Texte intégral
JOURNALISTE
Pierre de VILNO, vous recevez la secrétaire d'Etat auprès du ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire, Brune POIRSON.
PIERRE DE VILNO
Auprès du ministre François de RUGY. Bonjour Brune POIRSON.
BRUNE POIRSON
Bonjour Pierre de VILNO.
PIERRE DE VILNO
Qu'est-ce qu'on mange au ministère de l'Ecologie ?
BRUNE POIRSON
Alors, je ne crois pas que je sois venue ici pour parler cuisine.
PIERRE DE VILNO
Des homards, du Château Yquem, des plats fastueux ?
BRUNE POIRSON
Alors, je ne suis pas là pour commenter ce que…
PIERRE DE VILNO
On invite des amis ?
BRUNE POIRSON
Alors, je sais que vous faites référence à François de RUGY, aux images qui ont été publiées.
PIERRE DE VILNO
Ça vous a choquée ?
BRUNE POIRSON
D'abord, moi je voudrais dire que je travaille auprès de François de RUGY depuis près d'un an, et que je ne peux pas douter de son honnêteté.
PIERRE DE VILNO
Et de son intégrité ?
BRUNE POIRSON
Maintenant, comme François de RUGY l'a dit lui-même d'ailleurs, et comme lui moi je peux tout à fait comprendre que ces images elles puissent vraiment interpeller les Français.
PIERRE DE VILNO
Dans quel sens ?
BRUNE POIRSON
François de RUGY l'a dit : les dîner qui ont eu lieu à l'Assemblée nationale, ont eu lieu dans le cadre de ses fonctions de président de l'Assemblée nationale, et comme il l'a dit lui-même d'ailleurs aussi, il se tient tout à fait à disposition de la déontologue de l'Assemblée nationale pour répondre à d'éventuelles questions.
PIERRE DE VILNO
Donc pour l'instant, François de RUGY est là et vous n'allez pas prendre sa place.
BRUNE POIRSON
Ecoutez, non, ce n'est absolument pas du tout…
PIERRE DE VILNO
Ce n'est pas le sujet.
BRUNE POIRSON
Non, ce n'est pas le sujet.
PIERRE DE VILNO
Les étés en Macronie sont quand même compliqués, on a eu l'affaire BENALLA l'an dernier, maintenant cette affaire-là.
BRUNE POIRSON
Je ne sais pas si on peut parler d'une affaire. Encore une fois tout ça a eu lieu dans le cadre de ses fonctions de président de l'Assemblée nationale. Maintenant, moi je peux comprendre, comme lui, que ces images elles puissent vraiment interpeller.
PIERRE DE VILNO
Autre actualité politique Brune POIRSON, la désignation hier de Benjamin GRIVEAUX pour conduire LREM à la Mairie de Paris. Vous n'êtes pas trop déçue de Cédric VILLANI qui a, oui, d'une certaine manière montré son amertume hier ?
BRUNE POIRSON
Vous savez, quand on mène un combat politique, on a toujours envie de le mener jusqu'au bout, et on y croit, et par définition c'est comme ça et on a envie de le mener, je l'ai fait moi-même. Moi je peux comprendre une certaine déception, ça c'est certain, il faut encaisser aussi cette part de déception. Maintenant il faut qu'on gagne et il faut que le projet de la République En Marche eh bien remporte l'adhésion des électeurs.
PIERRE DE VILNO
Il faut qu'il se rallie à Benjamin GRIVEAUX ?
BRUNE POIRSON
Oui, je pense.
PIERRE DE VILNO
Il faut ? C'est une obligation ?
BRUNE POIRSON
Attendez, déjà un an je ne suis pas parisienne, deuxièmement…
PIERRE DE VILNO
Enfin, en l'occurrence un peu quand même.
BRUNE POIRSON
Non, je ne suis pas Parisienne, et deuxièmement, en revanche, ce que je pense, c'est qu'il faut effectivement faire le maximum pour que la République En Marche, parce que le projet que porte de Benjamin GRIVEAUX, parce que le projet que nous portons plus largement, c'est un projet de renouvellement, c'est un projet aussi qui porte en son sein l'écologie, d'ailleurs la Transition écologique et solidaire, c'est un projet pour mettre Paris dans une ville du XXIème siècle, dans une ville qui répond aux demandes des Français, aux demandes des Parisiens, et qui soit à la hauteur de l'image de la France. Et pour ça il faut que toutes les énergies soient autour du candidat qui a été choisi, effectivement.
