Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être dans ce studio de RTL ce matin. Ils ont 15, 16 ans, ils ne passent pas le bac, eux, ils sont plutôt décrocheurs ou ils ont quitté la filière générale, ils sont 2.098, je crois, très précisément, à inaugurer la promesse d'Emmanuel MACRON de créer le SNU – Service National Universel – dans 13 centres, ça dure quinze jours. Comment ça se passe cette installation depuis hier soir, vous avez des retours ?
GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord, les jeunes, ils sont représentatifs de la diversité de la jeunesse, il n'y a pas que des décrocheurs ou des personnes qui ont arrêté l'école, vous avez des lycéens en voie générale, en voie professionnelle, en voie technologique, des apprentis, effectivement, des décrocheurs, des jeunes en situation de handicap, on a voulu que ça soit le plus représentatif de la diversité de la jeunesse, parce qu'il y a un objectif qui est très fort, qui est celui de la mixité, du brassage, de la rencontre aussi entre des jeunes qui viennent de territoires radicalement différents parfois, et donc qui vivent des réalités différentes, qui ont des projets différents, et l'objectif, c'est qu'ils apprennent les uns des autres.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, ça, c'est le principe, est-ce que vous avez des retours depuis hier soir, ils sont arrivés dans ces espèces de camps, des camps scouts un peu, des…
GABRIEL ATTAL
Alors, il y a de tout, vous avez des internats…
ELIZABETH MARTICHOUX
Des chambrées…
GABRIEL ATTAL
On se base sur de l'infrastructure existante, parce qu'on est économe de nos moyens et qu'on ne va pas construire des camps ou des lieux spécifiques, il y a des internats de lycée, il y a des structures de tourisme social, il y a des bâtiments qui dépendent des armées, vous avez un peu de tout, ils sont arrivés hier soir, je les ai rencontrés avec Jean-Michel BLANQUER, on était à Tourcoing, on les sentait à la fois impressionnés et très motivés à l'idée de participer au service national, on leur a remis leur paquetage avec leur tenue commune qu'ils porteront pendant ces quinze jours.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'uniforme bleu…
GABRIEL ATTAL
Voilà. Et ce matin, ils se sont tous levés entre 6h30 et 7h. Voilà...
ELIZABETH MARTICHOUX
Petit détail, vous leur avez fait confisquer leur portable.
GABRIEL ATTAL
Il y a une règle qui a été fixée, c'est que le téléphone portable n'est pas utilisé pendant la journée, pendant les activités, ils l'ont le soir pendant un horaire dédié pour appeler leurs proches, c'est quand même normal qu'ils puissent garder le lien, mais vous savez, si chacun garde son téléphone portable, c'est assez compliqué de partager et de se retrouver autour d'activités communes pendant la journée, d'autant qu'il y a des activités sportives, et donc il faut que chacun soit concentré.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a eu des résistances où tout s'est passé vraiment comme dans un rêve hier soir, franchement ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, écoutez, hier soir, moi, je n'ai pas eu de remontée de difficulté ou de problématique particulière, ça démarre ce matin pour quinze jours, ensuite, il y aura quinze jours de mission d'intérêt généra, il faut le rappeler aussi, c'est un moment important du service national.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et l'emploi du temps, certains disent, surtout les adversaires du SNU, que c'est un peu fourre-tout, il y aura une dominante ou ce sera beaucoup de choses, un peu, au programme ?
GABRIEL ATTAL
Non, écoutez, alors, il y a une dominante qui est celle des valeurs de la République, donc vous aurez différents moyens d'aborder cette question-là, vous avez des modules sur la présentation des valeurs de la République, de la citoyenneté, on travaille avec des mouvements d'éducation populaire, vous avez des enjeux autour de la défense, de la sécurité dans un monde où les risques ont évolué…
ELIZABETH MARTICHOUX
On ne leur apprend pas à manier les armes…
GABRIEL ATTAL
On ne leur apprend pas à manier les armes, ce n'est pas un service militaire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais alors, on leur apprend en quoi en matière militaire ?
