Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous sommes en direct avec Jean-Michel BLANQUER pour parler, pour revenir là sur un sujet très terre-à-terre, il s'agit des résultats du bac. Jean-Michel BLANQUER, ministre de l'Education nationale qui est en direct avec nous, bonjour.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous, Jean-Michel BLANQUER. Alors est-ce que tous les candidats au bac auront leurs résultats vendredi matin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, normalement oui et nous sommes en train de faire tout ce qu'il faut pour cela. En tout cas il y a évidemment tout un travail qui est fait pour cela. Il y a quelques… une petite minorité de professeurs, très petite, c'est autour de 2,5 % qui menacent de ne pas donner les copies à temps, donc on est très attentif à ce point-là. Je le regrette parce que ça donne une mauvaise image des professeurs, alors que la l'immense majorité des professeurs a évidemment un grand sens du service public et veut rendre les copies à temps. Donc je ne peux pas exclure tel ou tel incident, je sais que déjà que c'est surtout en Île-de-France que se concentrent ceux qui veulent saboter cette dernière phase du baccalauréat, mais donc normalement l'immense majorité… dans l'immense majorité des cas, les élèves auront leurs notes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais Jean-Michel BLANQUER, ça veut dire que certains élèves ne connaîtront pas leurs résultats au bac vendredi matin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Au moment où je vous parle, il y a un petit risque, je ne peux pas le cacher, mais ce n'est qu'un petit risque, nous sommes en train de tout faire pour que cela ne soit pas le cas, notamment parce que j'ai bien dit aux quelques professeurs qui ont décidé de jouer ce jeu-là, qui est tout à fait contraire à tous les principes du service public, que les sanctions financières seraient très importantes, puisque toute personne qui ne rend pas les copies à temps est considérée comme gréviste depuis le jour où on lui a donné les copies. Donc cela peut aller jusqu'à 15 jours de retrait de salaire, je pense que c'est dissuasif, je pense que ce n'est pas normal en démocratie de considérer que parce qu'on est critique sur telle ou telle chose, on a tout à fait le droit d'être critique, on peut se permettre de prendre en otage les élèves, donc c'est évidemment le message que je leur ai adressé. Ce que je veux dire à toute la société française, c'est que ces quelques personnes ne sont pas du tout significatives de l'immense majorité des professeurs qui ont préparé les élèves pour le baccalauréat, qui veulent que les élèves réussissent, qui veulent que les élèves aient leurs résultats à temps, et que c'est toujours dommage quand une toute petite minorité cherche à gêner à la fois la très grande majorité et puis je dirais même le fonctionnement démocratique normal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sont concernés principalement les académies de Créteil, Versailles, Lille, Rouen, Caen, et Toulouse et la philosophie, l'histoire-géographie, dans une moindre mesure les sciences, vous confirmez ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est à peu près ça, mais comme je vous le disais c'est surtout l'Ile-de-France, c'est-à-dire académies de Versailles et Créteil et plutôt la philosophie, même si il peut y avoir évidemment quelques débordements aussi que vous avez mentionné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, alors écoutez, je vais vous faire écouter Jean-Michel BLANQUER, Camille qui est prof de philo à Paris, qui est en grève et qui défend cette idée de rétention des notes du bac, écoutez là.
CAMILLE
C'est le seul levier qu'on ait, on en est là parce qu'on y a été contraint. Jamais nous n'avons été entendus. En réalité nous sommes entièrement droits dans nos bottes. Nous avons le droit de faire ce que nous faisons dès lors que nous sommes grévistes. Moi, j'ai mon fils qui passe le bac, il est comme moi, il me soutient, il s'en moque, il dit, si je dois sacrifier mon bac cette année, ce sera pour la cause commune. Ils savent que si ce n'est pas eux, ce sera leur petit frère, leur petite soeur, c'est vos enfants, c'est nos enfants, c'est les enfants de toute la nation, donc c'est ça l'enjeu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle réponse Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
On n'a pas le droit d'ériger sa subjectivité en règle pour tous, je dirais ça à cette professeure de philosophie. En clair la réforme du baccalauréat, elle est pour les élèves, ceux qui le savent le mieux, c'est les élèves de Seconde aujourd'hui qui ont beaucoup plus de choix que leurs devanciers, c'est une réforme qui a été conçue en consultant 40.000 lycéens, en faisant des consultations et des concertations pendant des mois et des mois. Si ensuite une personne ou des personnes ont encore des désaccords, on n'arrive jamais à avoir l'accord de tout le monde, ça ne donne pas le droit à qui que ce soit de saboter l'examen du baccalauréat, sinon on ne peut pas fonctionner en société, si on raisonne de cette façon-là. Donc je regrette et son action et le fait qu'elle ait réussi à convaincre son fils de quelque chose qui par ailleurs est absurde et c'est regrettable quand on enseigne la philosophie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien autre chose, l'Assemblée nationale a voté et validé le projet de loi qui doit réformer l'école, votre projet de loi, autre projet de loi, instruction obligatoire à 3 ans, drapeau dans les classes, pions en renfort des enseignants, mais il n'y aura pas finalement de regroupement écoles-collèges, vous le regrettez ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, cette disposition a attiré beaucoup d'attentions, alors que ça n'était pas le point principal. C'est un point qui était venu par amendement parlementaire et qui a été retiré par amendement parlementaire, c'est une disposition qui était non-obligatoire, qui était dans une boîte à outils pour dans certains cas permettre de sauver d'ailleurs des écoles ou permettre d'avoir une continuité pédagogique pour enfants de l'école au collège. Ce n'était absolument pas un point capital de la loi, donc c'est dommage pour ce que ça aurait permis de faire à ceux qui s'en seraient saisis, qui auraient été un petit nombre, mais qui auraient pu s'en saisir, il y a eu de tels malentendus autour de cette disposition qu'on a préféré la retirer. Ce qui montre d'ailleurs que contrairement à ceux qui disent qu'on n'écoute pas, qu'on ne fait pas attention, c'est évidement totalement faux. Je rappelle que pour cette loi, nous avons retenu 385 amendements parlementaires, donc il y a eu évidement de l'écoute et de la gauche et de la droite. Nous avons pris des amendements non seulement de la majorité mais de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous entends mal Jean-Michel BLANQUER, je vous entends mal.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous avons pris des amendements et de la majorité et de l'opposition, mais le coeur de la loi n'est pas là. Le coeur de la loi c'est l'instruction obligatoire à 3 ans, c'est-à-dire la valorisation de l'école maternelle, le prérecrutement, lorsque vous utilisez l'expression des pions qui prêtent main forte aux professeurs, il faut bien voir qu'en fait, ce que ça signifie, c'est qu'on donne une rémunération à des étudiants dès leur deuxième année de fac, dès lors qu'ils se destinent à être professeur, non pas pour exercer des fonctions de professeur, mais pour aider, par exemple pour l'aide aux devoirs des élèves et pour se préparer à leurs futures fonctions. Donc c'est une mesure profondément sociale, comme d'ailleurs plusieurs mesures de cette loi, comme ce que nous allons faire pour les élèves handicapés à la rentrée, ou encore toute une série de mesures notamment pour la formation des 16-18 ans. Donc toute la loi est en réalité profondément sociale. Ca ne m'a pas échappé que certains essayaient de mettre beaucoup de conflictualités ou d'essayer de la caricaturer mais ce que je demande à tous ceux qui nous écoutent, c'est de regarder de près ce qu'elle signifie, c'est vraiment une loi de progrès social et qui insiste beaucoup sur l'importance de l'école maternelle en particulier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean-Michel BLANQUER.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 juillet 2019