Texte intégral
Ce mois d’août ne ressemble pas tout à fait à d’autres. Non seulement par la profondeur des bouleversements dramatiques que patronat et gouvernement imposent à la société française, mais aussi par la permanence du mouvement social et le rejet croissant de l’ensemble d’une politique fondée sur l’injustice, le recul de la consommation et de la production. Cependant, pour imposer d’autres mesures gouvernementales, ce mouvement social n’a-t-il pas besoin de mieux désigner les causes du mal et de commencer à définir comment faire autrement ? Ce n’est pas pour rien qu’Alain Juppé ne cesse de dire que personne ne propose autre chose ou que si quelqu’un possède une solution miracle, qu’il lève le doigt. Évidemment, l’avantage du mot miracle est qu’il fait taire tout le monde. Il n’empêche que, si aujourd’hui la majeure partie des forces politiques ne propose pas autre chose, ce n’est pas par manque d’imagination, comme on le dit trop souvent, mais par manque du courage d’affronter les marchés financiers. Sans en rajouter, ce courage, le PCF l’a. Pas par dogmatisme mais par examen de la réalité même.
Ainsi, bien des financiers ne sont vantés de pouvoir faire davantage de profits par la spéculation boursière ou monétaire et le drainage des fonds publics que grâce à une réelle activité économique, c’est-à-dire par le travail. Le PDG de Fiat, pourtant partisan de Maastricht, commence à s’inquiéter des conséquences destructrices d’un tel système. Durant l’été, des économistes tentent de briser le carcan de ce qu’on appelle « la pensée unique » cet été jusqu’à reprocher au (...), non pas son inefficacité, mais ses intentions. Cette politique est-elle le résultat de tentatives infructueuses ou son objectif même n’est-il pas d’appauvrir l’homme, de comprimer son travail et ses besoins pour drainer tout l’argent disponible vers la monnaie de la finance ? Au-delà des gouvernements qui se sont succédés, n’est-ce pas cette obsession de la réduction du coût du travail – écrasant la consommation, tuant l’activité et l’emploi – qui est en cause ? Comment prétendre développer une société en considérant ce qui la fait tourner – le travail et le monde du travail – comme une charge ? Sans renverser ce dogme, pas de perspective de changement. Ces questions sont maintenant dans bien des têtes. Pour une grande part, les réponses que les citoyens eux-mêmes y apporteront détermineront le comportement du pouvoir, mais aussi celui des forces sociales et politiques de gauche. Là est une clé de chaque conflit social, de chaque difficulté immédiate. On trouve d’autant mieux, le Parti communiste dans les luttes sociales et en prises avec les attentes qu’elles expriment que, pour lui, ni le travail ni les dépenses sociales ne sont à l’origine des déficits. Ce sont au contraire une activité et un niveau de vie trop faible de son peuple qui étouffent la demande et les débouchés. Là se trouve l’une des originalités de ce parti.
Les rencontres que suscitent la préparation de la Fête de l’Humanité et les débats provoqués par le prochain congrès du PCF peuvent permettre à de telles idées si indispensables – en prenant une ampleur nouvelle – de bien donner toute sa force au mouvement social.