GABRIEL ATTAL
On leur apprend par exemple, en cas d'accident grave, en cas de catastrophe grave, comment on met en place un poste de secours, comment on rejoint un poste de secours, comment on s'organise entre jeunes qui auront été formés, qui brancarde, qui évacue, qui appelle les secours, qui donne l'alerte, voilà, vous avez des éléments comme ça. Comment est-ce qu'on organise une battue, si quelqu'un disparaît, comment est-ce qu'on se repère si on se perd quelque part, voilà, des choses très concrètes, et les jeunes ont envie d'être formés, vous savez, il y a quelques mois, il y a eu des inondations très graves dans le sud de la France, spontanément, vous avez une centaine de jeunes qui s'est retrouvée pour venir en aide aux personnes qui avaient été sinistrées, ils avaient un point commun, ils étaient jeunes sapeurs-pompiers, et moi, ma conviction à chaque fois que je rencontre des jeunes, c'est que tous les jeunes ont envie d'être formés sur ces enjeux-là, sur les bases de ces enjeux pour être en mesure de réagir en cas de catastrophe, en cas d'événement grave, et c'est ce qu'on va faire avec le service national…
ELIZABETH MARTICHOUX
Tous les jeunes ont envie d'avoir ce type de formation ?
GABRIEL ATTAL
Oui, moi, j'ai le sentiment que les jeunes ont envie d'être utiles, ils ont envie d'être formés, vous savez, quand on est jeune aujourd'hui, quand on grandit, il y a un environnement qui est assez anxiogène, on entend toute la journée à la télévision que l'environnement se dégrade, qu'il y a des risques de sécurité, qu'il y a des risques terroristes, et moi, ce que je ressens, chez les jeunes, ce n'est pas une passivité par rapport à tout ça, c'est plutôt une envie d'être utiles, une envie d'agir, et en tout cas, de savoir comment réagir et connaître les réflexes en cas de situation grave.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors par rapport au nombre de jeunes qui sont potentiellement destinataires de SNU, c'est très modeste, ils sont 800.000, là, vous faites un test sur 2.000, ce sera évalué ?
GABRIEL ATTAL
Bien sûr, alors, il y a une évaluation qui…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et l'évaluation, elle est destinée à quoi, à améliorer ou éventuellement à remettre en cause même le principe ?
GABRIEL ATTAL
Evidemment, c'est une phase pilote, on est pragmatique, encore une fois, économe de nos moyens, on commence par cette phase pour continuer à construire le service national, donc j'ai missionné l'institut d'études statistiques et de recherche du ministère de la Jeunesse, vous avez des chercheurs qui sont dans tous les centres, qui regardent comment ça se passe, qui échangent avec les encadrants, avec les animateurs, avec les jeunes, vous aurez deux types d'évaluations, une évaluation à court terme, juste après cette phase pilote, pour vérifier comment ça a fonctionné, est-ce que les objectifs qu'on a donnés ont été remplis, est-ce que les différentes thématiques ont été bien suivies, et puis, vous aurez une évaluation à moyen et à long terme, vous avez des décrocheurs par exemple qui sont parmi les 2.000 jeunes, ça serait intéressant de mesurer le parcours de ces décrocheurs qui sont passés par le service national, par rapport au parcours de décrocheurs qui n'ont pas fait le service national…
ELIZABETH MARTICHOUX
On va leur donner des outils, sauf erreur, pendant le SNU, par exemple, ils auront une possibilité de commencer le permis de conduire, des éléments aussi pratiques que cela…
GABRIEL ATTAL
Absolument, le code de la route sera pris en charge pour tous les jeunes qui font le service national.
ELIZABETH MARTICHOUX
Levés 6h30, Marseillaise, levée des couleurs, c'est en ce moment, c'est assez militaire, pour revenir à cela, comme tonalité au réveil.
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, je ne sais pas si c'est militaire, pour moi, c'est patriotique, c'est du patriotisme, je veux dire quand vous avez un match de foot…
ELIZABETH MARTICHOUX
Le lever aux couleurs
GABRIEL ATTAL
Et que les jeunes sortent un drapeau ou chantent La Marseillaise, je ne suis pas sûr qu'on soit dans un cadre militaire, là, c'est une cérémonie qui rappelle peut-être une dimension militaire, mais ce qui est intéressant, c'est plutôt l'aspect patriotique, et moi, là aussi, j'ai le sentiment que les jeunes se retrouvent autour de ces symboles de la République…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ils défileront au 14 juillet ou pas sur les Champs-Elysées ?
