Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gabriel ATTAL est avec nous, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse et chargé du service national universel. Vous n'êtes pas venu seul. Bonjour Gabriel ATTAL
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes venu accompagné de Maël, Zoé et…
GABRIEL ATTAL
Marie-Bertille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marie-Bertille, c'est ça. Marie-Bertille PAUL.
GABRIEL ATTAL
C'est ça. Qui vient de Guyane, de Saint-Laurent-du-Maroni. C'est la première fois qu'elle vient en métropole.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En métropole. Et tous les trois vont faire leur service national universel.
GABRIEL ATTAL
Absolument. En juin prochain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ils sont venus avec leur tenue.
GABRIEL ATTAL
Ils sont venus en tenue du service national universel qu'ils ont découvert cette semaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cette semaine. Eh bien on en parle et on les écoute dans deux minutes (…).
Gabriel ATTAL est là, venu avec Maël, Zoé et Marie-Bertille pour nous parler du service national universel. Alors première expérimentation, on est bien d'accord, au mois de juin. Le 16 juin, je crois, ça commence.
GABRIEL ATTAL
Du 16 au 28.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du 16 au 28. Deux mille jeunes, c'est ça, qui vont expérimenter. Que va-t-il leur arriver le 16 juin à ces deux mille jeunes ?
GABRIEL ATTAL
Alors ils vont être dans un des centres du service national universel. Il y a treize départements pilotes en France, un par grande région plus la Guyane pour l'Outre-mer. Ils vont avoir un certain nombre de modules. Il y a des modules de formation face à des risques qui ont évolué depuis le service militaire. Comment réagir face à une catastrophe naturelle, mettre en place un poste de secours, intégrer un poste de secours. On se souvient des inondations très graves qu'il y a eu dans le sud de la France il y a quelques mois. Comment réagir face à une attaque, par exemple un attentat terroriste, comment protéger les autres. Comment maîtriser les gestes de premiers secours en cas d'accident. Comment organiser une battue si quelqu'un disparaît. Voilà, c'est des formations très…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des formations dans quel cadre ? En internat ?
GABRIEL ATTAL
Ils seront hébergés en internat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais internat d'un lycée, internat de…
GABRIEL ATTAL
Ça dépend des départements. Vous savez, on s'appuie sur des infrastructures qui existent précisément pour ne pas dépenser trop d'argent. Donc il y a des internats de lycée, il y a des bâtiments militaires qui peuvent encore accueillir des jeunes. On n'a plus ceux qu'on avait à l'époque de la conscription mais il en reste. Il y a des centres de formation. Il y a des structures de tourisme social. Il y a des lieux très différents.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Dans treize départements, deux mille volontaires donc, premier test pendant deux semaines du 16 au 28 juin. Encadrement des militaires, des éducateurs.
GABRIEL ATTAL
Militaires, éducateurs, mouvements d'éducation populaire. Ça sera hybride.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hybride. Dites-moi, 2022-2023, ce sera généralisé ou pas alors ?
GABRIEL ATTAL
Alors moi, je souhaite que ce soit généralisé le plus rapidement possible. Mais pour le généraliser, il faut qu'on prenne un certain nombre de décisions et c'est pour ça qu'on fait une phase pilote en juin prochain. Je vous donne un exemple. Quel taux d'encadrement on va retenir pour les jeunes ? Là, on est parti pour la phase pilote sur un taux d'encadrement très élevé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
GABRIEL ATTAL
Il y aura un encadrant pour cinq jeunes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un encadrant pour cinq jeunes ? C'est beaucoup, oui.
GABRIEL ATTAL
Ce qui est beaucoup. Vous connaissez l'accueil collectif de mineurs par exemple en colo. A cet âge-là, c'est un pour douze voir un pour quatorze.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
GABRIEL ATTAL
Précisément si on fait cette phase pilote, c'est pour voir si on confirme ce choix ou si on se dit qu'on peut avoir un peu moins d'encadrants. Et donc tout ça, ça aura un impact sur la montée en puissance. Donc tout ça pour dire qu'il y a un rapport qui a été fait par le général MENAOUINE qui propose une généralisation en 2026. Moi je trouve que c'est un peu tard.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est tard.
