Interview de M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales, à France 2 le 25 janvier 2007, sur la polémique suscitée par une éventuelle enquête des Renseignements généraux sur un membre de l'équipe de Ségolène Royal et sur le ralliement de Christian Blanc à Nicolas Sarkozy dans la campagne pour l'élection présidentielle.

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Média : France 2

Texte intégral

Q- Bonjour à tous, bonjour B. Hortefeux. Vous êtes ministre délégué aux Collectivités territoriales auprès du ministère de l'Intérieur. Et justement, le journal Le Parisien de ce matin reprend des
informations publiées hier dans Le Canard Enchaîné selon lesquelles les Renseignements Généraux, le ministère de l'Intérieur auraient mené une enquête sur un des membres de l'équipe de S. Royal. Comment est-ce que vous réagissez ?

R- A vrai dire, il y a des classiques, dans les campagnes électorales. C'est généralement, quand on n'a rien à dire, on crie au complot Alors l'originalité c'est que cette fois-ci, ça se passe au début de la campagne, d'habitude c'est à la fin. Naturellement, tout ceci relève de la plaisanterie et du fantasme et d'ailleurs...

Q- Vous dites qu'il n'y a jamais eu d'enquête des Renseignements Généraux ?

R- Jamais aucune enquête n'a été diligentée à la demande de N. Sarkozy et je vais d'ailleurs vous en donner l'explication. C'est que pour savoir ce qui se passe chez S. Royal, il n'y a pas besoin d'enquêteur, l'atmosphère est telle chez eux, que tout hiérarque, la nomenklatura qui l'entoure, ne sont pas, c'est le moins que l'on puisse dire, avares de bavardages dans la presse. Il suffit de lire les journaux pour savoir ce qui s'y passe, donc vraiment, il n'y a pas besoin d'aller chercher des policiers là-dessus. En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'il faudrait mobiliser pour des enquêtes et pour des recherches précises, beaucoup de policiers, beaucoup de fins limiers, les héros de la série de France 2 " PJ ", et Sherlock Holmes s'il était disponible, pour trouver le programme de S. Royal. Là, il faudrait mobiliser du monde, parce qu'on le cherche désespérément, on ne le trouve pas. La réalité, elle est très simple, c'est que sa campagne patine totalement, il y a une accumulation d'imprécisions, d'erreurs, de contradictions qui sont là et s'additionnent tous les jours. Et cette accumulation montre tout simplement que ça ne fonctionne pas, que la campagne de S. Royal, ça ne marche pas et comme ils sont en train de patauger, ils cherchent désespérément des sorties de secours qu'ils n'arrivent pas à enfoncer.

Q- Alors là, quand même, cela dit, le journal Le Parisien de ce matin, cite des personnes de l'entourage de N. Sarkozy. Est-ce qu'on peut imaginer que les Renseignements Généraux aient travaillé sans que N. Sarkozy soit au courant ?

R- Moi, je n'ai pas l'imagination qui vagabonde comme ça. Je vous dis, cela relève du fantasme et nous n'avons pas besoin de cela. Vous savez encore une fois, nous on observe ce qui se passe et ça nous suffit, véritablement. Chaque jour, on nous apporte des éléments nouveaux, intéressants de gaffes, de bourdes. Et moi, j'attends d'ailleurs avec impatience le prochain épisode de ce feuilleton haletant des rencontres de madame Royal, des dialogues, le dernier en date étant celui d'ailleurs du Canada.

Q- C'est-à-dire ? Vous parlez de sa prise de position sur la souveraineté du Québec ?

R- Oui, c'est assez étonnant. Certains ont voulu essayer de rattraper le coup en disant : " mais le Général de Gaulle l'a fait. " Oui, le Général de Gaulle l'a fait voici exactement 40 ans, en 1967, dans un contexte totalement différent.

Q- Mais justement ce n'est pas paradoxal que ça soit les gaullistes qui reprochent à S. Royal une prise de position en faveur du souverainisme québécois ?

R- Non, mais écoutez ! S'il y a un paradoxe ce n'est pas celui-là. Le paradoxe c'est que madame Royal a donc un programme pour le Québec, mais il faudrait maintenant qu'elle en trouve un pour la France.

Q- D'un mot - je reviens sur cette affaire des Renseignements Généraux - la gauche dénonce la confusion des genres, entre le poste de ministre de l'Intérieur et celui de candidat à la présidentielle, le PS demande la démission de N. Sarkozy du Gouvernement. Est-ce qu'il va quitter le Gouvernement ?

R- Attendez ! Est-ce que vous pouvez me citer une déclaration des responsables du Parti socialiste, demandant à L. Jospin de démissionner lorsqu'il était Premier ministre, donc au-dessus d'un ministre de l'Intérieur, et qu'il était lui-même candidat ?

Q- Ils demandent ça après les informations publiées dans Le Canard Enchaîné ?

