime, que l'on défend. À qui l'on parle et qui nous murmure tant de choses à l'oreille.
Mais il existe un vrai malheur.
Un vrai malheur à oublier que la France, ce n'est pas la droite, que la France ce n'est pas la gauche.
Que la France, c'est tous les Français.
Oui, un vrai malheur à ne pas faire de la politique un acte suprême. Un acte créateur. Un acte qui vient de soi, sort de soi, naît de soi. Bref, un acte qui nous oblige à devenir ce que l'on est, sans masque ni costume.
Aujourd'hui, on voudrait nous faire croire que nos compatriotes se désintéressent de l'action politique.
Peut-être est-ce en partie vrai !
Mais je crois en mille raisons d'espérer.
Notre présence ici, votre présence ici en portent le vibrant témoignage. Notre mission, à nous tous rassemblés en ce lieu est de montrer qu'il existe une autre manière de faire de la politique, plus proche des gens, plus à l'écoute de ce qu'ils espèrent d'eux-mêmes, plus à l'écoute de la France.
Une manière plus chiraquienne. Oui, plus chiraquienne.
Au fond, l'enjeu de notre conception politique se résume à cette seule préoccupation : la condition humaine. Alors, vous verrez, les Françaises et les Français reviendront à la vraie et grande politique. Ils participeront à l'organisation de la chose publique, en responsables et en décideurs.
Entre nous, parfois, oui, parfois, je me demande si le vrai libéralisme n'est pas dans cette conception de ce que jadis Charles de Gaulle nommait. Politiquement, la participation. Je vous demande, en tant que jeunes gaullistes, de réfléchir en profondeur à cette notion.
Pensez-la avec imagination, modernité et conviction. Et ensuite criez-le par-dessus les toits, sur votre lieu de travail, dans vos écoles, vos universités. Devenez qui vous êtes. Soyez heureux et fiers de faire de la politique.
Être heureux en politique, vous savez, ne consiste pas à échafauder des plans sur la comète ou à gérer des plans de carrière.
Non, être heureux en politique, à quelque niveau que cela soit, c'est exprimer un caractère, avoir une fierté et afficher son ambition pour la France.
Alors à l'image d'un certain Michel Debré, d'un certain Jacques Chaban-Delmas, d'un certain André Malraux, soyez, vous aussi des rebelles. Expliquez sans répit qu'être jeune ce n'est plus être enfant, qu'être jeune c'est la richesse et la chance d'un pays. Demandez-vous sans relâche si vos aînés auraient l'audace de leurs pères d'alors, c'est à dire l'audace de confier la défense d'un pays ou l'organisation d'une nation à des jeunes qui ne sont ni des technocrates ni des professionnels de la politique, mais simplement des femmes et des hommes ardents, passionnés, courageux, prêts à réformer la nation et à transmettre une société toujours plus belle à ceux qui leur succéderont.
Devenez qui vous êtes.
La plupart d'entre vous a vécu plus de la moitié de leur vie sous l'emprise des socialistes et peuvent dont légitimement s'interroger sur la manière de faire de la politique. Sur le manque de pudeur de ces derniers.
Les sirènes socialistes tournent et chantent autour du navire France. Eh bien, qu'elles tournent et qu'elles chantent !
Trop facile de dire que la France va mal lorsque tout a été fait pour l'affaiblir ! Trop facile d'hurler à tue-tête que les finances du pays sont au plus bas quand on a vidé les caisses et ruiné l'économie nationale ! Trop facile et trop lâche d'attaquer la politique d'Alain Juppé quand en face on ne propose que chimères, fantaisies et utopies ! Trop facile, oui, beaucoup trop facile de médire et de dénoncer alors que pendant 14 ans on n'a fait que dire et annoncer. Trop facile, oui trop facile, à moins que l'on ait la mémoire courte, que l'on travaille avec pelles et pioches pour enterrer la France, bref trop facile, trop simpliste, trop trompeur d'affirmer tout cela... À moins que l'on soit sans scrupule, sans honte et sans reproche, à moins que l'on soit… socialistes !!! 14 ans de dettes au bas d'une facture que l'on appelle « la France socialiste » ne s'efface ni d'un coup de gomme imprimé Jospin ni d'un coup de baguette magique estampillé « parti socialiste ».
Alors, n'ayons pas honte de notre politique, mais défendons-la car c'est la seule possible pour relever le pays.
Balayons les critiques. Rappelons le désastreux bilan des socialistes. Taisons les malentendus. Ecoutons-nous davantage. Ne regardons pas derrière nous. Travaillons à la France de demain. Évitons les doctrines toutes faites et les politiques de circonstances. En un mot, soyons gaullistes et fiers de l'être. Nous sommes élus pour cela : on y est : on y reste.
Devenons ce que nous sommes.
« Audace, Mouvement, Modernité. Tel est le Gaullisme ». En cette formule choc, Jacques Chirac résume notre ambition pour la France.
Avec une volonté et un courage exemplaires, le gouvernement d'Alain Juppé a commencé l'action de redressement du pays : réforme de la sécurité sociale, réforme de la défense, réforme de la politique du logement, lutte contre l'exclusion, réforme de l'enseignement, et demain réforme de la fiscalité. Le pays est aujourd'hui en marche et tourné résolument vers son avenir.
Qu'elle peut être la France de demain ?
Non ! Plus exactement : qu'elle doit être la France de demain ?
Les clichés habituels parlent d'une France forte, indépendante, rayonnante. Qui ne serait pas d'accord pour qu'elle en soit ainsi ? Personne. Mais notre mouvement, le gouvernement, le chef de l'État et nous tous rassemblés ici voulons aller plus loin.
Nous voulons tous vivre au présent notre engagement politique pour mieux inventer demain.
Si au fond de nous-mêmes, nous ne pensions pas comme cela, notre présence ici n'aurait aucun sens. Quant à notre engagement politique au sein de notre mouvement, il n'a de raison d'être que dans cette volonté de faire de la France une France qui vit, qui respire et qui bouge.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, grâce à vous, un gaulliste est à l'Elysée.
Mais au fait, j'oubliais : deviens qui tu es : petite phrase d'un certain Goethe cité par un certain Michel Debré à propos d'un certain Général de Gaulle !
Les grands hommes sont comme les grandes nations : ils ne meurent jamais. Ils fécondent l'avenir et nous parlent toujours. Dans leur cœur, c'est la France qui bat et vit.
Ici, maintenant, à Troyes, c'est à nous de poursuivre sans relâche dans les voies qu'ils nous ont tracées et que nous prolongerons demain.
À nous de faire battre le cœur de la France au rythme qu'imposent son destin et son histoire.
Quoi que nous fassions, quoi que nous pensions, quoi que nous imaginions, il ne pourra en être autrement.
Puisez-en vous les forces nécessaires afin d'être rebelles !
Puisez-en vous les forces nécessaires afin de soutenir les réformes !
Puisez-en vous les forces nécessaires pour mieux aller de l'avant !
À vous, oui, à vous de devenir enfin qui vous êtes : des gaullistes dont la vocation première est de convaincre par les idées et vaincre par l'effort. Vous ne le faites pas seulement pour la France, mais aussi et d'abord pour vous car vous êtes la France.
Philippe Briand, délégué général à l’animation et à la jeunesse