Interview de M. Alain Richard, ministre de la défense, dans "L'Est républicain" du 6 février 1998, sur les retombées économiques de la professionnalisation des armées dans l'Est de la France, l'avenir de Verdun et la commémoration de la Première guerre mondiale.

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Média : L'Est républicain

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L'Est Républicain : Vous venez à Commercy, au cœur d'un régiment en cours de professionnalisation, qu'attendez-vous de cette visite ?

Ministre de la Défense : À Commercy aujourd'hui, comme dans mes visites ces dernières semaines à Montauban, à Rochefort, à Lunéville, à Cognac, à Castres ou à Issoire, je souhaite voir concrètement les problèmes que pose la professionnalisation, et la manière dont ils sont abordés et résolus, à la fois au sein des armées et dans l'environnement local je veux aussi, à cette occasion, rappeler que la professionnalisation est, dans un certain nombre de bassins d'emploi, une opportunité et que le poids économique des forces professionnalisées futures sera très substantiellement supérieures à celui des anciens régiments d'appelés. Dans cette profonde réorganisation, il n'y a pas que les perdants, il y a aussi beaucoup de gagnants, même si on les entend moins. La Lorraine est globalement de ceux-là.

L'Est Républicain : Commercy et Étain (3e RHC) éprouvent des difficultés à trouver des logements pour leurs militaires. Votre ministère va-t-il pouvoir aider ces villes à les surmonter ?

Ministre de la Défense : En partenariat avec mon collègue Louis Besson, secrétaire d'État au logement, nous avons examiné les besoins supplémentaires de logements engendrés par la professionnalisation. Des mesures exceptionnelles qui relèvent du secrétariat d'État au logement seront prises ; elles concerneront notamment le pays de Commercy. Je suis conscient, et c'est une priorité pour l'ensemble du ministère, que la réussite de la professionnalisation passe par un effort en direction de l'environnement social et humain, des unités.

L'Est Républicain : La citadelle de Verdun est en vente depuis un an. Où en est-on aujourd'hui ?

Ministre de la Défense : Les conditions de réutilisation de la citadelle et de ses remparts sont l'objet de discussions depuis plusieurs années. Une étude sur ce sujet m'a été récemment remise par le général Cousine, délégué au patrimoine de l'armée de terre. Actuellement, des travaux de sécurisation du site sont en cours. Leur coût 5,5 millions de francs est pris en charge par le ministère de la Défense. La municipalité a des projets pour cette emprise, il faut en examiner la faisabilité et les conditions du transfert de propriété à la collectivité locale, que supposerait cette reconversion. Je suis, comme pour l'ensemble des emprises que nous cédons, à l'écoute des projets et ouvert au dialogue, dans le respect des règles de droit.

L'Est Républicain : Quel devenir pour les friches militaires verdunoises ?

Ministre de la Défense : Surveillées par l'armée de terre, les emprises militaires de Verdun devenues inutiles aux armées constituent un ensemble de bâtiments que notre « mission de réalisation des actifs immobiliers (Mrai) » cherche depuis 1994, à céder de manière utile. Plusieurs unités font l'objet de discussions en vue de possibles transactions concernant la caserne Anselin, la caserne Meribel, la nouvelle manutention et une fraction de la caserne Niel-Thouvenel, sur le site de laquelle un projet créateur d'emplois pourrait prochainement aboutir.

L'Est Républicain : La professionnalisation du 2e RC de Thierville ne compense pas pleinement le départ du 151e RI. Peut-on espérer d'autres compensations ?

Ministre de la Défense : En termes de retombées économiques, un régiment professionnalisé équivaut à plus de deux régiments d'appelés. Pour le 1er 2e régiment de chasseurs, cela conduira en 2002 à un nombre de professionnels équivalent à ceux qui servent dans les deux régiments actuels, soit plus de 1 100. Verdun disposera à terme d'un important régiment comprenant deux groupes de 40 chars chacun. Dans un contexte de diminution générale des effectifs militaires et des unités il n'est pas prévu d'implanter d'autres formations des armées dans la Meuse, qui avec trois régiments et trois escadrons de gendarmerie mobile, restera un département marqué par une très forte présence de la défense.

L'Est Républicain : À ce propos, peut-on connaître la date d'arrivée du char Leclerc à Verdun ?

Ministre de la Défense : Dans les projets actuels, le 1er 2e régiment de chasseurs de Thierville, qui est actuellement doté de l'AMX 30 B2, dernière évolution en date de ce char toujours très performant, recevra le Leclerc à partir de 2005.

L'Est Républicain : Les cérémonies du 80e anniversaire de la fin de la guerre 14-18 s'annoncent grandioses. Quelle place va y tenir notre ministère ?

Ministre de la Défense : Comme vous le savez, le secrétariat aux Anciens combattants est rattaché au ministère de la Défense depuis la formation du nouveau gouvernement. La Défense est donc doublement associée aux commémorations du 80e anniversaire de l'armistice : par le soutien qu'elle fournit à Jean-Pierre Masseret qui a la charge de piloter l'ensemble des commémorations et par la participation qu'elle fournira directement, notamment celle des unités associées aux différentes célébrations. De plus je vous rappelle que le président de la République a donné son accord pour qu'une très importante cérémonie franco – américaine soit organisée dans la Meuse, afin de commémorer les batailles de Saint-Mihiel et de l'Argonne.