Texte intégral
CECILE DE MENIBUS
C'est le petit-déjeuner politique d'Agnès PANNIER-RUNACHER qui est secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances.
PATRICK ROGER
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
PATRICK ROGER
Vous allez cet après-midi à Biarritz afin d'étudier et d'organiser le dispositif d'aide aux commerçants. Qui va être concerné et comment ça va être calculé ? Commerçants à la suite du G7.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc première chose, il s'agit de confirmer la promesse du président de la République et de la mettre en application immédiatement. Je vais à Biarritz pour justement discuter d'abord avec les élus et ensuite avec les représentants des commerçants sur les modalités de ce soutien. De manière claire, les commerçants qui sont situés dans la zone qui a été la plus impactée, qui est la zone rouge, vont bénéficier de ce dispositif. Je suis ouvert à discuter avec les élus de l'agglomération sur les autres zones qui ont été impactées. Mais ce n'est pas moi qui vais faire les questions et les réponses, c'est vraiment une concertation que je veux mener. La chambre de commerce et d'industrie a déjà fait des propositions sur le dispositif qui pourrait être mis en oeuvre. On va partir de cette base et on va ajuster le dispositif. Il doit être rapide…
PATRICK ROGER
Donc ce ne sera pas limité aux périmètres du coeur de Biarritz.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il ne sera pas limité aux périmètres du coeur de Biarritz parce qu'on sait…
PATRICK ROGER
Oui, Anglet etc.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors c'est là où il va falloir discuter pour savoir jusqu'où on va. On ne va pas non plus prendre toute la France donc c'est un des points. Deuxième point, il faut aussi avoir un dispositif qui soit simple et qui soit rapide. Parce que si on se fixe sur l'arrêté comptable des commerçants indépendants, ça veut dire que ça nous renvoie après à l'année prochaine et je pense que les commerçants souhaitent…
PATRICK ROGER
Comment on peut l'évaluer ça d'ailleurs ? Vous avez une idée avec la chambre de commerce ? Comment on peut évaluer ce préjudice s'il y a eu un préjudice ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On part de la marge brute, ce qui est assez facile à calculer. On la compare à celle des week-ends équivalents des années précédentes et on demande aux commerçants de faire une attestation sur l'honneur. On l'a fait dans l'Aude, on l'a fait à Notre-Dame puisque les commerces ont également été indemnisés compte tenu des fermetures qu'on a faites pour sécuriser le périmètre à Notre-Dame. Donc on a une expérience de cela, on intervient assez vite. Depuis je dirais deux ans, on a toujours été aux côtés des commerçants lorsqu'il y avait ce type de situation.
PATRICK ROGER
Alors vous avez l'idée d'une enveloppe assez précise ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça sera une enveloppe que je vais annoncer aux commerçants. C'est une première enveloppe, un premier cadrage pour vous donner des éléments…
PATRICK ROGER
Oui, mais sur la somme globale. Pas pour eux mais sur la somme globale.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour vous donner des éléments, l'enveloppe qui a été débloquée par exemple pour Notre-Dame, elle était de l'ordre de trois cents mille euros, donc ça donne un peu une idée du type de besoin qu'on a pu recenser sur d'autres…
PATRICK ROGER
C'est ça. On sera entre trois cents… Vers deux cents…
AGNES PANNIER-RUNACHER
On verra. Parce que moi, je veux partir des besoins qui sont exprimés. On se donne jusqu'au 15 septembre pour faire remonter, pour recenser les besoins des commerçants.
PATRICK ROGER
Oui, voilà, c'est ça. Alors il y a quelques mois aussi, vous aviez annoncé à ce micro de Sud Radio que les commerçants victimes des manifestations des gilets jaunes seraient également indemnisés ou bénéficieraient de certaines facilités. Où est-ce qu'on en est d'ailleurs dans ce dossier ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors on a poursuivi le dispositif jusqu'à fin juin. On s'aperçoit que depuis courant du mois de juin, on n'a plus eu de demande ou de manière très sporadique. On continue à être à l'écoute des demandes des commerçants. En termes de montants, on a du chômage partiel, c'est la plus grosse enveloppe. On avait une demande de chômage partiel de l'ordre de trente-cinq millions d'euros. Tout n'a pas été appelé. Et puis, on a repoussé là près de quatre-vingts millions d'euros d'impôts d'une échéance sur l'autre de manière à donner de l'oxygène sur la trésorerie.
