Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
Bonjour.
SONIA MABROUK
Un séminaire gouvernemental, encore un, tout à l'heure, pour tous vous réunir. A ce rythme, dites-moi, vous risquez la réunionite aiguë.
DIDIER GUILLAUME
Mais vous ne faites pas des conférences de rédaction vous, avant de faire vos émissions ? Vous ne préparez pas collectivement vos journaux ? Vous ne préparez pas tout cela ? C'est bien normal.
SONIA MABROUK
A la différence, on ne s'en plaint pas, contrairement aux ministres.
DIDIER GUILLAUME
Oh, peut-être certains d'entre vous doivent s'en plaindre, je n'en sais rien. C'est normal de faire un séminaire de rentrée, c'est normal que le gouvernement, avec le président de la République et le Premier ministre se retrouvent pendant 3 heures, 4 heures, 5 heures, pour faire le bilan et puis préparer la rentrée, et les 3 mois qui viennent, avant la fin de l'année, de sortir sur les gros dossiers, le dossier des retraites qui est un dossier très important, la société du travail que nous voulons, tous ces sujets sont essentiels.
SONIA MABROUK
Vous êtes content d'y participer, vous ne faites pas partie des ministres qui s'en plaignent. Plus sérieusement, sur le fond…
DIDIER GUILLAUME
Je suis très content d'y participer, parce que le travail collectif, vous savez, la politique comme l'entreprise, comme dans tous les secteurs, c'est le collectif qui compte et la force de ce gouvernement, sous l'autorité du président de la République, c'est que c'est du collectif.
SONIA MABROUK
Bon, vous faites partie des premiers rangs, alors, Didier GUILLAUME, on l'aura compris.
DIDIER GUILLAUME
Non non non, je ne me mets jamais au premier rang, moi.
SONIA MABROUK
Plus sérieusement, sur le fond, les dossiers sensibles, vous l'avez dit, ne manquent pas. Le premier d'entre eux, les retraites. Jean-Paul DELEVOYE intègre le gouvernement pour porter la réforme. Il est votre démineur en chef sur ce dossier ô combien sensible ?
DIDIER GUILLAUME
Je pense que Jean-Paul DELEVOYE fait un énorme travail comme Haut-commissaire, pour contacter, pour concerter. On l'a bien vu qu'il y avait encore des interrogations chez les Français, qui se disent : « Mais, est-ce que j'aurais une retraite ? A quel âge je partirai ? Etc. Et aujourd'hui le choix du président de la République, de dire : « Eh bien on va faire la continuité ». Jean-Paul DELEVOYE a fait tout ce travail depuis des mois et des mois, il entre au gouvernement en restant Haut-commissaire et c'est lui qui défendra le projet sur la réforme des retraites, indispensable, au Parlement, mais qu'il continuera à négocier avec Agnès BUZYN, avec le Premier ministre, auprès des syndicats.
SONIA MABROUK
Négocier, consulter, le gouvernement répète à l'envie « consultations ». Mais, honnêtement, la réforme, elle n'est pas déjà ficelée, décidée sur le papier ?
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr que non. Vous savez, on ne sort pas indemne de plusieurs mois de Gilets jaunes, de plusieurs mois de violences.
SONIA MABROUK
Les plaies, les cicatrices, sont encore ouvertes ?
DIDIER GUILLAUME
Exactement, elles sont encore là.
SONIA MABROUK
C'est-à-dire qu'il peut y avoir…
DIDIER GUILLAUME
Les plaies et les cicatrices sont encore là, et aujourd'hui le président de la République et nous-mêmes…
SONIA MABROUK
Résurgence. Il dit qu'il peut y avoir résurgence, ces plaies peuvent s'ouvrir de nouveau ?
DIDIER GUILLAUME
Je ne sais pas ce qui peut se passer, une plaie peut toujours s'ouvrir, mais par rapport au mouvement des Gilets jaunes, je pense que nous pouvons dire que nous avons changé la façon de gérer ce pays, changé en disant : « Il faut plus de concertation ».