PIERRE DE VILNO
Justement, est-ce que Cédric VILLANI n'avait pas une carte un peu plus écologique que Benjamin GRIVEAUX dans le programme ?
BRUNE POIRSON
C'est l'écologie, la transition écologique, c'est au coeur de l'ADN de la République En Marche, qui conçoit…
PIERRE DE VILNO
Et en général.
BRUNE POIRSON
Et en général.
PIERRE DE VILNO
Aujourd'hui le Comité national de l'agriculture biologique doit se prononcer sur une décision importante : pour ou contre le chauffage des serres qu'utilisent certains agriculteurs, producteurs de tomates, de melons, de fruits et légumes qui normalement ne poussent que l'été, mais que le consommateur – on en pense ce qu'on veut – souhaite manger toute l'année. Hier, le ministre de l'Agriculture Didier GUILLAUME, ne s'est pas opposé à ce chauffage des serres, pourtant contesté. Et vous ?
BRUNE POIRSON
Alors moi, vous savez, je suis élue du Vaucluse, et dans le Vaucluse il y a des serres effectivement qui produisent des tomates…
PIERRE DE VILNO
On avait un reportage tout à l'heure à Cavaillon.
BRUNE POIRSON
Voilà. Qui produisent des tomates toute l'année. La question c'est comme toujours dans la transition écologique et solidaire, et malheureusement, je sais que ça peut être parfois un peu frustrant, et ce n'est pas une excuse, mais la réponse est toujours plus complexe que ce qu'on croit. Pourquoi ? Parce qu'il y a des consommateurs, c'est vrai, qui veulent consommer des tomates toute l'année. Moi je pense effectivement qu'il faut que nos comportements changent et qu'il faut manger des légumes de saison. Maintenant il y en a encore qui demandent des tomates toute l'année. Ces tomates-là, elles peuvent parfois ou elles pourraient être importées de très loin dans le monde. Est-ce que l'impact en termes d'émissions de CO2 ne serait pas plus élevé que des tomates qui poussent sous serre, en France ? Maintenant, la question, attention, je ne valide pas et je ne fais pas l'apologie du tout…
PIERRE DE VILNO
Donc vous n'êtes pas du même avis que Didier GUILLAUME.
BRUNE POIRSON
Non, non non. Ce que je dis simplement c'est qu'il faut faire attention à plusieurs choses, et que c'est complexe. Il faut faire attention et il faut voir aussi quelle énergie est utilisée pour ces serres.
PIERRE DE VILNO
D'accord, donc si c'est de l'énergie verte…
BRUNE POIRSON
Exactement, il faut voir l'impact CO2 et le mesurer, c'est toujours plus complexe qu'en réalité. Moi, vous savez, dans le projet de loi anti-gaspillage sur lequel je travaille…
PIERRE DE VILNO
On va en parler.
BRUNE POIRSON
On parle du système de consigne, consigne pour réemploi, consigne pour recyclage, tout ça ce sont des questions qui sont complexes aussi. Est-ce que le réemploi, c'est-à-dire on réutilise un produit, mais qui aurait, par exemple une bouteille d'eau, une bouteille en verre, mais qui aurait circulé à travers toute la France, est-ce que ça n'émettrait pas plus de CO2 qu'une bouteille qu'on aurait recyclée ? Toutes ces questions-là il faut les regarder dans le détail. Et c'est pareil pour les serres chauffées.
PIERRE DE VILNO
Un agriculteur qui comme ce matin dans le Vaucluse utilise de la biomasse pour chauffer ses serres, pour vous c'est une bonne solution plutôt que d'importer des tomates espagnoles, comme il le disait.
BRUNE POIRSON
Ça dépend. Moi je regarde les chiffres. Ça dépend d'où vient cette biomasse, c'est aussi simple que ça. Donc il faut regarder les chiffres dans le détail. Peut-être, effectivement, que ça produit moins… ça émet moins de CO2 que de faire importer des tomates de l'autre bout du monde. Mais maintenant la question, je crois qu'il faut la traiter à la source. La question ce n'est pas : est-ce qu'on chauffe des serres ou pas ? C'est comment est-ce que nous, collectivement, les Français, on change de comportement en profondeur pour se dire aussi qu'avec peu d'efforts on a des comportements qui ont un impact massif et positif sur la planète et sur le climat. Effectivement il faut qu'on change nos habitudes. Il faut qu'on arrête de vouloir manger des kiwis, des avocats, des ananas comme ça toute l'année, partout, tout le temps.
