Texte intégral
C. Le Chevallier sera-t-elle élue dimanche député Front national de Toulon grâce à vous, UDF ?
- « Je crois que les choses sont claires. Il s’est passé dans le Var quelque chose que je ne souhaite pas voir se reproduire, c’est-à-dire la mise de l’opposition sur la touche. Si le Front national est fort, en réalité, c’est parce que l’opposition est faible, et, à mes yeux, s’est trompée de stratégie et n’a pas osé être elle-même et s’affirmer suffisamment. Il y a une erreur à ne pas faire pour l’opposition dimanche prochain : c’est le front républicain, c’est-à-dire la sainte alliance PS-PC-opposition. C’est mettre l’opposition à la remorque des socialistes. C’est ce que toute une grande partie des électeurs de l’opposition ne veulent pas, et c’est ce qui fait monter le Front national. »
Quelles consignes de vote donne l’UDF à Toulon ?
- « Ni Front national, ni Front républicain. »
C’est-à-dire avantage au Front national ?
- « Le PS, je sais bien, appelle la droite à son secours dans cette circonscription. Il y a à cela beaucoup d’hypocrisie. Je tiens à rappeler que si J.-M. Le Chevallier est maire de Toulon, c’est parce que le PS l’a fait élire. Il y a un principe du droit français qui dit "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude". Aux dernières élections municipales, il y avait en premier Le Chevallier, en deuxième l’opposition et en troisième les socialistes. Les socialistes se sont maintenus, et ont fait élire le Front national. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. »
Vous disiez en commençant que c’est la mise de l’opposition sur la touche. La mise de l’opposition sur la touche par qui ? Est-ce que c’est elle-même qui s’est mise sur la touche et qui est sortie du jeu ?
- « Bien sûr. Moi, je voudrais faire gagner l’opposition. Je voudrais lui faire remonter la pente. Alors il faut regarder les problèmes en face. Le problème n’est pas de replâtrer la façade, le problème n’est pas de bricoler les statuts de l’opposition. La grande erreur de l’opposition dans le passé, et beaucoup d’observateurs le disent aussi aujourd’hui, c’est de ne pas avoir assumé franchement les choix libéraux nécessaires au pays. Et on se voit donner des leçons de libéralisme par T. Blair ! Reconnaissez que c’est quand même un peu fort ! »
Pour l’UDF, vous avez refusé la fusion des cinq partis de l’UDF. Pour votre Démocratie libérale, vous avez choisi la liberté.
- « J’ai choisi l’identité, parce que je crois qu’aujourd’hui, tous les observateurs, qui regardent ce que doit faire l’opposition, ne disent pas : l’opposition doit être un peu plus centriste, un peu plus gaulliste. Tout le monde dit que l’opposition doit être un peu plus libérale, épouser franchement son époque. A l’intérieur de l’opposition, il y a heureusement des libéraux partout. Mais à l’intérieur de l’opposition, il y a un mouvement qui est un plus franchement et automatiquement libéral que les autres, c’est le mouvement Démocratie libérale. Je ne vais pas le diluer aujourd’hui, comme on me l’a proposé, dans un parti du centre. Un parti du centre, c’est un projet légitime que peut formuler F. Bayrou, mais ce ne peut pas être le nôtre. Je crois que la vie politique a besoin d’un mouvement libéral. Mais si on veut dessiner un autre pays à nos enfants, un autre avenir que celui que nous préparent les socialistes, il y a pour l’opposition deux conditions. La première, l’opposition doit être libérale. La seconde, l’opposition doit être unie. Donc, mon objectif est clair : contribuer à créer le plus rapidement possible, une confédération de l’ensemble de l’opposition. Une opposition unie qui propose un avenir libéral, voilà la recette pour renouer avec la victoire. Et le pari que je fais devant vous J.-P. Elkabbach, c’est que cette confédération se fera. »
L’UDF ne passera pas l’été dans ces conditions ?
- « Ecoutez, je ne suis pour rien dans la condamnation de l’UDF. Mais si nos partenaires souhaitent qu’à l’intérieur de cette confédération de l’ensemble de l’opposition, nous puissions bâtir une nouvelle union des familles qui composaient l’UDF dans un nouveau pacte de confiance, j’y suis prêt. »
Tout le monde dit : unité, union. Mais chacun se soucie d’abord de garder sa boutique et de la défendre. Chacun dit : on se rassemble. Mais comment on peut se rassembler à partir de Démocratie libérale qui doit peser 6 ou 7 % aujourd’hui ?
