Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin, Sibeth NDIAYE, porte-parole du Gouvernement. Bonjour.
SIBETH NDIAYE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous ce matin.
SIBETH NDIAYE
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne vais pas vous parler des européennes.
SIBETH NDIAYE
Ah !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça va vous surprendre.
SIBETH NDIAYE
Effectivement, je suis surprise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais je vais vous en parler, vous comprenez ce que je veux dire. Je ne vais pas commencer avec ça, je vais commencer avec un autre sujet : le rapprochement entre RENAULT et FIAT. FIAT qui propose cette fusion, RENAULT est en discussion avec FIAT-CHRYSLER. C'est un énorme constructeur automobile mondial qui est en train d'être préparé. 37 milliards de dollars, 9 millions de véhicules construits par an, la troisième place derrière VOLKSWAGEN et TOYOTA. Est-ce que le gouvernement français encourage ce rapprochement ?
SIBETH NDIAYE
Alors le ministre de l'Economie et des finances Bruno LE MAIRE a eu l'occasion en fin de semaine dernière de rencontrer le patron de RENAULT, Jean-Dominique SENARD, pour discuter avec lui de ce projet de fusion. C'est un projet que nous accueillons de manière, j'allais dire, assez favorable évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ? Le gouvernement y est favorable ?
SIBETH NDIAYE
Le gouvernement y est favorable mais, évidemment, il faut voir dans quelles conditions cela doit se réaliser. C'est une discussion que nous aurons, y compris en tant qu'actionnaire de RENAULT avec cette entreprise parce qu'il faut que les conditions dans lesquelles se réalise cette fusion, soient à la fois favorables au développement économique de RENAULT, à son développement industriel et évidemment aux salariés de RENAULT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un géant européen, un autre géant européen, même si FIAT est associé à CHRYSLER. Mais c'est un autre géant européen qui est en construction. C'est important.
SIBETH NDIAYE
C'est important pour nous parce que ça témoigne de notre capacité à répondre aux enjeux de souveraineté économique européenne et française dans un contexte de mondialisation où on a de très grandes entreprises, des géants qui se sont construits en dehors de l'Europe, et aujourd'hui on a besoin que des géants se construisent en Europe. Et ça, c'est un exemple positif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous encouragez donc ce rapprochement.
SIBETH NDIAYE
Bien sûr. Evidemment, il faut regarder les conditions dans lesquelles il se réalise…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'accord, mais vous l'encouragez.
SIBETH NDIAYE
Mais évidemment nous l'encourageons, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, c'est important de le dire, Sibeth NDIAYE, et ça nous conduit à l'Europe. Vous voyez, ce n'est pas très compliqué finalement. Alors défaite hier.
SIBETH NDIAYE
C'est une déception.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais attendez.
SIBETH NDIAYE
Si, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez perdu. Quand on est 2…
SIBETH NDIAYE
Quand on est 2, on n'est pas 1 et donc effectivement c'est une déception pour nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et c'est une défaite.
SIBETH NDIAYE
C'est une déception.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas employer simplement… « Eh bien oui, on a perdu hier mais on a perdu honorablement. »
SIBETH NDIAYE
Mais parce que pour pouvoir répondre à votre question, il faudrait considérer finalement que le Rassemblement national a fait un score qui était supérieur aux élections européennes précédentes, ce qui n'est pas le cas. Ils ont un score qui est relativement bas à ce qui a été réalisé précédemment et donc nous sommes dans une situation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous coupe. SDN, je vous coupe. Je ne vous parle pas du Rassemblement national, je vous parle de La République en Marche. Est-ce que vous avez perdu cette élection hier ?
SIBETH NDIAYE
Effectivement, nous ne sommes pas premiers dans cette élection.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous l'avez perdu.
SIBETH NDIAYE
Donc je vais vous dire comme je parle à mes enfants : « Quand on n'est pas premier, effectivement on n'a pas la victoire et donc on a perdu. »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien.
SIBETH NDIAYE
Ce que je peux vous dire en revanche, je vois que vous êtes satisfait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, je ne suis pas satisfait. Vous savez ce que j'aime, Sibeth NDIAYE, c'est qu'on dise clairement les choses, qu'on assume.
SIBETH NDIAYE
Mais moi aussi je suis du style à dire clairement les choses et à assumer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon alors ?