PIERRE DE VILNO
Toute l'année.
BRUNE POIRSON
Oui, ça c'est des choses à changer.
PIERRE DE VILNO
Et là vous partagez l'avis de Didier GUILLAUME qui est opposé à la contre saisonnalité, puisque ça s'appelle comme ça.
BRUNE POIRSON
Oui, on doit manger… Il faut qu'on mange des légumes et des fruits de saison.
PIERRE DE VILNO
Nous mangeons des tomates en ce moment alors, donc. Brune POIRSON, votre but, dites-vous, est de transformer la société. C'est une valeur ambitieuse, vous le faites en proposant cette loi anti-gaspi, ça fait longtemps qu'on l'attendait, elle est dans les tuyaux de certaines ONG depuis un demi-siècle. Vous êtes fière de porter radicalement ce changement ?
BRUNE POIRSON
Alors je suis fière, oui, de pouvoir mener cette mission-là. Je suis surtout fière de pouvoir y travailler avec beaucoup de monde. Vous savez, on ne transforme pas quelque chose tout seul, et moi ça fait un an et demi que je travaille sur ce projet-là, et j'y travaille avec beaucoup de monde, avec des associations, avec des collectivités, avec des éco-organismes, avec les services de l'Etat, et c'est ensemble, c'est vraiment un effort collectif. Parce que là encore…
PIERRE DE VILNO
Oui, parce que les collectivités, justement, elles vont se retrouver sur vos décisions face à des à gestions de sites de traitements XXL alors qu'elles n'étaient pas habituées jusqu'à présent.
BRUNE POIRSON
Vous savez, les collectivités elles se retrouvent potentiellement en concurrence pour certaines matières avec des industriels. Je pense par exemple à ceux qui commercialisent des produits en plastique ou qui sont emballés dans du plastique ou qui sont emballés dans du plastique. Soit, et c'est ce que j'ai souhaité faire en lançant ce comité de pilotage sur la consigne, soit c'est nous, c'est l'Etat main dans la main avec les collectivités, qui fixe les règles du jeu, soit c'est les industriels qui le font de leur côté et ça sera la jungle. Moi je préfère un système de consigne, parce que nous avons décidé, et on ne l'a pas décidé au doigt mouillé, on a décidé au terme d'une longue concertation, d'études avec des pays étrangers, et il n'y a pas que la France qui est en train de travailler à la mise en place d'un système de consignes, d'ailleurs, je rappelle qu'il y a des pays comme la Roumanie et des pays comme le Portugal, comme l'Angleterre aussi en même temps, soit on le fait ensemble, collectivement, soit à ce moment-là ça sera la jungle et là véritablement les collectivités pourront se sentir laissées sur le carreau. D'autre part, quand on dit « les collectivités », on a l'air de parler d'un ensemble très uni et qui fait bloc…
PIERRE DE VILNO
C'est ce qui fait la France.
BRUNE POIRSON
Mais bien sûr, elles sont fondamentalement importantes, c'est ce qui fait la France et c'est aussi elles qui au quotidien gèrent les déchets. Mais simplement elles sont plus divisées que ce qu'on veut bien nous faire croire. Il y a beaucoup de villes et il y a beaucoup de collectivités locales qui elles ont très envie de la mise en place de la consigne, parce qu'elles n'arrivent pas à gérer la propreté dans leur ville, c'est le cas notamment à Paris, par exemple, où il y a encore des emballages et des problèmes de propreté, parce qu'il y a des déchets partout.
PIERRE DE VILNO
La consigne, vous avez lancé effectivement cette idée, mais la consigne elle est quoi ? Sur le plastique, sur le verre, sur le carton ?
BRUNE POIRSON
Eh bien vous savez, on a commencé la discussion en parlant de la complexité liée à la transition écologique, eh bien la…
PIERRE DE VILNO
Non, on a commencé la discussion par des repas fastueux.
BRUNE POIRSON
Là, et je vous ai dit qu'on ne parlerait pas cuisine. Mais là en l'occurrence, en ce qui concerne la consigne et son périmètre, vous le dis depuis début, je pense qu'il faut qu'on y travaille collectivement et c'est pour ça que j'ai souhaité réunir ce comité de pilotage…
PIERRE DE VILNO
C'est pour ça qu'on ne sait pas encore.