- « Ecoutez, premièrement, vous ne savez pas ce que pèserait Démocratie libérale dans un vote. A mon avis, le courant libéral est le plus grand fédérateur commun aujourd’hui de l’ensemble de l’opposition. Deuxièmement, mon action personnelle a toujours été une action d’addition et jamais de division. Jamais, jamais, jamais ! L’addition, je l’ai faite en coorganisant les états-généraux de l’opposition à l’époque où l’opposition était déjà au trente-sixième dessous ! L’addition, je la fais en permanence dans un mouvement qui s’appelle le mouvement Idées Action qui rassemble l’ensemble des formations de l’opposition, l’ouverture sur la société civile et des libéraux de tous les partis. »
D’accord. Vous faites l’addition tout seul ?
- « Mais non. Pourquoi cette dérision ? »
Ce n’est pas de la dérision. C’est une question ?
- « Je vous dis qu’il faut bâtir une confédération de l’ensemble de l’opposition. Donc, ce n’est pas l’addition avec les autres mais dans cette confédération, je crois qu’il y a besoin, et que la vie politique française a besoin, d’un mouvement Libéral, franchement libéral. »
Donc vos choix, vos principaux choix sont des choir libéraux. L’Europe qui se crée samedi avec l’euro sera-t-elle libérale ou une Europe avec du social ?
- « Pourquoi opposer un terme et l’autre ?! Si vous voulez être plus social aujourd’hui, il faut être plus libéral. Moins vous serez libéral, plus vous verrez la régression de notre progression sociale, et une société où la mobilité sociale se bloque. Moi, je suis européen et passionnément européen. La réalisation de l’euro impose des choix libéraux, et on voit bien l’embarras des socialistes. Ils voudraient bien l’euro, mais ils ne voudraient pas les choix libéraux qui vont avec. Refuser les choix libéraux qui accompagnent la naissance d’une monnaie européenne, c’est effectivement prendre le risque de la régression sociale. »
A. Duhamel disait tout à l’heure qu’il y avait une crise de la droite européenne. On voit ce qui se passe en Allemagne, où M. Schroeder pourrait gagner. S’il gagnait, il y a quatre principaux gouvernements de l’Europe qui seraient sociaux-démocrates. Est-ce que cela ne veut pas dire que les peuples ne veulent pas aujourd’hui du modèle libéral pour l’Europe ?
- « S’agissant de la France, la question ne se pose pas puisque ce modèle libéral ne leur a jamais été vraiment proposé. On a fait du libéralisme honteux. On a eu une droite qui faisait plutôt une politique sociale-démocrate. Notez que le paradoxe veut qu’aujourd’hui, nous sommes entrés dans une situation où une gauche veille quelques emprunts libéraux. Mais je crois que la seule politique qui n’a jamais été vraiment tentée en France et dont le pays a besoin pour se dessiner un meilleur avenir, c’est une politique franchement libérale. »
Est-ce que vous avez compris la manière dont le RPR danse le tango de l’Europe ?
- « Ecoutez, cela n’appelle pas vraiment de commentaires. L. Jospin nous a proposé un vote à l’Assemblée nationale qui était un vote inutile. Tout le monde avait envie de dire oui à l’euro, mais non à L. Jospin. Cela s’est dit de façon différente par les uns et les autres. »
Vous qui connaissez bien P. Séguin, et qui avez partagé avec lui des campagnes, est-ce qu’il va mieux, est-ce que vous savez qui va le débarrasser de ses doutes ?
- « L’action. Je crois que P. Séguin a l’air un peu colère et un peu fâché en ce moment, mais je crois que c’est l’action et l’action commune de reconquête, de patiente reconquête, parce que cela ne va pas se faire en un jour, qui peut aujourd’hui rassembler. Voilà en tout cas la proposition que je fais : une opposition unie qui dessine un avenir libéral et cela se fera. »
Avec le RPR aussi ?
- « Avec le RPR. Vous savez, quand vous regardez quelqu’un comme N. Sarkozy et que vous le comparez à A. Madelin, il y a beaucoup de choses qui nous rapprochent. Je souhaite que nous puissions mettre l’accent sur ce qui nous rapproche plutôt que sur ce qui nous divise. »
Vous conseillez qu’il adhère à Démocratie libérale où vous pourriez adhérer à une partie du RPR de Sarkozy ?
- « Je considère que nous avons un devoir ensemble : faire une confédération unie de l’ensemble de l’opposition, d’une opposition libérale. »