Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Soyez la bienvenue. Nicole BELLOUBET, bonjour, merci d'être ici.
NICOLE BELLOUBET
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous venez d'entendre qu'aujourd'hui Carlos GHOSN pourrait être libéré sous une caution de 8 millions d'euros, après 100 jours de détention et d'isolement. Quelle est simplement votre première réaction en tant que ministre de la Justice ?
NICOLE BELLOUBET
D'abord, je n'ai pas à interférer dans la justice du Japon. Ce que je dirais simplement, c'est qu'il est important que Carlos GHOSN puisse avoir un procès équitable, et si, étant libéré, il est dans cette capacité-là, c'est heureux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc le tribunal est d'accord, on attend la décision finale du procureur de Tokyo.
NICOLE BELLOUBET
Voilà.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ce n'est donc pas la liberté totale, mais il doit rester à Tokyo et au Japon, jusqu'à son procès ou ses procès, d'ici à 2020.
NICOLE BELLOUBET
Oui. Donc moi je vous dis ce que je trouve essentiel, c'est cette garantie du procès équitable. Alors, s'il peut le faire en étant en liberté surveillée, c'est très bien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que maintenant il peut recevoir sa famille, ses soutiens, ses proches ?
NICOLE BELLOUBET
Je ne sais pas exactement quelles sont les conditions auxquelles sera soumise sa libération, mais j'imagine que c'est tout de même préférable.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, est-ce qu'à un moment ou un autre l'Etat est intervenu, au moins pour améliorer les conditions de détention de Carlos GHOSN ?
NICOLE BELLOUBET
Dans ces cas-là, il y a toujours évidemment la présence de l'Ambassade de France, de l'autorité consulaire, qui encore une fois est présente. Mais je crois surtout qu'il est épaulé par ses avocats.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous aussi vous jugez que la justice, de loin, que la justice du Japon est une des plus sévères du monde ?
NICOLE BELLOUBET
Je ne veux pas répondre à cette question, chaque Etat évidemment est souverain dans ce domaine-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pour vous qu'on n'ait pas les mêmes règles en France.
NICOLE BELLOUBET
Oui, c'est certain qu'il n'y a pas les mêmes traditions, pas les mêmes règles. Pour autant, je ne veux pas apprécier la justice japonaise.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, des millions de citoyens, dans 28 pays de l'Europe, vont lire, dans leur langue, la lettre que leur adresse Emmanuel MACRON. « L'Europe est en danger – dit-il – il y a urgence ». Quelle urgence ?
NICOLE BELLOUBET
D'abord, moi ce que je voudrais dire, c'est qu'en écrivant cette tribune, le président MACRON se positionne, et il est sans doute l'un des premiers chefs d'Etat à se positionner. Au fond, c'est par rapport aux idées qu'il énonce là, que va sans doute s'organiser le débat européen. Et je trouve que c'est évidemment très important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pardon, cette lettre, il la signe, il l'écrit, mais on va entendre : quelle prétention, ces français, pour qui ils se prennent ?
NICOLE BELLOUBET
Mais je ne suis pas sûre, je trouve qu'au fond, dans un débat aussi important que celui qui s'engage pour les élections européennes, c'est important de se positionner, de dire ce que l'on attend de l'Europe, et moi lorsque je vois ce qu'écrit le chef d'Etat, ça donne envie, enfin il me semble, je vous parle en tant que citoyenne…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais en tant que citoyenne française et en plus ministre de son gouvernement, c'est un peu normal.
NICOLE BELLOUBET
Non, mais d'accord, mais vous savez, l'une des raisons pour lesquelles moi j'ai adhéré au projet du candidat MACRON, c'est essentiellement pour l'Europe, parce que je trouvais qu'il avait une vision de l'Europe qui n'était pas une vision rétrécie, qui était une vision d'avenir, qui incluait des changements, ce sont ceux qu'il 'évoque là, la autour de l'innovation, autour de la protection. Je trouve que c'est…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il veut une renaissance de l'Europe et il dit autour de trois, trois ambitions que nous allons voir. Il dit : la liberté, une agence européenne de protection des démocraties. Vous avez une idée de ce que ça peut être ?