GABRIEL ATTAL
Alors ça, ça n'est pas une décision qui m'appartient, c'est le président de la République qui…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un souhait, et alors, vous avez convaincu le président ?
GABRIEL ATTAL
C'est en cours de discussion…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et le président qui viendra quand d'ailleurs rencontrer ces jeunes du SNU ?
GABRIEL ATTAL
C'est aussi en cours de discussion. Désolé de ne pas pouvoir vous faire des annonces…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mercredi, on dit mercredi. Oui, vous souhaitez que ce soit mercredi, vous ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, moi, je n'ai pas d'injection à donner, le président, il a un agenda qui est très chargé, ce qui est certain, c'est que…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y a rien à son agenda mercredi après-midi, je vous signale…
GABRIEL ATTAL
Le président suit de très près ce qui se passe, vous l'avez entendu, dans le cadre de sa conférence de presse de sortie du grand débat, il a parlé du service national et il a dit que c'était la matrice de la société de l'engagement qu'il souhaitait développer…
ELIZABETH MARTICHOUX
Le président confond action et communication, dénonce, par exemple, le député de gauche, Régis JUANICO, qui est un grand contempteur du SNU, de votre SNU.
GABRIEL ATTAL
Oui, écoutez, eh bien, enfin, certains se font les opposants du service national, moi, je trouve ça normal en démocratie qu'il y ait des personnes qui s'opposent à des projets, on n'est pas d'accord sur ce point-là, moi, ce que je constate, c'est que ça rassemble très largement, on a vu un engouement très fort des jeunes, on avait trois fois plus de candidatures que de places pour cette phase pilote, on regarde les sondages, les études d'opinion. Une majorité, une très grande majorité des Français est favorable au Service National Universel…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et ça continue l'an prochain, vous voulez que ce soit 40.000 jeunes, et objectif 2025 au plus tard pour…
GABRIEL ATTAL
2026 au plus tard, mais…
ELIZABETH MARTICHOUX
2026, au plus tard pour 800.000 jeunes…
GABRIEL ATTAL
2026, c'est ce qui était prévu au départ, et le président de la République nous a demandé d'aller plus vite. Donc on est en train de regarder des scenarii qui nous permettraient d'aller plus vite, en quelques années, bien avant 2026…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il en dira peut-être un mot mercredi, s'il vient vous voir donc au SNU dans un des 13 centres où est expérimenté ce service national universel. Gabriel ATTAL, un mot des municipales, dans la capitale, c'est quand même le grand cafouillage, les candidats se déchirent à ciel ouvert et à coup de tribunes dans la presse. Paris vaut bien une primaire pour désigner le meilleur, est-ce que ce serait finalement la solution ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je suis très surpris par ce débat qui émerge aujourd'hui, ça fait huit mois qu'on connaît les règles et la procédure d'investiture aux élections municipales, il y a huit mois…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes surpris, ça se passe chez vous, à La République En Marche, c'est digne de la politique à la papa ce qui se passe…
GABRIEL ATTAL
Il y a huit mois, la majorité des candidats à la Mairie de Paris qui sont aujourd'hui déclarés étaient déjà candidats, à l'époque, ils n'ont rien dit, ils ont signé sur la procédure telle qu'elle était prévue, et là, à quinze jours de la décision, vous avez des candidats qui se réveillent en disant : finalement, est-ce qu'il ne faudrait pas faire une primaire, moi, je n'ai pas le sentiment que ce débat était posé avant, et surtout, je n'ai pas le sentiment que les primaires ces dernières années soient un exemple de grande réussite pour choisir des candidats, et ensuite remporter des victoires. Or, l'objectif, c'est de gagner Paris, l'objectif, c'est de gagner Paris, et pour ça…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ce que craignent ces rivaux, c'est que Benjamin GRIVEAUX donc, qui est le plus identifié des candidats, mais enfin qui n'est pas le seul, soit, enfin, ils craignent cette désignation à l'avance, jouée à l'avance, assez peu démocratique dans le fond, disent-ils ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi, je ne crois pas, il y a une commission d'investiture, vous avez des personnes qui viennent de toute la France, vous avez des adhérents d'En Marche.…
ELIZABETH MARTICHOUX
Dans la Commission ?