PATRICK ROGER
Voilà. Sur les trente-cinq millions qui étaient de l'aide directe alors, c'est ça, tout n'a pas été…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Chômage partiel, tout n'a pas été consommé puisqu'elle doit être appelée par les commerçants et…
PATRICK ROGER
Combien, 80 % de cette somme à peu près ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On est en train de finaliser parce que, là encore, ça peut être tout simplement lié au fait que les commerçants n'aient pas finalisé une procédure administrative, donc le chiffre n'est pas forcément…5000 entreprises aidées, c'est ça le chiffre qu'il faut…
PATRICK ROGER
Ah, 5000 entreprises !
AGNES PANNIER-RUNACHER
5000 entreprises aidées.
PATRICK ROGER
C'est cela, aujourd'hui sur ce mouvement des Gilets jaunes. D'un mot aussi encore sur Biarritz, est-ce qu'il y a un certain regret d'avoir organisé ça là-bas, avec l'impact que ça a eu, pour les commerçants en tout cas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi j'ai le sentiment, mais on en discutera cet après-midi avec les commerçants, et j'ai lu un petit peu la presse locale, un des commerçants disait « un mal pour un bien », je pense qu'effectivement le G7 a été un grand succès, un grand succès politique, un grand succès pour les Français, mais aussi une mise en lumière de la région du Pays Basque, qui, je pense, devrait apporter beaucoup de touristes dans les années qui viennent, donc j'espère qu'on le verra dès l'année prochaine, mais on voit que ça a aussi une valeur…
PATRICK ROGER
Des photos de Biarritz dans le monde entier quoi, c'est ce que vous voulez dire.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement…
PATRICK ROGER
C'est une campagne de promotion !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et dans des géographies incroyables, franchement, c'est une campagne incroyable, une exposition à des centaines de millions de personnes.
PATRICK ROGER
Ça valait le coup, si finalement vous donnez 300.000 euros aux commerçants, ça ne coûtera pas cher, c'est ce que vous dites ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout cas on le verra, on en accepte l'augure.
PATRICK ROGER
Avant cela vous allez, dans la matinée, aux côtés des patrons du MEDEF, vous participez à une table ronde sur les inégalités de destin en France, la réussite scolaire, professionnelle. Est-ce que c'est encore lié au milieu d'origine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est de plus en plus lié au milieu d'origine. Ce dont on s'aperçoit c'est que, aujourd'hui les inégalités sont moins des inégalités financières ou de patrimoine, parce que contrairement à l'idée reçue la France est un des pays les plus égalitaires d'Europe, en termes de revenus et en termes de patrimoine. Contrairement, également aux idées reçues, le niveau de pauvreté en France, même s'il a progressé, est un des plus faibles d'Europe, avec 8 %, là où par exemple la Roumanie est deux fois plus élevée. Par contre…
PATRICK ROGER
Oui, mais le coût de la vie n'est pas le même non plus, en Roumanie et ici.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Par contre – le niveau de pauvreté n'est pas le même non plus – par contre vous avez des inégalités de destin qui sont liées au fait que les opportunités auxquelles vous avez accès, suivant votre milieu d'origine, et suivant votre géographie d'origine, ne sont pas les mêmes, c'est ce que le président de la République appelle « l'assignation à résidence », et toute notre politique vise justement à redonner de la mobilité sociale, c'est-à-dire à ouvrir des perspectives. Il est inadmissible qu'être né dans un Quartier politique de la ville, ou être né dans une région rurale, vous n'avez pas facilement accès à une éducation de qualité, à une santé de qualité, vous enferme, à 20 ans, en termes d'opportunités, et c'est contre ça que nous voulons lutter, c'est tout le travail de…
PATRICK ROGER
Mais c'est quoi, un exemple concret de ce qu'on peut faire.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Très simplement, l'école à 3 ans, le fait de dédoubler les classes grande section, CP, CE1, parce que la France elle est connue pour avoir, au test PISA sur l'éducation, les plus grands écarts entre le niveau des enfants de familles de modestes et le niveau d'éducation des enfants de familles plus riches, et ça, ça crante derrière votre avenir professionnel. Vous avez moins de 3 % de bacs+5 qui ont au chômage, vous avez plus de 10 % de personnes sans formation supérieure qui sont au chômage.
