Interview de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à Public Sénat le 29 mai 2019, sur les résultats des élections européennes et la construction européenne.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Média : Public Sénat

Texte intégral

CYRIL VIGUIER
L'invité politique en direct sur ce plateau ce matin, c'est Jean-Baptiste LEMOYNE. Bonjour.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Vous êtes secrétaire d'Etat, Jean-Baptiste LEMOYNE, auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères donc au Quai d'Orsay, et pour vous co-interroger ce matin à mes côtés Marcelo WESFREID du Figaro et Hervé FAVRE de la Voix du Nord. Merci d'être avec nous. Alors on a vu ces images de Bruxelles, les 28 Européens réfléchissent à la délicate succession de Jean-Claude JUNCKER, le président de la Commission, laquelle oppose le président Emmanuel MACRON, on l'a vu, à la chancelière Angela MERKEL qui elle-même a son candidat, Manfred WEBER. Margrethe VESTAGER qu'on vient de voir à l'écran, la commissaire à la concurrence, apparaît ou apparaissait comme la candidate qui avait les faveurs de la France. Ça reste vrai, Jean-Baptiste LEMOYNE, aujourd'hui ? Et comment sortir de ce bras de fer avec les Allemands ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors je vais vous dire, on n'est pas du tout dans les histoires de noms. Pour l'instant le président de la République, compte tenu de la recomposition politique que les Européens ont acté parce qu'il y a un fait majeur, un enseignement de ces élections de dimanche. C'est d'une part une très forte participation à l'échelle du continent européen et en France, très forte participation des jeunes et surtout, on a mis fin au duopole entre les socialistes européens et les conservateurs européens qui se partageaient les postes depuis vingt ans. C'était « passe-moi le sel, je te passe le poivre. » Et donc maintenant avec En Marche, nous sommes dans la force centrale qui est indispensable pour pouvoir avoir une majorité au Parlement européen et ça veut dire que sur cette base-là, nous ce qu'on veut c'est d'abord bâtir un projet et derrière on met en place l'équipe qui va servir ce projet.

CYRIL VIGUIER
Ça ne fait pas un peu désordre ce duel franco-allemand sur les noms justement dont on parle ? Dès la fin de l'élection européenne, c'est parti.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais vous savez, il n'y a pas de duel franco-allemand. Il y avait une différence de conception d'ailleurs entre ceux qui souhaitaient qu'on désigne uniquement parmi les Spitzenkandidats, c'est-à-dire des candidats désignés par les partis européens, et ceux qui souhaitent qu'on puisse regarder de façon plus large et c'est le cas d'En Marche. Parce que si on est cohérent, si on choisit dans les Spitzenkandidats, il aurait fallu qu'on ait des listes européennes transnationales. Qu'il y ait un véritable débat à l'échelle du continent européen et que les… Je n'ai pas le sentiment, moi, que les citoyens de l'Yonne ils aient choisi ou pour Manfred WEBER ou pour monsieur TIMMERMANS en mettant un bulletin de vote dimanche dans l'urne. Et donc c'est pourquoi…

HERVE FAVRE
C'est pourtant ce qu'on disait il y a cinq ans en disant aux Français : « Allez voter. Vous pourrez voter finalement pour le futur président de la Commission ».

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais je vais vous dire, il y a cinq ans les fameux Spitzenkandidats, ils avaient fait de véritables campagnes à l'échelle du continent européen. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. Et surtout, encore une fois, on est dans un moment de recomposition majeure pour l'Europe. Il y a la fin de ce monopole et surtout, je crois qu'il faut avant tout bâtir le projet autour des priorités du climat, d'une politique économique et sociale aussi qui soit en phase avec nos ambitions climatiques, et puis une Europe qui protège. Une Europe qui protège par rapport aux frontières, de l'efficacité dans leur gestion etc. Donc on bâtit ce projet et puis ensuite, on fait l'équipe et le président, il a déjà annoncé ce qu'il souhaitait pour l'équipe. C'est une équipe déjà avec de la parité puisqu'on va se mettre d'accord sur le président de la Commission, président du Conseil, président du Parlement européen et également Haut représentant pour les Affaires étrangères. Eh bien il faut deux hommes et deux femmes, ça c'est une nouveauté, mais le président y est très attaché.

