Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour.
LAURENT BIGNOLAS
Vous recevez ce matin Gérald DARMANIN.
CAROLINE ROUX
Oui, c'est le ministre des Comptes publics, alors que le Premier ministre reçoit aujourd'hui les partenaires sociaux sur la réforme des retraites, avec un objectif : ne pas rallumer la grogne sociale.
-Jingle-
CAROLINE ROUX
Bonjour Gérald DARMANIN.
GÉRALD DARMANIN
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Nous parlons des retraites ce matin. Laurent BERGER, dans Le Parisien, dit qu'il ne veut pas d'une réforme d'équilibre financier, mais d'une réforme de progrès social. Alors, est-ce qu'il y a une contrainte financière, malgré tout, à laquelle il faut répondre, sur le dossier des retraites ? Parce que je vous avoue que ce n'est pas clair.
GERALD DARMANIN
Mais le progrès social va avec l'équilibre financier. Ce qu'il faut, et le président de la République…
CAROLINE ROUX
Pas toujours.
GERALD DARMANIN
Eh bien si, en l'occurrence pour la réforme des retraites c'est le cas, puisque sinon nous ne ferions pas de réforme des retraites, et sinon il n'y aurait pas, depuis de nombreux gouvernements, des Français qui entendraient quasiment à tous les quinquennats, des président de la République qui disent : « Il faut faire des réforme des retraites ». Parce que simplement nous vieillissons tous et puis la population active est différente des 30 Glorieuses. Juste, le président de la République a évoqué, justement sur votre antenne, il a expliqué qu'il fallait un équilibre, lorsqu'en 2025 le régime par points va remplacer les 42 régimes que nous connaissons aujourd'hui. Donc on a un petit peu le temps, on a cet exercice budgétaire, il faut que l'équilibre soit au rendez-vous pour les générations futures, sinon…
CAROLINE ROUX
En 2025.
GERALD DARMANIN
... sinon le système ne fonctionne pas, comme l'a très bien démontré monsieur DELEVOYE.
CAROLINE ROUX
Donc il y a une urgence financière à laquelle il faut répondre ?
GERALD DARMANIN
Il n'y a pas d'urgence financière, puisque nous sommes, si je ne m'abuse, à la fin 2019, le régime doit arriver en 2025, être initialisé en 2025, remplacer les 42 régimes que nous connaissons aujourd'hui, il va falloir, et j'imagine que Premier ministre va en parler, en parler avec les représentants syndicaux. D'ailleurs aujourd'hui c'est le COR, c'est vous savez l'institut indépendant qui explique qu'il y a à peu près 15 à 16 milliards d'euros qui manquent en 2025 pour le régime universel.
CAROLINE ROUX
Mais ces prévisions ne font pas l'unanimité. Est-ce que le gouvernement, au fond, va refaire des prévisions qui feraient consensus, qui seraient une base de dialogue avec les partenaires sociaux, qui seraient reçues et acceptées par tous ?
GERALD DARMANIN
Le Conseil, le COR, le Conseil des retraites, c'est un conseil indépendant et c'est un thermomètre. On peut casser le thermomètre et se dire : on n'a pas de problème. Mais ça ne change rien évidemment à la fièvre qu'on pourrait avoir. Donc c'est sûr que les prévisions changent, d'ailleurs pendant la campagne présidentielle le COR avait dit aux candidats, et notamment à Emmanuel MACRON, qu'il n'y avait aucun problème financier sur les retraites, les prévisions peuvent changer, ça dépend de la croissance, ça dépend de la population active, évidemment, mais on sait qu'il faudra mettre le régime à l'équilibre en 2025.
CAROLINE ROUX
Mais, est-ce que c'est sur cette base-là que vous allez construire la concertation avec les partenaires sociaux, les bases des prévisions du COR ? Ça a l'air un peu technique, mais au fond ça va être le coeur des discussions.
GERALD DARMANIN
Mais, disons que je crois que le Premier ministre va, avec les syndicats, et le président de la République l'a évoqué hier au séminaire gouvernemental, expliquer à la fois qu'il faut faire la réforme des retraites, parce que c'est une réforme de progrès social, des femmes, les gens qui ont des carrières heurtées, les personnes qui connaissent des difficultés, les ouvriers, vont bénéficier de la réforme des retraites. Les petites retraites vont être montées jusqu'à 1 000 €, ça c'est un point très important pour nos concitoyens, et en même temps eh bien il faut un équilibre financier. Et cet équilibre financier il est juste réaliste, et il permet pour les générations futures, pour nos enfants et nos petits-enfants, de ne pas faire des efforts qu'on va faire.
CAROLINE ROUX
Voilà pour votre réponse à Laurent BERGER ce matin. Est-ce qu'on peut, Gérald DARMANIN, réformer en prenant le temps ? Réformer sans fâcher personne, mais réformer vraiment ou est-ce que c'est le risque au fond, eh bien de ne rien faire ?
GERALD DARMANIN
Nous, nous réformons, et je crois que nous réformons vraiment.
CAROLINE ROUX
Sur les retraites, sur la question des retraites, parce qu'il y a ce procès en immobilisme qui vous est fait de la part de vos anciens camarades qui disent : « Bon ça y est, ils ne vont plus rien faire, ils vont négocier, Ils vont concerter ».
GERALD DARMANIN
L'important, c'est de voir quelles sont les transformations que le pays est en train de vivre, et l'acte 2 du quinquennat du président de la République c'est de continuer ces transformations, encore plus avec les gens. Avec humilité, peut-être qu'on en a manqué un peu, avec les gens. La réforme des retraites qu'a proposée le président de la République, c'est la plus ambitieuse depuis 1945. C'est changer complètement notre façon de fonctionner, ne pas rentrer dans la capitalisation, mais bien la répartition, et sauver un bien des Français très important, qui est très important aussi évidemment en Europe, qui est de dire : nous allons, nous, organiser le système pour qu'il survive et pas à chaque fois dire aux Français de faire des efforts.
