Texte intégral
MARION FERSING
Bonjour Muriel PENICAUD.
MURIEL PENICAUD, MINISTRE DU TRAVAIL
Bonjour.
MARION FERSING
Avant de parler de ce pacte pour la formation et pour l'emploi que vous venez signer en Loire-Atlantique aujourd'hui, une question sur le mouvement des Gilets jaunes, trois mois que ça dure. Quelles sont les conséquences sur l'emploi ? Est-ce qu'il y a eu des licenciements ?
MURIEL PENICAUD
Il est trop tôt pour dire s'il y a des défaillances d'entreprise et donc des licenciements. Ce que nous avons fait au niveau du Gouvernement, c'est mobiliser pleinement ce qu'on appelle le chômage partiel où mon ministère aide les entreprises à payer les salaires pour que les gens ne perdent pas leur emploi. Et je crois que…
MARION FERSING
Alors est-ce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui ont fait appel à ces aides ?
MURIEL PENICAUD
Non seulement les violences sont inadmissibles mais il faut bien dire que continuer samedi après samedi les actes dont beaucoup sont violents, bloquent les centres-villes, c'est contre l'emploi et il y a des gens qui… Oui, c'est sûr qu'il y a des salariés qui en pâtissent aujourd'hui. Il y a déjà tous les emplois qu'on n'a pas créés en décembre et là il y a le risque de défaillances d'entreprise notamment dans les petits commerces qui nous inquiète beaucoup.
MARION FERSING
Oui. On a beaucoup entendu à Nantes l'inquiétude des commerçants du centre-ville.
MURIEL PENICAUD
Oui.
MARION FERSING
Muriel PENICAUD, ministre du Travail, vous êtes donc en Loire-Atlantique aujourd'hui pour signer ce pacte régional d'investissement dans les compétences. En clair, c'est pour que les jeunes et les chômeurs soient formés aux emplois qui embaucheront le plus dans les années qui viennent. En fait, ça paraît tellement logique qu'on se demande pourquoi on n'y a pas pensé avant.
MURIEL PENICAUD
Alors c'est le paradoxe. Par exemple le Pays de la Loire, c'est la région où le taux de chômage est, entre guillemets, le plus bas de France à 7,6. C'est encore beaucoup mais c'est mieux. A la fois, il y a beaucoup de demandeurs d'emploi, il y a encore beaucoup de jeunes qui sortent chaque année, huit mille jeunes qui sortent sans qualification, sans rien de l'école. Et puis en même temps, il y a les entreprises notamment les PME qui cherchent, qui cherchent et qui ont du mal à trouver les compétences. Donc c'est pour ça que je viens signer avec la présidente de la région Christelle MORANÇAIS un plan d'investissement où on va joindre les forces de l'Etat et de la région. Donc l'Etat va amener deux cents millions d'euros supplémentaires pour former trente-deux mille jeunes et demandeurs d'emploi en plus avec des axes innovants pour la région. La première, c'est le parcours PME…
MARION FERSING
C'est-à-dire comment aussi on donne envie à ces jeunes, aux demandeurs d'emploi, d'occuper ces emplois-là. Parce que ce sont des emplois notamment d'agents d'entretien qui vont embaucher le plus dans les années qui viennent, d'aides à domicile. On le sait, ce n'est pas forcément des emplois qui attirent beaucoup parce qu'ils ne sont pas très bien payés, parce qu'il faut faire des horaires tôt le matin, tard le soir. Ce n'est pas évident d'occuper ces emplois-là.
MURIEL PENICAUD
Alors il y a certains emplois, c'est le sujet de la précarité. C'est le sujet qu'on veut adresser dans l'Assurance-chômage et qui vont souvent avec les revenus bas. Mais il y a aussi des emplois qualifiés en CDI. On va signer par exemple dans l'entreprise LOIRET TECH qui fait de la géolocalisation des pièces, qui cherche des outilleurs, qui cherche des fraiseurs et je peux vous dire que ça, c'est des métiers en CDI, qualifiés, où la rémunération… Où il y a des possibilités de progression. Par ailleurs, il y a des personnes qui cherchent un emploi et qui n'ont pas accès à l'information. Je pense en particulier aux personnes en situation de handicap et là, ça va être un des volets de ce plan. C'est d'avoir un véritable parcours de suivi dans l'entreprise parce qu'il y a aussi des opportunités et il faut aussi ouvrir les recrutements aux seniors, aux personnes handicapées, aux jeunes décrocheurs et ça, ça demande un accompagnement, ça demande de la formation. Ça demande parfois un accompagnement plus global sur les sujets de santé, de logement, et c'est pour ça que cet après-midi après avoir signé le plan d'investissement dans les compétences, je vais aller visiter une entreprise d'insertion, un chantier d'insertion. C'est une entreprise adaptée pour les personnes en situation de handicap.
MARION FERSING
Oui. Comment vous allez faire mieux que ce qui a été fait jusque-là ? Parce que, Muriel PENICAUD, ça fait longtemps que les régions s'occupent de ces volets formation mais voilà, on le voit bien, on manque d'efficacité parce qu'aussi bien les jeunes qui sortent par exemple de lycée professionnel ne sont pas assez nombreux pour occuper les emplois notamment dans la sidérurgie. Je pense aux chantiers navals de Saint-Nazaire.
MURIEL PENICAUD
Si, si, ils sont assez nombreux et malheureusement ils n'ont pas la qualification…
MARION FERSING
Les entreprises peinent à recruter et on sait ici que ces filières dans les lycées peinent aussi à recruter des jeunes qui souhaitent les intégrer.
MURIEL PENICAUD
Oui. Vous voyez d'un côté on a huit mille jeunes qui sortent chaque année sans rien. De l'autre, on a des milliers d'emplois que les entreprises cherchent. Donc le but, c'est de faire le pont entre les deux par l'apprentissage qu'on va développer normalement et par ce plan d'investissement compétences. Là, l'Etat et la région joignent leurs forces et puis il faut mobiliser tout le monde. Les entreprises sont très mobilisées, notamment les PME. C'est elles qui souffrent le plus des difficultés de recrutement et on va innover avec un parcours PME vraiment sur les compétences dont ont besoin les PME.
MARION FERSING
Sur le volet apprentissage, Muriel PENICAUD, il faut peut-être soutenir aussi des entreprises parce qu'on l'entend : des jeunes apprentis ont du mal à trouver des entreprises pour faire la partie vraiment professionnalisante de leur formation.
MURIEL PENICAUD
Alors on est aujourd'hui dans la situation où avec notre réforme de l'apprentissage qui date du mois de septembre et dont une bonne partie s'applique dès le 1er janvier, on a maintenant une demande qui augmente, tant du côté des entreprises que des jeunes. D'ailleurs on a augmenté de six pour cent au plan national. Mais par contre, il faut faire ce rapprochement. D'ailleurs cet après-midi, je ferai aussi une réunion avec des chefs d'entreprise pour les mobiliser aussi. Les jeunes veulent aller vers l'apprentissage, c'est nouveau. Avant on ne comprenait pas que c'était une voie d'excellence. Maintenant, je crois que les jeunes et les familles l'ont compris. Il y a beaucoup d'entreprises qui cherchent et donc il faut qu'on rapproche l'offre et la demande si j'ose dire.
MARION FERSING
Et c'est pour ça que vous viendrez tout à l'heure en Loire-Atlantique pour signer ce pacte. Merci beaucoup Muriel PENICAUD, la ministre du Travail sur France Bleu Loire Océan.
MURIEL PENICAUD
Merci et bonne journée.
MARION FERSING
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2019