SIBETH NDIAYE
Mais il faut assumer les choses jusqu'au bout et dans quel contexte sommes-nous aujourd'hui ? On est à moins d'un point de différence entre le Front national et La République en Marche, donc la majorité présidentielle et ses alliés. La situation dans laquelle nous sommes, c'est que ce score nous l'obtenons alors qu'il y a eu une crise sociale sans précédent dans la Vème République à laquelle ce gouvernement a dû faire face. Nous sommes aussi dans un contexte où toutes les autres listes étaient dans un registre « Tout sauf La République en Marche ». Et malgré cela, nous avons su sur le projet que nous avions mobilisé les Français, les amener à voter pour nous dans un score qui, il faut le reconnaître quand même, dans ce contexte-là est honorable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un échec pour Emmanuel MACRON qui s'est engagé à fond dans cette campagne pour l'Europe ? Il l'a dit clairement. Est-ce que c'est un échec pour lui ?
SIBETH NDIAYE
Non. Ce n'est pas un échec parce que regardons les chiffres de la participation finalement. On nous annonçait une participation qui serait extrêmement faible. Au final, on a un rebond de participation. Je crois qu'on est entre huit et dix points de participation supplémentaires. L'engagement du président de la République a permis de quelque part booster cette participation et sans doute aussi de mobiliser des électeurs pour La République en Marche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais n'a-t-il pas en se mobilisant, en mobilisant finalement cette élection européenne autour d'un face-à-face avec Marine LE PEN, avec le Rassemblement national, n'est-il pas l'artisan de la progression du Rassemblement national ?
SIBETH NDIAYE
Ah non. Il ne faut pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai entendu Laurent WAUQUIEZ le dire et d'autres.
SIBETH NDIAYE
Mais bien sûr. Mais ce que je trouve hallucinant, c'est que vous avez des partis politiques, de droite comme de gauche, qui finalement mettent leur incurie et leur décrépitude sur le dos de La République en Marche. De quoi parlons-nous finalement ? En 2017, ça n'est pas nous avons choisi d'éliminer le Parti socialiste et de voir également la droite défaite. Ce sont les Français. Ce ne sont pas des mineurs intellectuels, ils ont fait des choix, des choix politiques et ces choix se sont traduits par un affrontement entre Emmanuel MACRON et Marine LE PEN en 2017, la République en Marche et le Front national en 2019.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'allez-vous faire de ces élections européennes maintenant ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien le combat, il est devant nous. Il y avait dans ces élections européennes plusieurs - comment dire - leçon à tirer. La première, et le score d'Europe Ecologie en témoigne de même que le nôtre puisque nous en avions fait une priorité, l'urgence écologique est au coeur des préoccupations des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous allons voir si vous allez en faire une priorité dans les choix que vous allez faire dans les mois qui viennent, Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Oui bien sûr. On nous jugera sur pièce.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et d'ailleurs, vous êtes obligés. Vous êtes obligés aujourd'hui.
SIBETH NDIAYE
On nous jugera sur pièce. On a déjà on a déjà réalisé des choses et donc deux ans de quinquennat, ça n'est pas un bilan nul en matière d'écologie. Il y a des choses y compris des choix pas évidents à assumer. Moi quand il faut aller voir les gens dans les centrales à charbon pour leur dire : « On va vous fermer d'ici 2022 et donc vous allez perdre votre emploi », c'est loin d'être facile et c'est loin d'être une paille. Donc il y a des choses importantes qui ont été réalisées. Nous allons dans ce que nous ferons au niveau européen dans les mois à venir, ce sera une de nos batailles principales.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une idée développée par Nicolas HULOT.
SIBETH NDIAYE
Dites-moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était vendredi. Elle est très bonne cette idée me semble-t-il. Vous savez qu'il y a des critères au niveau européen. 3 %, les fameux 3 %. Et si nous sortions de ces 3 % les investissements verts au niveau européen et au niveau national ?
SIBETH NDIAYE
Vous savez, cette majorité n'a jamais été fétichiste des 3 %. On n'a jamais considéré qu'un simple chiffre pouvait déterminer ce qu'était la santé économique d'une nation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça serait une bonne idée, non, pour encourager l'investissement en Europe ? En France et en Europe l'investissement vert ?
