Interview de M. Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au numérique à Public Sénat le 7 février 2019, sur la vie politique et le développement de l'économie numérique.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Public Sénat

Texte intégral


CYRIL VIGUIER
Deuxième partie de notre émission « Territoires d'infos », une émission un peu particulière aujourd'hui, notamment avec l'intervention en duplex et en direct des régions de nos chaînes correspondantes, Bastien LAUQUE est à Bordeaux pour TV7, la chaîne du groupe Sud-Ouest, Marianne REY est à Saint-Etienne, on la voit, de TL7, Télévision Loire 7, chaîne dirigée par Yves FAURE, et Anna BRITZ est à Strasbourg place de la République, en direct et en duplex pour Alsace 20, chaîne dirigée par Olivier HAHN, ils intervieweront, à mes côtés ce matin, Mounir MAHJOUBI, bonjour.

MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Secrétaire d'Etat chargé du Numérique, merci d'être avec nous ce matin, et vous allez être co-interviewé maintenant par Stéphane VERNAY, qui dirige le bureau parisien du plus grand quotidien régional français, bonjour, Ouest-France.

STEPHANE VERNAY
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Et Marcelo WESFREID du Figaro, pour Public Sénat, qui est également là.

MARCELO WESFREID
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
On démarre avec une question d'actualité, Mounir MAHJOUBI. Un de moins, Matthieu ORPHELIN quitte le groupe La République en marche à l'Assemblée nationale, en désaccord avec des sujets fondamentaux, est-ce que c'est le début d'une fissure ça ?

MOUNIR MAHJOUBI
Parlons de Matthieu. Matthieu c'est un copain, je suis toujours triste de voir un copain quitter…

CYRIL VIGUIER
Donc vous l'avez appelé, vous vous êtes parlé depuis hier ?

MOUNIR MAHJOUBI
Je lui ai écrit. Vous savez, ce n'est pas parce qu'il quitte que ça devient un paria. Il a décidé de partir, il l'a écrit dans un long message hier, il a exprimé depuis plusieurs mois des doutes à des moments, et puis il était resté, et puis il a essayé de l'intérieur de changer les choses, et puis hier il s'est senti plus capable de changer de l'intérieur et il s'est dit qu'il fallait que ça passe par…

CYRIL VIGUIER
Mais fissure, vous ne répondez pas à ma question, est-ce qu'il y a une fissure ?

MOUNIR MAHJOUBI
Non, vous voulez que je vous dise qu'il y a une fissure, que c'est le début de la Bérézina, non, je n'y crois pas, moi je crois que notre groupe est fort, je crois que notre majorité elle est stable, je crois que le lien entre la majorité et le gouvernement il est fort, je crois qu'on va continuer. Mais, si vous me demandez est-ce qu'on doit continuer à se transformer, à changer ? La réponse est oui, je l'ai répété depuis plusieurs mois, il faut qu'on change notre façon de fonctionner entre nous, il faut qu'on change notre façon de fonctionner avec les Français. Et moi je pensais que Matthieu pouvait être un excellent acteur de cette transformation, il le fera à côté, mais je pense qu'il ne sera jamais très très loin.

STEPHANE VERNAY
Quand même, Mounir MAHJOUBI, c'est vrai qu'il y a déjà eu des départs par-ci, par-là, enfin bon, deux, trois départs ou une dizaine de départs sur un groupe de 313, ça ne fait pas une fronde, par contre, sur la loi anticasseurs, là, pour la première fois, on voit 50 députés de votre groupe, 50, ce n'est pas 5, qui s'abstiennent et qui le disent de manière assez ostentatoire, qui font des déclarations dans les médias. Ça c'est quand même la marque d'un certain malaise, ce n'est pas le début d'un vrai problème ?

MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, je crois même que c'était vous, sur ce même plateau il y a 1,5 an, vous m'aviez fait disserter sur « les godillots », donc je veux bien que maintenant vous me fassiez disserter sur le fait que la majorité n'obéit pas au doigt et à l'oeil de…

STEPHANE VERNAY
Non, mais 50 abstentions c'est beaucoup quand même !

MOUNIR MAHJOUBI
Mais, sur un sujet qui est hyper complexe. Vous vous rendez compte de la situation de violence qu'on est en train de vivre aujourd'hui, dans ces manifestations d'un nouveau genre, il fallait apporter des réponses très structurées, très « périmètrées. » Moi aussi j'aurais eu des problèmes avec cette loi si elle n'avait pas été…

MARCELO WESFREID
Vous vous seriez abstenu ?

MOUNIR MAHJOUBI
Non, j'aurais exigé ce qu'on a obtenu, c'est-à-dire ce qu'on a mis, une loi très « périmètrée », qui ne concernera que quelques dizaines de personnes, qui permettra…

MARCELO WESFREID
Oui, mais Mounir MAHJOUBI, votre suppléante elle-même, Delphine O, s'est abstenue, vous lui donnez raison ou pas ?