NICOLE BELLOUBET
Mais, alors, l'idée précise elle se construira, mais j'étais il y a quelques jours en Finlande, au Conseil de l'Europe, c'est-à-dire pas l'Union européenne mais le Conseil de l'Europe, plus vaste. De quoi avons-nous parlé ? Nous avons parlé de la protection de la démocratie, parce que c'est un enjeu fondamental aujourd'hui, protection contre des ingérences étrangères, protection contre des fake news, bref tout cela c'est un enjeu fondamental…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exigence des citoyens…
NICOLE BELLOUBET
Exigence des citoyens…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'avoir plus de participation à la démocratie.
NICOLE BELLOUBET
Et pouvoir également... exactement, aussi, c'est un élément, également être certain de la sincérité d'un scrutin, même en France on s'est posé des questions à l'occasion des dernières élections présidentielles, tout cela ce sont des enjeux forts, et je trouve extrêmement intéressant que le président MACRON commence par cela.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il veut, d'une certaine façon, le leadership en Europe.
NICOLE BELLOUBET
Je ne sais pas si ça se pose en termes de leadership, je dirais qu'il veut un projet pour l'Europe et qu'au fond c'est bien cela dont on doit discuter au moment des élections européennes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et alors, il y a un deuxième point, pour protéger le Continent européen, comme il dit, remettre à plat l'espace Schengen, c'est-à-dire le retour des frontières et le contrôle renforcé des frontières, un office européen – je vais vite – un office européen de l'asile, c'était la demande de Pascal BRICE qui a été pendant 6 ans à la tête de l'OFPRA, une police commune des frontières ou en tout cas renforcée...
NICOLE BELLOUBET
Mais tout ça c'est essentiel, si on veut... L'asile c'est quelque chose d'essentiel pour nos Etats, ça fait partie de notre Constitution, il faut absolument qu'on ait des politiques d'asile pour permettre l'accueil d'un certain nombre de gens. Mais pour que l'asile fonctionne, il faut qu'en Europe on ait une politique qui soit coordonnée et une politique qui fonctionne sur les mêmes règles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a un durcissement de la position française.
NICOLE BELLOUBET
Non, je ne crois pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Peut-être parce qu'on comprend qu'il y a un sorte de mécanique…
NICOLE BELLOUBET
Non, je ne pense pas, je ne le lis pas comme un durcissement, je lis comme une harmonisation et une coordination avec les autres Etats européens. On ne peut pas répondre de manière différenciée aujourd'hui en Europe, il faut que l'on ait cette politique commune.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais est-ce qu'il faut s'aligner sur ceux qui sont les plus durs, ou presque les plus durs ou en s'approchant des plus durs ?
NICOLE BELLOUBET
Mais personne ne dit qu'on va s'aligner sur ceux qui ont la politique la plus restrictive, on dit juste que l'on veut créer une police qui soit commune, que l'on veut créer des règles communes et partagées, et ça ce n'est pas forcément s'aligner sur ceux qui ont la politique la plus dure, c'est à voir un travail commun.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'aussi on a compris qu'il y a une sorte de lien mécanique : plus de migrants, plus de risques d'avoir l'extrême droite dans les allées du pouvoir, peut-être même au pouvoir ?
NICOLE BELLOUBET
Alors, c'est en tout cas un des points qui apparaît comme majeur dans les débats qui vont arriver, mais il me semble précisément que la réponse, la réponse c'est avoir cette politique coordonnée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Troisième point, il dit : retrouver l'esprit de progrès. Et il dit : pour chaque travailleur, un bouclier social, la même rémunération et un salaire minimum européen. C'est très très intéressant.