SIBETH NDIAYE
Ce dont je suis certaine en revanche, c'est que la France est loin d'être le meilleur élève en termes de déficit public, en termes de dette publique. On est plutôt dans le bas du classement et donc avant de se lancer dans des propositions telles que vous les faites, il faut sans doute nous assainir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a une urgence.
SIBETH NDIAYE
Mais il faut aussi qu'on soit capable…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l'environnement, est-ce que l'urgence climatique est véritablement une urgence pour vous ?
SIBETH NDIAYE
Mais oui bien sûr. Et c'est d'ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup en doutent. Beaucoup en doutent, Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Je vois bien que notre sincérité est remise en cause. Donc c'est à nous, à travers les actes que nous poserons dans le mandat de la prochaine Commission européenne, de montrer que cette sincérité n'a pas à être mise en doute. Et donc c'est un combat que nous menons au quotidien et c'est un combat que nous mènerons dans les mois à venir. Mais très concrètement, quand nous disons qu'il faut investir massivement dans la transition écologique, quand nous appelons à ce que l'épargne des Européens soit réorientée, réorientée pour investir dans l'innovation verte, ça c'est quelque chose qui est extrêmement concret. C'est quelque chose qui ne met pas en danger les finances publiques et c'est quelque chose qui permet d'accompagner cette transition écologique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si les défenseurs du climat et de l'environnement vous croyaient, ils auraient voté pour vous et Yannick JADOT n'aurait pas obtenu le score qu'il a obtenu, Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Mais Yannick JADOT aurait sans doute été premier dans cette élection.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous pourriez travailler par exemple au niveau municipal avec Yannick JADOT, avec les écologistes ?
SIBETH NDIAYE
Mais bien sûr, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous associez ?
SIBETH NDIAYE
Mais d'abord nous allons sans doute, au niveau européen, travailler avec eux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, ça ça m'intéresse.
SIBETH NDIAYE
Parce que que va-t-il…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez siéger dans un groupe qui va pouvoir constituer peut-être une majorité d'action avec les Verts européens au niveau européen ?
SIBETH NDIAYE
Oui, bien sûr. Aujourd'hui je ne peux pas présager de ce que seront les discussions des prochaines semaines. Ce que je vois, c'est que la République en Marche et ses alliés seront le pôle de centralité dans un groupe qui lui-même sera central. Nous devenons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Groupe libéral.
SIBETH NDIAYE
Je n'ai pas… Je n'ai pas encore…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas que des. Il n'y a pas que des libéraux.
SIBETH NDIAYE
Il n'y a pas encore de nom.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas encore de nom.
SIBETH NDIAYE
Peut-être que ce sera un groupe des progressistes, je n'en sais rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Nouveau nom donc.
SIBETH NDIAYE
Un nouveau nom de toute façon, ça c'est une certitude. Ce que je peux vous dire, c'est que ce groupe sera un groupe central pour réaliser une alliance. Parce qu'aujourd'hui, la droite traditionnelle et la gauche traditionnelle au Parlement européen se sont effondrées. Ils ont été en partie désavoués et donc ils ne sont plus capables de faire à eux deux seuls une majorité. Et donc le groupe dans lequel nous allons nous retrouver nous, et dans lequel nous occupons une place importante, nous députés français de la République en Marche, va être un groupe qui va être une charnière et qui va pouvoir, en quelque sorte, être moteur dans la création d'une alliance progressiste. Et pourquoi pas avec les Verts bien sûr ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi pas travailler avec les Verts.
SIBETH NDIAYE
Mais pourquoi pas travailler avec les Verts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous pourriez travailler avec les Verts dans des municipalités en France et créer, je ne sais pas, des groupes ? Un regroupement pour gagner certaines villes lors des prochaines municipales ?
SIBETH NDIAYE
Mais chaque ville, chaque élection municipale est une élection en tant que telle, donc il faut voir le contexte dans chacune des villes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc vous pourriez.