GABRIEL ATTAL
Et donc, on est en train de regarder pour aller plus vite. Ça pourrait être 2022, 2023. On va tout faire pour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous les jeunes de seize ans, on est bien d'accord. Tout le monde y passera si je puis dire.
GABRIEL ATTAL
Oui. A terme, ça sera pour toute une génération, garçons et filles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toute une génération, garçons et filles. Bien Nous allons demander à mail par exemple. Bonjour Maël.
MAËL, VOLONTAIRE DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous venez de Loire-Atlantique.
MAËL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi avoir choisi le service national universel ?
MAËL
Moi, je trouve que c'est important de s'engager, venir un peu représenter aussi les valeurs françaises, de les retrouver. Peut-être je pense au niveau de la fraternité, on a peut-être perdu un peu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous allez chercher dans ce service national universel ? Au-delà de l'apprentissage. Le contact avec d'autres jeunes de votre âge, qui viennent d'ailleurs ?
MAËL
Tout à fait, oui. Apprendre à connaître des gens de milieux et d'horizons différents pour découvrir de nouvelles personnes. C'est intéressant et on peut recréer une cohésion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, recréer une cohésion. Vous êtes au service la nation en quelque sorte. Le service national, le mot national, service national universel. Même chose pour Zoé qui est là-bas. Venez toutes les deux, Zoé, Marie-Bertille. Allez, venez-là. Vous avez votre uniforme. Alors cet uniforme, il a été dessiné, je crois, par des jeunes.
GABRIEL ATTAL
Par des jeunes. Moi ce que j'ai souhaité c'est un uniforme pour les jeunes. Je voulais qu'il soit dessiné par les jeunes. On a lancé un concours dans les treize départements pilotes dans des lycées professionnels en section mode et design. Et c'est deux lycées professionnels qui ont gagné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je crois qu'il y a le lycée Le Corbusier à Tourcoing.
GABRIEL ATTAL
A Tourcoing, c'est ça, et puis le lycée Diderot à Marseille. Donc le lycée Le Corbusier à Tourcoing a dessiné la grande cocarde qu'on a au niveau du coeur. C'était très important pour les jeunes que ce soit au niveau du coeur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur le tee-shirt. Il est beau d'ailleurs ce tee-shirt entre parenthèses.
GABRIEL ATTAL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'espère que c'est fabrication française dites-moi.
GABRIEL ATTAL
C'est une entreprise française.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, ça ne vient pas de Chine.
GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais Gabriel ATTAL, je veille là-dessus.
GABRIEL ATTAL
C'est le ministère de la Défense et de l'Intérieur qui produisent nos uniformes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes sûr.
GABRIEL ATTAL
C'est une entreprise française qui a ses unités de conception…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De production, d'accord. Il vous plaît cet uniforme, dites-moi ? Exprimez-vous, n'hésitez pas. Il vous plaît ?
MARIE-BERTILLE, VOLONTAIRE DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL
Moi, il me plaît beaucoup.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il vous plaît beaucoup ? Et vous Zoé ?
ZOE, VOLONTAIRE DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL
Oui, oui. Franchement, il est beau.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est beau, oui. Il est beau. Alors j'ai vu que sur les réseaux sociaux, il avait été un peu moqué. Evidemment, sur les réseaux sociaux tout est moqué. Comparaison à des uniformes de vigile, de gardien de prison, de policier. Vous avez vu ça ?
GABRIEL ATTAL
Oui. Chacun y projette ce qu'il a envie. Moi je crois surtout que c'est des gens qui ne sont pas très nombreux puisqu'il y a un sondage qui est sorti hier qui montre que 80 ou 75 % des Français sont pour le service national.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Favorables, oui.
GABRIEL ATTAL
Il y a toujours des gens qui ont envie de critiquer, voilà. Et ils critiquent le travail des jeunes et moi je trouve ça pas très correct. Mais c'est très marginal donc ce n'est pas très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on est bien d'accord.