CAROLINE ROUX
Alors, plusieurs sujets ce matin, assez rapidement si vous le voulez bien. Vous avez annoncé la suppression de 5 800 postes à Bercy, il y a une mobilisation syndicale qui est prévue pour le 16 septembre. Combien d'économies ça permet de réaliser ?
GERALD DARMANIN
On ne compte pas en économies…
CAROLINE ROUX
Ah ben si, quand même, quand on supprime des postes.
GERALD DARMANIN
Non, on ne compte pas en économies, on compte surtout en réformes que nous faisons. Lorsque je mets en place, à la demande du président de la République, le prélèvement à la source, lorsque nous supprimerons pour une grande partie des Français, la déclaration de revenus, lorsque nous supprimerons la taxe d'habitation, lorsque nous supprimerons chaque année une quinzaine de taxes, que nous ne recouvrerons plus, évidemment on fait des transformations qui nous aident à gagner en efficacité. Et lorsqu'on fait ça, on peut aussi mettre plus de crédits, notamment sur l'informatique, vous savez qu'il y a eu une attaque informatique à Bercy il n'y a pas très longtemps, on a un informatique vieillissant et donc nous disons aux agents publics : d'abord on fait les transformations, et quand on fait le prélèvement à la source, c'est plus simple, et donc on a besoin de moins d'agents publics. Ça me paraît assez évident.
CAROLINE ROUX
Alors, c'est la mauvaise surprise de la rentrée, pour certains Français qui vous regardent ce matin, ils ont vu leur taxe foncière bondir parfois jusqu'à 136 %, c'est ce qui s'est passé en Isère et en Auvergne, et là ils se disent quoi ? Ils se disent : eh bien, ce qu'on nous a donné d'un côté, on va nous le reprendre de l'autre, c'est-à-dire qu'on nous a donné la taxe d'habitation et finalement c'est la taxe foncière qui augmente. Est-ce que ça, c'est la faute de Bercy ?
GERALD DARMANIN
Non, parce que la taxe foncière elle n'est pas décidée par l'Etat. La taxe d'habitation, la taxe foncière, moi je suis élu local à Tourcoing, elles sont décidées par les communes, par les départements et par les élus locaux. Alors, ce qui est certain, c'est que les élus locaux, vous avez cité d'ailleurs des exemples très géographiques, ils peuvent décider, c'est leur droit le plus strict, il y a des élections d'ailleurs qui arrivent, des élections municipales et départementales, d'augmenter ou de ne pas augmenter une taxe. Par ailleurs, je regarde les chiffres de cette année, il y a 130 000 foyers sur 47 millions de foyers qui paient la taxe foncière qui vont voir une augmentation, 137 000, et donc ce n'est vraiment pas grand-chose, c'est 0,3 %. Et par ailleurs, je le dis aux citoyens qui nous regardent, s'ils font des travaux chez eux, si par exemple ils construisent une piscine, s'ils font une nouvelle pièce, effectivement leur augmentation de taxe foncière elle est automatique, mais ça, ça a toujours été le cas depuis la création de la taxe foncière.
CAROLINE ROUX
Le Brexit, alors, l'hypothèse d'un no deal se rapproche, en tout cas n'est plus exclue. Est-ce qu'on est prêt, le président a demandé à ce que nous soyons prêts, quand est-ce qu'auront lieu les phases de tests de vos services ?
GERALD DARMANIN
Alors, j'ai reçu le ministre britannique du Brexit qui est venu à Calais. Nous avons annoncé des tests, effectivement pour la frontière, qui nous permettra demain de vivre avec nos amis Britanniques, sans accord, ou comme si c'était l'Afrique du Sud. Donc nous ferons des tests tout le mois de septembre. Ce sera le 17 septembre à Eurotunnel, on le fera le 24 septembre à Calais et à Dunkerque, et on le fera le 12 septembre à Caen en Normandie. Je me rendrai sur place et on fera comme si le Brexit existait, avec les douanes, que je remercie pour leur travail très important.
CAROLINE ROUX
Les municipales, Cédric VILLANI se lance dans la bataille de Paris. Est-ce que vous pensez que ça affaiblit les chances de l'ancien porte-parole du gouvernement Benjamin GRIVEAUX, qui est le candidat investi officiellement ?
GERALD DARMANIN
Moi je connais bien Benjamin GRIVEAUX, et je souhaite qu'il soit le maire de Paris. Ce qui est certain, c'est qu'il vaut mieux l'Union que la division, ça c'est une règle d'Airain.
CAROLINE ROUX
Oui, là-dessus, vous ne prenez pas de risques.
GERALD DARMANIN
On est à 7 mois des municipales, on a un candidat très important qui est Benjamin, qui fait de l'Union, Delphine BURKLI une maire d'arrondissement de droite qui le rejoint, il fait un grand rassemblement, et moi je souhaite qu'ils puissent s'unir, et…
CAROLINE ROUX
C'est trop tard, là, pour l'unité, vous l'avez remarqué.
GERALD DARMANIN
Ce n'est jamais trop tard pour l'unité. D'ailleurs je remercie Benjamin GRIVEAUX de son geste très élégant de ne pas demander d'exclusion de Cédric VILLANI, il y a 6 mois qui nous séparent des municipales, je sais que la raison l'emportera et je souhaite bonne chance à Benjamin.
CAROLINE ROUX
Merci.
GERALD DARMANIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2019