Texte intégral
Q - Concernant la succession pour la Direction générale de Renault : Le processus est-il lancé ? Où en est-on ? Thierry Bolloré va-t-il partir ?
R - C'est au président de Renault, Jean-Dominique Senard, et au Conseil de Renault de prendre des décisions sur la gouvernance, ce n'est pas le rôle de l'Etat actionnaire. Le rôle de l'Etat actionnaire est de définir une stratégie pour Renault et pour l'alliance. Nous avons défini la stratégie avec le président de la République, c'est de réussir la transformation technologique de Renault et de Nissan, avoir une stratégie industrielle pour l'alliance qui permette à Renault et à Nissan de réussir cette transformation technologique du véhicule autonome et du véhicule électrique. Voilà la feuille de route fixée à Jean-Dominique Senard, le président de Renault. Maintenant c'est à lui et au Conseil de Renault de définir quelles sont les personnes les mieux à même de mettre en oeuvre cette stratégie. Mais cela, c'est le rôle de la gouvernance de Renault, et ce n'est pas le rôle de l'Etat actionnaire. Nous faisons toute confiance à Jean-Dominique Senard pour choisir avec le Conseil la gouvernance qui sera la mieux à même de mettre en oeuvre cette stratégie industrielle que nous avons fixée avec le président de la République il y a maintenant plusieurs mois.
Q - Si M. Senard décidait de prendre quelqu'un d'autre que Thierry Bolloré, donneriez-vous votre feu vert ?
R - Nous avons toute confiance en Jean-Dominique Senard, je le redis. Nous faisons toute confiance à Jean-Dominique Senard, à la gouvernance, au Conseil de Renault, pour faire les meilleurs choix possibles et pour mettre en oeuvre la stratégie que l'Etat actionnaire a définie. Cette stratégie n'a pas varié depuis plusieurs mois, nous voulons que Renault réussisse sa transformation technologique, soit une belle entreprise industrielle capable de résister à cette transformation technologique majeure, la plus importante depuis le début du 20e siècle. Le véhicule autonome, le véhicule électrique : ce sont des défis considérables. Nous voulons une stratégie industrielle claire, visible, convaincante pour l'alliance. C'est la feuille de route que nous avons fixé à Jean-Dominique Senard et à la gouvernance de Renault. Ensuite le président de Renault et le Conseil d'administration décideront qui sont les mieux à même de mettre en oeuvre la stratégie. Ce n'est pas à l'Etat de s'immiscer dans le choix de la gouvernance de Renault. C'est au président de Renault et au conseil de faire les meilleurs choix.
Q - Jeudi prochain il y a un Conseil d'administration de Renault. Est-ce que le sujet pourrait être sur la table ?
R - Posez la question au président de Renault. Pardon de répéter les mêmes remarques mais je pense que c'est bien que chacun soit dans son rôle. Le rôle de l'Etat, celui que nous exerçons depuis maintenant plusieurs mois, est de s'assurer que cette stratégie suit bien son cours, qu'il y ait une vraie stratégie industrielle qui soit lisible pour les salariés, les marchés, les consommateurs sur l'alliance Renault-Nissan. C'est ce qui nous importe. Quand on a dévié de cette stratégie, nous avons rappelé la stratégie au moment où il fallait la rappeler. Pour ce qui est de la gouvernance, nous laissons à Jean-Dominique Senard, au conseil de Renault, à qui nous faisons toute confiance je le redis, de faire les meilleurs choix possibles pour la gouvernance de Renault.
Q - In the eyes of American tech you have almost become the number one enemy of Facebook and Libra. What exactly is happening there ? Because you have made it clear that, in your view, it is not going to happen, at least in Europe.
R - I am absolutely not an enemy of Facebook, neither an enemy of Google or Amazon. I just want to recall some principles. If you want to have a sovereign currency, it is up to the state, and only to the state, to be responsible for a sovereign currency. It is not the role and it should not be the role of a private company to try to get a sovereign currency like a sovereign state. That is why I made clear from the very beginning that we should not accept to have Libra being developed on the European territory. We have to give some clear responses to the challenges posed by the fact that there are some financial transactions that are too costly, that there is a question for the efficiency of those financial transactions, and we need to put some concrete proposals on the table, concrete responses to those challenges. But we do not want a private company to create a sovereign currency, because I strongly believe that it would be a risk for the sovereignty of the state. There are also risks linked to the possibility of having money laundering through this currency, the possibility of funding terrorism through this currency. But these are technical and political challenges that we could address. But there is one challenge that we would not be able to address if we open the door to Libra, it is the question of sovereignty. A currency is a question of sovereignty, and sovereignty should remain in the hands of the states.
Q - You had a very successful G7 , both in Biarritz and the finance. But in terms of that trade tensions, it seems that it has escalated after the Boeing case. Do you think we're back for round 2 ?
R - I would not use the word round 2" but as you know, I really believe that a trade war is really a risk for growth all over the world and both political and economic mistake. So we should do all our efforts to try to alleviate the difficulties, to try to calm down the situation and to avoid that trade war. The consequences of a trade war between the United States and China will be very important on the world growth next year. It should be around 0.5 growth level that would be diminished through the trade war. I am just back from China and I know that everywhere in the world there is the same concern about the fact that there might be an important slowdown next year in 2020 due to the trade war. So let's do all our efforts to avoid that trade war. In the Boeing Airbus case, I made very clear from the very beginning that we should try to pave the way for a settlement between the United States and France. And it remains our French position ; we should do an utmost effort in the coming days to pave the way for a settlement between the United States and Europe. What do we want ? Do we want China to take a stock of a conflict between the United States and Europe ? Is that really what we want ? We should avoid that. And we should try to find a settlement between the United States and France. I made that point very clear to Robert Lighthizer when I met him in Washington and we keep to the same position. We should avoid trade tensions between the United States and Europe. Having already a trade war between China and the United States is enough. Do not put some more difficulties on the trade international situation.