BRUNE POIRSON
Et c'est pour ça qu'on est en train de travailler très concrètement, à étudier, à voir, est-ce qu'on va le faire…
PIERRE DE VILNO
Mais vous, votre volonté, ça serait quoi ?
BRUNE POIRSON
Est-ce qu'on va le faire sur les bouteilles en plastique ou les emballages plus largement ? Potentiellement il y a certains élus qui le demandent. Les piles par exemple. Est-ce qu'on va le faire aussi sur les bouteilles en verre ? Tout ça, et si sur les bouteilles en verre c'est pour le réemploi, est-ce que c'est pour recyclage ? Tout ça on est en train d'y travailler, dans le détail. Ce sont des discussions qui sont importantes. C'est un système de gestion des déchets, je le dis, je l'assume, du XXIème siècle, avec une économie circulaire, qui suppose de changer en profondeur nos modes de production et de consommation, qui suppose par exemple de consommer moins, de consommer différemment. Tout ça, ça ne se décide pas sur un coin de table, au pied levé, ça se fait en concertation comme je le fais depuis un an et demi.
PIERRE DE VILNO
Brune POIRSON, une dernière question puisque nous sommes à une période où beaucoup de Français utilisent leur voiture pour partir en vacances, ce sujet épineux de la voiture, quel message, vous, Brune POIRSON, vous voulez envoyer ? La voiture c'est bien tant qu'elle électrique, le diesel c'est fini pour de bon alors que beaucoup de spécialistes disent que non c'est presque moins polluant que l'essence, c'est quoi votre message ?
BRUNE POIRSON
Moi, mon message d'abord c'est que les Français passent de bonnes vacances, parce que ceux qui ont la chance…
PIERRE DE VILNO
Bien, super, merci !
BRUNE POIRSON
Ceux qui ont la chance d'en prendre, je pense que c'est important qu'ils en profitent, ce n'est pas moi qui vais vous dire comment rouler. Maintenant ce que je pense en tout cas, c'est qu'il faut qu'on continue à travailler sur la mise en place de systèmes de transport qui soient alternatifs, des transports vraiment qu'on puisse utiliser au quotidien pour se déplacer, c'est d'ailleurs tout le… c'est tout le travail…
PIERRE DE VILNO
Même pour partir en vacances avec toute sa famille.
BRUNE POIRSON
Le ministre chargé des transports, Elisabeth BORNE… Mais oui, il peut y avoir et il faut qu'on continue à développer ça…
PIERRE DE VILNO
Un BlaBlaCar pour partir en vacances avec sa famille.
BRUNE POIRSON
Je ne sais pas, ça dépend où vous allez et comment vous y allez. Mais en tout cas, ce qui est sûr c'est qu'il faut changer globalement nos façons de nous déplacer. Mais ça ne veut pas dire, attention, ça ne veut pas dire haro contre la voiture.
PIERRE DE VILNO
Non, mais contre les ventes de voitures, puisqu'on a entendu ces derniers jours qu'on devrait peut-être arrêter la prime à la conversion…
BRUNE POIRSON
Non, ce n'est pas dans les tuyaux.
PIERRE DE VILNO
Ce n'est pas dans les tuyaux.
BRUNE POIRSON
Non.
PIERRE DE VILNO
Donc ça c'est une fausse rumeur…
BRUNE POIRSON
Oui.
PIERRE DE VILNO
… de cet arrêt à la prime à la conversion.
BRUNE POIRSON
Oui, absolument.
PIERRE DE VILNO
Eh bien merci, c'est une réponse claire.
BRUNE POIRSON
La prime à la conversion a rencontré beaucoup de succès auprès des Français.
PIERRE DE VILNO
220 000 dossiers rien qu'en 2019.
BRUNE POIRSON
Exactement.
PIERRE DE VILNO
Et donc on continue.
BRUNE POIRSON
Elle aura permis pour beaucoup de conduire un véhicule qui est moins polluant, qui émet moins d'émissions de CO2 et c'est tout l'objectif, et c'est là, et c'est pour ça que l'Etat est aux côtés de ceux qui souhaitent changer de voiture.
PIERRE DE VILNO
Bonne nouvelle pour les automobilistes et les constructeurs. Merci beaucoup Brune POIRSON d'avoir été avec nous en direct sur Europe 1.
BRUNE POIRSON
Merci à vous. Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 juillet 2019