R- Oui, oui, oui, c'est ça, enfin bon ! La réalité c'est qu'encore une fois, comme ils n'ont rien à dire, ils disent cela et qu'il y a une observation à faire qui est toute simple : jamais aucun président de la République en exercice, aucun Premier ministre, aucun ministre n'a démissionné pour être candidat à une élection. Donc on veut infliger un traitement particulier à N. Sarkozy. Moi, ça me conforte dans mon idée, c'est que c'est un homme public différent des autres, eh ! Eh bien c'en est un autre témoignage.

Q- Il sera ministre jusqu'au bout ?

R- Ecoutez ! Je n'en sais rien, il prendra sa décision. Je ne connais pas, moi, son calendrier, ce que je sais c'est une chose simple, c'est que sa décision ne sera pas dictée par une considération tactique telle qu'elle soit, ça sera dicté par le souci de l'intérêt général. Je le connais moi, depuis 30 ans et je sais que c'est ça qui dictera sa décision, voilà.

Q- Sur le plan politique, on a appris ce matin que C. Blanc - l'UDF C. Blanc - ralliait la candidature de N. Sarkozy. Comment vous expliquez ça ?

R- C. Blanc c'est un homme public, qui est un homme honnête, qui est un homme compétent, qui est un homme courageux. Et d'ailleurs quand vous observez son engagement et son activité, c'est la diversité et la richesse de ses engagements et de ses activités, vous vous apercevez que c'est très large et très vaste. Il a été à un moment donné issu plutôt du socialisme et...

Q- Proche de M. Rocard.

R- Proche de M. Rocard et il a décidé de rejoindre N. Sarkozy. Et ça signifie tout simplement que c'est un homme, et c'est en cela que sa démarche est intéressante, car toute sa vie s'est engagée, a été caractérisée par le dialogue ; il a toujours prôné le dialogue, quand il était préfet, quand il était commissaire en Nouvelle Calédonie, quand il était président d'Air France et en même temps la modernisation. C'est un homme de dialogue et de modernisation. Et ce qui est intéressant, c'est qu'il se retrouve dans la démarche de N. Sarkozy. C'est un signal fort qui est ainsi adressé à tous ceux qui croient dans les vertus du dialogue et qui espèrent dans la modernisation de notre pays. Ce signal, si vous voulez, c'est un double signal : c'est le signal d'un rassemblement qui s'organise très clairement et en même temps d'une cohésion qui s'exprime de plus en plus publiquement.

Q- On parle d'autres ralliements venant de l'UDF, notamment celui d'A. Santini. Vous en savez quelque chose ?

R- J'observe qu'il y a un certain nombre - je n'ai pas d'autres informations que celles qui ont été publiées hier soir...

Q- Mais comment vous expliquez ces possibles ralliements ?

R- Pour une raison très simple, c'est d'abord ce sont des personnalités libres et indépendantes, qui appartenaient au parti de F. Bayrou et qui après avoir écouté F. Bayrou décident de s'en éloigner. Ce sont donc des personnalités libres, je ne sais pas quel sera leur choix ? Mais j'observe encore une fois, que la démarche, la compétence, l'autorité, l'imagination, la manière dont N. Sarkozy creuse son sillon ne les laissent pas indifférents. Eh ! Bien je m'en réjouis.

Q- A propos de F. Bayrou, est-ce que vous pensez, vous, à l'hypothèse du troisième homme qui viendrait troubler le jeu entre S. Royal et N. Sarkozy ?

R- Il faut faire très attention avec les enquêtes d'opinion et d'ailleurs moi, je ne ferais pas l'injure à F. Bayrou qui est un homme politique chevronné, qui a été élu, voici plus de 20 ans, qui a été très longtemps ministre, qui a servi deux Premiers ministres différents, je ne ferais pas l'injure à F. Bayrou de croire qu'il se focalise exclusivement sur les enquêtes d'opinion. Chacun sait que celles qui peuvent évoluer. Aujourd'hui, il se situe dans l'étiage de son score traditionnel.

Q- Mais est-ce que vous pensez qu'il peut créer la surprise ou pas ?

R- Ecoutez, moi en matière de surprise, je n'y crois pas tellement en matière électorale. J'avance plutôt avec des convictions et moi, j'ai la conviction qu'il est indispensable que N. Sarkozy soit élu président de la République. Donc je ne me préoccupe pas des autres. Et c'est d'ailleurs une différence. Regardez bien comment nous fonctionnons autour de N. Sarkozy et à sa demande. Lui-même ne parle pas des autres candidats, il parle de ses propositions, il parle de ce qu'il imagine pour être utile pour notre pays. Il ne se préoccupe pas des autres. Dans sa bouche, observez bien, je vous mets au défi de me contredire, il n'y a jamais d'attaque contre les autres, jamais. Encore une fois, il avance, il imagine, il propose.


Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 janvier 2007