MARCELO WESFREID
Et vous pensez que la situation peut se débloquer avant que le nouveau Parlement n'entre en fonction c'est-à-dire au mois de juillet ? Vous êtes confiant ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Tout à fait. Le président MACRON a dit hier, et tous les chefs d'Etat et de gouvernement y ont souscrit, il faut que cette affaire de constitution du cadre stratégique, de l'ambition stratégique et de l'équipe soit réglé pour le prochain Conseil européen. Ça nous met vers le 20-21 juin. Donc voilà, il y a trois semaines, il y a un mois et d'ailleurs Donald TUSK a reçu mandat du Conseil européen pour avoir ces pourparlers avec les forces au Parlement européen.

MARCELO WESFREID
Emmanuel MACRON avait dit que son ambition c'était d'être une sorte de leader européen sauf qu'aujourd'hui on ne sait pas quel est le choix de la France. Est-ce que c'est lui qui va, à votre avis, quand même peser sur la distribution des postes-clés ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Je vais vous dire, nous avons réussi à être la délégation nationale la plus nombreuse dans le groupe qui va être le groupe central. Et ce groupe central, sans lui, rien ne peut se faire et se décider. Et donc par conséquent, nous avons réussi ce pari d'être au coeur de l'Europe pour y travailler à sa renaissance. Parce que pardon, mais le projet européen, il a été enthousiasmant pendant des décennies parce qu'il a été le synonyme de l'amitié franco-allemande retrouvée ; il a été synonyme de la réconciliation des Européens. Quand le mur de Berlin est tombé, ce rideau de fer est tombé, c'est l'Europe qui a accueilli et c'est vrai que depuis une dizaine, une quinzaine d'années, depuis d'ailleurs l'échec de la Constitution européenne, il faut dire qu'il avait perdu en saveur, ce projet. Et donc aujourd'hui, il s'agit je crois face à cette expression de la jeunesse très massive de trouver de nouveaux horizons, de nouveaux défis sur le numérique, sur le climat. Voilà, on est une puissance et à nous vraiment d'avancer.

MARCELO WESFREID
Et quelle lecture nationale vous faites de ces résultats ? Est-ce que vous considérez qu'Emmanuel MACRON a au niveau français limité la casse ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Au niveau national, ces résultats ils confirment totalement le vote de 2017. C'est-à-dire que très clairement En Marche, ses partenaires, le MoDem…

MARCELO WESFREID
En Marche est deuxième.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Sont un pôle central autour duquel se structure la vie politique et en face de nous, il y a les nationalistes du Rassemblement national. Et très clairement, moi je le dis, j'étais le premier parlementaire à rejoindre Emmanuel MACRON dès avant le premier tour : je suis très heureux de voir qu'aujourd'hui un très grand nombre d'électeurs anciennement qui votaient Républicains ont porté leurs suffrages sur la République en Marche. Et ce que je dis, c'est que nous devons continuer à être attractifs à la fois pour d'anciens Républicains et puis pour d'anciens centristes, pour d'anciens socialistes, d'anciens Verts parce que c'est autour de nous que ça s'organise.

HERVE FAVRE
Mais dans ce duel installé par Emmanuel MACRON avec Marine LE PEN, il avait quand même fait de la première place une forme d'obligation et finalement… Bon, c'est raté de peu, OK…

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Bien sûr. Non, non, mais ayons l'humilité de reconnaître qu'on aurait souhaité virer en tête. Ce n'est pas le cas et donc quelque part, à nous aussi d'élargir encore notre socle, d'élargir cette majorité et je crois qu'il faut y travailler dans les toutes prochaines semaines. Je me réjouis d'ailleurs que Agir par exemple avec Franck RIESTER ait lancé un appel aux élus locaux issus de la droite. Très clairement aujourd'hui, il y a ce momentum pour structurer cette grande famille des progressistes d'où qu'ils soient issus.

