Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Paris et la France ont rendu en effet un hommage mérité aux héros exemplaires, et simples, et modestes, que sont les pompiers qui ont sauvé Notre-Dame de Paris et 200.000 abeilles, et les pompiers sont des militaires, bienvenue Florence PARLY, merci d'être avec nous.
FLORENCE PARLY
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans ces temps de divisions, il y a une unanimité à l'égard des pompiers, c'est exceptionnel, ça il faut le souligner, déjà.
FLORENCE PARLY
C'est exceptionnel. D'abord cet événement tragique est exceptionnel, il a suscité un mouvement d'émotion qui a dépassé très largement les frontières, les Parisiens, les Français, mais aussi les étrangers, ont tous une histoire avec Notre-Dame qui est, quelque part, dans leur coeur, et donc ces soldats du feu, qui ont mené un combat terrible, et qui l'ont gagné, contre cet incendie qui aurait pu détruire notre cathédrale, eh bien en effet, ce sont des héros. Ce sont des héros humbles, ce sont des hommes et des femmes qui s'entraînent chaque jour durement, qui ont un entraînement militaire…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui ont les équipements nécessaires et modernes, aujourd'hui.
FLORENCE PARLY
Et qui ont des équipements, en effet modernes, puisque la technologie irrigue les armées, et nous en avons encore eu la démonstration dans la nuit de lundi à mardi, où la brigade des Sapeurs-pompiers de Paris a été épaulée par un petit engin, qui s'appelle un robot, et qui a permis d'aller au plus près du feu…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il y aura d'autres robots.
FLORENCE PARLY
Alors ça nous en allons en reparler avec le Général GALLET, puisque les armées sont à la pointe de l'innovation et de la technologie, et donc il faut toujours pouvoir réfléchir aux usages de ces innovations, aussi bien dans le domaine militaire que dans le domaine civil.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la République a choisi le Général GEORGELIN, qui est un ancien chef d'Etat-major, est-ce que c'est bien de choisir un militaire pour accélérer les travaux de restauration de Notre-Dame de Paris, ou en tout cas lui ?
FLORENCE PARLY
Les militaires, comme vous le savez, ont l'habitude de conduire des opérations sur des théâtres extérieurs, ou intérieurs, peu importe, ce sont des gens qui planifient des choses, sont organisés, et donc je pense que le président de la République a souhaité que pour un projet d'une telle envergure, avec un objectif de 5 ans, qui est extrêmement exigeant, il a souhaité, je crois, nous donner toutes les chances de l'atteindre…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec lui.
FLORENCE PARLY
Avec succès, et donc le Général GEORGELIN est investi d'une émission extrêmement délicate, qu'il a acceptée, je crois, avec bonheur, et donc la France entière sera à ses côtés pour l'aider dans cette tâche, et en tout cas les administrations, l'Etat dans son ensemble, l'épaulera de tout son coeur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ceux qui le connaissent, le Général GEORGELIN, disent déjà qu'avec lui les équipes de la culture, il n'est pas impossible que les fidèles puissent venir prier plus vite encore à Notre-Dame de Paris.
FLORENCE PARLY
Vous savez, je crois que la technologie, là encore, peut faire beaucoup de choses, il a été question d'une Notre-Dame éphémère…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'était ici…
FLORENCE PARLY
Voilà, et donc, tout ce qui peut permettre de reconstituer, non pas la cathédrale elle-même, mais l'esprit de cette cathédrale, permettre également aux touristes de continuer d'admirer un certain nombre de chefs-d'oeuvre de cette cathédrale, devra bien sûr être encouragé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Demain, un samedi de plus, les pompiers vont être en première ligne et sur le front, parce que les gilets jaunes et les Black blocs ont donné rendez-vous, ils se sont donnés rendez-vous, dans Paris. Avec eux, on l'a dit tout à l'heure, pas de trêve, pas de pause. Est-ce que vous confirmez qu'il y a une tension et quelques menaces sur Paris de leur part, et peut-être quelques autres villes ?
