Déclaration de Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des armées, sur la bataille de Narvik de mai 1940, à Paris le 28 mai 2019.

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Circonstance : Commémoration de la bataille de Narvik

Texte intégral

Monsieur le ministre de la Défense de la Norvège,
Madame la maire du 8ème arrondissement de Paris,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris, mon général,
Mesdames, messieurs les représentants de la Pologne,
Monsieur le représentant de la Grande-Bretagne,
Monsieur le délégué général du Souvenir Français,
Chers porte-drapeaux,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,


Narvik ! Un nom qui sonne dans notre histoire commune, un nom qui résonne dans l'amitié franco-norvégienne. Un nom qui rappelle nos combats communs. Qui fait écho aux valeurs que nous avons défendu hier ensemble et que nous défendons aujourd'hui encore.

Cette place au coeur de Paris en est un rappel permanent. Elle est un symbole précieux des liens qui ont unis les alliés français, britanniques, polonais et norvégiens dans la bataille de Narvik, dans la campagne de Norvège et au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Monsieur le Ministre, aujourd'hui, côte à côte, la France et la Norvège se souviennent avec émotion de la prise de Narvik par les troupes alliées le 28 mai 1940. C'était il y a 79 ans, jour pour jour.

Même si la foudroyante campagne de France qui a laissé notre pays aux mains de l'envahisseur a occulté ce souvenir, ce fait d'armes mérite que l'on s'en souvienne et que l'on salue la vaillance de nos soldats.


Le 9 avril 1940, le tocsin sonne au Danemark et en Norvège. L'attaque allemande est implacable et fulgurante. L'envahisseur s'empare par surprise des points stratégiques. La neutralité d'un peuple pacifique n'est évidemment pas respectée par l'Allemagne hitlérienne.

Votre patrie se lève alors. La résistance des forces norvégiennes est exemplaire face aux énormes moyens de l'ennemi. Ce dévouement rend possible l'exil du roi et du parlement au Royaume-Uni. Ce dévouement patriotique s'exprime à nouveau dans la résistance à l'occupant lorsque l'ombre nazie recouvre le pays. La Norvège légitime s'est placée résolument aux côtés des alliés dans l'attente de sa libération et du retour de son intégrité territoriale. Au jour de la défaite finale du nazisme les armes norvégiennes étaient du côté de la liberté et de la justice.

En avril-mai 1940, il est de l'honneur des alliés français, britanniques et polonais de porter assistance à un peuple agressé. L'enjeu est également la préservation des intérêts stratégiques.

Couper la route du fer suédois qui transitait par Narvik c'était ralentir l'Allemagne, c'était déstabiliser l'industrie de guerre et contrecarrer les plans d'Hitler.

Ainsi, la « drôle de guerre » installée depuis septembre sur le front ouest s'est achevée en Norvège. Les alliés qui étaient entrés à reculons dans la guerre sont pour la première fois confrontés à la machine de guerre allemande.

Je souhaite rendre un hommage appuyé aux troupes alliées qui, bien que manquant d'équipements, ont mené avec honneur une campagne âpre et difficile. Elles ont souvent été écrasées par la domination aérienne de l'adversaire.

Je salue l'efficacité de la flotte britannique et de ses soldats.

Nous nous souvenons des unités polonaises qui ont été remarquables de courage et de combativité dans l'offensive comme dans la défensive.

Les hommes de la 6ème division norvégienne, ceux du corps expéditionnaire franco-polonais, ceux de la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère, ceux de la 27ème demi-brigade de chasseurs alpins, soutenus par l'aviation et les forces navales britanniques ont effectué avec succès un des premiers débarquements de la Seconde Guerre mondiale. Il fut le prélude à tant d'autres.

Nous nous souvenons de leur remarquable courage et de leur abnégation. Qualités et valeurs grâce auxquelles, ils ont conquis le port de Narvik.

Malheureusement, pour reprendre les mots de CHURCHILL, « la plus effroyable explosion militaire jamais connue dans l ‘humanité » faisait rage en France.

L'abîme de la défaite guettait les Français et les britanniques sur notre sol national. Ainsi, les alliés ont réembarqué au mois de juin. Presque immédiatement, les Allemands ont réoccupé Narvik.

Toute la Norvège était occupée. Et cela pour plusieurs années. Les wagons de fer suédois ont continué à alimenter la machine de guerre allemande.

Néanmoins, l'armée allemande a subi de lourdes pertes notamment navales. Ce sont autant de bâtiments et d'hommes qui ont manqué à Hitler lors de la bataille d'Angleterre, décisive pour le sort de l'Europe et du monde.

En évacuant Narvik, le général français BETHOUART eu des mots qui font toujours sens à nos coeur français et norvégiens : « C'est la mort dans l'âme que je quitte la Norvège. Je laisse sur votre sol ce que j'ai de plus précieux, mes morts ; je vous les confie comme un gage d'inaltérable amitié de la France pour la Norvège qui redeviendra libre. »

Depuis la Norvège est redevenue libre, la France aussi. Depuis, cette amitié n'a pas cessé. Depuis, nous sommes fidèles à notre histoire commune.

Chers amis norvégiens, nous n'oublierons jamais la fraternité d'armes qui nous a unis.

Nous la célébrons aujourd'hui. Nous la célébrerons dans quelques jours à l'occasion du 75ème anniversaire du Débarquement. Je veux saluer les soldats norvégiens qui y ont pris part notamment dans les airs et sur la mer. Des centaines de norvégiens ont participé à Overlord et à la libération de l'Europe. La France ne l'oublie pas et salue le sacrifice des hommes qui ont donné leur vie.

Le 6 juin prochain, nous rendrons hommage aux marins du navire Svenner torpillé à l'aube du Jour J ainsi qu'à l'équipage norvégien d'un Lancaster abattu après sa mission de bombardements.

C'était en 1940. C'était en 1944. C'est encore aujourd'hui.


Monsieur le Ministre, nous partageons des intérêts stratégiques communs. Nos deux nations ont vocation à travailler de concert pour la sécurité du continent. Votre visite en France aujourd'hui en est un signe.

En ce moment même, nos armées de l'Air participent à des missions d'entraînement dans le cadre de l'Arctic Challenge Exercice avec nos alliés finlandais et suédois. La participation de l'armée de l'Air française à cet exercice est conséquente avec près de 15 de nos aéronefs, Rafale et Mirage.

Nous avons combattu ensemble en 1940, nous volons côte à côte en 2019.


Pour que vive l'amitié franco-norvégienne !

Je vous remercie.


Source https://www.defense.gouv.fr, le 14 juin 2019