Texte intégral
FRANCAIS D’ABORD / 2ème quinzaine de MARS 1998
Le nouveau Torquemada est arrivé !
Pendant des années, le RPR et l’UDF ont seriné aux oreilles de leurs électeurs que si rien n’allait, c’était la faute du Front National, qu’il était l’enfant illégitime de François Mitterrand, une abominable machine à faire perdre les élections à la droite, responsable de la montée en puissance des socialistes.
Pour un peu, le ridicule ne tuant plus les politiciens, ils auraient pu l’accuser d’être à l’origine des accidents de la route, du verglas, des avalanches, voire de la peste ou du choléra…
Tout ceci était évidemment faux. Si le RPR et l’UDF subissent depuis des années échec sur échec, si depuis la dissolution décidée par Jacques Chirac au printemps dernier, ils sont victimes d’une véritable Bérézina électorale, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux. S’ils ont été battus 3 fois de suite, aux législatives, aux régionales, aux cantonales, c’est à Jacques Chirac qu’ils doivent demander des comptes.
Ils ont été battus l’an passé parce que le bilan qu’ils présentaient était aussi nul que les propositions qu’ils faisaient, parce qu’en quatre ans de pouvoir, ils n’avaient rien réglé et s’étaient contentés de faire une politique de gauche.
Ils ont été battus dans les conseils régionaux parce qu’ils ont refusé, sur l’ordre de Chirac, d’accepter la main tendue que leur proposait le Front National pour endiguer la mainmise rose-rouge-verte sur le pays.
Ils ont été battus dans les conseils généraux parce qu’ils ont refusé de dialoguer et d’établir des règles de désistement réciproque avec les candidats du Front National.
Jamais à court de sophismes et de contorsions dialectiques, les hiérarques du RPR et de l’UDF persistent cependant à accuser le Front National de tous leurs malheurs. Ainsi donc, lorsque le Front National se maintient, il est accusé de faire passer la gauche. Inversement, lorsque, pour faire barrage à la gauche, le Front National propose son appui aux élus locaux RPR/UDF, il est accusé de mettre en péril la République ! Bref, dans tous les cils de figures, il est coupable ! C’est à désespérer d’y comprendre quelque chose. De qui se moque-t-on ?
En vérité, face à la gauche plurielle. Jacques Chirac apparaît donc aujourd’hui comme le président d’une « droite singulière », c’est-à-dire d’une droite qui veut perdre et se complaît dans sa défaite.
Chirac est le chef d’un clan aux ordres des lobbies
Depuis son intervention télévisée au lendemain du deuxième tour des élections cantonales, il a rompu délibérément avec le rôle qui doit être celui du Président, en intervenant directement dans la campagne électorale régionale. Chirac est apparu, non comme le Président de tous les français, mais comme le chef d’un clan aux ordres des lobbies : celui de la Bande des Quatre.
En se livrant à une diatribe diffamatoire et haineuse à l’encontre du Front National, Jacques Chirac est sorti de son rôle de Président de la République. Il a désigné notre Mouvement à la vindicte populaire, a lancé l’anathème contre lui en l’accusant d’être « xénophobe et raciste », alors qu’il n’est que francophile et seulement soucieux d’enrayer la décadence qui ronge notre pays. Jacques Chirac a fait du Front National un bouc émissaire. Il en a travesti les valeurs et falsifié le visage. D’un Mouvement de patriotes attachés à la démocratie et aux valeurs républicaines, il a prétendu faire un croquemitaine des temps modernes. Il s’agit là d’une diffamation d’Etat qui disqualifie, moralement et politique ment, le Président de la République, diffamation d’autant plus grave qu’elle constitue aussi contre les patriotes un appel à la violence dont Chirac devra assumer la responsabilité.
De plus, à la calomnie érigée en règle, s’est ajoutée la manipulation la plus cynique du fonctionnement des institutions. Car pour masquer ses échecs successifs, et se défausser de sa responsabilité, Jacques Chirac a accusé la loi électorale de tous les maux. Si le pays ne va pas, c’est que le mode de scrutin est inadapté ! Est-ce le mode de scrutin qui est responsable du chômage, de l’insécurité, de l’immigration, du fiscalisme, du laxisme, de la dénatalité, de la pauvreté et de la misère ? En fait, sous couvert de modifications institutionnelles, Chirac a annoncé là de nouvelles magouilles. En réalité, son seul souci est que l’on invente un mode de scrutin ou les voix des électeurs du Front National ne comptent pas. C’est là pour le moins une curieuse conception de la démocratie ! Mais il oublie que ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on calme la fièvre... Celle attitude, indigne d’un chef d’État, fait que dorénavant, Jacques Chirac ne peut plus prétendre se poser en juge, puisqu’il a pris parti. Il est descendu dans l’arène. Il devra donc en assumer toutes les conséquences.
