Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors avant de parler de vos sujets, on va parler de la dernière grande réforme du gouvernement, c'est la réforme de l'assurance chômage. En vérité que ce sera plus difficile d'avoir droit au chômage, 250.000 personnes vont sans doute sortir du système d'indemnisation, est-ce que c'est une réforme injuste, Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, c'est au contraire une réforme profondément juste et qui a comme critère principal le travail. Ce gouvernement a une boussole et cette boussole, c'est le travail.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et donc en fait, c'est vrai mais ça veut dire que du coup on sanctionne les chômeurs, on les sort du système.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Le principe n'est pas de sanctionner les chômeurs, le principe est qu'on doit être plus incité à travailler qu'à être au chômage. Or nous savons bien qu'il y a eu toute une série d'effets pervers de notre système d'indemnisation qui est aujourd'hui de très loin des plus généreux du monde et d'Europe et donc il est normal d'avoir aujourd'hui des mécanismes qui permettent surtout d'inciter à aller vers l'emploi et d'y inciter notamment par de la bonne générosité. La bonne générosité, c'est d'aider les personnes à retrouver un emploi notamment par la formation. Donc les grands mots clés, c'est travail et formation, autrement dit l'éducation et le travail des choses, qui font qu'on peut pleinement s'épanouir dans la vie simplement parce qu'on est accompagné, non pas si vous voulez indemniser pour rester chez soi, mais au contraire accompagner pour se former et aller au travail.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est pour ça que vous assumez au fond cette réforme qui est une réforme assez structurante, qui est une réforme, j'ai un peu envie de dire, idéologique, systémique qui fait qu'effectivement vous assumez le fait que ça sera plus difficile de toucher le chômage, parce qu'il faudra avoir travaillé 6 mois sur 24 et non plus 4 sur 28 comme avant.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Même avec ça, ça reste un des systèmes les plus généreux du monde, mais encore plus généreux que celui de l'Allemagne par exemple.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est vrai mais plus strict qu'avant.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est plus strict sous cet angle-là, mais sous d'autres angles c'est plus bienveillant, donc c'est plus strict pour éviter les effets pervers mais c'est aussi plus bienveillant pour accompagner vers l'emploi ? Et donc je pense que c'est très important par exemple le droit, vous voyez à partir de la rentrée prochaine, vous allez avoir sur votre Smartphone si vous le voulez, vos droits à la formation continue, ce sera beaucoup plus simple qu'aujourd'hui et vous verrez très clairement les moyens qui sont mis par les pouvoirs publics pour que vous puissiez suivre une formation.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Que vous pourrez faire de manière individuelle, ce n'est pas forcément votre employeur qui décidera pour vous, mais vous qui à partir de votre Smartphone, déciderez de quelle formation vous pouvez entreprendre…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Absolument, donc si vous voulez ce que Muriel PENICAUD a réalisé, c'est en réalité un travail d'accompagnement des chômeurs vers l'emploi et pas un système de stagnation du chômage. Nous sommes encore un des pays d'Europe avec le plus fort taux de chômage alors même qu'il y a parfois le plein emploi chez les pays voisins et nous avons par ailleurs des emplois qui ne sont pas pourvus. C'est une situation qui est tout à fait anormale. Vous savez moi, je vais beaucoup sur le terrain, je rencontre sans arrêt des personnes qui disent moi j'offre des emplois, mais je ne trouve personne pour les prendre. C'est souvent par un sujet de formation et un sujet d'incitation à aller au travail, donc il est normal que nous créons des mécanismes pour aller du chômage vers le travail par la formation et par l'accompagnement personnalisé. Il y a donc beaucoup d'aspects bienveillants dans cette réforme, mais ce sont des aspects actifs pour aller vers le travail.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre dernière question sur ce sujet, les cadres aussi seront largement mis à contribution puisque leurs indemnités seront baisser au bout de 6 mois, s'ils n'ont pas retrouvé du travail, là encore vous considérez qu'un cadre au chômage, c'est un cadre qui ne veut pas vraiment trouver du travail ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Aujourd'hui le taux de chômage des cadres est très faible. Il est, je crois de l'ordre de 3 %, autrement dit on a quasi situation de plein emploi… aujourd'hui quand vous êtes bien informé en situation de pouvoir exercer un emploi de cadre, en réalité des emplois existent. Donc il est normal qu'on ne crée pas ces situations qui parfois ont des effets pervers, on le sait bien, ça peut être tentant parfois de rester plusieurs mois très bien indemnisé en attendant de chercher vraiment un emploi. Et ce n'est pas normal que ceci pèse sur nous tous, parce qu'à la fin vous le savez, ce n'est pas un magicien qui paie, c'est vous, c'est moi, c'est l'ensemble des Français.