FLORENCE PARLY
Moi je voudrais, puisque vous m'en fournissez l'occasion, profiter de ce temps d'antenne pour appeler à l'apaisement, il me semble que notre pays a traversé un moment extrêmement émouvant et bouleversant. Alors, il ne s'agit pas bien sûr de nier que certaines récriminations, revendications, existent, mais il me semble que, après ce que notre pays a vécu, la nécessité aussi de protéger le site de Notre-Dame…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui est interdit, comme les Champs-Elysées…
FLORENCE PARLY
Il me semble qu'il pourrait être raisonnable de, sinon procéder à une trêve, du moins ralentir un peu ce mouvement, mais il ne m'appartient pas d'en juger. En revanche, ce qui doit être fait l'Etat le sera, c'est-à-dire l'organisation de maintien de l'ordre public, et comme toutes les semaines, eh bien policiers et gendarmes, sous l'autorité du préfet de police à Paris, et sous l'autorité des préfets en province, organiseront le maintien de l'ordre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ça a des conséquences pour les soldats de Sentinelle, qui sont chargés d'alléger les missions des policiers et des gendarmes, c'est-à-dire, que eux aussi sont mobilisés.
FLORENCE PARLY
Sentinelle est mobilisée dans la lutte contre le terrorisme, les policiers et les gendarmes ont comme mission principale le maintien de l'ordre, et par ailleurs ont de la lutte contre le terrorisme. Donc, Sentinelle, en coordination avec policiers et gendarmes, décharge policiers et gendarmes des missions de lutte contre le terrorisme, pour permettre à ceux-ci de se concentrer, et notamment le samedi, sur le maintien de l'ordre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire qu'ils vont faire des gardes, mais pas des gardes figées, si j'ai bien compris ce sont des patrouilles qui vont bouger dans Paris pour ne pas être repérées, des patrouilles itinérantes.
FLORENCE PARLY
Nous avons changé profondément la philosophie du dispositif Sentinelle depuis sa création, juste après les attentats de 2015, au départ Sentinelle a fait beaucoup de gardes statiques. Ce que nous avons voulu, avec le ministre de l'Intérieur, c'est pouvoir rendre Sentinelle beaucoup plus dynamique, éviter que les patrouilles de Sentinelle ne puissent être prévisibles dans leurs itinéraires et dans leurs horaires, d'abord parce que c'est une protection pour nos propres soldats, qui ne doivent pas être des cibles pour les terroristes, et puis c'est aussi la meilleure façon d'être là, toujours, au bon endroit et au bon moment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais en même temps c'est une manière d'éviter les face à face ou les risques de confrontation, qui seraient très dangereux pour les uns et les autres.
FLORENCE PARLY
C'est évidemment, dans les instructions qu'ils reçoivent, d'éviter de se retrouver en confrontation avec des manifestants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et la loi anticasseurs commence à s'appliquer, il y a des mesures qui doivent être peut-être prises dès aujourd'hui. Notre-Dame de Paris, on l'a dit, blessée, tout un peuple se mobilise pour reconstruire, est-ce qu'il n'est pas temps de passer maintenant, j'allais dire de tourner la page, au moins momentanément, et de s'attaquer aux vraies décisions du président de la République après le grand débat, elles sont attendues, maintenant, je ne peux pas dire « au boulot », mais donnez-les ces décisions.
FLORENCE PARLY
Mais, le président de la République et le gouvernement s'y sont préparés, vous l'avez rappelé vous-même, le calendrier et les circonstances ont fait qu'il eut été incompréhensible et incompris par le peuple français que le gouvernement et le président de la République déroulent leur agenda comme si ce drame n'avait pas eu lieu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais maintenant on ne tarde plus. Alors, Florence PARLY, le président de la République a demandé à la plupart des ministres, et à vous sans doute aussi, des économies. Souvent le budget Défense sert de, comme on dit souvent, de variable d'ajustement, quelles économies on vous a demandé de faire ou vous promettez de faire ?
FLORENCE PARLY
On m'a permis de présenter une Loi de Programmation Militaire il y a moins d'1 an au Parlement, qui a été adoptée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais ça est connu.
FLORENCE PARLY
Et le président de la République, comme le Premier ministre, ont récemment rappelé que, en 1 an, les menaces qui pèsent sur le monde, et notre environnement international, n'ont pas diminué ni faibli, et par conséquent il est important de pouvoir préserver les moyens, et c'est ce que le Premier ministre a rappelé, ceux qui avaient dans l'idée, éventuellement, de pouvoir puiser, en quelque sorte, dans ces moyens qui ont été réservés pour permettre à nos armées de retrouver des moyens modernes et renouvelés, que ces moyens restent au bénéfice du ministère des Armées.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce qui veut dire que vous dites ce matin : on ne touche pas à mon budget.
FLORENCE PARLY
C'est ce que le Premier ministre…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais vous, vous dites, là, ce matin ?
FLORENCE PARLY
Mais moi je répète évidemment ce que le Premier ministre a déjà dit lorsque les conclusions, les restitutions du grand débat ont été faites…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'était avant tous les événements…
FLORENCE PARLY
Non, non…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et la nécessité d'avoir un peu plus de moyens pour les mouvements sociaux.