NICOLE BELLOUBET
Ça c'est très intéressant, parce que c'est autour de cette idée d'Europe sociale, qui depuis 2005 est revendiquée, puisqu'une des raisons pour lesquelles les Français avaient voté non au référendum de 2005, c'était sans doute parce qu'on considérait que l'Europe sociale n'était pas assez puissante. Je trouve là qu'on a un élément de réponse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vers une harmonie sociale idéale ou idéalisée. Parce que regardez, la chancelière MERKEL et les Länder allemands vient d'augmenter la Fonction publique de 8,8 % sur 3 ans. Si on demande à Edouard PHILIPPE, Gérald DARMANIN et Olivier DUSSOPT de faire la même chose, ils diraient : vous êtes fous. On ne peut pas suivre les Allemands.
NICOLE BELLOUBET
Mais, vous savez, le pouvoir d'achat des fonctionnaires n'a pas diminué, mais en revanche il est important – en France – mais il est important me semble-t-il, là encore, que sur les règles du travail détaché, que sur les règles sociales, il y ait un minimum aussi de cohérence, sinon là encore l'Europe ne pourra pas avancer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc l'ennemi ou l'épouvantail c'est le national-populisme ou en tout cas le nationalisme et le populisme, ce couple qui marche main dans la main.
NICOLE BELLOUBET
Oui, certainement, parce que moi je ne crois pas que le progrès puisse passer par un rétrécissement sur les frontières internes, je ne crois pas que le progrès puisse passer par une ignorance de ce que font nos voisins européens. Je crois vraiment que c'est par un travail coordonné que nous pourrons progresser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais quand on dit : il y a urgence, il y a danger, dépêchez-vous de vous rassembler…
NICOLE BELLOUBET
Oui il y a urgence, regardez ce qui s'est passé avec le Brexit, regardez ce qui se passe dans un certain nombre de pays d'Europe de l'Est, oui il y a urgence.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et l'Italie, la Pologne, la Hongrie, etc.
NICOLE BELLOUBET
Regardez ce qui se passe en Italie, bien sûr. Donc moi je crois oui qu'il y a urgence. Il y a urgence, ce qui ne veut pas dire précipitation, parce que je crois que pour arriver à ce travail collectif, il faut prendre le temps d'écouter et de construire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui veut rassembler ? Est-ce qu'il doit utiliser l'argument de la peur ?
NICOLE BELLOUBET
Non mais je ne suis pas sûre que le président MACRON, dans cette tribune, enfin je ne l'ai pas ressenti...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il alerte.
NICOLE BELLOUBET
... comme utilisant l'argument de la peur. Il dit simplement : nous sommes face à des choix cruciaux, nous sommes à un tournant de l'Union européenne, il ne faut pas laisser se déliter cette idée qui a été une idée de protection et une idée de paix. Et je crois que ça, ça ne peut être que compris.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avant de passer à d'autres indications sur l'Europe et en même temps à vos convictions de l'Europe, vous dites régulièrement : je suis une Européenne convaincue.
NICOLE BELLOUBET
Ah oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un mot que me suggère Pascal PRAUD. Il y a un gendarme de 35 ans qui a été jugé jeudi 28 février, en comparution immédiate, parce qu'il est reconnu coupable d'homicide involontaire avec circonstances aggravantes, il avait bu, il a été condamné à 3 ans de prison dont 18 mois ferme. Il est déjà écroué à la prison de Lyon dans la foulée. Les enfants des deux victimes en appellent au ministère de la Justice et à vous-même, Nicole BELLOUBET, ils veulent la responsabilité des quatre autres gendarmes qui avaient passé parait-il l'après-midi dans un restaurant, à boire avec le responsable de l'accident. Quelle est votre position ?
NICOLE BELLOUBET
Ecoutez, d'une part, moi je ne veux pas interférer dans les affaires individuelles, ça c'est... d'une part. D'autre part j'observe que la justice a réagi extrêmement rapidement, puisque la personne a été jugée en comparution immédiate, ça veut dire qu'il y a eu une réponse immédiate de la justice et que cette personne est en détention. Et enfin, il va de soi que le procureur, les magistrats, opèrent comme ils doivent opérer dans cette situation-là. Je ne connais pas l'affaire en détails et je ne sais pas du tout s'il y a une responsabilité des autres gendarmes. Dernier point, évidemment, je comprends parfaitement la douleur de la famille et je suis certain que nous saurons être à leurs côtés, que la délégation…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il n'y a pas une autre enquête à faire sur les quatre autres gendarmes ?