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais on quitte quand même la logique d'assurance pour être dans une logique finalement de filet de sécurité.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On peut dire ça, mais ça fait longtemps que le chômage n'est pas financé par un système d'assurance. L'évolution du financement du chômage est en réalité un financement lié à l'ensemble des contribuables français. Et donc il est tout à fait normal que cette solidarité qui reste forte, nous restons un des systèmes même avec cette réforme, les plus généreux et les plus bienveillants. Le but, c'est la bienveillance vis-à-vis des chômeurs, mais une bienveillance, une réelle bienveillance qui amène au travail et pas à maintenir ce taux de chômage anormal que nous avons en France, alors même qu'il y a des emplois à pourvoir en France.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors on va penser à… combien ils sont au baccalauréat à passer leur bac, 700.000 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est autour de 700.000.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
750.000 lycéens qui passent le Bac cette semaine, alors ça a failli être perturbé par une grève, ça avait été annoncé par les syndicats, finalement mouvement assez peu suivi, 5 % chez les enseignants du secondaire et ça s'est ramené, je crois, à 1,5 % hier, c'est ça, c'est un échec pour vous cette grève ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, je ne veux pas utiliser des mots trop forts, mais j'avais dit publiquement avant cette grève que mon devoir était de garantir le fait que le baccalauréat se passe normalement, c'est ce que nous avons fait, je ne pense pas que c'était une bonne idée de la part de ceux qui l'ont fait, d'appeler à la grève. Maintenant j'en appelle à l'esprit constructif si vous voulez, il y a beaucoup de choses dont nous pouvons discuter avec les organisations syndicales, c'est d'ailleurs ce que nous faisons tout le temps, il n'y a pas du tout de porte fermée du ministère. On n'a absolument pas besoin d'appel à la grève pour se parler et donc on va se parler au cours des temps qui viennent, de vrais sujets. Moi, je suis très attaché au bien-être des professeurs, au fait qu'ils se sentent bien, je remercie l'immense majorité des professeurs qui se sont mobilisés pour la réussite de l'organisation de ce baccalauréat…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il n'y a aucune perturbation pour le moment ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il n'y a aucune perturbation significative, il n'y a pas un seul élève de France qui a été empêché de passer son baccalauréat…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Parce que là certains syndicats menacent le brevet maintenant le 27 juin. Est-ce qu'on peut rassurer les parents pour le brevet ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui bien sûr de la même façon et encore une fois, c'est mon devoir, je travaille avec les recteurs, l'ensemble des cadres de l'Education nationale pour qu'il en soit ainsi et tout ça est lié aussi au fait, à la conscience professionnelle de nos professeurs. L'immense majorité des professeurs ont une très grande conscience professionnelle et un grand sens du service public et on le voit dans ces circonstances. Moi, je ne veux pas que ce genre d'appels à la grève ternisse l'image des professeurs, on doit tous rendre hommage aux professeurs et c'est dommage que ce genre d'appels à la grève vienne conforter l'image qu'on a parfois envie de donner d'une Education nationale toujours un petit peu tumultueuse. Non, l'Education nationale, c'est d'abord des professeurs dont l'autorité est fondée sur le savoir et le sens du service public et ils sont encore en train de le démontrer et je les en remercie.