HERVE FAVRE
Pour vous, Les Républicains sont morts ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
En tous les cas, moi j'ai un souvenir très précis de la fondation de l'UMP. C'était en 2002, c'était à l'époque une fédération justement de libéraux, de centristes, de gaullistes, de souverainistes…

HERVE FAVRE
Ce qu'ils veulent reconstruire aujourd'hui apparemment.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Aujourd'hui Les Républicains, ce n'est plus une union, ce n'est plus un mouvement et ce n'est plus populaire. Donc très clairement, je crois qu'un certain nombre d'électeurs Républicains doivent en tirer les conséquences et s'ils veulent faire en sorte que les valeurs de mérite, de travail soient toujours sur le haut du podium, c'est autour de la majorité que ça se fait.

CYRIL VIGUIER
Jean-Baptiste LEMOYNE, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, est notre invité politique ce matin en direct sur ce plateau. 8,5 des voix pour LR, vous en parliez, aux Européennes. Un cuisant échec. Une reconquête par les territoires préconise Gérard LARCHER, on l'a entendu sur Franceinfo hier matin. Vous avez vous-même appartenu à LR, vous avez été un des premiers à soutenir Emmanuel MACRON. Qu'est-ce que vous pourriez, vous, conseiller à votre ancien parti pour qu'il retrouve sa place dans le paysage ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Je ne suis pas du tout conseilleur pour mon ancien parti. Encore une fois, moi je crois qu'on est dans un moment de la vie politique.

CYRIL VIGUIER
C'est la bonne stratégie de reconquérir à partir des territoires que proposent Gérard LARCHER, Bruno RETAILLEAU et quelques autres ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
C'est un moment encore unique. Je crois que 2017 a été une forme de nouveau 1958 et donc quelque part, il y a eu une structuration différente. Encore une fois aujourd'hui, ceux qui veulent travailler sur les sujets pour libérer les énergies en matière économique, faire en sorte qu'on redistribue, qu'on lutte contre les inégalités peuvent se retrouver dans la politique mise en oeuvre avec Edouard PHILIPPE, avec l'ensemble du gouvernement. Et les territoires ils sont importants, mais pas pour de la politique politicienne : ils sont importants tout simplement pour la mise en oeuvre de l'acte 2 du quinquennat. Le président de la République a souhaité que nous soyons toujours plus dans la proximité, dans l'efficacité et c'est pourquoi d'ailleurs Jacqueline GOURAULT sera en déplacement dans l'Yonne lundi prochain pour aller voir une maison de services publics parce qu'on va lancer France Service Public.

CYRIL VIGUIER
Mais vous ne répondez pas sur les 8,5 %, vous ne répondez pas sur le score à ces Européennes de LR et ces règlements de comptes en cours en ce moment chez Les Républicains. Pourquoi ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
C'est ce que je vous dis. C'est que Les Républicains qui sont issus de l'UMP ne sont plus une union, plus un mouvement et plus populaire. En fait, ils sont en train de devenir ce qu'était une ancienne grande force sous la IVème ou au début de la Vème qui était le CNIP et aujourd'hui le CNIP s'appelle…

CYRIL VIGUIER
Le Centre national des indépendants et des paysans.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Il ne s'appelle plus grand-chose. Eh bien les LR sont en voie de « cnisation ».

HERVE FAVRE
Dans cette reconquête par les territoires dont parle Gérard LARCHER, il y a un nom qui revient assez souvent, c'est Xavier BERTRAND, président de la région Hauts-de-France. Est-ce qu'il peut être un recours finalement pour votre ancienne famille politique ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais vous savez, moi je considère que le recours pour notre ancienne famille politique, c'est tout simplement aussi d'avoir la lucidité de considérer que après que la vie politique se soit structurée autour de l'UMP pendant une douzaine d'années, aujourd'hui ce n'est plus ça. Qu'aujourd'hui elle se structure autour d'En Marche, autour de cette majorité et que les gens issus de la droite y ont toute leur place et que véritablement il faut aussi faire un aggiornamento intellectuel. Ce n'est pas parce que Les Républicains sont en voie peut-être de disparition que les électeurs ne peuvent pas se retrouver dans des valeurs.

HERVE FAVRE
Dans votre majorité, il y en a qui attendent au contraire un rééquilibrage à gauche.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais ce n'est pas incompatible. Moi je pense qu'il faut continuer à élargir des deux côtés parce que nous sommes…

MARCELO WESFREID
Alors est-ce que vous seriez prêts justement à travailler les écologistes ? Vous qui arrivez, qui êtes un transfuge de la droite ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais bien sûr. Mais je vais vous dire, nous travaillons avec des écologistes au sein du gouvernement. François de RUGY est issu de l'écologie.