PATRICK ROGER
Alors pourquoi il y a des secteurs avec des milliers de postes vacants encore, on le voit dans notre économie, on atteint des taux record depuis 15 ans, et puis il y a des taux de chômage qui continuent d'exploser dans certains quartiers ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est un problème de compétences, c'est-à-dire que…
PATRICK ROGER
Que de compétences ? Attendez, on va chercher, parfois, dans certains secteurs, des gens qui n'ont pas forcément de qualification et de compétences.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, mais d'abord il faut que les personnes, qui elles-mêmes n'ont pas ces compétences, se présentent sur les postes, et pour beaucoup d'entre eux ils ne sentent pas capables, ou ils n'ont pas le souhait d'y aller…
PATRICK ROGER
Est-ce que ce n'est pas ça qu'il faut organiser ? Il y a un patron qui nous disait hier Pôle emploi ne fait pas son job à ce niveau-là.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors là je ne suis pas du tout d'accord. Pôle emploi, aujourd'hui, a des modes de recrutement qui ont totalement évolué, et il faut que les entreprises suivent. Pôle emploi recrute par simulation aujourd'hui, Pôle emploi recense…
PATRICK ROGER
Par simulation.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Simulation, c'est-à-dire que vous regardez quelles sont, pas les compétences, pas votre parcours professionnel antérieur, mais vos qualités, est-ce que vous êtes organisé, est-ce que vous savez travailler en équipe, est-ce que vous savez suivre un processus de manière rigoureuse, est-ce qu'au contraire vous savez interagir avec un client et le mettre à l'aise, c'est ça qui compte et ça qui vous permet de passer d'une profession de boulanger à l'industrie par exemple. Moi, sur le terrain, grâce à Pôle emploi, j'ai vu une coiffeuse devenir opératrice de maintenance, j'ai vu une pâtissière rentrer dans l'industrie, j'ai vu une assistante maternelle se découvre une passion pour l'aéronautique.
PATRICK ROGER
Mais, sur certains qui n'arrivent pas à trouver, qui ne cherchent peut-être pas, non plus, beaucoup de boulot, alors qu'il y a des postes, est-ce qu'on ne pourrait pas, d'une manière ou d'une autre, les inciter davantage à aller travailler ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est tout l'enjeu de la réforme de l'assurance chômage. La réforme de l'assurance chômage elle vient d'être faite, c'est une ordonnance de 18 pages qui a été prise fin juillet, dans lequel notamment il y a une incitation forte à revenir au travail et on est encore plus protecteur que beaucoup de pays européens, mais effectivement on permet plus aux chômeurs de recharger leurs droits, avant vous aviez juste besoin de travailler 4 mois pour pouvoir recharger des droits sur 2 ans, aujourd'hui c'est 6 mois sur 2 ans, donc il y a une évolution assez massive dans ce domaine.
PATRICK ROGER
Alors il y a certains patrons qui se plaignent, ils disent, sur l'assurance chômage c'est un peu une usine à gaz qu'on nous a construit, là sur les contrats courts. Est-ce qu'il n'aurait pas fallu quand même, on le dit depuis des années, tout remettre à plat sur les contrats de travail ? Il y a deux mois…les CDI existent, mais finalement il y a de moins en moins de CDI de proposés, ce sont beaucoup des CDD, enfin ça dépend des secteurs.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ce n'est pas tout à fait.
PATRICK ROGER
Ça dépend des secteurs, ça a changé en fait, mais c'est vrai, mais on demande aussi à beaucoup de gens de créer leur propre société aujourd'hui, pour être employé.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, vous avez plusieurs choses. D'abord vous rentrez souvent dans l'emploi par l'intermédiaire d'un CDD ou d'un intérim, mais c'est ensuite au bout de 4 à 6 mois, vous prenez un CDI. Donc ce n'est pas parce que vous rentrez dans l'emploi en CDD qu'il n'y a plus de CDI, c'est une façon quelque part de vous tester. La deuxième chose c'est qu'effectivement vous avez une multiplication des contrats de plateformes et là il faut qu'on soit très attentif sur l'évolution de ce mouvement, c'est à la fois une chance, parce que ça permet notamment, on parlait des jeunes, des quartiers politique de la ville, d'accéder à un emploi et d'être dans une position d'entrepreneur.
