Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
On en vient aux commerçants, des commerçants au bout du rouleau, le mot est faible, dans de nombreuses villes de France, des commerçants ont eu à subir des dégradations et des manques à gagner à cause des manifestations de gilets jaunes. Et nous sommes, ce matin, avec vous, Agnès PANNIER-RUNACHER. Bonjour.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
ROMAIN DESARBRES
Vous êtes donc secrétaire d'Etat en charge du Commerce et de l'industrie, merci d'avoir choisi CNews pour parler ce matin dans « La matinale ». Déjà, est-ce que vous avez ce matin une idée de ce qu'a coûté la journée de samedi aux commerçants parisiens impactés ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Les commerçants parisiens annoncent une perte de chiffre d'affaires de l'ordre de 25 %, mais ce sont des moyennes, et ça vise vraiment notamment les Champs-Elysées, donc je pense qu'il faut qu'on revoie bien les chiffres de manière générale, parce que si on prend tout l'ensemble des gilets jaunes, vous avez une hétérogénéité extrême des situations des commerçants, et au global…
ROMAIN DESARBRES
Moins 25 %, c'est pour samedi dernier ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est pour une journée, c'est l'impact lorsque vous avez une perte en fait de clients, parce que les clients ne vont pas vers leurs commerçants en essayant d'éviter les endroits où il y a des manifestations, où les médias disent : attention, ça commence à chauffer, naturellement, les clients s'écartent de la zone, et donc ne vont pas faire leurs commerces. Après, il peut y avoir du report sur d'autres jours, il peut y avoir du report en semaine, il peut y avoir de l'ouverture pour certains commerçants le dimanche matin. Donc pour peser tout ça, il faut avoir effectivement des chiffres plus précis, et lorsqu'on regarde, au global, France, cette année, donc là, où on a beaucoup de recul, en fait, on s'aperçoit que le commerce progresse, et qu'en économie macro, il n'y a d'impacts…
ROMAIN DESARBRES
Sauf que nous, on diffuse, et on a entendu sur Cnews…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est donc des plus et des moins chez les commerçants, c'est pour ça qu'on a déployé effectivement un dispositif qui est vraiment ciblé spécifiquement sur les commerçants qui souffrent des gilets jaunes.
ROMAIN DESARBRES
Parce qu'on a entendu sur CNews et ailleurs évidemment, des commerçants hors d'eux, qui n'en pouvaient plus, et qui se demandaient : mais est-ce qu'on peut encore faire du commerce à Paris, on entendait le patron d'une fédération de commerçants dire : un commerçant, ça doit pouvoir commercer, et on commerce qu'en situation de paix et pas en situation de quasi guerre civile…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. La volonté d'en découvre de quelques individus ne doit pas empêcher ces commerçants de vivre, derrière chaque commerce, il y des familles, il y a des gens qui travaillent, et c'est insupportable, et c'est pour ça qu'on a ce dispositif qu'on va probablement réactiver, c'est la question qu'on va se poser. En juin, nous n'avions plus de demande de la part de commerçants de rentrer dans le dispositif d'accompagnement que nous avions lancé, je le rappelle, la possibilité de bénéficier de chômage partiel, la possibilité de bénéficier d'un report de ses impôts et de cotisations sociales, de manière à avoir de la trésorerie, et pour ceux qui étaient le plus en difficulté, la possibilité d'avoir des exonérations, qui leur permette de passer le cap. Donc nous n'avions plus de demande en juin, faut-il le réactiver en septembre, c'est très exactement la question qu'on va se poser en réunissant les fédérations locales et nationales.
ROMAIN DESARBRES
Locales et nationales. Quand est-ce que vous allez recevoir les représentants des commerçants ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il se trouve que j'avais prévu une réunion le 9 octobre, parce que je voulais faire le point sur les opérations d'animations locales, que nous avions lancées, vous savez que 35 villes bénéficient d'un soutien de l'Etat pour faire revenir les clients en centre-ville avec des opérations, enfin, comme on a d'animations. Je peux avancer cette réunion, c'est le point que je vais faire avec les fédérations aujourd'hui pour savoir si elles préfèrent regarder avec un petit peu de recul ce qui se passe dans les prochains samedis ou au contraire, en urgence, remonter une réunion pour qu'on puisse avancer ensemble.
ROMAIN DESARBRES
Est-ce qu'un représentant du ministère de l'Intérieur sera présent, comme le dit un représentant de fédération de commerçants ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On l'a déjà fait à plusieurs reprises, Laurent NUNEZ est venu dans certaines de ces réunions, donc rien ne l'empêche évidemment, là encore, il faut que l'agenda soit partagé et corresponde aux demandes des commerçants.
ROMAIN DESARBRES
Gérard ?
GERARD LECLERC
Oui, on s'étonne quand même que, semaine après semaine, on n'arrive pas à empêcher ces « black blocs », ces violences, de venir dans les rues commerçantes, et en particulier sur les Champs-Elysées…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est effectivement un sujet de difficulté, moi, encore une fois, je crois que, il faut que, collectivement, on dénonce ces situations où vous avez des individus qui sciemment, parce que c'est de ça qu'il s'agit…
GERARD LECLERC
Oui, dénoncer, c'est une chose, c'est les empêcher, ce serait mieux…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sciemment. Je crois que si vous écoutez les commerçants des Champs-Elysées, ils ont été très clairs sur le fait que le dispositif de sécurité était adapté, qu'ils n'ont pas eu de difficulté, et le sujet, c'est les clients qui, eux, ne reviennent pas, le sujet, c'est qu'on a, avec une dynamique, où vous avez des risques de violences, des clients qui ont détourné, ou changé d'habitudes dans leur manière d'aller…
ROMAIN DESARBRES
Et qui achètent sur Internet…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors pas nécessairement, parce qu'on n'a pas eu de rebond massif sur le commerce en ligne, ce à quoi on s'attendait initialement, on a une trajectoire de progression du commerce en ligne, mais qui est à peu près au même rythme que d'autres pays européens. Donc c'est plutôt une re-répartition du commerce au sein de chaque ville avec des gens qui vont changer en fait de commerçants, qui vont choisir d'autres circuits.
ROMAIN DESARBRES
A Bordeaux, le centre-ville est désert, et des commerçants ont organisé des animations samedi dernier, vous y faisiez allusion, il va y avoir d'autres animations commerciales samedi prochain, il y en a dans d'autres villes, comment est-ce que vous les soutenez, vous financez quoi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est nous qui avons financé effectivement, à raison de 300.000 euros à chacune de ces grandes villes, alors certaines avec des demandes un peu inférieures, mais un plafond de 300.000 euros, et pour Paris, 600.000 euros, et je voulais faire justement le point sur ces animations pour regarder si les crédits étaient engagés, si les animations étaient prévues, et comment le les clients y répondaient, c'est-à-dire, est-ce que c'était efficace.
ROMAIN DESARBRES
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER, secrétaire d'Etat en charge du Commerce et de l'industrie, d'être venue nous parler ce matin, et faire le point sur ces violences et sur ces commerçants qui font appel à l'Etat et qui disent : stop aux personnes violentes. Merci beaucoup d'être venue nous voir ce matin.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous remercie.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 septembre 2019