MARCELO WESFREID
Il y a des ministres dans votre gouvernement qui veulent former une sorte d'Agir. Alors Agir, c'est le parti constructif de droite, les Macron compatibles, mais de gauche. Est-ce que vous y êtes favorable ? Est-ce que vous voyez ça d'un bon oeil ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Quel que soit… Moi, je ne suis pas là pour parler de tuyauterie. Ce qui est important, c'est se reconnaître dans la dynamique. Et la dynamique, c'est qu'Emmanuel MACRON il a souhaité que des gens issus de tous horizons puissent se mettre autour de la table comme on l'est aujourd'hui et prendre des décisions fondées tout simplement sur le bon sens, sur le fait d'améliorer la vie quotidienne des Français. Et en matière d'écologie, je vais vous donner un exemple. Lorsque Nicolas HULOT était au gouvernement et nous l'avons poursuivi après, c'est vrai qu'il y a trois ou quatre ans dans un débat on se serait opposé. Le président de la République, ce qui est très fécond comme méthode, c'est qu'il nous incite à dépasser nos différences et à trouver justement des solutions qui permettent de concilier les attentes des uns et des autres. C'est le cas en matière par exemple de politique commerciale. Les traités de libre-échange, nous on ne veut plus que ce soit comme avant et par exemple quand il y a eu un accord avec le Canada, on a voulu une ambition climatique forte. Là, comment dire, si l'Union européenne veut progresser sur le Mercosur, nous nous disons attention. Attention, il y a un certain nombre de garanties pour le climat, pour lutter contre la déforestation, pour protéger nos agriculteurs, les filières bovines etc. Encore une fois, on veut changer véritablement un certain nombre de politiques européennes.

HERVE FAVRE
Ce qui suppose quand même d'avoir un accord à 28 ou bientôt 27. Mais enfin sur ces questions de politique commerciale, ça n'a rien d'évident.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais moi j'étais lundi en conseil des ministres du Commerce à Bruxelles. J'étais le premier à porter très fort au nom de la France cette ambition climatique dans le commerce international et je suis heureux de voir que les choses évoluent. Que d'autres ministres - je pense à la Suède, je pense aux Pays-Bas qui sont pourtant des pays traditionnellement très libre-échangistes - nous ont rejoints sur cette ambition climatique, environnementale et de protection.

MARCELO WESFREID
Quelles conséquences va avoir la recomposition en cours actuellement sur les municipales ? Il y a beaucoup de maires sortants qui viennent des Républicains. Qu'est-ce que vous allez faire ? Qu'est-ce que vous leur proposez ? Et à votre avis, à quoi vont ressembler les périmètres des listes l'an prochain ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Par définition, les municipales ce sont des réalités locales qui sont très différentes et je crois que s'il peut vraisemblablement y avoir une sorte de charte du progressisme municipal qui dit qu'en matière de lutte contre les inégalités, en matière d'accès à un certain nombre de services on est d'accord, après il faut aussi tout simplement faire du sur-mesure. Il y a des villes dans lesquelles la majorité très clairement doit être candidate sous ses propres couleurs. Et puis il y a certaines communes où peut-être le maire sortant n'a pas démérité, souhaite lui-même bâtir…

MARCELO WESFREID
Donc cas par cas. C'est ça votre stratégie.

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Oui. Je pense que de toute façon, il y a 35 000 communes en France et ces 35 000 communes, elles répondent à 35 000 réalités différentes.

HERVE FAVRE
Dans une ville comme Nice où Christian ESTROSI finalement a soutenu François-Xavier BELLAMY, il peut y avoir un accord aux municipales ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Je crois que les élections européennes étaient un moment important pour justement celles et ceux qui souhaitent se rapprocher de la majorité. Je regrette qu'un certain nombre n'ait pas pris plus clairement position. Philippe SAUREL à Montpellier a eu le courage de dire, lui, qu'il appelait à voter pour la liste Renaissance. Je crois qu'il y a des moments où, quand on est à la croisée des chemins et c'était le cas de l'élection européenne entre ceux qui voulaient la détruire et ceux qui veulent la faire renaître, eh bien de choisir son camp.

