Texte intégral
Le Figaro Magazine - 22 juin 1996
Le Figaro Magazine : Le XXIIe sommet du G7, qui s’ouvre dans quelques jours à Lyon, est un formidable outil de promotion !
Raymond Barre : C’est en effet la première fois qu’une telle manifestation mondiale se déroule dans une métropole régionale française. Outre les délégations, nous allons accueillir environ 2 500 journalistes de la presse internationale. Nous devons profiter de cette occasion unique pour faire mieux connaître Lyon, ses capacités et son potentiel d’avenir.
Le Figaro Magazine : Comment décririez-vous Lyon aux chefs d’État, au président de la Communauté européenne, et au secrétaire de l’ONU ?
Raymond Barre : Je dirais que Lyon est un ville chargée d’histoire où règne aujourd’hui l’esprit d’entreprise et d’innovation et qu’elle est une ville promise à un grand essor dans le cadre de l’Union européenne, au carrefour de l’Europe du Nord et de l’Europe du Sud, et qui peut jouer un rôle de premier plan dans l’Europe latine.
Le Figaro Magazine : Lors de ce sommet, plusieurs thèmes, dont l’emploi, la dérégulation monétaire, le développement et peut-être le nucléaire vont être traités. Comment l’expert économique que vous êtes, aborderait-il les discussions ?
Raymond Barre : Un sommet des chefs d’État et de gouvernement ne procède pas à des discussions techniques de sujets, qui sont par ailleurs étudiés par les ministres des affaires étrangères et de l’économie. Ce qui importe dans de telles réunions, c’est le contact personnel, ce sont les explications directes, c’est l’expression d’une volonté commune de travailler ensemble au maintien de la paix et au progrès économique et social. Puisse le sommet de Lyon donner au monde le sentiment que la solidarité au service de l’humanité prévaut sur les intérêts des puissances concernées, quelque légitime qu’ils puissent être.
Les Échos - 24 juin 1996
Les Échos : Tout le monde attend de vous que vous fassiez rayonner Lyon à l’étranger. Comment la ville peut-elle tirer parti durablement du G7 ?
Raymond Barre : La réunion du G7 permettra, en un court laps de temps, de mobiliser l’attention sur Lyon, de mieux la faire connaître au monde, de faire davantage reconnaître ses potentialités. En terme de publicité, pouvait-on souhaiter plus ? Il s’agira ensuite d’exploiter les opportunités qui se présenteront.
Lyon a toujours eu une dimension internationale. Celle-ci a été plus ou moins forte suivant les périodes de son histoire. Au lieu de s’interroger en permanence sur le caractère international ou non de Lyon, il est beaucoup plus utile d’agir dans cette direction, par exemple en matière de communication, en développant Satolas et en mettant en œuvre le TGV Lyon-Turin, ou en matière économique, en terminant les grandes opérations d’aménagement que sont la Cité internationale, le Part-Dieu, Gerland.
Les Échos : Pourquoi cette ville doit-elle à tout prix devenir internationale ?
Raymond Barre : Lyon est depuis son origine une ville ouverte sur le monde. C’est bien sûr son intérêt à elle, d’être internationale, mais c’est aussi l’intérêt de la France, qui ne peut s’appuyer uniquement sur Paris, mais doit utiliser aussi des grandes métropoles régionales, au premier rang desquelles Lyon se trouve naturellement. C’est également l’intérêt de l’Europe de développer le rôle international de ses grandes villes.
Les Échos : Regrettez-vous que la région lyonnaise n’ait pas su exercer la même attraction que la région Méditerranée sur les investisseurs étrangers ? Quelle en est la cause ?
Raymond Barre : N’oublions pas qu’il y a déjà beaucoup d’investissements étrangers dans la région lyonnaise. L’attraction récente qu’exerce la région Méditerranée n’est donc pas pour Lyon a des atouts qui garantissent son avenir, en dehors de toute surenchère.
Les Échos : Que peut apporter le rapprochement des trois villes Lyon, Genève et Turin, qui constitue le « Diamant alpin » ?
Raymond Barre : Le « Diamant alpin » est pour Lyon un territoire majeur de concertation, d’action et de développement. Lyon ne doit plus avoir sans cesse les regards tournés vers Paris. Elle doit s’intéresser en priorité à son environnement européen le plus proche – la Suisse avec Genève et l’Italie du Nord avec Turin – à travers trois grands thèmes d’actions en commun : les communications, avec en particulier le projet essentiel du TGV Lyon-Turin ; l’Université, la recherche et la culture ; le tourisme.