NICOLE BELLOUBET
Je ne vois pas à quel titre, de la manière dont vous me le présentez, je ne sais pas à quel titre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je reviens sur le Grand débat et en même temps ce qui est en train de se passer au niveau européen. Commencent aujourd'hui les 10 derniers jours du Grand débat, à moins qu'il soit prolongé…
NICOLE BELLOUBET
Non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les algorithmes vont traduire les millions de doléances et de revendications des citoyens…
NICOLE BELLOUBET
D'observations parfois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'observations, de commentaires, etc. Bon, en conclusion le président de la République devra annoncer des décisions. Est-ce que vous estimez que ça va être un tournant clef du quinquennat ?
NICOLE BELLOUBET
En tout cas ça va être le résultat de ce travail d'écoute. Je crois, le président de la République est extrêmement sincère dans la demande qu'il 'avait faite, d'organisation de ce Grand débat, parce qu'il lui semblait important, à la suite du mouvement des Gilets jaunes, de réentendre ce que disaient les Français, je dis bien de réentendre, parce qu'il y avait déjà eu une phase d'écoute, pendant toute la campagne présidentielle. Mais il a jugé essentiel de…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour en arriver à quoi ?
NICOLE BELLOUBET
Pour en arriver à des mesures, qui seront des mesures très concrètes, il s'y est engagé, et cela il tiendra sa promesse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Par exemple ?
NICOLE BELLOUBET
Mais, je ne peux pas vous dire par exemple, puisque le débat n'est pas terminé, que les conclusions n'en sont pas tirées. Mais on voit bien qu'apparaissent des demandes de nature institutionnelle, des demandes de nature sociale. Le président de la République…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Par exemple renforcer ou assouplir la démocratie ?
NICOLE BELLOUBET
Par exemple.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire accepter un référendum ?
NICOLE BELLOUBET
Par exemple. Les questions démocratiques sont apparues comme un des enjeux clefs de ce Grand débat, donc il faudra que nous y apportions des réponses. Elles peuvent, il y a toute une gamme de réponses qui va du référendum d'initiative citoyenne qui est parfois demandé, à…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'autres types de référendums.
NICOLE BELLOUBET
A d'autres types de référendums, à d'autres types de présence de nos concitoyens dans l'élaboration des textes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emmanuel MACRON a demandé à chacun de ses ministres de proposer des idées neuves ou des initiatives nouvelles. Vous allez le voir ce soir comme vous devez le voir peut-être tous les toutes les semaines à l'Elysée…
NICOLE BELLOUBET
Oui, vous connaissez bien mon emploi du temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous suggéreriez ou qu'est-ce que vous avez envie de promouvoir, au moins deux ou trois grandes idées nouvelles ?
NICOLE BELLOUBET
D'abord c'est à lui que je vais d'abord en parler, mais il va de soi que mon champ d'intervention, il se porte plutôt précisément sur les questions institutionnelles, autour de ces idées de démocratie participative et également sur les questions de justice.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, par exemple, donnez-moi un ou deux exemples concrets.
NICOLE BELLOUBET
Nous avons déjà dit qu'il fallait retravailler…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous ne sommes pas à l'Elysée, nous sommes à Cnews, mais vous pouvez nous donner deux, trois pistes.
NICOLE BELLOUBET
Nous avons... J'ai déjà dit que je souhaitais retravailler sur la question de l'accès au droit, qui est une question majeure pour nos concitoyens, notamment pour les plus démunis d'entre eux, c'est une piste qu'il faut absolument ouvrir. Sur la démocratie participative, je trouve également que la présence de citoyens à des moments à définir, dans l'élaboration de la loi, pourrait être un sujet intéressant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous dites : ça va bouger ? On ne peut pas dire ça va chauffer, mais ça va bouger.