Q - Investors are looking at Renault and thinking this company is not just able to move over from the Carlos Ghosn scandal. What is really happening ?
R - I am really confident that Renault Nissan will be able to go out of the difficulties. Renault and Nissan are very strong companies with very high skills, very high level of technologies. We are on the process of defining a clear strategy for the alliance between Renault and Nissan. We fully support Jean-Dominique Senard who is at the head of Renault. He is on the process of defining a new strategy for Renault and Nissan. I am confident that Renault and Nissan in the 21st century will be successful.
Q - So there is no bad blood with the Japanese because (inaudible]
R - Of course not, of course not. On this point too he made very clear that we want to reinforce the alliance between Renault and Nissan. We are in the process of doing so, we are confident that Jean-Dominique Senard and the team around Jean-Dominique Senard will really find right responses and the right answers to the current difficulties. Renault and Nissan are great companies, strong companies, with a very high level of technologies and they have all what is needed to be successful on the 21st century.
Q - Vous êtes venu parler de l'Eurozone et du budget, qu'est-ce qu'il reste des propositions qu'a fait Emmanuel Macron en 2017 ?
R - Je suis d'abord venu parler de la croissance, parce que notre sujet de préoccupation majeur pour les 19 Etats membres de la zone euro, pour les 27 Etats-membres de l'Union européenne devrait être la croissance. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d'un niveau de croissance aussi faible que celui que nous avons aujourd'hui. C'est qui est en jeu derrière c'est notre capacité à investir, à réussir le défi technologique, à créer des emplois pour nos compatriotes. Nous voulons vraiment nous satisfaire d'une croissance juste au-dessus de 1% ? Tout le monde devrait être insatisfait de ce niveau de croissance et tout le monde devrait partager notre niveau d'inquiétude sur les perspectives à venir et le risque d'avoir un ralentissement en 2020. L'OCDE nous le dit. Le FMI nous le dit. Les économistes nous le disent. Qu'est-ce que nous attendons pour agir ? Il faut que les Etats qui doivent rétablir leurs finances publiques les rétablissent, c'est ce que nous faisons en France. Il faut que les Etats qui doivent gagner en compétitivité prennent les mesures structurelles pour améliorer la compétitivité de leur économie. C'est ce que nous faisons en France avec Emmanuel Macron. Et il faut que les Etats qui ont les capacités budgétaires nécessaires grâce aux efforts qu'ils ont faits dans le passé investissent davantage et soutiennent la croissance dans la zone euro. Nous devons tous être solidaires. Les 19 Etats-membres de la zone euro doivent être solidaires pour créer davantage de croissance, davantage d'emplois davantage, d'investissements dès maintenant.
Q - C'est ciblé sur l'Allemagne, quel est votre message à votre collègue Olaf Scholz ?
R - Je ne cible personne. Nous sommes tous dans le même bateau. Nous sommes une zone monétaire commune et j'aimerais que chacun réalise ce que cela veut dire "une zone monétaire commune". Cela veut dire qu'il y a des règles que chacun doit respecter. Nous les respectons. Mais il y a aussi une ambition. L'ambition de la zone monétaire ne peut pas uniquement la stabilité. Cela doit être aussi la croissance, cela doit être l'emploi, cela doit être l'investissement, cela doit être le financement des technologies, cela doit être la facilité à réussir dans la compétition face à la Chine et face aux Etats-Unis. Il faut que la zone euro retrouve de l'ambition, de l'ambition pour ses peuples, de la croissance, de l'emploi et de la souveraineté technologique. Et cela suppose que les Etats qui ont aujourd'hui les capacités budgétaires nécessaires investissent davantage. Nous, en France, nous faisons notre part du chemin. On nous demande depuis des années "Rétablissez vos comptes publics". Nous rétablissons nos comptes publics. On nous demande depuis des années "Faites des réformes structurelles" mais depuis deux ans et demi nous faisons des réformes structurelles, sur le marché de l'emploi, sur la fiscalité et maintenant sur les retraites. Nous disons aussi que ceux qui peuvent investir davantage doivent investir davantage. Vous voyez que je ne pointe pas du doigt un Etat ou un autre en lui disant "Faites ceci, faites cela". Je dis que chacun a sa part du chemin à faire, que la France fait la sienne, et que les autres Etats qui ont les capacités budgétaires nécessaires doivent aussi faire la leur.
Q - On the tax proposal today, what's your opinion on the proposals ?
R - I think we have a very good proposal from the OECD on the digital taxation, on the two pillars, on the digital taxation and on the minimum taxation. So, I really hope that we will be able to give a new impetus to this key question. As you know, our purpose is to find an agreement on the two pillars, minimum taxation and digital taxation by the beginning of 2020. So, that's a very timely proposal, which is very close to the position that has been always defended by France. So, we fully support that approach but now the key question is to find a consensus and a compromise among all the members of the OECD in 2020. Merci à tous.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 octobre 2019