MOUNIR MAHJOUBI
Heureusement, vous savez que dans notre démocratie la suppléante devient pleinement députée et elle choisit ce qu'elle vote, donc je ne vais pas commenter le vote de ma suppléante, pour moi elle est comme les 50, elle est comme tous les autres députés, donc je vous analyse la totalité. N'imaginez jamais qu'un ministre appelle sa suppléante pour lui dire « eh dis-donc, c'est quoi cette connerie ? » Non. Moi je l'aurais votée, moi j'aurais dit, je veux être certain que cette loi elle concerne le moins de monde possible, et c'est le cas. Cette loi elle est faite pour être utilisée que sur les cas les plus spécifiques et sur les éléments les plus dangereux. Ce n'est pas une loi qui remet en cause le droit de manifester, ce n'est pas une loi qui va toucher des centaines de personnes, c'est une loi qui là, dans le moment qu'on est en train de vivre, va nous permettre d'apporter des solutions face à une situation ingérable, il faut se le dire quand même !

MARCELO WESFREID
Sur le fond, Matthieu ORPHELIN claque la porte aussi sur la question de l'écologie, c'est un très proche de Nicolas HULOT, est-ce qu'on dit que l'écologie n'est plus d'actualité, qu'elle a été sacrifiée à cause du mouvement social ?

MOUNIR MAHJOUBI
Vous savez, on n'a pas le choix qu'elle soit d'actualité, celui qui voudrait que l'écologie ne soit pas d'actualité, vous l'avez vu le monde autour de nous, vous voyez bien ce qui se passe. Regardez ce qui se passe dans les territoires où les températures sont les plus extrêmes, regardez ce qui se passe aujourd'hui dans cet hiver qu'on traverse sur la moitié de la planète, vous voyez bien qu'on ne pourra pas passer à côté, donc pour moi ce n'est pas le grand abandonné, et faites confiance à ce gouvernement pour qu'on continue l'agenda…

MARCELO WESFREID
La fiscalité écologique il n'en n'est plus question maintenant ?

MOUNIR MAHJOUBI
La fiscalité écologique incomprise, il n'en n'est plus question, une fiscalité écologique intelligente, c'est ce que demandent les gens. Vous savez, quand les gens comprennent pourquoi il y a une fiscalité écologique et ce qu'on fait de l'argent qui est utilisé, et quels bénéfices il y a ensuite pour la planète et pour eux, on y arrive, dans tous les pays on y est arrivé, on y arrivera en France, mais il va falloir qu'on explique un petit mieux que ce qu'on a fait sur la taxe carbone.

MARCELO WESFREID
Est-ce que vous avez vu la photo qu'a postée le vice-président italien Luigi DI MAIO, sur son site ? Il a fait une photo avec des gilets jaunes, donc il est venu en France mardi. C'est de l'ingérence, ça vous choque ?

MOUNIR MAHJOUBI
Ce qui me choque c'est surtout que ce monsieur n'a pas très bien compris avec qui il parlait. Vous vous rendez compte, vous dites les gilets jaunes, ce n'est pas tous les gilets jaunes, il n'a pas fait venir une délégation complète !

MARCELO WESFREID
Avec des candidats de la liste gilets jaunes qui se préparent.

MOUNIR MAHJOUBI
Il a pris autour de lui certains éléments, moi que je ne commenterais pas plus, c'est des personnes qui ont remis en cause ma présence sur le territoire, qui remettent en cause ce que je suis, qui remettent en cause…

MARCELO WESFREID
C'est-à-dire ?

MOUNIR MAHJOUBI
Un monsieur me reprochait d'être homosexuel, musulman, et rappelait que dans mon pays, qui est pourtant la France, on les jetait pas les balcons. Donc ce monsieur-là, qui était avec Monsieur DI MAIO, décrédibilise à lui tout seul, par sa présence, cette photographie. Monsieur DI MAIO n'avait rien à faire avec eux, mais surtout ces gens-là n'avaient rien à faire là et ne sont absolument pas des gilets jaunes, dans l'esprit de ceux que je défends régulièrement en disant leurs revendications étaient sincères. Ceux-là il n'y a rien de sincère, ceux-là ils sont pour la violence, ceux-là ils sont pour la rébellion, ceux-là ils ne veulent qu'une chose, c'est faire tomber la République.

CYRIL VIGUIER
Mounir MAHJOUBI vous êtes bien là ce matin, vous êtes secrétaire d'Etat chargé du numérique…

MOUNIR MAHJOUBI
Je suis bien là, je suis bien français, et je suis bien dans son gouvernement.

CYRIL VIGUIER
Et on est content de vous avoir. Le président de la République entame une nouvelle étape, il sera en Saône-et-Loire aujourd'hui, dit-on récupération des jeunes dans ce débat national…

MOUNIR MAHJOUBI
Récupération, ou invitation, ou aller au contact d'eux, on peut…

CYRIL VIGUIER
Oui, mais vous savez que la droite et Jean-Luc MELENCHON indiquent qu'il fait campagne aux frais de l'Etat, est-ce que c'est une critique que vous entendez ?