NICOLE BELLOUBET
Non, ça ne va pas chauffer, j'espère au contraire que tout cela sera élaboré dans le calme, mais il faut effectivement que les choses évoluent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, ça c'est dit d'une manière calme et posée.
NICOLE BELLOUBET
Mais je pense que c'est comme ça…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça va être, je ne dis pas une ébullition, une effervescence qui correspond à l'Etat…
NICOLE BELLOUBET
Mais l'effervescence, elle a lieu dans les grands débats. Quand on assiste à des grands débats, on voit vraiment de multiples idées apparaître. Donc cette effervescence elle est là, il nous appartient de la traiter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les Marcheurs préparent leur liste pour les élections européennes et leur tête de liste. Ici à Cnews, Nathalie LOISEAU a dit : « Non, pas question pour moi », je ne sais pas si c'est vrai ou pas. Le nom d'Agnès BUZYN circule, elle dirait plutôt oui, en tout cas pas forcément non, quelques fois on parle d'un trio, un homme, qui ? Mystère. Et on dit Agnès BUZYN, et Nicole BELLOUBET, vous êtes tentée ?
NICOLE BELLOUBET
Alors, moi, si vous voulez, je vous ai dit tout à l'heure à quel point j'avais la passion de l'Europe, donc ça c'est un premier point, mais j'ai aussi la passion du ministère à la tête duquel je suis, et évidemment je souhaite surtout maintenant appliquer la loi de la justice qui a été votée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ministre en campagne pour les européennes etc., en tant que citoyenne européenne convaincue…
NICOLE BELLOUBET
Ah oui, ça c'est sûr, oui oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, députée européenne, non. Hein, c'est ça ?
NICOLE BELLOUBET
Vous résumez les choses très bien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et si le président de la République insiste, qu'est-ce que vous dites ?
NICOLE BELLOUBET
Non mais ce n'est pas sur le plateau de Cnews, malgré l'intérêt et l'importance de ce plateau, ce n'est pas sur ce plateau-là qu'on élabore la liste pour les élections européennes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, et puis ce n'est pas notre souhait d'établir des listes pour un parti politique.
NICOLE BELLOUBET
Exactement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les Gilets jaunes sont en perte de vitesse, ils promettent une présence habituelle samedi prochain, mais une relance à partir du 16 mars, c'est-à-dire au moment où le Grand débat se terminera ? Est-ce que, je ne dis pas « vous les mettez en garde », ou est-ce que vous les prévenez qu'il faut éviter pendant ces manifestations qui vont hélas continuer, d'éviter tout débordement, tout excès, et vous le dites au nom de la justice ?
NICOLE BELLOUBET
Je ne les mets pas en garde. Nous avons... J'ai déjà dit que, évidemment, une manifestation qui n'est pas déclarée, est une manifestation illégale, que bien entendu nous sommes extrêmement attentifs et que nous sanctionnons les atteintes aux biens et aux personnes. Cela n'est pas acceptable. Autant la liberté de manifester est un droit, est vraiment quelque chose qu'il faut protéger, autant il est inacceptable, inacceptable, que tout cela se termine en pugilat…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais ça on le répète, c'est inacceptable, mais a se produit.
NICOLE BELLOUBET
Non mais ça se produit, mais la justice sanctionne. La justice sanctionne et il me semble que les réponses qui ont été apportées sont des réponses plutôt fermes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais comment se fait-il que chaque samedi il y ait tant d'interpellés, et au bout du compte peu de sanctionnés.
NICOLE BELLOUBET
Non, non non, quand vous dites peu sanctionnés…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eux, c'est ce que l'opinion ressent.
NICOLE BELLOUBET
Non mais l'opinion ressent peut-être, mais moi j'ai les chiffres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle peut se tromper, vous voulez dire.
