Article de M. Yves Cochet, porte-parole des Verts, dans "Vert Contact" du 22 juin 1996, sur les manipulations génétiques de plantes cultivées, intitulé "De la vache à la plante folle".

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Média : Vert contact

Texte intégral

L’objectif non dissimulé des recherches et développements en matière de génie génétique est l’adaptation maximale de tous les êtres vivants aux impératifs de productivité des systèmes agro-industriels actuels.

Ainsi, l’industrie chimique a déjà pris le contrôle de la quasi-totalité du secteur des semences et un projet de loi prévoit que les (rares) agriculteurs qui auto-reproduisent leurs semences devront bientôt payer une taxe nouvelle aux obtenteurs, c’est-à-dire aux industriels des semences certifiées (1).

Un autre risque nouveau et important se fait jour dans le domaine végétal : la dispersion des plantes transgéniques cultivées (2). En résumé, le but recherché était l’obtention de colza manipulé génétiquement pour résister aux herbicides. Alors, les mauvaises herbes seraient tuées tandis que le colza demeurerait, avec l’espoir d’utilisation de moindres doses d’herbicides. Noble cause, effets pervers. C’est le contraire qui se produit : les mauvaises herbes, par hybridation rapide avec le colza transgénique, deviennent-elles aussi résistantes aux herbicides ! Les plantes folles, fertiles et envahissantes, prolifèrent là où l’on croyait les supprimer !

Cet exemple illustre deux phénomènes récents et inquiétants. Le premier, maintes fois dénoncé par Les Verts, est celui de l’industrialisation sans frein de l’agriculture, quel que soit le coût sur l’environnement, et sur la perte de revenus et d’autonomie des paysans. Le second est la mainmise de l’industrie sur tous les secteurs de la recherche : l’industrie s’engage dans la recherche en définissant ses propres projets, tandis que les instituts publics délaissent la recherche fondamentale au profit de la course aux contrats commerciaux avec les entreprises. En outre, les avancées scientifiques publiques, désormais, considérées comme secret industriel, sont financées par tous mais réservées aux entreprises contractantes.

Ainsi, la logique productiviste menace tout à la fois la biodiversité des milieux naturels, les conditions de travail des agriculteurs et l’accessibilité universelle des connaissances scientifiques.

(1) Coordination nationale pour la défense des semences fermières - BP 37, 16700 Ruffec - Tél. : (16) 45 31 29 26 - Fax : (16) 45 31 35 43.

(2) Nature, 7 mars 1996.

Courrier de l’environnement, INRA, avril 1996.