MOUNIR MAHJOUBI
Attendez, vous vous rendez compte de la façon que vous avez de formuler la question ? Est-ce qu'on attend du président et du gouvernement, dans un moment où les Français ne se parlent plus, dans un moment où on dit la solution c'est le grand débat, qu'on n'aille pas au contact de tous les Français, qu'on aille les voir ?

CYRIL VIGUIER
Elle est légitime cette question.

MOUNIR MAHJOUBI
Non, elle n'est pas légitime.

CYRIL VIGUIER
Il fait, au fond, des shows, importants, un peu partout, et évidemment j'imagine que c'est réglé par de l'argent public, c'est la présidence de la République.

MOUNIR MAHJOUBI
Est-ce que vous avez l'impression que dans ces événements-là Emmanuel MACRON fait la campagne d'un parti ? Parce que c'est de ça dont il est question. Il ne fait pas la campagne d'un parti, il fait…

CYRIL VIGUIER
Non, la campagne d'un homme.

MOUNIR MAHJOUBI
Mais pas d'un homme, ce n'est pas lui qui va… le sujet ce n'est pas Emmanuel MACRON, le sujet ce n'est pas le président de la République, le sujet aujourd'hui c'est la France, et il se trouve que c'est le président de la République française. C'est comme votre question de tout à l'heure, vous vous rendez compte, on ne va pas passer plusieurs mois à dire ce président qui ne va pas au contact des Français, quand il va au contact des Français, dire il les manipule. Le rôle du président c'est d'aller au contact des Français, on ne peut pas continuer à avoir des présidents qui ne sont pas au contact des Français.

STEPHANE VERNAY
Je vais tourner ma question de manière à vous faire plaisir, parce que là je sens que…

MOUNIR MAHJOUBI
Non…plaisir, je suis là ce matin, vous m'avez tous donné envie de m'exprimer fort.

STEPHANE VERNAY
Je commence. Le grand débat, le grand débat, c'est une vraie réussite, les chiffres sont très parlants, hier c'était plus de 738.000 contributions sur le site, plus de 4000 rendez-vous publics, plus de 9000 cahiers de doléances dans des mairies, c'est énorme, c'est inattendu…

MOUNIR MAHJOUBI
J'ai peur de la fin de votre question.

STEPHANE VERNAY
Vous avez raison ; le problème maintenant c'est comment on atterrit ? Pour l'instant ça marche très très bien, comment on atterrit ? Est-ce que vous pensez que la piste du référendum ce serait une bonne façon de clore en « beauté » ou de sortir par le haut de l'ensemble ?

MOUNIR MAHJOUBI
Vous avez raison, il faut qu'on atterrisse, et le potentiel référendum c'est un élément parmi plein d'autres. Il y a déjà l'atterrissage politique, c'est-à-dire il faut qu'on dise aux Français ce qu'on va faire de ce qu'ils ont dit, parce qu'on leur a promis qu'on allait les écouter, on va le faire ensemble, on a construit ensemble, vous l'avez dit, je pense qu'on va dépasser le million de contribution, il y a vraiment eu un mouvement. On n'a jamais eu de consultations citoyennes qui sont arrivées à ce niveau-là. Qu'est-ce qu'on fait de ça ? Alors, il va falloir interpréter, il va falloir synthétiser, et puis il va falloir continuer d'approfondir chacun des sujets, et dans l'approfondissement le faire avec les Français, continuer, continuer, et puis après il va falloir décider. Et donc, pour décider il va falloir construire, il va falloir se dire il y a une partie c'est peut-être référendum, peut-être pas, une partie c'est peut-être la loi, une partie c'est une décision budgétaire qui sera discutée pendant plusieurs mois, il y aura beaucoup…

MARCELO WESFREID
Convoquer le Congrès ça vous intéresse ? C'est une hypothèse qui commence à monter.

MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, c'est une hypothèse que vous évoquez ce matin, elle est intéressante pour certains sujets, le référendum est intéressant pour d'autres, le passage traditionnel par la loi est aussi une solution pour certains des sujets. La réponse, vue tous les sujets qui sont abordés, on va se le dire, elle sera multiple. Quand bien même il y aura un référendum, vous voyez bien que ce référendum ne permet pas de traiter tous les sujets qui sortiront de ce débat.

STEPHANE VERNAY
Par contre, un référendum le jour des européennes, le 26 mai, ça ce n'est pas une bonne idée ?

MOUNIR MAHJOUBI
Vous n'allez pas me faire dire ça d'une décision qui n'existe pas et d'un projet qui n'a pas été discuté.

STEPHANE VERNAY
Mais vous comprenez que ça fasse polémique ?