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Avec néanmoins des professeurs qui sont essentiels à notre société et qui sont parmi les moins payés des pays d'Europe, vous avez dit, il y a quelques jours que vous alliez aller voir votre collègue, Gérald DARMANIN, ministre du Budget, celui qui dit qu'il a la carte bleue, pour voir si on ne peut pas revaloriser, et de quelle manière, le salaire des enseignants, est-ce que vous avez vu Gérald DARMANIN ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr on se voit très fréquemment, je dialogue avec lui et c'est justement dans la période actuelle où nous définissons les budgets, notamment de l'année prochaine, mais de la deuxième partie du quinquennat, c'est un moment justement où nous travaillons à cette revalorisation des professeurs. Vous savez, je suis le premier à dire que nous devons revaloriser le salaire des professeurs, c'est pour ça encore une fois que je n'ai pas besoin de ce genre d'appels à la grève pour en être conscient, c'est un fait, il faut le faire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais est-ce que vous allez le faire et est-ce que Gérald DARMANIN va vous autoriser à le faire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, mais vous voyez, il faut que chacun saisisse le sens de ce qui se joue là. Regardez, ce que vous m'avez dit sur l'assurance chômage tout à l'heure, notre but, c'est le travail par la formation. Et donc un pays qui va bien, c'est un pays qui investit dans son éducation et donc qui a de la considération pour ses professeurs, qui les paie bien, qui s'assure de leur bien-être, du respect par les élèves, du respect par l'ensemble de la société…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ce qui n'est pas toujours le cas aujourd'hui.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce qui n'est pas suffisamment le cas aujourd'hui bien sûr, mais si j'ai tant de travail à faire c'est précisément…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qu'est-ce que vous allez faire pour revaloriser cette condition d'enseignant ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Avoir une vision pluriannuelle de l'amélioration de la rémunération des professeurs dans le cadre d'un dialogue social constructif…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est un peu techno comme réponse…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Concrètement est-ce qu'on va augmenter le salaire des profs ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, la réponse est oui. La question, c'est de savoir dans quelles mesures. Évidemment c'est déjà enclenché d'ailleurs, vous avez, comme j'ai eu souvent à le dire, le repaire de base, c'est un professeur des écoles débutant en 2022, gagnera 1.000 euros de plus sur une année qu'en 2017, ça c'est déjà quelque chose d'acquis.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
En 5 ans.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a les primes que nous sommes capables de distribuer, en Rep plus, ce qui concerne 50.000 personnes, c'est 2.000 euros à partir de septembre prochain, donc on a commencé des choses, mais il faut aller plus loin, parce qu'en effet nous devons avoir encore une fois un professeur bien payé, bien considéré dans notre système. Pour ça, il faut du dialogue social constructif, certainement pas des appels à la grève, d'ailleurs les professeurs ont compris que ça n'avait pas de sens.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On attendra les propositions concrètes de votre part, parce qu'il y aura un autre sujet, c'est la réforme des retraites, on sait qu'on va changer le mode de calcul, notamment pour les fonctionnaires, ça ne sera plus sur les 6 derniers mois, qui sont en fait, en général, les 6 meilleurs mois du salaire de fonctionnaire, mais sur l'ensemble d'une carrière. Comment allez-vous faire pour que ça ne dégrade pas la retraite des fonctionnaires et des professeurs ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Justement, les deux sujets sont totalement liés si vous voulez. Vous avez une réforme des retraites dont les premiers effets devraient être, d'abord de façon assez modérée d'ailleurs, à partir de 2025, et puis après elles s'étaleront dans le temps. Donc, nous avons, en effet, un travail à faire pour que, entre maintenant, et 2025, la rémunération des professeurs s'améliore, de façon à ce que quand ils partent à la retraite, le point de repère de leur retraite, leur permette de tout simplement être dans une situation juste, au moment de partir à la retraite, donc c'est ça le travail qu'on a à faire. C'est un travail, je dirais, calme, serein, sur des critères partagés, parce que le critère partagé c'est, bien entendu, qu'on ne doit pas mettre les professeurs dans une situation injuste, bien sûr, et je suis le premier défenseur de ça.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est un grand chantier que vous avez devant vous !