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Le Figaro : Ni Jacques Chirac ni vous n’avez jugé nécessaire d’aller saluer sur place le départ de la première Française de l’espace. Que répondez-vous à ceux qui considèrent qu’il s’agit là d’une marque de désintérêt ?
François Fillon : N’y voyez aucune marque de dédain de la part du gouvernement, qui, tout au contraire, est de tout cœur avec Claudie André-Deshays. C’est simplement le fait que le vol a été décalé qui explique mon absence à Baïkonour, où je devais me rendre. Je ferai le maximum pour être présent au retour de notre Française de l’espace début septembre.
Le Figaro : Le prochain vol d’un Français à bord de Mir aura-t-il lieu comme prévu dès 1997, ou sera-t-il reporté pour des raisons financières, comme beaucoup le redoutent ?
François Fillon : S’il est reporté, ce ne sera pas tant pour une question budgétaire que pour mieux nous préparer à l’avenir. Les vols de courte durée comme ceux effectués jusqu’à présent avec les Russes apparaissent dépassés. Il faut désormais préparer nos astronautes à l’avenir, aux missions de longue durée qui se dérouleront à bord de la future station spatiale internationale Alpha. Pour cela, le CNES étudie en ce moment le passage à de vols de très longue durée, de l’ordre de six mois ou plus. Dès à présent, des discussions sont en cours à ce sujet avec l’Agence spatiale russe. Au stade actuel, nous estimons nécessaire de franchir cette nouvelle étape le plus vite possible, peut-être dès 1997 ou 1998. Vous voyez donc que demain nos astronautes voleront plus que jamais.
Le Figaro : Pensez-vous que le maintien d’un corps d’astronautes purement français se justifie encore longtemps face à l’européanisation, voir même la mondialisation des voies spatiaux à bord de la futur station internationale Alpha ?
François Fillon : Jusqu’à présent, il y a eu des astronautes de l’ESA et des astronautes du CNES. Je ne vois pas ce qui nous pousserait à modifier ce système. La coopération européenne et internationale dans laquelle notre politique spatiale s’engage de plus en plus ne doit pas remettre en cause nos compétences propres en matière de vols humains. Notre volonté reste au contraire de renforcer l’expérience de notre pays, avec des vols d’astronautes français vers la station spatiale internationale. Mais, bien sûr, il n’en faut pas moins étudier et mettre en œuvre des coopérations entre les uns et les autres.