MOUNIR MAHJOUBI
Non, moi j'écoute mes collègues qui sont les plus experts de l'élection européenne, qui disent ce n'est peut-être pas le meilleur moment de le faire, j'entends certains dans ma majorité qui disent ce serait formidable de le faire. Moi j'écoute, vous savez que cette décision elle est entre les mains du président. Je crois, avec certitude, que la solution elle sera multiple et qu'il y aura des sujets qui seront traités dans différents canaux.

MARCELO WESFREID
Changement de sujet. Paris, que pensez-vous de la proposition de créer une police municipale à Paris, Anne HIDALGO, la maire de Paris, a vraiment surpris avec cette proposition ?

MOUNIR MAHJOUBI
Vous savez, en politique il y a toujours le sujet de la solution et du problème. Le problème il est sincère, il est réel, il y a un problème de sécurité à Paris, il y a un problème de sécurité réel dans certains arrondissements, je suis le député du 19e…

MARCELO WESFREID
Vous dites bonne idée ?

MOUNIR MAHJOUBI
Dans le 18e, dans le 20e, dans ces arrondissements aujourd'hui, il y a moins de présence, de sécurité que dans d'autres arrondissements, il y a beaucoup de gens qui ne se sentent pas en sécurité le soir, il fallait apporter plus de sécurité. Une des solutions, c'est l'annonce de cette police, mais moi, à titre d'habitant, là c'est très personnel, ce n'est plus ministre qui s'exprime, cette annonce elle n'est rien si dans la réalité il n'y a pas des gens dans la rue, le soir, qui sont là quand les gens ont peur. Si on n'apporte pas d'autres moyens de sécuriser la voirie, si on n'améliore pas les conditions de visibilité dans ces quartiers…la sécurité ce n'est jamais juste avoir un policier avec une arme, la sécurité c'est une multiplicité d'éléments. Donc, moi je pense ni du bien, ni du mal de l'annonce, ma seule peur c'est que ce soit juste une annonce et qu'il n'y ait rien derrière.

STEPHANE VERNAY
Mounir MAHJOUBI, vous avez toujours envie d'être maire de Paris ?

MOUNIR MAHJOUBI
Je n'ai jamais dit cette phrase « je souhaite être le prochain maire de Paris », mais j'ai toujours dit que j'y ai grandi, que j'y habite, j'en suis le député, j'y passe ma vie, je pense que c'est une ville formidable qui permet à chacun de faire des choses extraordinaires, qu'on vienne de province, qu'on vienne de l'étranger, ou qu'on y soit né, donc évidemment que c'est une ville où je compte bien, pour les décennies à venir, y consacrer beaucoup de temps.

MARCELO WESFREID
Est-ce que vous ne prenez pas du retard La République en marche, on voit qu'Anne HIDALGO est déjà en action, en dynamique, et vous, vous n'avez pas encore de candidat, votre projet n'est pas connu ?

MOUNIR MAHJOUBI
Vous trouvez qu'on n'a pas de dynamique ? Quel est le seul mouvement, aujourd'hui, à Paris, qui est capable de mobiliser plusieurs milliers…

MARCELO WESFREID
Vous n'avez pas de candidat par exemple.

MOUNIR MAHJOUBI
Plusieurs milliers de militants dans Paris, il n'y en n'a pas d'autre, il n'y a que La République en marche. Qui est allé à la rencontre des Français ? Plusieurs milliers de rencontres avec les Français, une synthèse qui a été faite. On a fait une grande discussion qui s'appelait « Paris et moi », dont on a rendu les conclusions il y a quelques jours. Vous voyez bien, on est extrêmement en action. L'agenda c'est, le collectif, et après on aura la tête de liste.

MARCELO WESFREID
Une toute petite question. L'affaire Benalla, rebondissement sur rebondissement, on vient d'apprendre qu'Alexandre BENALLA avait eu un rendez-vous chez la chef de la sécurité à Matignon, que le compagnon de cette policière a peut-être eu des liens avec les Russes. C'est une affaire d'Etat, utilisons les mots.

MOUNIR MAHJOUBI
Non, c'est vous qui donnez ces mots-là, c'est l'affaire Benalla, c'est l'affaire de Monsieur BENALLA, et c'est l'affaire de Monsieur BENALLA…

MARCELO WESFREID
Est-ce qu'on peut la minimiser à la lumière de ces nouveaux épisodes ?

MOUNIR MAHJOUBI
C'est l'affaire de Monsieur BENALLA qui se passe dans l'Etat. Et donc, évidemment que cette histoire pour moi… cette histoire non, toute cette affaire, du début à la fin, elle est très désagréable. Ce monsieur il n'a pas été élu par les Français, Alexandre BENALLA, aujourd'hui, il est au coeur de toutes les discussions, vous êtes tous journalistes politiques, vous vous rendez compte, on ne parle que de lui. Est-ce qu'il était chargé de transformer la vie des Français ? Est-ce qu'il avait la responsabilité sur ses épaules chaque jour…

MARCELO WESFREID
Ça ne vous choque pas ?