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Donc, ce que les professeurs doivent entre de ma part, et l'ensemble de la société française, c'est : oui, bien sûr, nous sommes mobilisés pour que les choses soient plus justes pour les professeurs et pour les personnels de l'Education, personne ne doit avoir de doutes là-dessus. Le tout dans un cadre budgétaire, qui est celui de la France, nous savons tous que nous vivons avec un certain nombre de contraintes en la matière, en raison d'une dette accumulée depuis longtemps, et donc nous devons être raisonnables, mais nous devons clairement avancer sur ce sujet. Donc, si vous voulez, dans une démocratie sociale apaisée, que j'appelle de mes voeux, nous devons être autour d'une table, parler de ça, avancer constructivement, et pas être dans des recherches de conflits ou dans des caricatures, comme on le voit parfois. Heureusement, finalement, c'est le fait d'une toute petite minorité que d'être dans cet état d'esprit, moi j'en appelle à l'immense majorité des fonctionnaires de l'Education nationale pour être dans cet état d'esprit constructif, pour l'amélioration de leurs conditions de travail.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Je reviens au bac. Est-ce que dans 2 ans c'est la fin du bac, en tout cas du bac tel qu'on le connaît aujourd'hui, il y aura notamment l'instauration d'un grand oral, c'est complètement nouveau pour les lycéens, vous serez prêt dans 2 ans, et comment vous allez faire, concrètement il ressemblera à quoi le bac dans 2 ans ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors aujourd'hui j'ai effectivement un rapport qui m'est remis par Monsieur Cyril DELHAY qui travaille depuis longtemps sur les enjeux de l'expression orale…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
L'art oratoire.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Sur l'art oratoire. Vous savez qu'aujourd'hui parmi nos enfants, nos adolescents, il y a un petit peu une mode, qui est une bonne mode, d'essayer de travailler davantage l'élocution, la capacité à s'exprimer, c'est une compétence fondamentale dans la vie, dans la vie personnelle, comme dans la vie professionnelle, et donc il était très important que nous donnions ce signal en disant oui, au baccalauréat il y aura un oral un peu solennel, à la fin, qui justement permettra à l'élève de montrer cette aisance acquise au cours de son parcours, qui est insuffisante aujourd'hui, que nous devons donc travailler dès l'école maternelle, pour que nos enfants aient plus confiance en eux-mêmes, sachent plus argumenter, écouter les autres, se sentir à l'aise pour parler. Quand on développe le chant par exemple, à l'école, ce que nous sommes en train de faire, la chorale systématiquement à l'école primaire ou au collège, ça participe de la même logique, c'est-à-dire faire que nos enfants se sentent bien et s'expriment, au sens fort de ce terme. Eh bien, le rapport que je recevrai cet après-midi, doit me permettre, au cours des prochains mois, dans le cadre-là aussi d'ailleurs de dialogue avec tous nos partenaires, d'arriver à la définition de cet oral du baccalauréat, et de la manière dont nous préparons, tout au long du système scolaire, l'élève français à se sentir à l'aise, à parler, à être en confiance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc un grand oral devant plusieurs personnes à la fin… ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, devant un jury, tout à fait.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il n'y aura plus de bac, puisqu'il y aura tellement de combinaisons de matières possibles, qu'il n'y aura plus le bac unique, ça sera compliqué de savoir…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, aujourd'hui, le baccalauréat, déjà, n'est pas unique…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui, mais il y a des grandes filières, littéraire, scientifique, économique.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Là vous parlez uniquement du baccalauréat général, il ne faut pas oublier qu'en ce moment il y a aussi le bac pro…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et professionnel.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et le baccalauréat technologique, qui est passé par des centaines de milliers d'élèves, que je salue aussi, et donc le baccalauréat il est déjà très divers, il y a des options très diverses, simplement il y avait, pour le baccalauréat général, trois filières très standardisées, ces trois filières avaient fini par être un peu hiérarchisées entre elles, c'est-à-dire il y avait quelque chose d'implicite qui était que la filière était censée être la meilleure, et donc certains la prenaient même s'ils n'allaient pas faire une carrière scientifique ensuite, nous avons fait un système basé beaucoup plus sur le choix, pour que les élèves désirent les enseignements qu'ils vont approfondir et que de ce désir résulte une amélioration du niveau, puisqu'ils pourront plus approfondir des matières qu'ils aiment, et c'est ce qui est en train de se passer. Vous savez, pourquoi les choses se passent finalement plutôt bien en cette fin d'année, c'est parce que les principaux concernés, c'est-à-dire les élèves de seconde, interrogez-les, je passe mon temps à faire ça, j'en croise beaucoup, eh bien ils sont très contents de ce qui vient de se passer, ils voient bien l'intérêt de la réforme du lycée. Et ceux qui en parlent le mieux, c'est les élèves de première et de terminale actuels, qui auraient bien aimé avoir ce que les élèves de seconde commencent à avoir. Donc, c'est évidemment un progrès, perçu par les principaux intéressés, parce que c'est un progrès qui va, et dans le sens du désir, donc de la liberté, et dans le sens de la hausse du niveau, parce que nous allons avoir des programmes qui vont plus loin et qui préparent l'élève à réussir après le baccalauréat. Autrement dit, le baccalauréat va faire plus sens, parce qu'en préparant le baccalauréat, vous préparez ce qui vous fait réussir après le baccalauréat.