GABRIEL ATTAL
Bien sûr, vous avez des référents départementaux, vous avez des élus, vous avez des personnes qui viennent de la gauche, de la droite, de la société civile, il va y avoir un débat et une discussion pour chacune des candidatures…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous leur dites quoi ? Vous leur dites quoi à ceux qui aujourd'hui agitent l'idée d'une primaire et qui disent : attention, il ne faut pas aller trop vite, il faut attendre la rentrée pour désigner le candidat à Paris, alors, dites-moi ce matin…
GABRIEL ATTAL
Moi, ma conviction, c'est qu'il faut aller vite, il faut aller vite, parce qu'il faut se lancer en campagne, parce qu'il faut mettre un projet dans le débat, échanger avec les Parisiens autour d'un projet…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un peu biaisé, parce que vous soutenez Benjamin GRIVEAUX, vous, non, dans le fond ?
GABRIEL ATTAL
Comment ? Eh bien, moi, j'ai déjà dit que je le soutenais plutôt, et que je considérais que c'était celui qui était le mieux à même de gagner et d'être maire de Paris. Mais enfin, voilà, après, moi, je suis légitimiste, donc si la commission d'investiture choisit quelqu'un d'autre, eh bien, ça sera quelqu'un d'autre, mais en tout cas, c'est ma conviction aujourd'hui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore deux questions, des réponses rapides s'il vous plaît, Gabriel ATTAL, la Commission nationale d'investiture justement se prononce aujourd'hui pour l'ensemble de la France, combien de candidats seront désignés aujourd'hui ?
GABRIEL ATTAL
Alors, vous aurez aujourd'hui 19 têtes de liste qui seront désignées, qui recouvrent à peu près toute la France, vous en aurez à peu près dans toutes les régions, c'est une première vague, vous en aurez une seconde au mois de juillet…
ELIZABETH MARTICHOUX
Justement Paris n'est pas dans cette vague-là…
GABRIEL ATTAL
Et puis, vous en aurez encore en septembre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et un dernier mot sur un débat que Christophe CASTANER a ouvert dans le Journal du Dimanche, hier, le gouvernement est prêt à débattre en septembre avec le Parlement de l'instauration de quotas migratoires en France, des quotas, vous en souhaitez, vous ; l'instauration de quotas de l'immigration, la droite en a beaucoup parlé, n'a jamais osé le faire dans le fond...
GABRIEL ATTAL
Moi, je considère qu'on peut avoir tous les débats, il y a un débat qui est annoncé au Parlement sur l'immigration, donc Christophe CASTANER dit qu'on peut avoir tous les débats y compris sur cet enjeu des quotas.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quotas, pour quelle catégorie d'immigrés ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, j'imagine qu'il s'agit de l'immigration économique, puisque c'est compliqué de faire des quotas sur le regroupement familial, évidemment, il a exclu les quotas sur le droit d'asile, pas de quotas sur le droit d'asile, ça, ça me tient quand même à coeur, et je pense que ça tient à coeur à l'ensemble des membres de la majorité, après, qu'on ait le débat dans le cadre d'un débat au Parlement, on peut l'avoir…
ELIZABETH MARTICHOUX
Un débat, un débat, pourquoi faire, c'est une question qui reviendra dans l'actualité avec peut-être des arrière-pensées politiques, non, Gabriel ATTAL ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, l'enjeu, c'est d'être efficace.
ELIZABETH MARTICHOUX
On verra ça. Merci à vous en tout cas d'avoir été ce matin sur RTL.
YVES CALVI
Sur la mise en place du service national universel, Gabriel ATTAL vient de nous dire que les jeunes Français voulaient tout simplement être utiles pour leur pays.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 juin 2019