France 2 - lundi 23 mars 1998
Ce soir, si je puis dire, vous en avez pris pour votre grade de la part du Président de la République : il s’est adressé à vous en parlant de parti raciste et xénophobe. Très dur à l’encontre du Front national !
- « En prononçant ces accusations, le Président de la République s’est conduit de façon infâme, diffamatoire et mensongère. C’est très facile du haut de l’Elysée d’accuser ses adversaires politiques de ne pas correspondre aux définitions de la République et de la moralité alors que la République de Monsieur Chirac, ses amis et lui-même, sont probablement les dirigeants les plus immoraux que la France n’ait jamais connus. Nous n’avons pas de leçon de républicanisme ni de démocratie à recevoir de Monsieur Hue, de Monsieur Chirac ou de Monsieur Jospin. Ce sont les citoyens, ce sont les électeurs qui déterminent la qualité républicaine et démocratique, et personne d’autre, et surtout pas les adversaires politiques ! Moi, je demande aux Français de s’interroger sur la nature de la puissance secrète qui plie tous les hommes politiques comme des spaghettis chauds à ces volontés. Il faudra qu’un jour ce problème soit résolu. »
A part cette comparaison culinaire - que certains apprécieront - une autre question : aujourd’hui vos combinaisons - non pas au sens péjoratif - vos efforts en région PACA pour essayer de passer vous-même en tant que Président de région ont échoué aujourd’hui. Dans les autres régions concernées il n’y a pas eu de succès des tentatives du Front national. Vous êtes déçu ?
- « Ecoutez, nous représentons 25 ou 50 % des voix en PACA. Nous sommes donc minoritaires. Nous avons simplement demandé que la vie publique dans ces collectivités locales s’organise autour de la recherche d’une majorité vraie, car c’est seule la majorité réelle qui peut donner une légitimité aux actes du pouvoir régional. Et ce qui était scandaleux c’est qu’il avait été convenu à l’avance entre les partis de la bande des quatre que la région serait laissée à celui d’entre eux qui arriverait en tête. »
On ne va pas redévelopper.
- « Ecoutez si vous m’invitez à dire ce que je pense ce n’est pas pour dire ce que dit Monsieur Chirac ou Monsieur Hollande. »
Ma question n’était pas celle-là : je vous demandais si vous étiez déçu de ne pas avoir réussi votre opération en PACA.
- « Je ne suis pas déçu, J’obtiens 37 voix et Monsieur Léotard, chef de l’UDF, obtient 19 voix. C’est cela qui est la réalité : la droite est en pleine déroute. D’ailleurs pour que le Président de la République se soit cru obliger de faire cette démarche insolite et inconstitutionnelle et insupportable c’est probablement parce qu’il trouve que la situation est très dangereuse. Et que vont penser les Français de cette mobilisation de tous les partis politiques, du Premier ministre et du Président de la République contre un parti politique dont ils disent qu’il ne représente que 15 % des électeurs ? Il y a, là, quelque chose d’insensé. »
PRESENT - 26 mars 1998
Communiqué de Jean-Marie Le Pen
« Le président de la République est apparu lundi soir, non comme le président de tous les Français, mais comme le chef d’un clan : celui de la Bande des Quatre.
« Au mépris des règles constitutionnelles et des usages de la République, il est intervenu directement dans le cours des élections régionales, dans le but de forcer ses élus à accepter d’exécuter le Yalta intérieur, traité de partage préalable des régions au bénéfice exclusif de la gauche.
« Sans doute exaspéré par la résistance du Front national à ce projet insensé, il a lancé contre lui, avec une solennité dérisoire, l’anathème : "xénophobe et raciste", alors que le Front national est patriote et francophile.
« Il s’agit là d’une diffamation d’Etat qui disqualifie, moralement et politiquement, le président de la République. Elle constitue aussi contre les patriotes un appel à la violence dont il devra assumer la responsabilité…
« En sortant de son rôle, il a joué quitte ou double. Les Français feront que ce sera quitte. »