Texte intégral
Merci cher ami, merci de m'accueillir. Je suis très heureux d'être là. Ce n'est pas mon premier déplacement en Irak. Nous nous sommes rencontrés à de nombreuses reprises ici et j'aurai plaisir de poursuivre ma visite dans un instant en m'entretenant avec le Premier ministre et le président. Ensuite, je me rendrai à Erbil pour rencontrer les autorités du gouvernement régional du Kurdistan.
Je suis venu rapidement, à la demande du président de la République, Emmanuel Macron, d'abord pour apporter à l'Irak un message de solidarité. Parce qu'au moment où les acquis de nos cinq années de combat contre Daech sont menacés, sont remis en question par l'offensive turque dans le Nord-Est syrien, je voulais rappeler, par ce déplacement, à la demande spécifique du président de la République, je voulais rappeler aux autorités irakiennes notre soutien et notre volonté d'être un partenaire de durée.
Nous avons été partenaires pendant la guerre contre Daech, il faut que nous soyons partenaires pendant la reconstruction et il faut aussi que nous soyons partenaires face aux nouveaux risques entraînés par l'incursion turque dans le Nord-Est syrien.
Nous avons validé cette détermination et nous vous avons fait savoir que nous voulons poursuivre cette solidarité dans la durée. Et, pour revenir au Nord-Est syrien, cela se traduit, selon nous, par la nécessité de réunir dans les plus brefs délais la coalition internationale.
Notre ennemi, c'est Daech et nous avons combattu ensemble contre Daech, nous avons combattu ensemble dans une coalition internationale. Cette coalition internationale doit se réunir face aux risques nouveaux engendrés par l'intervention turque dans le Nord-Est syrien et face aux risques de résurgence, de réapparition de Daech à la fois en Syrie et en Irak.
Et, donc, il faut que, au sein de la coalition, on sache vraiment quelle est notre détermination à empêcher la résurgence de Daech sous toutes ses formes, et vous y avez fait référence, Monsieur le Ministre, il y a un instant, avec les risques de dissémination que vous avez évoqués. Cela veut dire aussi que nous sommes très soucieux et partenaires aussi du fait que l'Irak garantisse la sécurité de ses frontières.
Nous avons pu évoquer aussi ensemble, vous l'avez dit, la question des combattants étrangers. Il y a les combattants djihadistes emprisonnés dans des camps dans le Nord-Est syrien. Ils sont nombreux. Ils sont aussi irakiens, vous l'avez souligné, et puis il y a les combattants étrangers venus de 72 pays différents qui sont dans des camps et des prisons contrôlés par les forces démocratiques syriennes. Il importe d'assurer toute notre vigilance pour que cette sécurité-là soit maintenue.
Et il importe aussi parallèlement que ceux qui ont combattu en Irak contre les populations irakiennes puissent être jugés. Et nous avons évoqué ensemble la manière de mettre en oeuvre le mécanisme juridictionnel adapté pour que cela se fasse dans les meilleures conditions. Ce travail est en cours. Je suis très frappé de la relation de confiance, sur ces sujets, que nous avons eue tout au long de notre moment de travail. Nous allons poursuivre pour la meilleure efficacité, la meilleure action et sur le fait que ces crimes-là ne doivent pas rester impunis.
Nous avons aussi évoqué notre relation bilatérale. Vous l'avez indiqué, la France a ici beaucoup de partenariats potentiels dans les domaines de l'énergie, de la logistique, des transports, de l'accompagnement économique. Nous avons, lors de ma dernière venue, mis en place un dispositif de près d'un milliard d'euros et donc nous souhaitons qu'il puisse être mobilisé sur ces grands projets qui sont aussi, d'une certaine manière, une réponse à la crise sociale qui a été rencontrée par l'Irak au début du mois d'octobre. Parce que cela permettra des stimulations nécessaires à la relance de l'économie irakienne.
Je voudrais aussi vous dire, Mesdames et Messieurs, que nous avons abordé ensemble la question iranienne, en particulier la situation de tensions dans le Golfe. Nous avons souhaité, l'un et l'autre, que puissent se mettre en place les chemins d'une désescalade qui passe, d'un côté par une volonté de l'Iran de retrouver le chemin de l'accord de Vienne et d'éviter de renforcer la déstabilisation d'une région qui n'en a pas besoin, et de l'autre côté, de la part des Etats-Unis d'Amérique, de remettre en question leurs sanctions extraterritoriales pour permettre à l'Iran de disposer lui-même de ses propres ressources, pétrolières en particulier.
Les voies d'une désescalade sont possibles, encore faut-il que les volontés politiques et la confiance soient au rendez-vous. Dans cette perspective-là, le rôle diplomatique joué aujourd'hui par l'Irak est tout à fait essentiel et très utile. J'ai beaucoup apprécié votre souci d'être disponible pour permettre d'éviter que l'escalade se poursuive et qu'on puisse aboutir à une diminution des tensions dans le Golfe, y compris en assurant une sécurité maritime renforcée à laquelle la France participe déjà et continuera de participer de manière efficace.
Je voulais finir mon propos en vous disant, Monsieur le Ministre, que j'ai toujours apprécié la grande qualité de nos échanges. Et dans ce moment difficile, tendu, ces échanges ont été encore plus importants. Ils se font dans la confiance et dans la volonté d'un partenariat d'exception entre l'Irak et la France ainsi que dans la volonté de trouver ensemble les chemins de la paix et de la stabilité dans une région qui en a bien besoin. Merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 octobre 2019