SONIA MABROUK
Pardonnez-moi, on va attendre les actes. Vous savez, en politique comme dans la vie…
DIDIER GUILLAUME
Mais il n'y a pas d'actes. Je…
SONIA MABROUK
… il y a l'amour et il y a les preuves d'amour, on va attendre les preuves, non ?
DIDIER GUILLAUME
Mais bien sûr, mais il faut toujours des preuves, mais ce que je vous dis là c'est que ce séminaire est là justement pour donner des preuves. Et la nomination de Jean-Paul DELEVOYE est là pour donner des preuves. Concertation, tranquillité. Vous savez, la vie elle va au rythme des réseaux sociaux, au rythme de l'immédiateté. Parfois il faut avancer, il faut aller vite, le président nous le dit tous les jours, les Français ne peuvent pas attendre. Mais il faut avoir un rythme soutenu.
SONIA MABROUK
Didier GUILLAUME, ça a l'air beau, dit comme ça, la tranquillité, mais l'ambiance n'est pas du tout à la tranquillité à Paris, en vue des municipales. Cédric VILLANI doit annoncer sa candidature et assume sa dissidence face à Benjamin GRIVEAUX. Pour vous, question claire : quel est le meilleur candidat LREM pour Paris ?
DIDIER GUILLAUME
Benjamin GRIVEAUX a été désigné par le collectif. On parlait de collectif tout à l'heure, je pense que c'est le meilleur candidat pour représenter la majorité présidentielle, mais en même temps…
SONIA MABROUK
Vous préférez la discipline au parti et aux qualités des candidats ?
DIDIER GUILLAUME
Je me fiche de la discipline de parti, moi-même j'en ai tellement vu dans ma vie politique, que moi ce n'est pas ça qui m'intéresse, ce qui m'intéresse c'est la délibération collective, c'est de travailler dans l'intérêt du plus grand nombre, du groupe. Voilà, Cédric VILLANI peut-être va annoncer sa candidature ce soir, et puis nous verrons bien comment les choses vont se passer dans les semaines qui viennent.
SONIA MABROUK
Mais pour vous, c'est Benjamin GRIVEAUX le meilleur candidat ? Vous ne regardez pas beaucoup les sondages.
DIDIER GUILLAUME
Je n'en ai pas vu de sondages, mais peu importe, mais nous verrons ce qui se passera dans les semaines qui viennent. Ce que je sais, c'est qu'il faudra que la majorité, à Paris comme ailleurs, s'entende, En Marche, avec le MoDem, avec d'autres, avec les Radicaux…
SONIA MABROUK
Le chemin est long.
DIDIER GUILLAUME
Mais le chemin est long, mais vous savez, il reste encore 6 ou 8 mois avant les élections municipales.
SONIA MABROUK
Les arrêtés anti-pesticides, comme celui pris par le maire de Langouët, sont populaires, Didier GUILLAUME, auprès du grand public, la plupart des Français sont pour les arrêtés anti-pesticides. Le mauvais rôle encore pour nos agriculteurs ?
DIDIER GUILLAUME
Je crois qu'aujourd'hui il faut bien distinguer deux choses. Moi je suis là, et le gouvernement est là, pour protéger la santé des Français. Et là il n'y a aucune discussion, mais également pour permettre à ce que les Français s'alimentent correctement et une alimentation de qualité. Aujourd'hui cette alimentation de qualité elle est fournie par les agriculteurs français. S'il devait y avoir des zones de non-traitement de 150 m autour de toutes les habitations, alors ça serait la plus grosse artificialisation des terres jamais obtenue, 150 m c'est un terrain de foot et demi…
SONIA MABROUK
Un terrain de foot et demi, donc pour vous, 150 m ce serait de la folie pour nos agriculteurs.