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre nouveauté, le Service National Universel, vous avez lancé les premiers départements tests, premières promotions, c'est quand le SNU pour tous, pour toute une génération ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, c'est une montée en puissance progressive. Là, avec Gabriel ATTAL, donc le secrétaire d'Etat auprès de moi qui travaille beaucoup à l'implantation du Service National Universel, nous lançons, depuis dimanche soir dernier, la première expérimentation, elle concerne plus de 2000 jeunes, de 16 ans…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est encore rien par rapport à une génération de 750.000 élèves !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Tout à fait, justement cette expérience pilote va être très intéressante parce qu'elle va nous permettre de faire des évaluations et de voir un petit peu comment nous façonnons cette montée en puissance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc tout à l'heure, avec le président, vous allez visiter un de ces centres ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Absolument. Le président de la République, évidemment, vous le savez, s'était engagé pendant la campagne présidentielle sur une telle idée, qui est l'idée d'un creuset républicain. Parce que, que se passe-t-il pendant le Service National Universel ? C'est, on apprend non seulement des logiques de défense, mais aussi des logiques de secourisme, on apprend des choses qui sont très utiles dans la vie, c'est aussi l'occasion d'apprendre comment s'engager. Et puis c'est le creuset républicain, le moment où toutes classes sociales confondues, tous territoires confondus, les jeunes Français se retrouvent, d'une manière moderne, adaptée au 21e siècle, mais qui permet d'avoir cet esprit citoyen, cet esprit civique, dont nous avons besoin, pour notre pays tout simplement.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et pour tous ça sera pour quand ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Normalement nous avons une montée en puissance d'ici à la fin du quinquennat, donc on devrait, ce n'est pas encore parfaitement défini, mais ça doit être soit en 2022, soit en 2023.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il y a une compétition de football qui va avoir lieu, la « CAN des banlieues », est-ce que vous trouvez que c'est bien pour l'intégration ou est-ce que vous trouvez que c'est communautariste, comme certains le disent ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pardon, une compétition de ?
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
De football, la « CAN des banlieues », sur le modèle de CAN qui existait dans d'autres pays du monde, est-ce que vous avez…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Honnêtement, je ne connais pas cette compétition, si c'est sur des bases géographiques ça me va très bien, si c'est sur des bases communautaristes ça ne me va pas du tout, mais j'imagine que c'est sur des bases géographiques.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Encore un mot aussi des fermetures d'écoles et de classes, le président a dit dans son discours de clôture du grand débat, qu'il n'y aurait pas de fermetures d'écoles, oui, mais il y aura des fermetures de classes, donc ça change quoi au fond ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Fermetures d'écoles et fermetures de classes c'est deux choses complètement différentes. Une école, c'est la vitalité d'une commune, et il est vraiment très important d'y avoir une grande attention, donc on doit vraiment prendre la mesure de l'importance de ce qu'a dit le président de la République sur ce point. On ne fermera plus une seule école, et notamment école rurale, sans l'accord du maire, c'est un point extrêmement important, c'est donc une protection, une bienveillance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous fermerez des classes.