FLORENCE PARLY
C'était le 8 et le 9 avril, lorsque le Premier ministre s'est exprimé à l'Assemblée nationale et au Sénat, il a pris soin de rappeler que les moyens qui étaient destinés au budget du ministère des Armées seraient préservés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on ne peut pas réduire non plus les milliards de la dissuasion nucléaire ?
FLORENCE PARLY
Vous savez, la dissuasion nucléaire c'est une partie assez réduite du budget du ministère des Armées, c'est moins de 15 % de notre budget, et ces moyens resteront stabilisés au cours de la Loi de Programmation Militaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On n'y touche pas. Il y a un secteur qui vous rapporte beaucoup d'argent apparemment, c'est les ventes d'armes, il paraît qu'il y a un bilan et que pour 2018 il y a même une augmentation de 30 % des commandes.
FLORENCE PARLY
Alors, tous les ans nous présentons…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire combien ?
FLORENCE PARLY
De l'ordre de 9 milliards, 9 milliards d'exportation en 2018, l'année dernière, en 2017, on était en dessous de 7. Il y a eu des années très importantes, au cours desquelles les très grands contrats, telle que la vente des Rafale a été réalisée, notamment au profit de l'Inde, donc ces années-là ont été supérieures à 10 milliards, et donc l'année 2018 est une année en progression, est en progression de 30 %, et je serai amenée à présenter ce rapport, comme tous les ans, au Parlement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est bien de le dire là. La Libye inquiète une nouvelle fois, est-ce que vous vendez des armes à la Libye, même au gouvernement légal, légitime ?
FLORENCE PARLY
Il y a un embargo sur la vente d'armes en Libye, c'est un embargo qui a été mis en place par l'Organisation des Nations Unies, donc la France, évidemment, respecte cet embargo.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi je dis ça, parce que la guerre a repris. Le Maréchal HAFTAR, qui était récemment à Paris avec celui qu'il est en train de combattre, le Premier ministre SARRAZ, HAFTAR, avec ses 20.000 hommes, veut prendre le pouvoir à Tripoli et à Bengazi. Il prétend vouloir, je le cite : liquider les factions islamistes, les gangs terroristes et mafieux. Et un de ses ministres a dit cette nuit, qu'il pouvait rompre les relations diplomatiques avec nous, parce que nous aurions choisi, la France, HAFTAR contre le gouvernement légitime. Quelle est la vérité ce matin ?
FLORENCE PARLY
La France appelle au cessez-le-feu parce que nous sommes convaincus qu'il ne pourra pas y avoir de solution militaire en Libye, et d'ailleurs nous n'avons pas attendu ces événements qui se sont produits au début du mois d'avril, c'est-à-dire le lancement d'une offensive par le Général HAFTAR, ça fait des mois que le président MACRON fait tous ces efforts, avec d'autres d'ailleurs, d'autres pays européens, l'ONU…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous lui demandez d'arrêter son offensive militaire ?
FLORENCE PARLY
Il faut arrêter cette offensive militaire, et revenir là où nous en étions à la fin du mois de février, à Abu-Dhabi, lorsque les deux principaux protagonistes, le Premier ministre libyen, et le Général HAFTAR, se sont retrouvés, se sont mis d'accord sur un processus, et donc c'est ce processus qu'il faut pouvoir reprendre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, parce que là c'est une tentative de coup d'Etat militaire du Maréchal HAFTAR ?
FLORENCE PARLY
C'est le coup d'arrêt à un processus politique qui était bien engagé, et qu'il faut reprendre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que cette région déstabilisée, la Libye, etc., c'est à la fois l'Europe, le Maghreb, qui sont menacés.
FLORENCE PARLY
La Libye est une sorte de verrou au Sud de la Méditerranée, qui joue un rôle très important dans la stabilité, ou l'instabilité, de la région, c'est un lieu dans lequel de très nombreux trafics s'exercent, et donc il est très important, après toutes ces années que le peuple libyen a subi, de guerre, de violences, il est indispensable d'y mettre un terme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que la France continue d'exporter des armes à l'Arabie Saoudite, qui est en guerre contre le Yémen depuis quelques années ?
FLORENCE PARLY
La France a un partenariat stratégique avec l'Arabie Saoudite, et a, depuis de très nombreuses années, initié ce partenariat, qui s'est traduit, dans un certain nombre de cas, par des ventes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais est-ce qu'on continue à lui donner des armes ?
FLORENCE PARLY
Il y a eu des contrats qui ont été passés et conclus…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils s'appliquent.