DIDIER GUILLAUME
Mais, ce n'est pas de la folie pour nos agriculteurs, ce serait de la folie pour les consommateurs, parce que les agriculteurs ne seraient plus à même de fournir notre autonomie alimentaire et nous serions obligés d'acheter de l'alimentation venant d'ailleurs. Moi ce que je souhaite, comme le Premier ministre l'a arbitré, c'est que nous savons qu'au 1er janvier 2020 il y aura des zones de non-traitement qui seront mises en place, là où il n'y aura pas eu de charte de riverains. Vous avez fait un reportage il y a pas longtemps ce qui s'est passé en Corrèze. C'était absolument formidable. Les gens s'étripaient, les gens s'engueulaient, ça ne marchait pas. Ils se sont mis autour de la table, ils ont mis une charte de riverains et ils ont trouvé les dimensions. 150 m à certains endroits, peut-être ça peut être le cas, mais dans la plupart du temps ce n'est pas là.
SONIA MABROUK
Didier GUILLAUME, attendez, certains parlent de 3 à 5 m.
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr, c'est ce qu'il faudrait se passer.
SONIA MABROUK
C'est ce qu'il faudrait se passer ?
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr.
SONIA MABROUK
Alors que certains exigent 150 m. Je rappelle qu'on parle d'une distance, d'un périmètre par rapport à une parcelle comprenant un bâtiment d'habitation.
DIDIER GUILLAUME
Aujourd'hui, comme disait l'autre, il vaut mieux être riche et en bonne santé, que pauvre et malade. Donc c'est ça que pensent aujourd'hui tous les gens.
SONIA MABROUK
Mais quel est l'arbitrage ?
DIDIER GUILLAUME
Mais l'arbitrage il est clair, je vous l'ai dit. Il va y avoir des zones de…
SONIA MABROUK
Précisément.
DIDIER GUILLAUME
Il va y avoir une enquête publique qui va être lancée dans les jours et les semaines qui viennent.
SONIA MABROUK
Consultation, donc.
DIDIER GUILLAUME
Une consultation. Il y aura au 1er janvier 2020, des zones de non-traitement qui seront mises en place en France, là où il n'y aura pas de charte de riverains. Il a été décidé par tout le monde, les ONG, les agriculteurs, le gouvernement, les associations, de travailler sur des chartes de riverains. Parce que la situation est différente…
SONIA MABROUK
Didier GUILLAUME, mais vous, personnellement, vous personnellement, est-ce que vous dites ce matin, pour rassurer les agriculteurs, que 150 m, il n'en est pas question et que vous militez pour que ce soit 3 ou 5 m ?
DIDIER GUILLAUME
Mais, 150 m, il n'en est pas question, il n'en a jamais été question, personne ne le demande…
SONIA MABROUK
Parce que vous êtes dans un bras de fer avec la ministre de la Transition écologique.
DIDIER GUILLAUME
Mais pas du tout !
SONIA MABROUK
Mais enfin, tout le monde le sait, ce n'est pas grave, la question c'est : qui va l'emporter ?
DIDIER GUILLAUME
Excusez-moi, Sonia MABROUK, vous dites « tout le monde le sait », ce « tout le monde le sait », ça ne veut rien dire. Moi je ne le sais pas. Aujourd'hui, la décision qui a été prise…
SONIA MABROUK
C'était une information sur Europe 1.
DIDIER GUILLAUME
…. elle est très claire, c'est : charte de riverains, les élus, les agriculteurs, la population, les associations, se mettent autour de la table dans tous les départements. S'ils tombent d'accord sur les zones de non-traitement, eh bien c'est la charte qui s'appliquera. S'ils ne tombent pas d'accord, ce sera imposé par le national et par l'Etat. Seul l'Etat peut le faire. Mais, ce que je veux dire, c'est que lorsqu'aujourd'hui on traite avec des nouveaux appareils qui ne diffusent pas à l'extérieur, lorsque l'on traite, s'il y a un mur, s'il y a une haie, ce n'est pas la même façon que lorsqu'on traite devant une école.
