Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Général,
Colonel,
Officiers, sous-officiers, soldats de la Task Force Wagram,
Je ne vous dirai que quelques mots, car notre temps est compté, et que la Ministre des Armées n'est pas venue pour vous distraire de votre mission. D'ailleurs, j'aimerais, plutôt que vous parler derrière un pupitre, avoir ensuite le temps de parler avec chacun d'entre vous.
Mais je souhaite vous dire à tous ici réunis toute la reconnaissance du gouvernement, et celle du pays tout entier.
Vous êtes en première ligne du combat contre Daech. Ce que vous accomplissez, dans ce lieu désertique, est de première importance.
Vous êtes aujourd'hui à la frontière entre l'Irak et la Syrie. Auparavant, la Task Force a été déployée dans bien des endroits. A Fil Fayl, à Qayarrah, à Mossoul, à Al Assad ; toujours, au plus près du combat ; toujours, talonnant les terroristes. Vos déploiements successifs, c'est la liste des défaites de Daech, à portée de canon.
Peu de gens savent ce que vous avez accompli. Peu de gens ont conscience de l'importance que la Task Force a acquise au sein de la Coalition, et le respect dans lequel, vous, artilleurs du 68eme régiment d'artillerie d'Afrique qui formez la Task Force Wagram, vous êtes tenus par vos pairs.
Vous êtes des artilleurs aguerris, courageux. Dotés de matériels de haute technologie – ces magnifiques Caesar qui font l'envie de tous.
Dès le début de l'opération, la Task Force a été déployée dans des conditions d'une grande simplicité, avec sa robustesse, son savoir-faire, et cette expression que j'affectionne dans nos Armées : la rusticité maîtrisée.
Vous avez dormi sous tente ; vous avez lu le soir à la lumière d'une lampe de smartphone magnifiée par une bouteille d'eau.
Vous déplaçant avec les combats, vous avez porté le fer au plus profond, y compris lorsque personne d'autre ne le pouvait. Certaines semaines, quand les tempêtes de sable ou la couverture nuageuse ne permettaient pas à l'aviation d'opérer, c'était à vous, et encore à vous, qu'on faisait appel pour pilonner Daech.
Aux côtés de vos frères d'armes américains et irakiens, vous vous êtes révélés un élément essentiel à la coalition. Toutes les autorités américaines que j'ai rencontrées me l'ont confirmé.
Vous avez innové, aussi. Grâce à vous, pour la première fois, les Armées ont eu recours en opération à des obus antichars à effet dirigé, les obus qui portent le nom de « BONUS » - mais ce trait d'humour promotionnel des équipementiers ne doit pas faire oublier leur redoutable efficacité. Ces munitions ont permis de détruire, avec une précision impitoyable, les blindés djihadistes. Or, chaque position ennemie détruite, chaque terroriste mis hors de combat est un pas de plus pour la paix au Levant, un pas de plus pour la sécurité de la France et de l'Europe.
1500 frappes aériennes. 2400 missions de tir d'artillerie réalisées. Ces chiffres témoignent de l'intensité du combat que vous menez chaque jour. Et pour cela, je veux vous remercier.
Aujourd'hui, nous sommes parvenus à un tournant. La destruction du califat physique est presque consommée. Il y a des à-coups ; mais la fin est proche. Avec votre aide, les contre-attaques ont été systématiquement neutralisées. Les terroristes sont sans chefs, sans communication, dans le désordre de la déroute. Achevez ce combat ! Les Français l'attendent de vous ; leur reconnaissance est immense.
Mais je veux avoir un mot aussi pour nos partenaires sur le terrain, les Forces Démocratiques Syriennes. Lorsqu'elles sont entrées dans Hajin, c'était l'aboutissement d'une longue campagne, qui les a emmenées de Kobané à l'extrême recoin de la Syrie, au prix de lourdes pertes.
Sans leur soutien, rien n'aurait été possible. Nous leur devons beaucoup. Le Président de la République et moi-même n'avons eu de cesse, dans nos discussions avec les Américains, d'insister sur ce point. Leur sacrifice nous oblige ; notre départ ne doit pas les placer en situation de vulnérabilité.
Dès la semaine prochaine, ce sont les Bigors, vos frères d'armes du 11ème régiment d'artillerie de marine qui poursuivront votre combat. Vous partez, mais les opérations se poursuivent.
Alors, avant la relève, permettez-moi de rendre hommage, encore une fois à votre dévouement. Chammal, c'est chacune et chacun d'entre vous ; c'est un mot qui doit être synonyme d'orgueil et de gratitude dans le coeur des Français. La nation est fière de vous.
Vive la République ! Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 12 février2019