PATRICK ROGER
Mais il y a une ubérisation, là, c'est…
AGNES PANNIER-RUNACHER
D'être dans une position d'entrepreneur, mais lorsqu'on voit le débat et les négociations en cours sur Deliveroo, il ne faut pas non plus que ça fabrique une classe de gens travailleurs très pauvres, comme on la aux Etats-Unis par exemple, les working poors, et c'est ce réglage fin qu'il va falloir faire avec les partenaires sociaux et avec les Français.
PATRICK ROGER
Y compris peut-être sur les charges et l'impôt sur les sociétés de ces petites entreprises, quoi, non Est-ce qu'il y a travail à faire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, les micro-entrepreneurs, contrairement là aussi à l'idée reçue, ils gagnent en moyenne 10 000 € par mois (sic), et pour 20 % d'entre eux c'est du revenu accessoire. Donc cette souplesse que nous avons introduite…
PATRICK ROGER
10 000 € vous avez dit ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
10 000 € par an, pardon.
PATRICK ROGER
Par an, oui, parce que par mois, ça me semblait quand même assez étonnant, c'est pour ça.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon, vous avez tout à fait raison, par an, on serait ravi. Non, par an, par mois on serait ravi, par an évidemment, et donc on est quand même sur une concurrence qui est relativement limitée aussi.
PATRICK ROGER
Agnès PANNIER-RUNACHER, donc vous êtes secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie et des Finances. Le ministre de l'Economie Bruno LE MAIRE l'a confirmé et précisé, le calendrier, sur la FRANÇAISE DES JEUX, elle va être privatisée. A quoi ça va servir de privatiser la FRANÇAISE DES JEUX, qui rapporte par ailleurs de l'argent justement à l'Etat ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais, lorsqu'on privatise une entreprise, en fait, on reçoit l'argent qui correspond aux bénéfices à venir de l'entreprise, donc d'un point de vue financier, l'objectif c'est de récupérer cet argent qui est dans une entreprise qui fonctionne très bien, qui est en développement, mais dans laquelle l'Etat actionnaire n'a pas vocation à rester de manière stratégique, pour l'utiliser sur des investissements à plus forte valeur ajoutée, notamment dans l'innovation, des investissements plus risqués.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous ce qu'on cherche à financer, c'est l'innovation de rupture. Ce qu'on a par exemple lancé comme projets qui ont vocation à être financés par une privatisation comme LA FRANÇAISE DES JEUX, c'est l'innovation de rupture dans l'intelligence artificielle pour le diagnostic médical, pour la revue des algorithmes, pour le stockage d'énergie à grande capacité.
PATRICK ROGER
Ça va rapporter de l'argent en privatisant et donc…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et cet argent est consacré à des investissements à haute valeur ajoutée…
PATRICK ROGER
Et la privatisation d'AEROPORTS DE PARIS, alors c'est toujours en stand-by jusqu'au mois de mars ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On a été très clair sur le sujet.
PATRICK ROGER
Oui, le référendum ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On laisse d'abord la collecte, le recensement des signatures parce que ce n'est pas immédiatement un référendum comme on le laisse entendre et je crois qu'il y a une grosse ambiguïté qui est entretenue. Aujourd'hui on collecte des signatures, il faut qu'il y en ait plus de 4,5 millions pour ensuite faire un débat au Parlement qui, peut-être, peut déboucher sur un référendum. C'est de ça qu'il est question. Le processus se déroule jusqu'au 15 mars, on attend la fin des municipales et on prendra des décisions en fonction de ce qui sera fait.
