Texte intégral
NOÉ DA SILVA
Bonjour Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
NOE DA SILVA
Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Vous venez de donner votre feu vert au Charles- de-Gaulle-Express, cette liaison directe rapide Roissy – Paris, en dépit des réserves et des critiques de beaucoup d'élus franciliens. Les enjeux sont trop importants dans ce dossier ?
ELISABETH BORNE
Alors oui, et enfin je pense qu'aujourd'hui on ne peut pas se satisfaire de la desserte de l'aéroport de Roissy. Vous savez qu'on a 90 000 personnes qui travaillent sur la plateforme, qu'on a chaque jour plus de 200 000 passagers, et aujourd'hui l'essentiel de la desserte se fait par la route, avec des congestions qui vont croissant, et donc ce projet il est absolument nécessaire pour l'Ile-de-France, mais je le dis aussi très clairement, il ne se fera pas au détriment des transports du quotidien, ça c'est ma ligne rouge.
NOE DA SILVA
Justement, il y a une centaine d'élus qui demandaient l'abandon de ce projet, c'est surtout à cause des travaux qui vont selon eux fortement perturber le RER B, puisque ce sont les mêmes installations, en grande partie. Comment vous pouvez garantir que les 900 000 voyageurs du quotidien sur ce RER B ne seront pas pénalisés ?
ELISABETH BORNE
Alors, je le dis très clairement, il n'est pas question que les travaux perturbent le RER B. Donc le préfet de région a mené une concertation ces dernières semaines, et il m'a remis son rapport avec 15 recommandations, que je suivrai intégralement. Notre priorité elle va aux transports du quotidien, et on va investir à un niveau inédit, 7,6 milliards d'euros dans le cadre du contrat de plan, dont 3 milliards de l'Etat et de la Société du Grand Paris, et le préfet de région me remettra d'ici fin mars, début avril, aussi un rapport, parce qu'il y a énormément de travaux qui sont prévus dans ce secteur. 80 %ne concernent pas CDG Express, et donc il va nous proposer les bonnes décisions pour que l'on organise bien ces travaux pour assurer qu'on ne perturbe pas le RER B.
NOE DA SILVA
Alors on a entendu à 08h00 la maire de Mitry-Mory, une des communes concernées, qui dénonce notamment une parodie de concertation, mais qui a surtout constaté que les travaux ont débuté en catimini sur sa commune. Qui a donné l'autorisation de ces travaux ?
ELISABETH BORNE
Non non, les travaux n'ont pas démarré en catimini, il y a un certain nombre de travaux préparatoires qui ont été réalisés. Moi je suis très consciente des préoccupations de la maire de Mitry-Mory et des habitants de Mitry-Mory, et on va continuer à discuter avec elle. Moi je suis vraiment à l'écoute de ses inquiétudes, pour notamment prendre des protections complémentaires, par exemple pour les riverains. Donc ça va se continuer, la concertation va continuer sur Mitry-Mory.
NOE DA SILVA
Il n'y a pas un peu de précipitation dans ce dossier ? D'ailleurs AEROPORTS DE PARIS le dit très bien : il y a urgence à signer ce contrat de concession pour tenir les délais.
ELISABETH BORNE
Alors il y a à la fois urgence mais il y a en aucun cas une précipitation. Moi j'ai assumé de décaler la signature du contrat, pour justement prendre le temps de la concertation, entendre les préoccupations de tous ceux qui sont concernés, et ils sont nombreux, par ce projet, et donc voilà maintenant cette concertation elle a eu lieu, elle permet d'avoir 15 recommandations, que l'on va mettre en oeuvre, et moi je vous dis, vraiment on sera très attentif à la façon dont on va organiser tous les travaux qui sont nécessaires sur ce secteur, des travaux qui pour l'essentiel permettent d'améliorer les transports du quotidien notamment il y a beaucoup de travaux qui sont prévus sur le RER B, et y compris dans le projet CDG Express, il y a 500 millions d'euros qui sont justement dédiés à l'amélioration du RER B.