GABRIEL ATTAL
L'essentiel, c'est que vous savez qu'il y a des jeunes dans toute la France qui ont réfléchi à à quoi ressemblerait cet uniforme et, du coup, ils ont fait un vrai travail sur comment on incarne les valeurs de la République, c'est quoi les symboles de la République. C'est ça que je trouve très fort.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors il y a le bleu, blanc, rouge évidemment partout. Partout. Zoé, pourquoi avez-vous eu envie de participer à ce service universel ? Pourquoi ?
ZOE
Tout d'abord, d'un point citoyen pour pouvoir apprendre les valeurs de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un engagement citoyen pour vous, Zoé.
ZOE
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vraiment. C'est un peu comme Maël tout à l'heure, un engagement. Et vous Marie-Bertille, pourquoi ce choix ?
MARIE-BERTILLE
Moi j'ai envie de le faire parce que, comme Zoé et Maël, je voulais apprendre à connaître les valeurs de la République, être une meilleure citoyenne et pouvoir être utile aux autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Vous voyez cette leçon donnée, cette leçon donnée par ces trois jeunes. Quel âge avez-vous ? Zoé, quel âge avez-vous ?
ZOE
Seize ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Seize ans. Quel âge avez-vous ?
MARIE-BERTILLE
J'aurai seize ans en juin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, seize ans en juin. Juste pour accomplir ce SNU. Et vous Maël ?
MAËL
J'ai eu seize ans cette année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Trois jeunes de seize ans qui pensent à quoi ? Qui pensent à l'unité nationale et qui pensent à s'engager. Franchement, ça fait du bien. Je vous le dis sincèrement : ça fait du bien. Et nous, ça nous fait du bien de voir qu'en France il n'y a pas que des râleurs, qu'il n'y a pas que des gens qui contestent tout. Il y a aussi des gens qui s'engagent, qui se battent. Ça ne veut pas dire qu'on doit être satisfait et d'accord surtout, on est bien d'accord. Mais on s'engage et on se bat. Merci Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Ce qui est important Jean-Jacques BOURDIN, je me permets, c'est qu'il y a énormément de candidatures de jeunes qui voulaient dès la phase pilote être appelés au service national. On a dépassé les quatre mille candidatures. Malheureusement il n'y a que deux mille places. Ça montre qu'il y a des jeunes qui ont envie de s'engager. Les jeunes, ils ont envie d'être utiles, ils ont envie d'apporter à la société et c'est aussi, je pense, une réponse à des caricatures qu'on entend parfois sur la jeunesse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a un peu de flou sur le coût quand même de ce service universel. On en est où ? Ça coûte combien ?
GABRIEL ATTAL
Le coût dépendra des choix dont je vous ai parlé tout à l'heure, notamment en termes d'encadrement. C'est ça qui coûte en grande partie. C'est les encadrants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et là la première expérience, ça coûte combien ?
GABRIEL ATTAL
La première expérience, elle coûte quatre millions d'euros pour deux mille jeunes. Et évidemment après, quand ça va monter en puissance, vous aurez des économies d'échelle. Mais comme le président de la République l'a dit, c'est aussi un investissement. C'est un coût mais c'est un investissement. Parce que tous les jeunes vont avoir un bilan de santé complet, et donc on détecte des pathologies très en amont, et une pathologie qui se dégrade ça coûte à la Sécu. C'est aussi des jeunes qui peut-être auraient décroché et qui ne vont pas décrocher. Un décrocheur en accompagnement social, ça coûte en moyenne sur son décrochage de 237 000 euros par jeune. Il y a cent mille jeunes qui décrochent chaque année. Donc là à seize ans, le fait d'avoir ce brassage, de découvrir des opportunités, des atouts dans les territoires, eh bien peut-être, en tout cas c'est un objectif, qu'il y aura aussi moins de décrocheurs. Et donc à terme, ça sera un investissement pour la société.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci à tous d'être venus.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2019