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Des classes, tous les ministres en fermeront toujours, et ils en ouvriront toujours, la question c'est de savoir si on en ouvre plus que l'on en ferme, et c'est ce que je fais. Nous ouvrons beaucoup plus de classes que nous n'en fermons, et avec une particulière bienveillance pour les milieux ruraux. Si on faisait une sorte de statu quo, où on ferme et on n'ouvre rien, mais vous créez des inégalités énormes, parce qu'il y a des évolutions démographiques dans un sens et dans l'autre, et donc vous vous retrouvez dans un endroit avec des classes à 7 élèves, et dans d'autres avec 35, donc ça ce n'est pas possible. Il y a des différences, forcément, en Lozère vous avez 14 élèves par classe, de la petite section jusqu'au CM2, donc il y a déjà des différences, mais elles ne peuvent pas être trop fortes, et c'est pour ça que c'est un système vivant, vous fermez là, vous ouvrez là, mais nous fermons avec la plus grande bienveillance. Dans chaque département de France, je dis bien chaque département, et notamment les départements ruraux, le taux d'encadrement va s'améliorer, de 2017 à 2022, à chaque rentrée nous améliorons le taux d'encadrement, c'est-à-dire le nombre de professeurs par rapport au nombre d'élèves, ça c'est l'engagement que j'ai pris dès le début, et que nous sommes en train d'accomplir puisque nous investissons dans l'école primaire, c'est ça qui est en train de se passer. Par contre, le problème que vous évoquez renvoie à un sujet important et grave, qui est celui de la démographie française, il manque 50.000 naissances par an en France, et ça c'est un problème, et nous devons, c'est le sens aussi de choses qui ont été dites par le président dans la conférence de presse, c'est contribuer par nos politiques familiales, par nos politiques territoriales, à ce qu'il y ait un renouveau de la démographie en milieu rural.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors une dernière question. Les municipales à Paris, la République en marche est au bord de la crise de nerfs, il y a cinq candidats, ils seront auditionnés le 9 juillet, et le 10 juillet Benjamin GRIVEAUX sera désigné, pardon, le vainqueur sera désigné, mais on sait que c'est le candidat du président Benjamin GRIVEAUX. Vous avez une préférence, vous ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je n'exprimerai certainement pas une préférence avant, ce que je sais c'est que je les connais, ils sont tous de très grande qualité, et donc c'est normal qu'il y ait de la compétition pour un sujet aussi important.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce qu'il y a vraiment de la compétition, parce qu'on sait qu'il y aura juste une audition et derrière une désignation ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous voyez bien qu'il y a de la compétition, parce que ça parle beaucoup, il y a des projets, il y a des idées, moi je vois des choses très intéressantes qui sont dites par les uns et par les autres. Moi ce que je voudrais dire d'abord…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Par qui notamment, qui dit des choses intéressantes, Cédric VILLANI ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Cédric VILLANI, évidemment, est toujours, comme toujours, extrêmement pertinent et créatif, j'ai entendu Mounir MAHJOUBI avoir des idées intéressantes, Benjamin GRIVEAUX bien entendu, les autres aussi. Il y a de la créativité, il y a une procédure qui a été définie pour les départager, mais ça vaut pour Paris comme pour n'importe quelle commune de France, c'est les mêmes procédures. Nous avons déjà commencé à donner l'investiture à un certain nombre de personnes…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais pour Paris ça a l'air plus particulièrement compliqué parce que les candidats récusent cette procédure, cette désignation.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a forcément des compétitions qui font partie de la logique démocratique, on le verra sans doute aussi pour d'autres grandes villes que Paris…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous êtes prudent sur Paris, pas de candidat préféré.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je ne suis pas prudent, j'ai surtout l'esprit d'unité, c'est-à-dire c'est normal qu'il y ait de la compétition d'idées, et je trouve ça même très sain, mais certainement pas de rivalités qui aboutiraient à la désunion. Vous savez, nous sommes un mouvement dont la caractéristique, impulsée par le président dès le début, c'était la bienveillance, c'était l'idée qu'on ne faisait pas des choses à l'ancienne, si je puis dire…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais aussi un mouvement qui vient de la base aussi.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Qui vient de la base aussi, c'est une autre caractéristique, donc nous avons besoin tout simplement de garder cet esprit de bienveillance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On verra si la base est respectée. Merci Jean-Michel BLANQUER.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2019