SIBETH NDIAYE
Mais évidemment que nous pourrions, mais nous avons toujours considéré à En Marche… Regardez l'élection présidentielle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
SIBETH NDIAYE
Nous avons toujours considéré qu'il n'y avait pas d'exclusive dans les gens avec qui nous travaillons dès lors qu'il y avait une convergence sur le fond. Et donc voyons s'il y a des convergences sur le fond avec les écologistes au niveau européen ou au niveau municipal et avisons dans ce cas-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et Sibeth NDIAYE, est-ce que vous considérez que les électeurs d'Europe Ecologie-Les Verts qui ont voté hier pour Yannick JADOT ne sont ni de droite ni de gauche ?
SIBETH NDIAYE
Ça, moi j'ai toujours considéré depuis que je suis militante à En Marche que ce clivage entre la droite et la gauche était un clivage qui était dépassé. Je ne sais pas comment les électeurs qui ont voté pour Yannick JADOT, en particulier les plus jeunes parce que les jeunes se sont massivement mobilisés pour l'écologie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup de jeunes.
SIBETH NDIAYE
Et on voit bien qu'il y a une nouvelle génération qui est en train d'arriver et qui considère finalement que l'écologie est la mère de tous les combats. Et donc on voit bien que finalement, ces clivages anciens sont des clivages qui sont dépassés. Demain, je crois que le clivage que nous avons installé, celui qui voit la différence entre des progressistes, des conservateurs et des nationalistes, est un clivage qui est le clivage pertinent pour la vie politique française et aussi européenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors Sibeth NDIAYE, pas de démission d'Edouard PHILIPPE, pas de changement de Premier ministre. J'ai lu ça. Oui, non ? Non ?
SIBETH NDIAYE
C'est non. C'est une évidence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une évidence. Pas de dissolution de l'Assemblée nationale ? C'est ce que demande Marine LE PEN.
SIBETH NDIAYE
Pas de dissolution de l'Assemblée nationale. D'abord il faut de la stabilité dans nos institutions, c'est une évidence. Et puis, le score que nous avons obtenu est un score qui n'appelle pas à une crise politique. Aujourd'hui la majorité est soudée derrière le Premier ministre, le gouvernement est soudé derrière le Premier ministre et vous savez quoi ? Le Premier ministre a l'entière confiance du président de la République. C'est exactement le combo qu'il faut pour avoir une majorité stable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de remaniement ministériel non plus.
SIBETH NDIAYE
Ça, ça ne m'appartient pas de le dire parce que, vous savez, moi je sais rester à ma place. Ma place n'est pas celle ni de celle qui propose les ministres, ni de celle qui en décide.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sibeth NDIAYE, vous savez, vous savez, vous savez. Il n'y a pas de remaniement ministériel en vue.
SIBETH NDIAYE
Je n'en ai, en tout cas, pas entendu parler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y en aura pas.
SIBETH NDIAYE
Je n'en ai, en tout cas, pas entendu parler. Vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne pouvez pas me dire qu'il n'y en aura pas parce que vous ne savez pas.
SIBETH NDIAYE
Mais il faut toujours savoir rester à sa place. La mienne est celle d'une porte-parole du gouvernement qui ne décide pas de qui est ministre ou qui ne l'est pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va falloir… Il y aura un discours de politique générale du Premier ministre, vous pensez, dans les jours qui viennent ?
SIBETH NDIAYE
Non, je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Il va falloir accélérer les réformes, non ? Est-ce que vous allez accélérer les réformes ?
SIBETH NDIAYE
Ce que nous ont dit les Français dans la crise des gilets jaunes, c'était finalement qu'on faisait des réformes, peut-être bien, peut-être pas bien, mais que ces réformes ils avaient du mal à en toucher les fruits de manière concrète. Et donc ce que nous avons dit, c'est qu'il fallait que nous soyons en capacité de faire en sorte que ces réformes soient plus tangibles et nous avons d'ores et déjà commencé à le faire. Il y a un certain nombre d'annonces, de mesures qui ont été annoncées par le président de la République dès le mois de décembre et qui se sont transformées en espèces sonnantes et trébuchantes pour nos concitoyens. En 2019, le pouvoir d'achat va augmenter pour les Français comme il n'a pas augmenté depuis plus d'une dizaine d'années. Ça, c'est du concret. Et puis il y a des chantiers qu'on ouvre sur l'assurance-chômage, sur la réforme des retraites. Ces chantiers ils sont devant nous et on va s'y atteler évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça évidemment. Si vous les avez ouverts, vous allez les conduire à terme.
