Déclaration de Mme Michèle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, en réponse à une question sur la poursuite de la construction européenne malgré les divergences sur l'Irak, à l'Assemblée nationale le 25 mars 2003.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Il est vrai que la guerre de l'Irak a divisé l'Europe puisque certains ont voulu le recours à la force tandis que d'autres, parmi lesquels notre pays, auraient souhaité que la responsabilité collective de la communauté internationale fût mise au premier plan, tout ceci dans le même but, comme l'a rappelé tout à l'heure le ministre des Affaires étrangères, le désarmement de l'Irak.
Cela étant, est-ce la fin annoncée du projet politique européen ? Je vous réponds très franchement, certainement non et peut-être même, au contraire, comme le président de la République l'a rappelé. L'Europe a déjà connu des crises extrêmement profondes, elle n'a jamais cessé de progresser, elle n'a jamais connu de recul et ici, en France, nul ne souhaite que nous fassions marche arrière.
Des travaux sont en cours : d'abord la Convention dont nous appuyons très fermement la poursuite des travaux. La présidence grecque a proposé d'écouter le président de la Convention en juin et auparavant en avril. Il y a aussi, ce qui est très nouveau, la constitution d'une véritable opinion européenne et cette opinion publique européenne réclame plus d'Europe et pas moins. Enfin et surtout, il faut rappeler que le dernier Conseil européen de Bruxelles des 20 et 21 mars, quelles que soient par ailleurs les divergences qui subsistent entre Etats, est parvenu à une déclaration commune qui, pour répondre à votre question, associe non seulement les Quinze mais les futurs Etats membres de l'Europe et qui posent les principes essentiels de l'avenir. D'abord, le rappel de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Irak, ensuite le rappel de la primauté des Nations unies et de la responsabilité qui incombe à la communauté internationale tout entière et enfin, le renforcement de la politique de défense, le renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune que rappelait tout à l'heure le Premier ministre et non pas son affaiblissement.
Nous sommes aujourd'hui au jour du 46ème anniversaire du Traité de Rome, le 25 mars 1957 et j'ai réuni ce matin, au ministère des Affaires étrangères, les neuf anciens commissaires européens. Nous nous sommes accordés pour que la France porte haut ce message car si l'Europe existe, notre pays en est l'un des principaux bâtisseurs.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mars 2003)