MOUNIR MAHJOUBI
Mais tout me choque dans cette histoire, depuis le premier jour tout me choque, c'est-à-dire que jamais je n'aurais accepté – aujourd'hui, si on savait tout ça – jamais on n'aurait accepté la moindre chose de tout ce qu'on se raconte aujourd'hui. Les Russes maintenant, c'était la nouvelle de ce matin, mais comment voulez-vous que je vous dise que j'accepte ça ? Moi ce que je dis c'est que ce monsieur il nous empêche de faire notre job, et ça c'est terrible.

STEPHANE VERNAY
A propos de votre job, parce que là on a parlé d'écologie, de La République en marche, de BENALLA, des gilets jaunes, est-ce que vous avez encore le temps de vous occuper du numérique ?

MOUNIR MAHJOUBI
Eh ben heureusement ! Si je ne pouvais pas le faire, ça je serais très triste. Donc, depuis plusieurs mois, la grande priorité c'est l'inclusion, comment on fait pour les Français qui ne savent pas utiliser le numérique, donc je traverse la France. On a travaillé pendant 1,5 an avec toutes les collectivités locales, l'Association des départements de France, les Régions de France, même quand on s'engueulait sur tous les autres sujets, sur ce sujet ils sont restés là, et maintenant, après 1,5 an de travail, je fais le tour de France pour signer avec chaque président de département, et de région, des conventions entre l'Etat et ces départements, pour former tous les Français au numérique, qui aujourd'hui ne savent pas l'utiliser, ça c'est ma priorité.

CYRIL VIGUIER
Mounir MAHJOUBI, ça tombe bien, nous aussi on fait le tour de France, on va rejoindre nos correspondants des chaînes affiliées à cette émission en région. La Une du Parisien, vous avez vu, c'est « Paris vu par la province. » Est-ce que ce grand débat, tout de même, peut inverser les choses, cette espèce de fracture qu'on a constatée entre les zones rurales et puis, on peut le dire, les villes ? Bastien LAUQUE, de Bordeaux, expliquait que c'était le cas avec les gilets jaunes à Bordeaux.

MOUNIR MAHJOUBI
J'invite tout le monde à lire cet article dans Le Parisien Aujourd'hui en France, il est extrêmement émouvant. Il est extrêmement émouvant parce que, on parlait de fracture, mais il y a des mots qui sont exprimés par les Français dans ce sondage, les gens disent « on se sent humilié. » Je crois que c'est… il y a un sous-reportage à l'intérieur qui analyse la ville de Romorantin, où les citoyens disent « quand on voit ce qu'ils font à Paris, ici on n'est pas dans la même vie qu'eux. » Quand des Français ne se sentent pas vraiment, pleinement dans leur vie, quand ils ont l'impression de vivre à côté de leur vie, vous ne pouvez que être complètement bouleversé, et ce sentiment de la parole humiliée, je l'ai souvent répété depuis quelques temps, moi c'est ce qui m'a fait venir en politique, moi je pense qu'il y a des gens, notamment les plus pauvres, notamment ceux qui vivent dans la réalité, ceux qui vivent à côté de ce qu'ils pensent être la vie des Français, qui vivent cette humiliation par le langage, et ça je pense qu'il faut vraiment que le grand débat permette d'y apporter des solutions.

CYRIL VIGUIER
Alors, grand débat, on y est, on part avec Marianne REY à Saint-Etienne, vous êtes en duplex et en direct avec Télévision Loire 7, Marianne REY, la question de la couverture numérique, dont on a un petit peu parlé tout à l'heure, est absolument capitale, Marianne.

MARIANNE REY
Oui, bonjour Mounir MAHJOUBI, bienvenue à Saint-Etienne, Saint-Etienne c'est une ville que vous connaissez, puisque vous vous y êtes rendu il y a quelques mois, vous avez visité notamment l'école d'ingénieurs « Les Télécoms », dans le cadre de la Design Tech Academy, et aujourd'hui j'ai une question par rapport au déploiement de la fibre optique sur ce territoire. 43 communes sont cernées par le déploiement de la fibre optique, c'est l'opérateur ORANGE qui est chargé d'équiper ce territoire en fibre optique. On a contacté justement cet opérateur, il parle d'un déploiement d'ici à 2022. Le président, Emmanuel MACRON, avait lui annoncé un déploiement de la fibre optique sur l'ensemble du territoire d'ici à 2020, il y a beaucoup de communes qui se plaignent de ce retard, ici dans notre département, sur ce territoire-là, ils veulent la fibre optique, ils ne veulent plus attendre, et ils se plaignent beaucoup, je le disais. Alors, la question c'est : est-ce que l'Etat peut intervenir après de cet opérateur pour accélérer ce calendrier ? Vous êtes, je le rappelle, le donneur d'ordre.

MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour. Alors on va apporter un peu de clarification, parce que tout n'est pas juste dans votre question, mais ce qui est très juste dans cette question c'est l'attente des gens. Les gens n'en peuvent plus, ils veulent que le très haut débit arrive tout de suite. L'engagement il a toujours été, 2020, du bon débit pour tous, c'est-à-dire qu'il y a encore des gens aujourd'hui qui n'ont même pas l'ADSL, il y a encore des gens aujourd'hui qui n'ont pas accès à ce 8 mégas. Objectif 2020 : personne, en France, qui n'a pas au moins ce 8 mégas. Ensuite, le deuxième objectif, c'est bien 2022 la fibre optique partout. Mais vous savez, cet objectif 2022 la fibre optique partout, c'est déjà un objectif majeur, et pour y arriver on a dû lancer des renégociations sur tout le territoire, pour s'assurer qu'on avait partout la capacité de le faire. Il se trouve que dans votre territoire on est sur deux zones différentes, une d'initiative publique, mais qui n'est pas celle dont vous parlez, et celle d'initiative directement par l'opérateur. L'opérateur qui dit qu'il va tirer d'ici 2022, il respecte ses engagements, parce que, comme vous le dites, je suis venu à Saint-Etienne, 2 fois, j'ai reçu le maire de Saint-Etienne à Paris il y a quelques semaines, l'autre partie qui n'a pas encore la fibre optique, elle a l'ADSL. Alors, je sais qu'il y a des problèmes de qualité dans certains endroits, et là-dessus il y a eu des avertissements qui ont été envoyés, il y a eu des signalements qui ont été envoyés, et ça c'est très important, que, parce qu'on est en train de déployer la fibre optique d'un côté, on n'abaisse pas la qualité de l'ADSL de l'autre, parce que l'ADSL, pour certaines des entreprises dont vous parlez, ça va être le seul moyen de se connecter pour les deux prochaines années, et donc il est très important que ce soit au meilleur niveau.

CYRIL VIGUIER
Voilà pour la réponse. Merci beaucoup Marianne REY à Saint-Etienne. On part à strasbourg, place de la République précisément, avec Adrien LABIZ et Anne BRITZ qui est là, vous avez une question pour le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Mounir MAHJOUBI qui est notre invité. Allez-y Anna.

ANNA BRITZ
Bonjour Mounir MAHJOUBI. Au coeur de ce mouvement des gilets jaunes et de ce grand débat national il y a un outil privilégié d'expression et d'échange, c'est le réseau social FACEBOOK, il a célébré cette semaine ses 15 ans. Est-ce que vous pensez que sans ce réseau social, sans les réseaux sociaux de façon générale, il y a 16, 17 ans est-ce que ces mouvements auraient pu émerger de la même façon, est-ce que ce serait différent sans tous ces outils ?

MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour et merci pour votre question. Je vais vous répondre simplement. Evidemment que ces outils sont, en partie, l'explication de ce qu'on est en train de vivre, à l'époque il aurait fallu beaucoup plus de temps pour qu'une simple pétition puisse accueillir plusieurs dizaines, centaines de milliers de personnes qui la suivent. Vous savez, l'événement pour le deuxième acte, Acte 2 des gilets jaunes, c'était quand même un « event Facebook », en deux phrases et avec une faute d'orthographe dedans, et, peu importe, ça a eu plusieurs centaines de milliers de personnes qui y sont allés. Donc oui, on est dans une phase de reconfiguration des pouvoirs, où, aujourd'hui, par le fait que l'accessibilité à tous les autres a été profondément transformée. Vous savez, sur FACEBOOK, pas TWITTER, FACEBOOK, sur FACEBOOK vous avez quasiment tous les Français connectés à Internet qui un compte FACEBOOK, tous, donc ça veut dire plus de 20 millions de comptes, selon les chiffrages, entre 20 et 30 millions de comptes actifs sur FACEBOOK. Ça veut dire que quand vous écrivez, il y a ma mère, quand vous écrivez il y a moi, il y a ma petite soeur, il y a mes voisins, il y a tous les gens. Cette année, je l'ai montré dans une étude, on a 100 % d'équipements en Smartphone connectés à Internet sur les 18-25 ans, 98 % chez les moins de 40 ans, c'est-à-dire qu'aujourd'hui c'est toute la population, y compris les plus pauvres, qui ont un accès à Internet en permanence dans la poche, eh bien évidemment que ça ça change le pouvoir et que ça donne de très grandes responsabilités à FACEBOOK, et ça c'est le grand sujet de la discussion qu'on a aujourd'hui, sur les Fake news, sur la violence, sur l'hyper violence.

CYRIL VIGUIER
Et les dirigeants de FACEBOOK là-dedans à qui vous parlez ?