SONIA MABROUK
Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure, Didier GUILLAUME, je vous ai parlé des arrêtés anti pesticides, on a l'impression parfois que c'est une arme médiatique et politique. Vous comprenez ce que je veux dire.
DIDIER GUILLAUME
Je crois, bien sûr.
SONIA MABROUK
Vous pensez que certains maires l'utilisent comme une arme, avec un peu l'aide de médias complaisants, bienveillants ?
DIDIER GUILLAUME
Non mais je comprends qu'il puisse y avoir, soit un acte politique, je peux le respecter, soit tout simplement la conviction du maire qui dit : « Moi je ne veux pas qu'il y ait du traitement ». Mais il faut se parler. Aujourd'hui, avec les nouveaux matériels de traitement, avec tout ce qui est mis en place, on peut protéger les écoles, c'est déjà le cas, protéger les maisons de retraite. Mais ce que je veux dire quand même c'est que parallèlement à cela le choix que nous faisons au niveau du gouvernement, c'est qu'en 2025, nous aurons diminué par deux, par 50 % de moins d'utilisation des pesticides, que cette année il n'y a jamais autant eu de conversions en bio. 10 % des agriculteurs français, sont des agriculteurs…
SONIA MABROUK
Le verre à moitié plein, le verre à moitié vide, je vous en parle, vous êtes très attendus, les agriculteurs, si vous perdez l'arbitrage autour de ces arrêtés anti pesticides, et sur le périmètre, attention la rentrée sera chaude.
DIDIER GUILLAUME
Mais, l'arbitrage il n'est pas perdu, puisque l'arbitrage a été fait, je viens de vous le dire. Le Premier ministre a tranché.
SONIA MABROUK
C'est pour être sûre. Est-ce que vous confirmez ce matin Didier GUILLAUME que le Traité de l'Union européenne avec les pays du Mercosur, dont le Brésil, ne sera pas ratifié, car il est bloqué par la France ?
DIDIER GUILLAUME
Oui, je le confirme, le président de…
SONIA MABROUK
C'est fini ?
DIDIER GUILLAUME
Le président de la République l'a dit, il est bloqué par la France, je pense qu'il est bloqué par d'autres pays et je n'ai pas vu un Parlement en Europe occidentale, et surtout en France, qui le votera. Cet accord avec le Mercosur n'est pas un bon accord. Ce n'est pas un bon accord sur l'aspect environnemental, on a vu ce qui s'est passé cet été. Ce n'est pas un bon accord sur l'aspect alimentaire et agricole. Moi je ne souhaite pas que l'on échange des BMW et des MERCEDES, avec du boeuf. Donc aujourd'hui, l'agriculture, l'alimentation, doit être en dehors de…
SONIA MABROUK
Allez plus loin alors. Et le CETA, certains vous disent, et ce traité de libre-échange UE – Canada, pourquoi ne pas aller plus loin ?
DIDIER GUILLAUME
Mais aller plus loin, le l'accord sur le CETA est un bon accord, nous l'avons vérifié, nous avons mis des commissions d'experts indépendants pour le faire, cet accord, d'ailleurs les échanges avec le Canada existent déjà, à la différence avec le Mercosur, c'est que l'accord avec le Canada, ce qui peut paraître un peu dingue pour vos auditeurs, c'est qu'il existe depuis 2 ans déjà, et que depuis 2 ans on a vu ça n'a pas totalement dénaturé l'ensemble des marchés. Bon. Mais ce que nous voulons faire pour l'accord avec le CETA, c'est vérifier avec nos services de contrôle qu'il n'entre pas en France une alimentation que nous ne voulons pas consommer.
SONIA MABROUK
Et tout cela est donc en cours de vérification, encore.
DIDIER GUILLAUME
Forcément. Forcément. Mais vous savez, malgré le fait qu'il n'y ait pas d'accord signé, les échanges avec le Canada existent.
SONIA MABROUK
Merci Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2019