NICOLE BELLOUBET
Non, ce n'est pas ce que je veux dire, mais j'ai des chiffres, je sais que nous avons eu 1 800 comparutions immédiates, sanctions qui ont été délivrées, donc il y a une vraie réponse judiciaire, et donc c'est la raison pour laquelle je dis que nous serons et nous continuerons à être très fermes sur la réponse judiciaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les voilà prévenus. Il y a eu encore des actes racistes et antisémites en Alsace, hier ou avant-hier, deux actes, et dans cette Alsace qui a été durement éprouvée, dans la région de Strasbourg. L'indignation, la compassion, on a envie de dire : ça suffit. Des actes, or les peines contre les auteurs d'actes antisémites et racistes sont souvent jugées pas à la hauteur de la gravité des faits. Et on prend par exemple deux exemples récents : 6 mois avec sursis pour le tagueur de plusieurs croix gammée dans le RER C, et puis l'agresseur de Mulhouse, vous savez, contre Alain FINKIELKRAUT, il ne sera jugé qu'au mois de mai, dans 100 jours, d'ici là…
NICOLE BELLOUBET
Oui mais moi je ne sais pas ce que décideront les juges. Ce que je peux dire c'est qu'aujourd'hui nous avons un arsenal législatif qui nous permet de sanctionner l'ensemble de ces agressions antisémites, et qui nous permet, antisémites et racistes également. Ces sanctions elles sont appliquées quand nous avons les preuves des faits, et ça les magistrats évidemment ils en sont juges, mais nous, je le dis clairement, nous sommes sur ces actes sur une tolérance zéro, c'est inacceptable, le président de la République l'a dit, c'est une atteinte à notre identité républicaine…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, on le dit, mais ça se reproduit, ça se reproduit
NICOLE BELLOUBET
Non mais on le fait, non mais il ne faut pas dire cela non plus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais oui…
NICOLE BELLOUBET
Pardon, vous êtes libre évidemment de dire cela…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Heureusement, oui.
NICOLE BELLOUBET
Oui. Mais, vraiment, la justice est présente, la justice est présente et d'ailleurs nous allons publier les décisions de justice qui sanctionnent ce type d'agressions ou d'infractions, je crois que c'est important pour montrer l'exemplarité de ces décisions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous devriez venir plus souvent, parce qu'il y a tellement de choses à vous demander. Le Grand débat, dans les prisons, il a lieu aussi dans les prisons.
NICOLE BELLOUBET
Aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans 2 heures vous serez à la prison des femmes, je ne sais pas si je peux dire où, à Versailles, pour une rencontre dialogue avec des détenues, comme vous l'avez fait déjà Avignon. Est-ce que vous assistez, vous écoutez, vous participez, vous animez ?
NICOLE BELLOUBET
Non non, je n'aime pas, jamais, je suis plutôt dans une position d'écoute, et à l'occasion, si on me pose une question, j'interviens, oui si j'ai quelque chose à dire j'interviens, mais je suis dans une position d'écoute.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sur quoi ? Est-ce qu'elles peuvent aborder les conditions de détention, leur vie en prison, les espoirs de réinsertion ou elles appliquent la transition écologique, la fiscalité ?
NICOLE BELLOUBET
J'ai assisté à deux Grands débats en détention, ce sont les thèmes du Grand débat citoyen qui sont traités, c'est-à-dire transition écologique, fiscalité, mais les détenus sont des citoyens qui ont vocation à être réinsérés, et donc il est naturel qu'ils s'intéressent aux problématiques de la citoyenneté, comme vous et moi. Cela étant dit, à cette occasion, ils peuvent aborder parfois des questions spécifiques à la détention et à Avignon notamment des questions m'avaient été posées sur le droit de vote en prison, auquel j'avais répondu, puisque dans la loi pour la justice…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous avez répondu ?
NICOLE BELLOUBET
Eh bien dans la loi pour la justice qui a été adoptée récemment, il y a précisément des dispositions pour faciliter l'exercice du droit de vote en prison.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et les gardiens, le personnel pénitentiaire assiste ou participe.
NICOLE BELLOUBET
Oui, ils assistent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils assistent.
NICOLE BELLOUBET
Ils peuvent participer s'ils veulent, en tant que citoyen, ailleurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vais vite : est-ce qu'il est vrai que les premiers revenants qui sont détenus par les Kurdes, les premiers revenants sont revenus en France déjà ?