MOUNIR MAHJOUBI
Alors les dirigeants de FACEBOOK ne s'intéressent pas à savoir ce qui se passe sur les gilets jaunes, eux doivent rester neutres, par contre je leur dis moi, régulièrement, regardez ces cas de harcèlement, regardez ces cas de violence, regardez ces cas de Fake news, regardez ce qui se passe ici.

MARCELO WESFREID
Alors qu'est-ce qu'on fait sur les Fake news, on a des européennes bientôt, comment on fait pour éviter que ça pullule ?

MOUNIR MAHJOUBI
Vous savez, dans la loi Fake news, dont tout le monde a beaucoup parlé, il y a un seul élément qui pour moi était le plus important, je l'ai répété chaque jour, chaque jour, et je vous le répète aujourd'hui, c'est le plus important, c'est le devoir de collaboration des plateformes à la transparence. Donc on commence maintenant…

MARCELO WESFREID
Cette loi c'est pendant la période électorale, qu'est-ce qu'on fait pour aujourd'hui, pour demain, pour la semaine prochaine ?

MOUNIR MAHJOUBI
Y compris hors période électorale, FACEBOOK, et les grandes plateformes, ont une obligation d'apporter de la transparence et des solutions sur l'analyse qu'ils ont, aujourd'hui, d'une potentielle manipulation de l'information.

STEPHANE VERNAY
A ceux qui veulent imposer la fin de l'anonymat par exemple sur le Net, qu'est-ce que vous répondez, bonne ou mauvaise idée ?

MOUNIR MAHJOUBI
Non, mais moi je suis très technique sur le sujet, quand j'en parle avec le président, avec les députés, avec tout le monde, ça n'existe pas la fin de l'anonymat et ça n'existe pas le tout anonyme.

STEPHANE VERNAY
Ce n'est pas faisable ?

MOUNIR MAHJOUBI
La réalité elle est toujours entre les deux. Quand vous allez sur un site de rencontre vous avez quand même envie de pouvoir vous appeler comme vous avez envie, quand vous faites un chat vous pouvez quand même avoir envie de vous appeler comme vous avez envie, et par contre quand je fais une participation sur une plateforme de démocratie en ligne, j'ai envie que les gens ils le fassent avec leur vrai nom, c'est moi Mounir citoyen, qui vote et qui signe cette pétition. Le numérique aujourd'hui, l'Internet de 2019, c'est un numérique où on a des zones d'anonymat acceptées, des zones de non-anonymat. Mais je veux rappeler une chose, quand quelqu'un, de façon anonyme, insulte, harcèle sur TWITTER, à chaque fois que les enquêtes sont menées jusqu'au bout, aujourd'hui en France, on n'a quasiment aucun cas où on ne retrouve pas la personne. Parce que n'oubliez pas, ce qu'on appelle anonymat, c'est un pseudo-anonymat, c'est-à-dire que personne ne peut retrouver qui vous êtes, sauf s'il y a une décision de justice, et là on peut retrouver qui vous êtes et le faire, et cette situation moi je trouve qu'elle est plutôt pas mal.

CYRIL VIGUIER
Mounir MAHJOUBI, secrétaire d'Etat chargé du Numérique, j'ai bien aimé vos recommandations à propos des noms camouflés sur les sites de rencontre. On va aller du côté de Bordeaux maintenant, Bastien LAUQUE, TV7 la chaîne du groupe Sud-Ouest, Bastien vous avez une question pour le secrétaire d'Etat au Numérique, on vous écoute.

BASTIEN LAUQUE
Oui, bonjour et bienvenue ici à Bordeaux. Vous avez tout à l'heure évoque l'importance du numérique en évoquant le fait qu'effectivement tous les citoyens n'étaient pas à même de pouvoir véritablement utiliser comme il se doit notamment le réseau Internet, eh bien il en a été question lors du grand débat organisé vendredi dernier à Bordeaux, et pas mal de citoyens ont dit « c'est très gentil, c'est très bien tout ça, mais nous ce qu'on veut ce n'est pas forcément apprendre à se servir d'Internet, c'est avoir de vraies réponses à nos questions avec des personnes aux guichets. » Est-ce que, au final, effectivement le numérique va remplacer les personnes aux guichets, parce que visiblement les citoyens, eux, ne semblent pas vraiment prêts à cela ?

MOUNIR MAHJOUBI
Le numérique ce n'est pas à la place des humains, le numérique c'est avec les humains. Alors, c'est intéressant que la question vienne de Bordeaux, la Gironde c'est le premier département, c'est le département dans lequel j'ai annoncé, il y a 1 an, le lancement de la stratégie d'inclusion numérique, et c'est le premier département avec qui on a signé il y a quelques semaines la charte qui fait que la Gironde est le département aujourd'hui le plus engagé sur l'accompagnement, l'accueil, la formation et l'orientation, de tous les Français qui ont un problème avec le numérique, avec des formations de plusieurs dizaines d'heures et un accompagnement.

CYRIL VIGUIER
Pourquoi la Gironde, derrière c'est la question ?