FLORENCE PARLY
Avec l'Arabie Saoudite, qui s'appliquent, mais je rappelle que nous avons un dispositif de contrôle des exportations d'armes, car les armes ne sont pas des produits standards, on ne vend pas des armes comme on vend des baguettes de pain…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Heureusement !
FLORENCE PARLY
C'est un dispositif qui est extrêmement contrôlé et rigoureux, les décisions sont prises sous l'autorité du Premier ministre lui-même, donc ces contrats sont examinés au cas par cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, parce que l'Arabie Saoudite et les Emirats ont, vous le dites, un accord stratégique avec nous, c'est-à-dire qu'ils font partie de la même coalition mondiale contre le terrorisme, mais est-ce qu'on est sûr que les avions, les canons César qu'on leur donne, ne tapent pas sur les civils d'en face ? Il faut dire qu'ils luttent contre des rebelles qui s'appellent les Houthis, et qui sont à la solde des Iraniens.
FLORENCE PARLY
Je sais qu'il y a un débat, qui est bien naturel et bien légitime, autour de ce conflit qui maintenant se développe au Yémen depuis des années, qui est une guerre épouvantable, qui fait des victimes civiles en grand nombre, nous avons tous en tête des images affreuses, et donc la priorité, et je le redis, c'est que cette guerre cesse. Et il y a des initiatives qui ont été prises, encore récemment, sous l'égide de l'ONU, pour que des pourparlers débouchent sur un cessez-le-feu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Florence PARLY, vous êtes ministre des Armées…
FLORENCE PARLY
Je voudrais juste terminer sur ce point, pardonnez-moi Jean-Pierre ELKABBACH, juste dire que, on prétend que les armes françaises conduisent à faire des victimes civiles au Yémen, ce que je voudrais rappeler, et ce que j'ai toujours dit, c'est qu'à ma connaissance l'essentiel des armes qui ont pu être vendues par la France à l'Arabie Saoudite sont utilisées de manière défensive, l'essentiel, et ce que je voudrais dire c'est qu'on ne peut pas affirmer que parce que la France a vendu des armes à l'Arabie Saoudite et qu'il y a des victimes civiles au Yémen, ce que je regrette profondément, en imputer la responsabilité aux armes françaises. Je crois que c'est important que l'on redise ces choses-là et ayant dit cela…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez des preuves qu'il s'agisse d'opérations défensives ?
FLORENCE PARLY
Ayant dit cela, je n'ai aucune preuves selon lesquelles les armes françaises ont fait des victimes civiles, ça je n'en n'ai aucune, et donc c'est la raison pour laquelle je crois utile de le redire, et je redis que la priorité c'est qu'il y ait un cessez-le-feu le plus rapidement possible et que Monsieur GRIFFITHS, qui est l'envoyé spécial de l'ONU, y parvienne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans le monde tel qu'il est, vous devriez intervenir plus souvent dans le domaine qui est le vôtre. Vous êtes ministre des Armées, qu'est-ce qui vous inquiète, quels sont les ennemis de la France, quel est l'ennemi de la France et de l'Europe aujourd'hui ?
FLORENCE PARLY
Aujourd'hui l'ennemi, puisque vous parlez un vocabulaire guerrier, c'est le terrorisme, et c'est contre cet ennemi que la France concentre l'essentiel de ses forces, puisque vous savez que nous sommes présents au Sahel, avec l'opération Barkhane…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, il y a les Opex, ce qu'on appelle les Opex, les opérations extérieures…
FLORENCE PARLY
Les opérations extérieures, et puis, vous avez rappelé tout à l'heure, Sentinelle, sur le territoire national, qui contribue à la lutte contre le terrorisme sur le territoire national.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'opération Chammal en Syrie c'est 1100 soldats, la France avait promis de les retirer au fur et à mesure du départ des 2000 soldats américains, ils ont commencé à partir, est-ce que nous, nous partirons, ou alors pourquoi nous restons, ou est-ce que nous resterons s'ils partent ?
FLORENCE PARLY
Lorsque le président des Etats-Unis avait annoncé, à la fin de l'année 2018, son souhait de pouvoir retirer les soldats, vous savez que – ces soldats américains – nous sommes intervenus, nous avons beaucoup dialogué avec nos partenaires américains, parce que nous pensions que, un retrait rapide et brutal, aurait des conséquences extrêmement dommageables sur l'efficacité de la lutte qui a été conduite par la coalition internationale depuis 5 ans au Levant. Aujourd'hui, ce que je constate, c'est que les Etats-Unis sont à nos côtés, au Levant, nous sommes toujours présents dans une coalition, alors naturellement le Khalifa territorial étant tombé à la fin du mois de mars, chacun réadapte, réajuste son dispositif, et c'est ce que nous faisons nous aussi…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais quand ils seront partis, vous confirmez qu'on sera parti ?
