Article de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Pour la France" du premier trimestre 1998 et dans "Le Figaro" du 3 avril, sur la modernisation de la vie politique française, et sur la politique du gouvernement.

Prononcé le 1er janvier 1998

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro - Pour la France

Texte intégral

Le Figaro - 3 avril 1998

À quoi bon « moderniser » la vie politique de notre pays au moment même où on liquide sa souveraineté ? Telle est la question que devraient se poser les responsables politiques français, telle est la question que j’ai posée au président de la République lorsqu’il m’a reçu à l’Élysée.

Le taux d’abstention considérable, lors des récentes élections régionales, la progression des extrêmes, ont souligné une fois de plus le désarroi des Français. On attendrait, de la part des partis politiques, une interrogation en profondeur sur les causes de ce phénomène, une volonté d’apporter des solutions concrètes. Mais il semble, qu’une fois de plus, on cherche à esquiver le débat.

Chacun voit bien que la réforme des modes de scrutin, des quotas féminins, du statut des élus n’est pas le problème de l’heure. L’urgence, c’est de se doter des moyens de permettre à la France d’exister encore en tant que nation dans les décennies à venir.

Chaque jour, l’actualité nous alerte sur les menaces qui pèsent sur la cohésion nationale : professeurs et élèves de Seine-Saint-Denis qui manifestent pour avoir les moyens nécessaires à un enseignement échappant à la violence et adapté aux exigences de la vie professionnelle ; usagers qui réclament la possibilité de circuler dans les transports en commun sans risquer d’être agressés ; habitants des banlieues qui réclament le droit à la sécurité pour eux et leurs enfants, sans côtoyer en permanence racketteurs, dealers ou caïds de quartier, cherchant à imposer leur loi, hors la loi nationale…

Chaque jour, la presse nous informe sur les manœuvres de ceux qui aspirent à voir la France se dissoudre dans un magma fédéraliste européen soumis à la loi du mondialisme mercantile : mise en œuvre clandestine d’un accord multilatéral sur les investissements dessaisissant les États de leur souveraineté économique ; mise en œuvre tout aussi clandestine d’un « New Transatlantic Market », vaste zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, sans que les élus nationaux soient saisis ; directives européennes sur l’agriculture ou l’environnement qui dessaisissent un peu plus les nations de la maîtrise de leur politique intérieure ; annonce, comme si cela était irréversible, de l’entrée de la France dans le système « euro », en refusant que les Français se prononcent sur cette mesure qui engage leur avenir professionnel et réduit la souveraineté de leur pays…

Des réponses existent

La France restera-t-elle une nation, assumant sa vocation historique et exerçant son rayonnement dans le monde, avec des citoyens responsables, fiers d’appartenir à une communauté nationale dynamique, et soucieux de respecter ses lois et traditions ? Ou se résignera-t-elle à n’être plus qu’une simple aire géographique d’un vaste « Euroland », avec des ayant droit et non plus des citoyens ?

Ces questions appellent des réponses précises, des mesures concrètes qui manifestent la volonté d’y faire face : la véritable modernisation de la vie politique est là !

Ces questions, les Français se les posent. Ils pressentent que la France est menacée. Mais ils ont trop souvent l’impression qu’il n’y a rien à faire, que les dirigeants politiques n’ont plus guère prise sur les leviers de décision, qu’il n’y a plus de réponses à leurs interrogations. Et pourtant ces réponses existent, il y a des solutions. La droite est en mesure de rejoindre les préoccupations des Français autrement qu’en leur proposant des « placebo ». Il suffit qu’elle accepte d’être elle-même, sans tomber dans l’outrance ou l’infamie, qu’elle affiche sans honte ses valeurs, sa foi dans la nation. C’est en ce sens que la ratification du traité d’Amsterdam sera le grand marqueur de la vie politique française pour la décennie qui vient.

Pour la France, journal trimestriel du Mouvement pour la France, 1er trimestre 1998

À quoi bon « moderniser » la vie politique de notre pays au moment même où on liquide sa souveraineté ? Telle est la question que devraient se poser les responsables politiques français, telle est la question que j’ai posée au président de la République lorsqu’il m’a reçu à l’Élysée.

Le taux d’abstention considérable lors des récentes élections régionales, la progression des extrêmes ont souligné une fois de plus le désarroi des Français. On attendrait de la part des partis politiques une interrogation en profondeur sur les causes de ce phénomène, une volonté d’apporter des solutions concrètes. Mais il semble qu’une fois de plus, on cherche à esquiver le débat.

Chacun voit bien que la réforme des modes de scrutin, des quotas féminins, du statut des élus n’est pas le problème de l’heure. L’urgence, c’est de se doter des moyens de permettre à la France d’exister encore en tant que nation dans les décennies à venir.

Chaque jour, l’actualité nous alerte sur les menaces qui pèsent sur la cohésion nationale : professeurs et élèves de Seine-Saint-Denis qui manifestent pour avoir les moyens nécessaires à un enseignement échappant à la violence et adapté aux exigences de la vie professionnelle ; usagers qui réclament la possibilité de circuler dans les transports en commun sans risquer d’être agressés ; habitants des banlieues qui réclament le droit à la sécurité pour eux et leurs enfants, sans côtoyer en permanence racketteurs, dealers ou caïds de quartier cherchant à imposer leur loi, hors la loi nationale…

Chaque jour, la presse nous informe sur les manœuvres de ceux qui aspirent à voir la France se dissoudre dans un magma fédéraliste européen soumis à la loi du mondialisme mercantile : mise en œuvre clandestine d’un accord multilatéral sur les investissements dessaisissant les États de leur souveraineté économique ; mise en œuvre tout aussi clandestine d’un « New Transatlantic Market », vaste zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, sans que les élus nationaux en soient saisis ; directives européennes sur l’agriculture ou l’environnement qui dessaisissent un peu plus les nations de la maîtrise de leur politique intérieure ; annonce, comme si cela était irréversible, de l’entrée de la France dans le système « euro », en refusant que les Français se prononcent sur cette mesure qui engage leur avenir professionnel et réduit la souveraineté de leur pays…

La France restera-t-elle une nation, assumant sa vocation historique et exerçant son rayonnement dans le monde, avec des citoyens responsables, fiers d’appartenir à une communauté nationale dynamique, et soucieux de respecter ses lois et traditions ? Ou se résignera-t-elle à n’être plus qu’une simple aire géographique d’un vaste « Euroland » avec des ayant-droits et non plus des citoyens ?

Ces questions appellent des réponses précises, des mesures concrètes qui manifestent la volonté d’y faire face : la véritable modernisation de la vie politique est là !

Ces questions, les Français se les posent. Ils pressentent que la France est menacée. Mais ils ont trop souvent l’impression qu’il n’y a rien à faire, que les dirigeants politiques n’ont plus guère prise sur les leviers de décision, qu’il n’y a plus de réponses à leurs interrogations. Et pourtant ces réponses existent, il y a des solutions. La droite est en mesure de rejoindre les préoccupations des Français autrement qu’en leur proposant des « placebo ». Il suffit qu’elle accepte d’être elle-même, sans tomber dans l’outrance ou l’infamie, qu’elle affiche sans honte ses valeurs, sa foi dans la nation.

C’est en ce sens que la ratification du traité d’Amsterdam sera le grand marqueur de la vie politique française pour la décennie qui vient.