MOUNIR MAHJOUBI
L'engagement personnel de ses élus. Pourquoi la Gironde ? Parce que c'était les premiers, c'est avec eux qu'on l'a fait, depuis on a diffusé dans près d'une trentaine de départements, et puis mon objectif c'est 100 % en 2019, mais voilà. Mais la question c'est, dans les services publics en ligne, est-ce qu'il faut plus d'humain ? Evidemment. Alors après il faut rappeler une chose, un service public en ligne, quand il marche bien, pour ceux pour qui ça marche, c'est une révolution, n'oublions pas, cartes grises par exemple, pour ceux pour qui ça ne marche pas, beaucoup disent « c'est terrible », n'oublions pas les millions de cartes grises qui ont pu être établies en quelques minutes seulement de connexion pour les citoyens qui les ont eues, et de se dire que pour eux il n'y a pas eu besoin d'aller à la préfecture, il n'y a pas eu besoin d'attendre, ils ont tout eu assez rapidement. Et puis pour ceux pour qui ça n'a pas marché, ça a été très compliqué.

STEPHANE VERNAY
Il y en a eu beaucoup, sur les cartes grises il y a eu beaucoup de problèmes.

MOUNIR MAHJOUBI
Vous savez, il y a eu plusieurs milliers de problèmes, ce qui est énorme, et il y a eu plusieurs millions de cartes qui ont été délivrées sans aucun problème. Mais, qu'est-ce qu'on fait pour ces plusieurs milliers ? Et c'est là où on a beaucoup appris de cette démarche. Cette démarche elle avait complètement oublié le parcours humain, c'est-à-dire, quand il y a une erreur, comment j'ai un vrai être humain au téléphone, ou comment je peux aller à un guichet avec un vrai être humain qui m'accueille pour m'orienter. Aujourd'hui c'est au coeur de tout ce qu'on fait dans ce qu'on appelle « l'expérience utilisateur du service public », de s'assurer qu'à tout moment je peux quitter le numérique et dire « là j'ai besoin qu'il y ait quelqu'un qui m'aide, qu'il y ait un être humain qui m'aide », ça peut être par téléphone, ça peut être avec un guichet physique, mais il y a plein de situation sur lesquelles il faut qu'on puisse partir, mais ça ne veut pas dire qu'il faut ralentir sur le numérique, ça veut dire qu'il faut faire un numérique plus simple, plus sécurisé, de meilleure qualité, et il faut s'assurer qu'à chaque fois il y ait un point de contact de disponible. Et ça c'est ce que nous allons garantir pour tous les procédures les plus utilisées par les Français, le niveau de qualité, de simplicité, de sécurité, et l'accès à un être humain.

STEPHANE VERNAY
Ça veut dire que sur ce thème précis vous avez écouté le rapport du Défenseur des droits sur l'éloignement de l'accès aux services publics en ligne, il vous a été utile ?

MOUNIR MAHJOUBI
Non, vous savez le Défenseur des droits, je l'ai rencontré il y a 1,5 an, je l'ai rencontré il y a 1 an, je l'ai revu il y a quelques semaines suite à son rapport, je suis allé à la rencontre annuelle de tous ses délégués à travers le territoire, qui m'ont tous raconté ce que ça faisait pour ceux qui sont loin du numérique quand il n'y a plus la possibilité d'appeler un fonctionnaire pour le faire…

STEPHANE VERNAY
Donc vous intégrez ses recommandations ?

MOUNIR MAHJOUBI
Evidemment qu'on les intègre, qu'on les entend, et que pour moi c'est au coeur. Quand quelqu'un me dit « je n'ai pas eu ma carte grise et je n'ai pas réussi à téléphoner », moi je le vis comme un échec de notre système, et donc aujourd'hui, avec le ministère de l'Intérieur, avec l'ANTS, on a bien retravaille à se dire : comment on s'assure que personne, à un moment, se retrouve face à un mur. Les 1000 qui étaient en attente là, c'est terrible ce qui leur est arrivé, pendant près de plusieurs mois ils ne pouvaient pas contacter qui que ce soit, ni par mail, ni par téléphone, ni se rendre physiquement dans un endroit. Donc là, pour eux, c'était insoutenable, c'est pour ça que le ministère de l'Intérieur a mis près de 100 personnes complémentaires pour traiter ces dossiers, qui étaient tous des dossiers compliqués, tous.

STEPHANE VERNAY
Donc de l'humain.

MOUNIR MAHJOUBI
De l'humain. Vous savez, les ordinateurs ils savent gérer 99 % des situations, celles-là c'est des situations voitures volées, reprises, faites ici, mais… et la carte ? Hop… le bug, et, à l'époque, dans le système, eh bien ils mettaient de côté, sauf qu'il n'y avait personne pour traiter ce qui était mis de côté, c'est fini ça, maintenant il y a des humains.

CYRIL VIGUIER
Merci Mounir MAHJOUBI.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 février 2019