Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, dans "Le Figaro" du 7 février 2019, sur le commerce extérieur.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro

Texte intégral

Q - Comment analysez-vous la nouvelle détérioration du déficit commercial ?

R - Je ne suis pas un fétichiste du solde commercial. Nous avons trop cette tradition, en France, de regarder le chiffre en pieds de colonne. Il ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt, en l'occurrence qui cache de bons signaux. En 2018, les deux tiers de ce déficit sont dus à la facture énergétique. Hors énergie, le solde commercial s'améliore de 4 milliards d'euros, soit 12%. Cela veut dire que les fondamentaux sont solides. Je tiens aussi à rappeler que, grâce à la bonne tenue des exportations, la contribution du commerce extérieur à la croissance est positive en 2018 pour la deuxième année consécutive (0,6 point après 0,1 point en 2017). Ce n'était pas arrivé depuis 2011. Cela fait également 15 ans que nous n'avions pas eu autant d'entreprises exportatrices, elles sont désormais 125.280.

Q - Mais en dix ans, le nombre d'opérateurs à l'exportation a progressé de seulement 5 % quand les exportations ont augmenté de 18%.

R - Nous avons un double défi : à la fois augmenter le nombre d'entreprises exportatrices et augmenter leur flux d'affaires. C'est vrai, nos PME ont parfois du mal à exporter et moins de 30% des entreprises qui exportaient pour la première fois en 2016 ont réédité l'expérience en 2017 et 2018. Vendre à l'étranger ne doit pas être une aventure occasionnelle, mais au contraire devenir un réflexe. Pour les entreprises, le marché naturel doit devenir européen et international. Il y a des débouchés compte tenu de la croissance forte dans certaines zones, notamment en Asie. C'est la raison pour laquelle nous avons fixé des objectifs ambitieux à Business France en termes d'accompagnement des PME. Nous allons, par ailleurs, continuer à faire la pédagogie des marchés que nous avons ouverts, avec les accords commerciaux entre l'UE et les Canada ou le Japon. C'est une véritable opportunité pour les entreprises française ; j'en veux pour preuve la hausse des 6% des exportations vers le Canada depuis la signature de l'accord.

Q - Il y a un an, le Premier ministre, Edouard Philippe présentait un plan de relance pour l'export. Où en est-on ?

R- Pendant longtemps, le dispositif français d'accompagnement à l'export s'est caractérisé par une multiplicité d'acteurs. "Team France export", née de la réforme, est désormais à pied d'oeuvre dans les territoires pour faire travailler tout le monde main dans la main - et dans les mêmes bureaux -, sous l'égide des Régions. Avec cette nouvelle organisation, et le déploiement d'ici quelques semaines d'une plateforme numérique des solutions regroupant l'ensemble des offres d'accompagnement à l'export et de financement export, nous sommes prêts ! Les chiffres du commerce extérieur de 2019 doivent permettre, je l'espère, de mesurer l'efficacité des nouveaux dispositifs.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 février 2019