NICOLE BELLOUBET
Ah mais, alors…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pas ceux d'il y a longtemps, les récents ?
NICOLE BELLOUBET
Non, ah non, ça, ça n'est pas vrai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non ?
NICOLE BELLOUBET
Non non, ça n'est pas exact. Il n'y a pas aujourd'hui de personnes récemment revenues des terrains de combats. Nous en avons accueilli depuis quelques années, au cas par cas, lorsque pour des raisons diverses ils reviennent en France, et j'ai déjà eu l'occasion de le dire, ils sont immédiatement judiciarisés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Là Baghouz, qui est le dernier fief de Daesh, ce dernier bastion va tomber dans les heures qui viennent, il va y avoir sans doute des détenus étrangers, des détenus ou des djihadistes français, est-ce que... on peut penser qu'il y en a qui vont se rendre, ou il y en a qui seront arrêtés, est-ce qu'on va en avoir davantage sur le territoire français ?
NICOLE BELLOUBET
Je ne vois pas pourquoi, puisque ce sont des gens qui ont fait le choix responsable de se rendre sur les terrains de combats, nous estimons donc qu'ils doivent être responsables de leurs actes, dans le lieu où ils se trouvent. Il n'y a pas de raison qu'ils reviennent en France, en tout cas il n'y aura pas de rapatriement, c'est toujours ce qui a été dit par le gouvernement français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on essaie d'en envoyer le plus possible en Irak, pour qu'ils soient jugés en Irak ?
NICOLE BELLOUBET
Non, on n'essaie pas d'en envoyer le plus possible, on prend les choses telles qu'elles fonctionnent, là il se trouve que il y a 17 personnes ou 13, je ne sais plus, qui ont été, qui sont en Irak, elles seront jugées en Irak.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque, la France n'est plus opposée à extrader d'anciens militants des Brigades Rouges réfugiés à Paris depuis les années Mitterrand, c'est ce qu'a dit Nicole LOISEAU (sic), elle a précisé qu'il y avait…
NICOLE BELLOUBET
Elle ne s'appelle pas Nicole, elle s'appelle Nathalie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nathalie, Nathalie LOISEAU, la précipitation, le fait d'aller vite... Elle a précisé qu'une douzaine de cas étaient étudiés pas par la justice. Combien sont concernés par l'extradition ?
NICOLE BELLOUBET
Non non non, mais attendez, je ne vais pas aussi vite que vous dites, que l'a précisé Nathalie LOISEAU, je dis que actuellement nous avons des demandes d'extradition qui nous sont parvenues, que ces demandes d'extradition font l'objet d'un examen technique, pour savoir de qui il s'agit, quelle est leur situation, la demande est-elle, enfin y-a-t-il e une prescription par rapport aux crimes ou aux délits qu'ils auraient commis ? C'est cela que nous étudions. Il n'y a pas eu d'autres décisions prises à ce jour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'on peut revenir sur ce qui a été décidé il y a 40 ans ?
NICOLE BELLOUBET
Je vous dis qu'il n'y a pas eu d'autres décisions que celles qui ont été techniques, qui ont consisté pour le moment dans l'examen des différents dossiers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous diriez, comme en 2004 votre prédécesseur Robert BADINTER : l'Etat doit respecter la parole qui il a donnée ?
NICOLE BELLOUBET
Je crois que c'est important. Je précise ici que dans ce qu'on appelle la doctrine Mitterrand, le président MITTERRAND avait évidemment toujours dit que les Italiens pouvaient rester en France, à l'exception de ceux qui avaient commis des crimes de sang, c'est important à préciser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ceux qui ne continuaient pas faire de l'agitation politique sur le territoire nationale.
NICOLE BELLOUBET
Mais à l'exception de ceux qui avaient commis des crimes de sang.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venue.
NICOLE BELLOUBET
Merci à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A bientôt, revenez sur Cnews. A bientôt, bonne journée.
NICOLE BELLOUBET
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2019