SIBETH NDIAYE
Oui, on va essayer de les conduire à terme et surtout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais nous allons voir quelles réformes vous allez proposer aux Français en matière d'assurance-chômage ou en matière de retraite.
SIBETH NDIAYE
Oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bien sûr.
SIBETH NDIAYE
C'est notre objectif, il est là dans les mois qui viennent, aussi d'intégrer un changement de méthode. Donc de faire en sorte que les Français qui nous ont dit qu'ils ne se sentaient pas assez associés aux décisions politiques soient demain plus associés à ces décisions politiques. Et c'est ce que l'on va essayer de traduire, par exemple en matière écologique pour revenir là-dessus, avec ces fameuses assemblées citoyennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors à propos de l'assurance-chômage, est-ce que vous pensez qu'en France il y a certains Français qui au chômage gagnent autant, pratiquement autant que quand ils travaillent, ce qui freine la reprise du travail ? Vous le pensez vraiment ?
SIBETH NDIAYE
Je n'ai pas à penser, j'ai constaté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la réalité.
SIBETH NDIAYE
J'ai constaté une réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez recreuser un écart si j'ai bien compris.
SIBETH NDIAYE
Il ne s'agit pas de creuser un écart, il s'agit de faire en sorte que tous les Français puissent prétendre à un emploi stable et à sortir de la précarité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, d'accord.
SIBETH NDIAYE
Oui. Sauf qu'aujourd'hui, la majorité des contrats qui sont signés ce sont des contrats en CDD. Ce sont des contrats en CDD de moins d'un mois et vous savez quoi ? Les entreprises, elles ont tendance à resigner des contrats avec les mêmes personnes perpétuellement. Donc le sujet n'est pas un problème de besoins ou de disponibilité du travail dans l'entreprise. Il est qu'on a un système qui encourage la précarité ou un employeur, notamment par exemple dans un certain nombre de secteurs, vous dit : « Tu viens aujourd'hui, le contrat dure trois jours. Tu ne travailles pas pendant deux jours et puis tu reviendras dans trois jours. » Et on voit bien que ça, ça instabilise… ça déstabilise les gens. Vous ne pouvez pas chercher un appartement, vous ne pouvez pas dire à un propriétaire que vous êtes stable quand vous avez des contrats de trois jours qui se cumulent dans la semaine. Ce n'est pas possible. Et donc c'est contre ça que nous voulons lutter à travers cette réforme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La réforme de l'assurance-chômage, c'est bien une réforme pour encourager le travail quoi.
SIBETH NDIAYE
C'est une réforme pour encourager le travail. C'est aussi une réforme pour stabiliser les gens dans leur emploi. Et nous voulons aussi lutter à travers un bonus-malus contre la précarisation du droit du… Pardon la précarisation des contrats de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la réforme des retraites, on attend. On attend Jean-Paul DELEVOYE. C'est pour quand ? Là maintenant ?
SIBETH NDIAYE
Il y a eu depuis maintenant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut que Jean-Paul DELEVOYE rende publique la conclusion de ses travaux. C'est pour quand ?
SIBETH NDIAYE
Oui, bien sûr. C'est prévu pour le mois de juillet. Le Premier ministre d'ailleurs l'a annoncé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc en juillet, nous aurons la réforme des retraites.
SIBETH NDIAYE
En juillet, nous aurons les recommandations de Jean-Paul DELEVOYE qui seront évidemment un point d'appui pour déterminer ce que seront les contours de cette réforme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la réforme, le projet de loi présenté… ?
SIBETH NDIAYE
Et la réforme, pour l'instant le calendrier parlementaire n'est pas fixé parce qu'on a beaucoup de choses à faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, d'accord.
SIBETH NDIAYE
Et donc il faut ajuster, décider quand mais d'ici la fin de l'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Non mais d'accord parce que les Français attendent. Les Français attendent, Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Bien sûr. Et nous sommes aussi impatients qu'eux pour réaliser une réforme importante comme celle-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Révision constitutionnelle aussi ?
SIBETH NDIAYE
Ça fait partie des nombreux chantiers que nous avons aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous en avez des chantiers.
SIBETH NDIAYE
On en a, des chantiers. Ça veut dire que ce quinquennat est loin d'être à l'arrêt, bien au contraire. Nous sommes dans une dynamique de réforme. Cette dynamique, il faut la continuer. Le chantier de la réforme constitutionnelle, ça peut paraître…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est pour quand ?