MARCELO WESFREID
Un mot sur l'actualité sociale. Il y a mille postes qui vont être supprimés à GENERAL ELECTRIC, sur les sites de GENERAL ELECTRIC notamment à Belfort. Qu'est-ce que le gouvernement peut faire et est-ce qu'il a eu tort de laisser - c'était en 2015, à l'époque le ministre de l'Economie s'appelait Emmanuel MACRON - est-ce qu'il a eu tort ce gouvernement de laisser GENERAL ELECTRIC absorber ALSTOM ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors pour être bien précis, on parle là d'une division qui est chez GENERAL ELECTRIC depuis vingt ans. Il ne s'agit pas… Ça n'a rien à voir avec l'acquisition de 2015 pour que les choses soient bien claires. Et donc, c'est tout à fait indépendant. Et ce marché des turbines hélas est en train de décliner parce qu'il équipe des usines à charbon et on sait que le charbon n'a plus la cote à l'heure actuelle justement en termes d'énergie. Et donc il y a un marché qui est en déclin. Face à cela, il faut se retrousser les manches et tout simplement mettre le paquet. Il y a cinquante millions d'euros sur la table pour pouvoir continuer à aller sur des industries d'avenir. Et il y a un certain nombre, comment dire, de projets prometteurs en matière d'aéronautique par exemple qui peuvent être développés avec les mêmes ressources humaines, avec ces femmes et ces hommes qui ont bâti le succès des turbines mais qui peuvent demain bâtir le succès de l'aéronautique.

HERVE FAVRE
GENERAL ELECTRIC s'était quand même engagé à maintenir le nombre d'emplois en France. Ce ne sera pas le cas. Donc qu'est-ce que l'Etat peut faire ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors le président de la République l'a dit hier : GENERAL ELECTRIC doit tenir sa parole et dès lors qu'ils n'ont pas crée les emplois qui étaient attendus, il y avait une pénalité de cinquante mille euros par emploi non crée, ça veut dire cinquante millions d'euros, et c'est avec cette somme qu'on va pouvoir réindustrialiser et créer des emplois pour demain. Mais encore une fois, il ne faut pas que cet exemple soit l'arbre qui cache la forêt d'un renouveau industriel…

MARCELO WESFREID
Ça ne montre pas l'impuissance de l'Etat ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
D'un renouveau industriel en France parce que pour la première fois, nous avons recrée des emplois industriels en France l'année dernière et pour la première fois, vous avez vu, nous remontons sur le podium de l'attractivité et donc des investissements internationaux qui viennent en France.

CYRIL VIGUIER
Jean-Baptiste LEMOYNE, pour la France la peine de mort est prohibée en toutes circonstances y compris en temps de guerre. Un engagement qui est international et constitutionnel qui est indérogeable. Or six Français viennent d'être condamnés à mort en Irak, vous le savez. La position diplomatique de la France semble très délicate : elle refuse de les rapatrier. Va-t-elle les laisser être exécutés ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors dans cette histoire, en Irak il faut voir que le processus juridique n'est pas à son terme. Ces Français ont encore trente jours pour faire appel. Et donc la décision n'étant pas définitive nous ne sommes pas encore en situation de commenter cela.

CYRIL VIGUIER
Quelle sera la position de la France ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais ce qui est sûr, la France elle est par principe opposée à la peine de mort qui est quelque chose d'inhumain. Et d'ailleurs, quand d'autres Français ailleurs dans le monde sont concernés, nous sommes toujours très actifs.

CYRIL VIGUIER
Vous parlez avec l'Irak de ces problèmes-là, spécifiquement de ces cas-là ? Est-ce que vous discutez avec l'Irak, avec les autorités irakiennes ?

JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais vous savez, nous avons un dialogue avec les autorités irakiennes qui est très dense mais là, la procédure juridique doit aller à son terme et on verra à l'issue.

CYRIL VIGUIER
Merci Jean-Baptiste LEMOYNE, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, d'avoir été notre invité ce matin en direct sur ce plateau.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 juin 2019