PATRICK ROGER
D'un mot, que pensez-vous du coup d'éclat de Boris JOHNSON qui suspend les travaux au Parlement jusqu'à la mi-octobre, jusqu'à la date du Brexit ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi ce que je veux dire sur le Brexit, c'est qu'on voit à l'attitude de Boris JOHNSON que l'hypothèse d'un Brexit dur est une hypothèse qui de plus en plus réaliste. Je sais que pour les milieux économiques, cela paraît très abstrait mais aujourd'hui les entreprises doivent se préparer. C'est plus que jamais indispensable. Je les invite à se connecter sur brexit.gouv.fr.
PATRICK ROGER
C'est une mauvaise décision de Boris JOHNSON ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une décision qui lui appartient. C'est une décision surprenante dans un pays comme le Royaume-Uni qui est une démocratie parlementaire, qui nous a appris ce qu'était une démocratie parlementaire. C'est le Royaume-Uni qui a inventé l'habeas corpus, c'est le Royaume-Uni qui a installé le Parlement contre le roi ; ça a valu d'ailleurs à un roi de se faire couper la tête au dix-septième siècle. Donc c'est quand même une tradition parlementaire sans égal au plan international. C'est vrai que c'est surprenant. Nous, on n'a pas à commenter l'actualité britannique. En revanche, on a à se préparer à un Brexit dur. On espère trouver un accord mais, en tout état de cause, il serait irresponsable de la part des entreprises de ne pas être prêtes à un Brexit dur.
PATRICK ROGER
Oui. Agnès PANNIER-RUNACHER, le mot de la fin avec Cécile de MENIBUS.
CECILE DE MENIBUS
Justement, les interventions en faveur des PME dans le budget de l'Etat devraient diminuer globalement de deux milliards d'euros. Est-ce que ça veut dire que les PME vont payer pour les grandes entreprises et, surtout, cette baisse impacte forcément l'aide à l'apprentissage.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors vous me surprenez beaucoup parce que, par exemple, lorsque vous baissez l'impôt sur le revenu des personnes physiques, vous baissez l'impôt sur le revenu de deux millions de PME. Donc je pense qu'il faut faire un calcul global. Aujourd'hui, vous avez une baisse massive des impôts qui bénéficie aux PME et vous avez effectivement des dispositifs qui sont des niches fiscales qui bénéficient aussi aux PME et qui sont en diminution. Qui sont en diminution pour les PME mais pas que pour les PME : les grandes entreprises aujourd'hui, la diminution de l'impôt sur les sociétés a été légèrement ralentie pour pouvoir financer les dispositifs en direction des PME, donc c'est une lecture qui est restreinte. La réalité, c'est que les TPE et les PME bénéficient de baisse d'impôts sans équivalent depuis des années. C'est que les Français à titre individuel bénéficient de baisses d'impôts sans équivalent pour justement libérer les énergies et porter la croissance. Moi je regarde les faits. Le niveau de croissance aujourd'hui en France est un des plus élevés d'Europe ; le niveau de chômage est en train de baisser et a atteint un point bas depuis plus de dix ans. Je ne dis pas que 8,5 % c'est satisfaisant, ce n'est pas satisfaisant. Mais la vitesse de diminution du chômage n'a pas d'égal depuis dix ans et c'est dans cette direction que nous devons continuer à travailler.
PATRICK ROGER
Oui. Sylvie GOULARD va être proposée par la Commission européenne. Ce n'est pas un peu étonnant alors qu'il y a toujours l'affaire du MoDem qui n'est pas terminée ? Votre ancienne ministre.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors certes c'est une affaire mais sur laquelle le juge ne l'a pas convoquée depuis deux ans. Donc je ne vais pas me substituer à la justice mais je pense qu'il faut aussi laisser quand même… Enfin moi, je crois Sylvie GOULARD lorsqu'elle dit que… C'est elle qui a démissionné parce qu'elle voulait se défendre librement. Elle l'a fait avec beaucoup de raison, elle sera auditionnée par le Parlement européen. Je pense qu'elle aura beaucoup de réponses à apporter. Et moi je trouve que c'est un très bon choix, c'est le choix de la compétence, c'est le choix de l'expérience et c'est une personnalité forte qui a des convictions européennes chevillées au corps et qui a aussi un réseau européen très important, notamment auprès des Italiens par exemple. Et ça, je pense que c'est un vrai atout pour la France.
PATRICK ROGER
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, qui était l'invitée ce matin de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 septembre 2019