SIBETH NDIAYE
Alors, le Premier ministre avait indiqué qu'aux alentours du mois de juillet, le projet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout va se passer en juillet si j'ai bien compris.
SIBETH NDIAYE
Non, il y a des choses qui se passent en juin. En juin, il y a la réforme de l'assurance-chômage qui sera présentée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Présentée en juin la réforme de l'assurance-chômage.
SIBETH NDIAYE
Tout à fait. Qui ne nécessite pas de projet de loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des diminutions dans la durée de cotisation ?
SIBETH NDIAYE
Des diminutions dans la durée de cotisation… Ecoutez, le projet de réforme n'est pas achevé mais l'objectif n'est pas de diminuer les droits des chômeurs, en tout cas les droits de ceux qui vivent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va raccourcir la durée d'indemnisation ?
SIBETH NDIAYE
Non, je ne crois pas que ce soit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, pas du tout ?
SIBETH NDIAYE
Non, je ne crois pas que ce soit à l'ordre du jour de raccourcir les durées d'indemnisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on va plafonner, baisser le plafond de l'indemnité versée ?
SIBETH NDIAYE
Cette réforme, pour ne rien vous cacher, elle est encore en discussion. Donc je ne vais pas vous livrer de scoop aujourd'hui et je laisserai le soin à Muriel…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que vous ne savez pas. On peut ne pas savoir.
SIBETH NDIAYE
On peut ne pas savoir. En l'occurrence, je laisserai le soin à Muriel PENICAUD qui porte cette réforme de la présenter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Trois djihadistes français condamnés à mort par la justice irakienne. Vous savez vu ça ?
SIBETH NDIAYE
Oui, tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Apparemment, ils ont trente jours pour faire appel. Est-ce que l'Etat français doit intervenir et va intervenir ?
SIBETH NDIAYE
L'Etat français, pour l'ensemble de nos concitoyens à l'étranger, leur droit la protection, ce qu'on appelle la protection consulaire, c'est-à-dire le droit à être accompagnées dans leurs démarches juridiques quand ils sont soumis à un procès. C'est ce que nous avons fait, c'est ce que nous continuerons à faire. La position française est très claire sur les questions liées à la peine de mort et nous ne souhaitons pas que nos concitoyens soient soumis à cette peine de mort.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors est-ce que le gouvernement français va intervenir auprès de l'Irak ?
SIBETH NDIAYE
Mais ce que je vous dis, c'est que la protection consulaire c'est-à-dire la capacité à ce que notre ambassade qui représente la France…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais j'ai compris. La protection, d'accord.
SIBETH NDIAYE
Puisse accompagner.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais moi, je vous parle au niveau de l'Etat : est-ce qu'il y aura intervention ? Des Français condamnés à mort, est-ce qu'on peut accepter que des Français soient exécutés en Irak ?
SIBETH NDIAYE
Mais nous n'intervenons jamais en tant qu'Etat dans les décisions juridiques d'un autre Etat souverain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc l'Irak condamne à mort, les Français seront exécutés si l'appel est rejeté.
SIBETH NDIAYE
Mais ça, je ne peux pas en présager car nous avons justement cette protection consulaire qui doit permettre de faire en sorte qu'il y ait des discussions en Irak pour voir si et cette peine doit être exécutée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire qu'à travers le consulat ou l'ambassade de France, nous allons demander au gouvernement irakien de surseoir à cette condamnation à mort ?
SIBETH NDIAYE
Nous n'allons pas demander au gouvernement irakien de surseoir à cette condamnation à mort. En revanche, aujourd'hui toutes les voies de recours ne sont pas épuisées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on est d'accord.
SIBETH NDIAYE
Regardons d'abord comment ces voies de recours sont exercées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Et si la condamnation à mort est confirmée, est-ce que vous laisserez ces Français exécutés ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien, nous ferons tout pour que la protection consulaire puisse leur être bénéfique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne répondez pas. Vous ne me répondez pas, Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Je vous réponds ce que je peux vous répondre aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que vous pouvez me répondre. J'ai compris. Merci d'être venue nous voir.
SIBETH NDIAYE
Merci à vous pour votre invitation.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 juin 2019