NOE DA SILVA
Madame la Ministre, le CDG Express sera-t-il sur les rails comme prévu pour les Jeux olympiques de 2024 ? Il y a une incertitude encore.
ELISABETH BORNE
Alors, aujourd'hui SNCF Réseau nous dit que ce calendrier sera respecté. La mission qui est confiée au préfet de région vise justement à savoir dans quelles conditions il faudrait réaliser ces travaux pour tenir ce calendrier. Si le calendrier est irréaliste, on prendra les décisions qu'il faut, et on pourra avoir des décisions y compris sur le calendrier de CDG Express.
NOE DA SILVA
Alors on reste dans les transports du quotidien, avec un autre sujet. Vous avez peut-être entendu la colère de Mériem DERKAOUI, maire d'Aubervilliers, lundi soir face à Emmanuel MACRON. Un coup de gueule contre les retards de la ligne 12 du métro, ce n'est d'ailleurs pas la seule ligne qui est retardée. Elle attend votre réponse depuis des semaines dit-elle. Que pouvez-vous lui dire ce matin ?
ELISABETH BORNE
Enfin, moi je peux lui dire que la RATP est très mobilisée pour réaliser au plus tôt cette ligne, mais je pense qu'il faut aussi que chacun soit conscient que des travaux souterrains en Ile-de-France, c'est quelque chose de très compliqué. Vous voyez, quand on commence à creuser des tunnels dans le sous-sol, en Ile-de-France, eh bien on peut avoir des mauvaises surprises, c'est ce qui s'est passé sur la ligne 12, pour mener à bien les travaux on a dû congeler le sol par des procédés complémentaires. Donc je peux vous assurer que nos opérateurs, notamment la RATP est très mobilisée et qu'elle fait au mieux, mais c'est aussi compte tenu de cette complexité, qu'avec le Premier ministre on a souhaité annoncer un calendrier réaliste, aussi sur les travaux du Grand Paris Express, on peut promettre tout et n'importe quoi, moi ce n'est pas ma méthode, je pense que c'est important de travailler en transparence, de partager les difficultés techniques, de dire ce qu'on sait faire, et aussi de dire quand on ne sait pas faire. Et donc ces calendriers ils sont au maximum, mais de façon réaliste, en tenant compte de la complexité des travaux souterrains.
NOE DA SILVA
Sur ces projets de transports qui sont pour certains repoussés, pour d'autres bloqués faute de crédits, il y a des associations d'usagers qui s'inquiètent que l'Etat ne tienne pas ses engagements, ceux pris dans le contrat de plan Etat région, et redéploient les budgets notamment pour financer les promesses qui ont été faites pendant la crise des Gilets jaunes. Que répondez-vous à ça ?
ELISABETH BORNE
Non non, mais enfin le contrat de plan…
NOE DA SILVA
Ça n'a rien à voir ?
ELISABETH BORNE
L'Etat est engagé dans des contrats de plan et il respecte les contrats de plan en Ile-de-France, comme ailleurs, donc il y a, enfin moi je vous dis, il y a un engagement sans précédent de l'Etat en Ile-de-France.
NOE DA SILVA
Les crédits seront tenus.
ELISABETH BORNE
Et l'Etat tient ses engagements.
NOE DA SILVA
D'accord, c'est dit. Alors il y a un problème de financement aujourd'hui de transports, quelles solutions pourraient être imaginées ? Vous avez préparé une loi qui va être discutée le mois prochain, la loi d'orientation des mobilités, quelles solutions proposera-elle en matière de financement ?
ELISABETH BORNE
Il y a des ressources qui existent déjà, les transports sont financés notamment par de l'affectation de la taxe sur les produits pétroliers, par des redevances payées par les sociétés d'autoroutes, on doit compléter ces ressources et on a notamment une concertation qui devra se poursuivre sur la façon dont les poids lourds peuvent participer au financement des infrastructures en France.
NOE DA SILVA
Elisabeth BORNE, vous restez avec nous parce qu'on a beaucoup beaucoup d'appels, beaucoup d'auditeurs qui veulent vous vous interpeller sur leur quotidien dans les transports.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 février 2019