FLORENCE PARLY
Nous sommes venus ensemble, et donc nous allons continuer ce travail de lutte contre le terrorisme, ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec Barkhane, là l'armée est en Afrique et au Mali, comment expliquer que la guerre civile et guerre entre les ethnies continue, et qu'au Mali il y a une progression de l'islamisme sans que le gouvernement légal puisse l'empêcher ?
FLORENCE PARLY
Après…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que ça a des conséquences pour la sécurité en France.
FLORENCE PARLY
Bien sûr. Après l'intervention de la France dans l'opération Serval, en 2013, les parties à ce conflit ont signé un accord de paix et de réconciliation, c'est l'accord d'Alger, cet accord de paix n'a pas été mis en oeuvre. La conséquence de tout cela c'est que l'Etat, au Mali, est absent de vastes zones de ce territoire qui est grand, le Sahel c'est grand comme l'Europe. Donc, ce qui est important, maintenant, c'est que non seulement la France continue de contenir la menace terroriste et qu'elle continue à former les armées nationales, l'armée malienne en particulier, et elle ne le fait pas seule, elle le fait aussi avec l'Europe, elle le fait avec l'ONU, mais ce qui est important c'est que ce processus de paix se mette en oeuvre. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire réintégrer des militaires qui étaient partis combattre dans des unités qui n'étaient plus l'armée régulière, c'est remettre l'Etat là où il a disparu, rouvrir des écoles, permettre…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais en attendant nous restons sur place.
FLORENCE PARLY
Pour l'instant nous restons sur place, mais nous ne serons pas éternels, et nous faisons tous nos efforts pour que les relais nationaux, les armées locales, nationales, la force conjointe du G5 Sahel, puissent être efficaces et prendre le relais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avant de nous quitter, très vite. Je sais que vous cherchez à moderniser l'armée et vous vous intéressez beaucoup à toutes les innovations de la technologie, l'intelligence artificielle, etc. On voit bien que l'espace est en train de se militariser, ça c'est un sujet qu'on traitera peut-être un jour ensemble, et d'autre part il y a la cyber-défense ou la cybersécurité. Je lisais, dans Le Figaro de ce matin, que les entreprises françaises sont espionnées, surveillées, deux fois plus cette année que l'année dernière, qu'est-ce que ça veut dire ? Et vous, par exemple, au ministère des Armées, les institutions françaises, est-ce qu'elles sont quelquefois atteintes et espionnées ?
FLORENCE PARLY
Les cyber-attaques concernent tout le monde, les entreprises comme les ministères, et le ministère des Armées n'échappe pas à ces tentatives. Pour l'instant le ministère des Armées les a toutes déjouées, mais nous avons, en gros, deux incidents informatiques chaque jour, et comme les entreprises, nous avons constaté entre 2017 et 2018 une forte progression de ces incidents informatiques. Alors, j'ai révélé, il y a quelques semaines, le fait qu'il y avait eu une tentative de pénétration de notre système de messagerie interne, et que si cette tentative avait abouti, ce qui n'est pas le cas, eh bien c'est l'ensemble de nos approvisionnements en carburant pour la Marine nationale qui auraient mis en défaut. Donc on voit bien que la cybersécurité c'est essentiel, aussi bien pour le fonctionnement de nos hôpitaux, que pour le fonctionnement de nos systèmes de transports…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et la sécurité de l'Etat.
FLORENCE PARLY
Que pour le fonctionnement de l'Etat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, s'ils viennent espionner l'Elysée et Matignon…
FLORENCE PARLY
Et donc c'est pour cela qu'il faut investir dans la cybersécurité, et nous, au ministère des Armées, nous considérons que c'est un domaine majeur, prioritaire, et dans notre Loi de Programmation Militaire, nous investirons 1,6 milliard pour la cybersécurité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est pour nous expliquer tout ça que vous reviendrez. Merci.
FLORENCE PARLY
Merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je sais que vous prenez un avion pour la Bretagne, pour aller voir à Brest des industries, et pas seulement liées à l'armement.
FLORENCE PARLY
Tout à fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venue ; et il y a, combien, 200.000 personnes qui travaillent…
FLORENCE PARLY
Deux cent mille personnes qui travaillent pour la base industrielle de défense en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2019